Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Yves LE DRIAN est avec nous, ministre de la Défense. Bonjour.
JEAN-YVES LE DRIAN
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Vous êtes le ministre le plus populaire du gouvernement, dernier sondage, mais oublions cela. Revenons et faisons rapidement un peu d'histoire avant d'entrer dans notre époque contemporaine, 18 juin 1815, défaite de Waterloo. Ni François HOLLANDE ni Manuel VALLS, aucun ministre à Waterloo pour les cérémonies de commémoration, pourquoi ? Serions-nous mauvais perdants ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Non, l'histoire est derrière nous, et puis ça n'est pas quand même une victoire, donc on peut considérer que l'on fête cet anniversaire, et qu'on fête peut-être davantage les 75 ans du 18 juin 1940
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, de l'appel du 18 juin, oui
JEAN-YVES LE DRIAN
Et tout à l'heure, il y aura des cérémonies que présideront le président de la République et le Premier ministre, auxquelles je participerai. Le 18 juin 40, c'est l'appel, mais c'est aussi le début d'une longue histoire de la résistance, et puis de la résurrection de notre pays, et puis de la procédure de paix qui s'est toujours poursuivie depuis. Donc il faut rappeler certes pour l'histoire le 18 juin 1815, mais aussi beaucoup parler aujourd'hui du 18 juin 1940.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Un mot sur Napoléon, vous l'admirez ou c'est un tyran pour vous ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je suis historien de formation, donc
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais, c'est pour ça que je vous pose la question
JEAN-YVES LE DRIAN
J'ai à la fois la reconnaissance d'un itinéraire exceptionnel et d'un moment où la France a été très forte en Europe et très forte dans le monde, et puis aussi, le constat de certains échecs, et puis de cette boulimie de pouvoirs et d'extension, de dépassement des frontières qui n'était pas dans l'ordre des choses et qui s'est
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous n'êtes pas un grand admirateur de Napoléon ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je suis un comment dire j'essaie d'être objectif sur ce qu'il a apporté au pays, ce qui est très important, y compris en matière de références juridiques, en matière d'organisation de l'Etat, en matière d'affirmation de l'Etat, et puis, un peu plus circonspect sur la manière dont il a mené un certain nombre d'opérations et parfois, il a amené le pays dans des impasses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le Figaro vous surnomme « le pèlerin du Golfe », vous avez vu cette expression ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Non, je ne savais pas
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Le pèlerin du Golfe », je la trouve assez
JEAN-YVES LE DRIAN
Je ne l'avais pas vue. Mais je ne suis jamais encore allé en pèlerinage à La Mecque, mais je respecte beaucoup ce pèlerinage, mais je n'y suis jamais allé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Vous n'êtes pas musulman, donc je ne vois pas ce que vous feriez à La Mecque en pèlerinage
JEAN-YVES LE DRIAN
Non, mais puisque vous me parlez du pèlerin du Golfe, c'est une référence, j'imagine
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, effectivement. 84 Rafale.
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Déjà vendus.
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
84 Rafale, vous en vendrez d'autres avant la fin de l'année ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Eh bien, d'abord, c'est un excellent avion, ensuite, il y a des raisons à cette accélération des achats et des exportations d'armement, la première, c'est : il y a les menaces, les pays sont confrontés aujourd'hui à des risques majeurs, et y compris des pays du Golfe, mais pas que, donc il y a accroissement des menaces, donc nécessité de se protéger, d'affirmer sa souveraineté. Et puis, il y a aussi l'excellence de nos productions, de nos matériels, dont le Rafale, qui est le meilleur avion du monde. Et puis, troisièmement, le fait que nos armées ont utilisé le matériel que nous exportons, et le Rafale a montré ce qu'il savait faire dans différentes opérations, y compris au Levant. Et puis enfin, il y a ce que j'essaie de faire, le respect des partenaires, nous sommes dans un partenariat lorsque nous avons une vente de Rafale ou une exportation d'armement, quelle qu'elle soit, les avions en particulier. Et le partenariat suppose le respect. Et le respect, c'est considérer le pays avec qui nous discutons comme un pays majeur, responsable de ses choix, que nous sommes là pour avoir avec ce pays un partenariat de longue durée, ce sont généralement des alliés, mais nous respectons leur temps et leur choix, et cette attitude-là, au bout d'un certain temps, elle paie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est la méthode LE DRIAN ?
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est on dit ça, mais c'est aussi la permanence du rapport
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est la méthode LE DRIAN ? C'est-à-dire prendre le temps
JEAN-YVES LE DRIAN
Quand on est avec un pays, comme par exemple l'Egypte ou comme par exemple l'Inde, nous avons avec ce pays un partenariat de longue durée, c'est-à-dire que nous avons des analyses communes, des discussions communes, des appréciations communes, des risques, des menaces, parce que si nous vendons Rafale, nous sommes en partenariat, nous sommes en ménage, si j'ose dire, pendant trente ans. Et donc ça veut dire que l'on forme les pilotes, ça veut dire qu'on fournit du matériel de remplacement le cas échéant, qu'on permet l'entretien de ces avions. Et donc nous sommes dans la longue durée. Et pour être dans la longue durée, il faut un partenariat solide, c'est-à-dire la confiance, Monsieur BOURDIN. Il faut la confiance
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, 36 Rafale. Il faut la confiance. 36 Rafale vendus à l'Inde, et d'autres probablement d'ici deux à trois mois, oui ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Avec l'Inde, le Premier ministre MODI est venu à Paris annoncer cette commande, elle se poursuit de manière très sereine
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, donc d'autres Rafale seront vendus à l'Inde, probablement ?
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est possible, mais pour l'instant, vous savez, sur ces affaires, il faut être
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, alors Emirats Arabes Unis, Koweït, Belgique, Finlande, ce sont des acheteurs potentiels, est-ce que vous pensez que de nouvelles ventes seront signées avant la fin de l'année ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Tout est possible. Mais j'ai deux principes
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais ça, oui, non, mais évidemment que tout est possible
JEAN-YVES LE DRIAN
Monsieur BOURDIN, dans ces affaires-là, la discrétion
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui, ça, je sais
JEAN-YVES LE DRIAN
Et la détermination. Les deux en même temps. Et donc, et c'est aux clients et aux partenaires de dire, ce n'est pas à la France de dire : ah, écoutez, je viens de vendre, etc. Non, c'est aux clients, aux partenaires, et je considère qu'on a plus de partenariats que de clientèle en la matière, qui doivent s'exprimer
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous pensez qu'il y aura des signatures de contrats avant la fin de l'année ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Rien n'est exclu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rien n'est exclu avant la fin de l'année ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Rien n'est exclu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, c'est optimiste ça !
JEAN-YVES LE DRIAN
Eh bien, on va bien voir. On multiplie les efforts
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les ventes d'armes
JEAN-YVES LE DRIAN
Mais ça montre aussi la qualité de nos industriels, et la qualité de l'ensemble industriel d'armement français. Parce que lorsque l'on vend des armes, lorsque l'on vend du matériel d'armement à l'extérieur, on favorise évidemment l'emploi en France, et là, les chiffres de cette année sont très spectaculaires, puisqu'en 2014, on a doublé quasiment nos ventes d'armement par rapport à l'année précédente et on va doubler encore en 2015
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien en 2015 ? Ça représentera combien ?
JEAN-YVES LE DRIAN
On sera à plus de quinze milliards.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus de quinze milliards de ventes d'armes en 2015 ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Vraisemblablement à plus de quinze milliards, et en 2014, nous étions à huit milliards, et quand nous sommes arrivés, nous étions à quatre milliards. Donc il y a une progression considérable
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est considérable, oui
JEAN-YVES LE DRIAN
Mais qui est due aux quatre points que je vous ai indiqués tout à l'heure, l'accroissement des menaces, la qualité de nos industries, pas uniquement dans l'aéronautique, le fait que nous utilisons nos matériels, donc nous avons l'opérabilité très concrète de leur efficacité, et puis le fait que nous respections nos partenaires, et que nous disions : c'est à vous de choisir, ce n'est pas à nous de choisir pour vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous réussissez à vendre des Rafale, vous réussissez aussi à
JEAN-YVES LE DRIAN
Des bateaux, des satellites, enfin, il n'y a pas que Rafale
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous réussissez votre loi de programmation militaire, puisque vous réussissez à augmenter le budget de la Défense, j'ai vu un milliard de plus
JEAN-YVES LE DRIAN
Trois milliards huit !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Trois milliards huit, plus un milliard, quatre milliards huit !
JEAN-YVES LE DRIAN
Trois milliards huit au budgétaire, un milliard d'économies
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un milliard d'économies réalisées grâce à la baisse du prix du pétrole
JEAN-YVES LE DRIAN
Pas uniquement le prix du pétrole, grâce à la baisse de l'inflation
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il paraît qu'à Bercy, on grince un peu, c'est vrai, ça, non, qu'on aimerait bien récupérer ce milliard ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Le président de la République a fait les choix, nous sommes dans une période d'insécurité, nous sommes dans une période où les menaces sont à nos portes, nous sommes dans une période où les menaces sont même chez nous, donc il importe que la sécurité du pays soit assurée, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur, la grande nouveauté, par rapport à ce qu'on a pu connaître auparavant, c'est le fait que le combat à l'extérieur et le combat à l'intérieur, c'est le même. Il n'y a pas de rupture entre l'action de nos armées à l'extérieur et l'action de nos armées à l'intérieur. C'est le même adversaire, c'est le terrorisme, c'est la même volonté, la sécurité des Français. Et pour cela, le président de la République a décidé de faire des choix qui consistent à renforcer nos armées, et en particulier, à donner à nos armées une mission accentuée dans la protection intérieure de notre territoire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et à recruter des soldats
JEAN-YVES LE DRIAN
18.500 militaires de plus par rapport à ce qui était prévu
JEAN-JACQUES BOURDIN
En 2015
JEAN-YVES LE DRIAN
Le mouvement est engagé, on ne peut pas recruter 18.500 en un an, mais le
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, en un an. Sur combien ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Le format de nos armées permettra
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur la loi de programmation militaire ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Même avant, je pense que dans les deux ans qui viennent, on aura atteint de chiffre
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans les deux ans.
JEAN-YVES LE DRIAN
Parce que la nouveauté du contrat que le gouvernement passe avec ses armées, c'est d'avoir en permanence sur le territoire national 7.000 militaires assurant la sécurité des lieux de culte, des lieux de transport, en complémentarité
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et ça sera pérennisé
JEAN-YVES LE DRIAN
Avec les forces de police et les forces de gendarmerie. Et c'est pérennisé dans le temps. Alors ça a un coût, c'est trois milliards huit sur la période, ça a un coût, non pas uniquement de soldes, mais ça a un coût aussi d'équipements nécessaires, je pense en particulier aux hélicoptères, pour pouvoir assurer cette sécurité, et puis, ça a un coût aussi parce que nous voulons renforcer le renseignement, renforcer la cyber sécurité, parce que ce sont des enjeux de demain, et ce sont des enjeux très importants pour notre propre sécurité. Mais la grande nouveauté, c'est l'absence de rupture entre le combat intérieur et le combat extérieur. C'est pourquoi ça ne sera qu'une seule armée, c'est pourquoi c'est une opération militaire. Il n'y aura pas des régiments intérieurs et des régiments qui ne feront que l'extérieur, il y aura un itinéraire de formation et d'action et de mission de nos unités qui seront un jour, à une période de l'année, à Barkhane, dans la bande sahélo-saharienne, une autre période de l'année, à protéger les lancements à Kourou, et puis une autre période de l'année, à protéger telle ou telle église, telle ou telle mosquée ou telle ou telle synagogue. C'est le même combat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La lutte contre le terrorisme, est-ce que vous confirmez la mort de Mokhtar BELMOKHTAR, ce chef djihadiste proche d'Al-Qaïda ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Nous n'en sommes pas sûrs. Il y a eu un raid mené par l'armée américaine qui a ciblé un lieu où il était censé se trouver mais je ne peux pas à ce jour confirmer. C'est très probable mais ce n'est pas encore certain.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est très probable mais vous n'avez pas encore la certitude.
JEAN-YVES LE DRIAN
Pas aujourd'hui, je ne peux pas vous le dire. C'est très probable mais ce n'est pas certain et je préfère dire la vérité quand elle est avérée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais on demande la vérité, les Français veulent savoir comme je dis souvent.
JEAN-YVES LE DRIAN
Je sais que vous dites cela souvent et je vous dis la vérité : nous ne sommes pas en mesure, même si toutes les probabilités vont dans ce sens. Tant que ce n'est pas avéré, je ne le dis pas. Par contre, ça montre une chose. Mokhtar BELMOKHTAR a beaucoup mené d'actions à la fois au Mali, dans le cadre de son groupe qui s'appelle Al-Mourabitoune mais aussi en Algérie. C'est lui qui était à l'origine de l'attentat contre la raffinerie d'In Amenas. Les djihadistes de cette zone sont aujourd'hui sur le reculoir, c'est eux qui sont en insécurité parce qu'il y a eu cette opération mais il y a aussi des opérations menées par la force Barkhane contre Abdelkrim le Touareg il y a peu de temps, qui était un grand organisateur de rapts d'otages et qui a fait subir des morts à certains de nos otages. Nous l'avons neutralisé comme nous avons neutralisé quelques temps avant d'autres leaders djihadistes. Ils sont sur la défensive et la force Barkhane aujourd'hui, telle qu'elle est organisée, telle qu'elle est régionalisée depuis le mois d'août dernier est très performante et permet aux terroristes dans cette zone qui n'est pas uniquement le nord-Mali mais qui est l'ensemble de la zone sahélo-saharienne, d'être sur la défensive et de reculer. Ça, je crois que c'est un bon point pour nos armées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La Syrie : « La France doit intervenir militairement en Syrie » dit Bruno LE MAIRE. D'autres l'ont dit et certains demandent même une résolution au conseil de sécurité de l'ONU pour pouvoir intervenir parce que nous ne pouvons pas intervenir en Syrie pour l'instant. Notre aviation et nos forces spéciales interviennent en Irak mais pas en Syrie Jean-Yves LE DRIAN, c'est la réalité. Le chef d'état-major de l'Armée de l'air française estime qu'il faut davantage frapper les centres de commandement de Daesh.
JEAN-YVES LE DRIAN
Là, il parle de l'Irak. Le chef d'état-major de l'Armée de l'air française parle de l'Irak et il a raison.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais est-ce que nous devrions pouvoir intervenir en Syrie, frapper en Syrie ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Séparons deux choses. En Irak, il y a eu l'offensive Daesh. Qu'est-ce qui caractérise Daesh par rapport aux autres terrorismes ? C'est le fait que là, nous sommes dans une forme de militarisation du terrorisme. Moi, j'appelle Daesh « l'armée terroriste » parce qu'il y a trente mille, quarante mille militaires dont douze mille combattants étrangers. Douze mille, il n'y a pas que des Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien de Français ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Quatre cents, cinq cents, à peu près dans ces eaux-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Douze mille combattants étrangers.
JEAN-YVES LE DRIAN
Il y a eu cent dix-huit morts français déjà. Douze mille combattants étrangers qui viennent de partout y compris d'Australie. J'étais l'autre jour avec mon collègue australien qui me dit : « Moi, j'ai le problème Daesh ». La nouveauté, c'est que Daesh est en train d'organiser un Etat terroriste à cheval sur la Syrie et sur l'Irak. Qu'est-ce qu'il fallait faire ? Il fallait d'abord enrayer la progression, enrayer la progression par des frappes. Sur les frappes de la coalition, la France y participe. Nous avons des avions sur place, on agit. Cette progression a été empêchée puisque Bagdad n'a pas été prise, puisque le Kurdistan a retrouvé une forme d'intégralité de son territoire mais depuis il y a, disons-le, une forme de stabilisation des situations. Les forces irakiennes ont repris Tikrit mais d'un autre côté Ramadi a été perdue, Palmyre. Il faut poursuivre, ça prendra du temps. Ça prendra du temps parce que les frappes n'ont de sens je vais revenir sur la Syrie, ne vous inquiétez pas-, les frappes n'ont de sens que s'il y a à terre des forces qui sont capables de recouvrir un territoire. En Irak, ce sont les forces de sécurité irakiennes qu'il nous faut former pour qu'elles soient en mesure d'agir, ce qui n'est pas encore le cas. Donc je dis que ça prendra du temps, deux ans, trois ans peut-être. En Syrie, c'est le KO aujourd'hui. C'est le KO, c'est en plus les drames, ce sont des réfugiés partout, des centaines de milliers de réfugiés et en Syrie j'entends quelques voix. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas de monsieur LE MAIRE, encore que si c'était le cas il faudrait qu'il le dise pour être clair. Des voix qui diraient : « Ecoutez, on va s'appuyer sur Bachar pour attaquer Daesh », j'entends des voix qui disent ça. Or, c'est Bachar qui est à l'origine de tout. C'est parce que Bachar a terrorisé son peuple que ce peuple-là s'est retourné vers d'autres. C'est parce que Bachar a été l'assassin de son peuple que ce peuple s'est révolté de cette manière-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que compte tenu de la situation syrienne
JEAN-YVES LE DRIAN
Et nous avons été les premiers, la France, le président HOLLANDE, à réunir les amis de la Syrie en disant : « Essayons d'agir ensemble, comment est-ce qu'on peut agir ».
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et comment ?
JEAN-YVES LE DRIAN
En appuyant les forces de l'armée syrienne libre et en essayant de trouver une solution politique. Dans ce chaos-là, il faut une solution politique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même avec des éléments du régime de Bachar el-ASSAD.
JEAN-YVES LE DRIAN
Sans Bachar el-ASSAD, mais à condition qu'elle soit garantie par le conseil de sécurité et par l'ensemble des puissances.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pour l'instant, pas question de frapper.
JEAN-YVES LE DRIAN
Ce n'est pas à l'ordre du jour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très bien. Au moins, c'est très clair.
JEAN-YVES LE DRIAN
Tout à fait, j'essaye d'être très clair.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous l'êtes. La République Centrafricaine : des militaires français ont été mis en cause, on le sait, par des enfants pour agressions sexuelles. D'abord, que sont devenus ces militaires mis en cause ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Pour l'instant, monsieur BOURDIN, il y a une enquête de justice et je vous remercie de poser la question parce qu'il y a parfois des ambiguïtés. Il n'y a plus de justice militaire, ça n'existe plus. Je pense qu'il y a des Français qui pensent que ça existe toujours ; non ! C'est de la justice ordinaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a eu une enquête interne de l'Armée française.
JEAN-YVES LE DRIAN
Qui doit faire son travail et lorsque j'ai appris ces faits avérés ou pas, je ne sais pas ; je ne sais pas si c'est vrai ; j'ai appris au mois de juillet de l'année dernière ces événements potentiels-, tout de suite j'ai saisi le Parquet de Paris pour qu'il mène l'enquête de justice nécessaire. Moi, j'attends qu'ils me disent la vérité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y a eu une enquête interne de l'Armée française.
JEAN-YVES LE DRIAN
L'enquête de commandement, ce n'est pas la justice.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais l'enquête de commandement a été transmise au Parquet de Paris.
JEAN-YVES LE DRIAN
Transmise au Parquet de Paris, absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle dit quoi cette enquête ?
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est le Parquet de Paris qui vous dira la vérité aux termes de l'enquête de justice. Je veux que la justice aille jusqu'à son terme et j'ai engagé immédiatement, sur des documents qui n'étaient pas des documents officiels mais qui étaient des indications me laissant penser que ça pouvait être possible. Bien, que la justice le dise.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que les témoignages recueillis sont crédibles ?
JEAN-YVES LE DRIAN
La justice le dira. Je n'ai pas à m'interférer là-dedans.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous les avez vus ces témoignages ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Non. Je n'ai pas interférer là-dedans. C'est dans le rapport. J'ai eu le rapport, c'est le rapport qui m'a indiqué cette nécessité. L'enquête de commandement, je l'ai vue, elle a été transmise. Ensuite, la justice doit faire son travail. Les militaires sont des citoyens comme les autres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quatorze militaires, le chiffre n'est pas le bon ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je ne vous dirai rien de plus tant que la justice n'a pas rendu son verdict.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le chiffre n'est pas le bon ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je ne vous dis rien de plus tant que la justice n'a pas rendu son verdict.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ces militaires ne sont plus sur le terrain centrafricain ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Mais tous les militaires en Centrafrique tournent. Il y a des régiments qui bougent tous les quatre mois et je ne vais pas stigmatiser tel ou tel aujourd'hui tant que la justice n'a pas rendu son verdict. C'est à la justice de le dire, elle le fait rapidement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle le rendra quand ?
JEAN-YVES LE DRIAN
J'espère le plus vite possible.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et s'il y a eu
JEAN-YVES LE DRIAN
S'il y a eu, les sanctions seront implacables. La justice dira ce qu'elle a à dire et en ce qui concerne la Défense, elle prendra ses responsabilités parce que l'Armée doit être exemplaire dans tous les domaines, en particulier celui-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire qu'on quitte l'Armée si on a commis
JEAN-YVES LE DRIAN
Je ne vais pas anticiper sur des résultats que je ne connais pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je reviens sur l'actualité française. J'ai une question sur les régionales. Est-ce que vous serez candidat ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Mais je suis candidat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais est-ce que vous serez candidat à la présidence de la région Bretagne ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Ecoutez, là aujourd'hui je suis ministre à cent pourcent, vous le constatez.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, on le constate.
JEAN-YVES LE DRIAN
Par ailleurs, il ne vous a pas échappé que j'étais Breton et que j'habite en Bretagne. J'habite en Bretagne donc j'y vais quand même de temps en temps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et vous aimez la Bretagne.
JEAN-YVES LE DRIAN
J'aime beaucoup la Bretagne, c'est ma passion. J'aime la défendre et puis c'est là que j'ai mes amis, puis je crois à la force collective de cette région et à sa capacité créatrice. Oui, je suis passionné de Bretagne mais l'heure n'est pas venue de prendre des décisions. Je suis candidat sur la liste du Morbihan et je l'ai toujours été. Ça fait vingt ans que je suis candidat dans le Morbihan.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous aimeriez être président de cette région ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je l'ai déjà été huit ans, j'y ai mis beaucoup de passion.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais revenir président de cette région ?
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est un challenge formidable mais c'est aussi un challenge formidable que d'être responsable de la Défense de notre pays.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous savez, il y a deux jours j'avais comme invitée Marylise LEBRANCHU que vous connaissez.
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui, elle souhaite que j'y aille.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une amie, c'est une de vos amies, elle est Bretonne. Ecoutez ce qu'elle disait :
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Yves LE DRIAN, candidat dans votre région ?
MARYLISE LEBRANCHU, MINISTRE DE LA FONCTION PUBLIQUE
Je pense qu'il est candidat, oui. Je pense qu'il est candidat. Je rencontre des militants, des sympathisants.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est candidat donc il va falloir qu'il quitte le ministère de la Défense.
MARYLISE LEBRANCHU
Il faudra demander à Jean-Yves LE DRIAN. Je suis ministre de la Décentralisation et de la fonction publique et pour l'instant je ne suis pas candidate.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il sera là bientôt avec moi. Bien, donc vous pensez qu'il sera candidat.
MARYLISE LEBRANCHU
Je pense qu'il sera candidat mais vous me demandez un avis, je n'ai pas la langue de bois et je vous dis ce que je pense.
JEAN-YVES LE DRIAN
Elle le souhaite. Elle le souhaite et je la remercie. Les élections régionales, c'est au mois de décembre ; nous sommes au mois de juin donc on a un peu de temps. La campagne vient de commencer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous prendrez votre décision quand ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je pense à la rentrée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A la rentrée ? Si vous êtes candidat, vous quittez le ministère de la Défense ?
JEAN-YVES LE DRIAN
On verra bien. Aujourd'hui, monsieur BOURDIN, je suis ministre de la Défense à cent pourcent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si vous êtes candidat, vous serez obligé de quitter le ministère de la Défense.
JEAN-YVES LE DRIAN
Je ne fais pas de suppositions de suppositions. Je suis ministre de la Défense en exercice, je le resterai à cent pourcent tant que je serai ministre de la Défense, c'est clair.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, tant que vous serez ministre de la Défense. Difficile de concilier les deux quand même.
JEAN-YVES LE DRIAN
On peut difficilement faire tout en même temps, mais je suis ministre de la Défense parce que je suis à cent pourcent parce que, on l'a constaté depuis le début de cette émission, il y a des menaces, il y a des risques, il y a du boulot et j'y passe vraiment mes jours et quasiment mes nuits.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Jean-Yves LE DRIAN, merci d'être venu nous voir ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 juin 2015
Jean-Yves LE DRIAN est avec nous, ministre de la Défense. Bonjour.
JEAN-YVES LE DRIAN
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Vous êtes le ministre le plus populaire du gouvernement, dernier sondage, mais oublions cela. Revenons et faisons rapidement un peu d'histoire avant d'entrer dans notre époque contemporaine, 18 juin 1815, défaite de Waterloo. Ni François HOLLANDE ni Manuel VALLS, aucun ministre à Waterloo pour les cérémonies de commémoration, pourquoi ? Serions-nous mauvais perdants ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Non, l'histoire est derrière nous, et puis ça n'est pas quand même une victoire, donc on peut considérer que l'on fête cet anniversaire, et qu'on fête peut-être davantage les 75 ans du 18 juin 1940
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, de l'appel du 18 juin, oui
JEAN-YVES LE DRIAN
Et tout à l'heure, il y aura des cérémonies que présideront le président de la République et le Premier ministre, auxquelles je participerai. Le 18 juin 40, c'est l'appel, mais c'est aussi le début d'une longue histoire de la résistance, et puis de la résurrection de notre pays, et puis de la procédure de paix qui s'est toujours poursuivie depuis. Donc il faut rappeler certes pour l'histoire le 18 juin 1815, mais aussi beaucoup parler aujourd'hui du 18 juin 1940.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Un mot sur Napoléon, vous l'admirez ou c'est un tyran pour vous ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je suis historien de formation, donc
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais, c'est pour ça que je vous pose la question
JEAN-YVES LE DRIAN
J'ai à la fois la reconnaissance d'un itinéraire exceptionnel et d'un moment où la France a été très forte en Europe et très forte dans le monde, et puis aussi, le constat de certains échecs, et puis de cette boulimie de pouvoirs et d'extension, de dépassement des frontières qui n'était pas dans l'ordre des choses et qui s'est
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous n'êtes pas un grand admirateur de Napoléon ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je suis un comment dire j'essaie d'être objectif sur ce qu'il a apporté au pays, ce qui est très important, y compris en matière de références juridiques, en matière d'organisation de l'Etat, en matière d'affirmation de l'Etat, et puis, un peu plus circonspect sur la manière dont il a mené un certain nombre d'opérations et parfois, il a amené le pays dans des impasses.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le Figaro vous surnomme « le pèlerin du Golfe », vous avez vu cette expression ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Non, je ne savais pas
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Le pèlerin du Golfe », je la trouve assez
JEAN-YVES LE DRIAN
Je ne l'avais pas vue. Mais je ne suis jamais encore allé en pèlerinage à La Mecque, mais je respecte beaucoup ce pèlerinage, mais je n'y suis jamais allé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Vous n'êtes pas musulman, donc je ne vois pas ce que vous feriez à La Mecque en pèlerinage
JEAN-YVES LE DRIAN
Non, mais puisque vous me parlez du pèlerin du Golfe, c'est une référence, j'imagine
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, effectivement. 84 Rafale.
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Déjà vendus.
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
84 Rafale, vous en vendrez d'autres avant la fin de l'année ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Eh bien, d'abord, c'est un excellent avion, ensuite, il y a des raisons à cette accélération des achats et des exportations d'armement, la première, c'est : il y a les menaces, les pays sont confrontés aujourd'hui à des risques majeurs, et y compris des pays du Golfe, mais pas que, donc il y a accroissement des menaces, donc nécessité de se protéger, d'affirmer sa souveraineté. Et puis, il y a aussi l'excellence de nos productions, de nos matériels, dont le Rafale, qui est le meilleur avion du monde. Et puis, troisièmement, le fait que nos armées ont utilisé le matériel que nous exportons, et le Rafale a montré ce qu'il savait faire dans différentes opérations, y compris au Levant. Et puis enfin, il y a ce que j'essaie de faire, le respect des partenaires, nous sommes dans un partenariat lorsque nous avons une vente de Rafale ou une exportation d'armement, quelle qu'elle soit, les avions en particulier. Et le partenariat suppose le respect. Et le respect, c'est considérer le pays avec qui nous discutons comme un pays majeur, responsable de ses choix, que nous sommes là pour avoir avec ce pays un partenariat de longue durée, ce sont généralement des alliés, mais nous respectons leur temps et leur choix, et cette attitude-là, au bout d'un certain temps, elle paie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est la méthode LE DRIAN ?
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est on dit ça, mais c'est aussi la permanence du rapport
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est la méthode LE DRIAN ? C'est-à-dire prendre le temps
JEAN-YVES LE DRIAN
Quand on est avec un pays, comme par exemple l'Egypte ou comme par exemple l'Inde, nous avons avec ce pays un partenariat de longue durée, c'est-à-dire que nous avons des analyses communes, des discussions communes, des appréciations communes, des risques, des menaces, parce que si nous vendons Rafale, nous sommes en partenariat, nous sommes en ménage, si j'ose dire, pendant trente ans. Et donc ça veut dire que l'on forme les pilotes, ça veut dire qu'on fournit du matériel de remplacement le cas échéant, qu'on permet l'entretien de ces avions. Et donc nous sommes dans la longue durée. Et pour être dans la longue durée, il faut un partenariat solide, c'est-à-dire la confiance, Monsieur BOURDIN. Il faut la confiance
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, 36 Rafale. Il faut la confiance. 36 Rafale vendus à l'Inde, et d'autres probablement d'ici deux à trois mois, oui ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Avec l'Inde, le Premier ministre MODI est venu à Paris annoncer cette commande, elle se poursuit de manière très sereine
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, donc d'autres Rafale seront vendus à l'Inde, probablement ?
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est possible, mais pour l'instant, vous savez, sur ces affaires, il faut être
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, alors Emirats Arabes Unis, Koweït, Belgique, Finlande, ce sont des acheteurs potentiels, est-ce que vous pensez que de nouvelles ventes seront signées avant la fin de l'année ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Tout est possible. Mais j'ai deux principes
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais ça, oui, non, mais évidemment que tout est possible
JEAN-YVES LE DRIAN
Monsieur BOURDIN, dans ces affaires-là, la discrétion
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui, ça, je sais
JEAN-YVES LE DRIAN
Et la détermination. Les deux en même temps. Et donc, et c'est aux clients et aux partenaires de dire, ce n'est pas à la France de dire : ah, écoutez, je viens de vendre, etc. Non, c'est aux clients, aux partenaires, et je considère qu'on a plus de partenariats que de clientèle en la matière, qui doivent s'exprimer
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous pensez qu'il y aura des signatures de contrats avant la fin de l'année ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Rien n'est exclu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rien n'est exclu avant la fin de l'année ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Rien n'est exclu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, c'est optimiste ça !
JEAN-YVES LE DRIAN
Eh bien, on va bien voir. On multiplie les efforts
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les ventes d'armes
JEAN-YVES LE DRIAN
Mais ça montre aussi la qualité de nos industriels, et la qualité de l'ensemble industriel d'armement français. Parce que lorsque l'on vend des armes, lorsque l'on vend du matériel d'armement à l'extérieur, on favorise évidemment l'emploi en France, et là, les chiffres de cette année sont très spectaculaires, puisqu'en 2014, on a doublé quasiment nos ventes d'armement par rapport à l'année précédente et on va doubler encore en 2015
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien en 2015 ? Ça représentera combien ?
JEAN-YVES LE DRIAN
On sera à plus de quinze milliards.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus de quinze milliards de ventes d'armes en 2015 ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Vraisemblablement à plus de quinze milliards, et en 2014, nous étions à huit milliards, et quand nous sommes arrivés, nous étions à quatre milliards. Donc il y a une progression considérable
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est considérable, oui
JEAN-YVES LE DRIAN
Mais qui est due aux quatre points que je vous ai indiqués tout à l'heure, l'accroissement des menaces, la qualité de nos industries, pas uniquement dans l'aéronautique, le fait que nous utilisons nos matériels, donc nous avons l'opérabilité très concrète de leur efficacité, et puis le fait que nous respections nos partenaires, et que nous disions : c'est à vous de choisir, ce n'est pas à nous de choisir pour vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous réussissez à vendre des Rafale, vous réussissez aussi à
JEAN-YVES LE DRIAN
Des bateaux, des satellites, enfin, il n'y a pas que Rafale
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous réussissez votre loi de programmation militaire, puisque vous réussissez à augmenter le budget de la Défense, j'ai vu un milliard de plus
JEAN-YVES LE DRIAN
Trois milliards huit !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Trois milliards huit, plus un milliard, quatre milliards huit !
JEAN-YVES LE DRIAN
Trois milliards huit au budgétaire, un milliard d'économies
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un milliard d'économies réalisées grâce à la baisse du prix du pétrole
JEAN-YVES LE DRIAN
Pas uniquement le prix du pétrole, grâce à la baisse de l'inflation
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il paraît qu'à Bercy, on grince un peu, c'est vrai, ça, non, qu'on aimerait bien récupérer ce milliard ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Le président de la République a fait les choix, nous sommes dans une période d'insécurité, nous sommes dans une période où les menaces sont à nos portes, nous sommes dans une période où les menaces sont même chez nous, donc il importe que la sécurité du pays soit assurée, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur, la grande nouveauté, par rapport à ce qu'on a pu connaître auparavant, c'est le fait que le combat à l'extérieur et le combat à l'intérieur, c'est le même. Il n'y a pas de rupture entre l'action de nos armées à l'extérieur et l'action de nos armées à l'intérieur. C'est le même adversaire, c'est le terrorisme, c'est la même volonté, la sécurité des Français. Et pour cela, le président de la République a décidé de faire des choix qui consistent à renforcer nos armées, et en particulier, à donner à nos armées une mission accentuée dans la protection intérieure de notre territoire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et à recruter des soldats
JEAN-YVES LE DRIAN
18.500 militaires de plus par rapport à ce qui était prévu
JEAN-JACQUES BOURDIN
En 2015
JEAN-YVES LE DRIAN
Le mouvement est engagé, on ne peut pas recruter 18.500 en un an, mais le
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, en un an. Sur combien ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Le format de nos armées permettra
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur la loi de programmation militaire ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Même avant, je pense que dans les deux ans qui viennent, on aura atteint de chiffre
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans les deux ans.
JEAN-YVES LE DRIAN
Parce que la nouveauté du contrat que le gouvernement passe avec ses armées, c'est d'avoir en permanence sur le territoire national 7.000 militaires assurant la sécurité des lieux de culte, des lieux de transport, en complémentarité
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et ça sera pérennisé
JEAN-YVES LE DRIAN
Avec les forces de police et les forces de gendarmerie. Et c'est pérennisé dans le temps. Alors ça a un coût, c'est trois milliards huit sur la période, ça a un coût, non pas uniquement de soldes, mais ça a un coût aussi d'équipements nécessaires, je pense en particulier aux hélicoptères, pour pouvoir assurer cette sécurité, et puis, ça a un coût aussi parce que nous voulons renforcer le renseignement, renforcer la cyber sécurité, parce que ce sont des enjeux de demain, et ce sont des enjeux très importants pour notre propre sécurité. Mais la grande nouveauté, c'est l'absence de rupture entre le combat intérieur et le combat extérieur. C'est pourquoi ça ne sera qu'une seule armée, c'est pourquoi c'est une opération militaire. Il n'y aura pas des régiments intérieurs et des régiments qui ne feront que l'extérieur, il y aura un itinéraire de formation et d'action et de mission de nos unités qui seront un jour, à une période de l'année, à Barkhane, dans la bande sahélo-saharienne, une autre période de l'année, à protéger les lancements à Kourou, et puis une autre période de l'année, à protéger telle ou telle église, telle ou telle mosquée ou telle ou telle synagogue. C'est le même combat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La lutte contre le terrorisme, est-ce que vous confirmez la mort de Mokhtar BELMOKHTAR, ce chef djihadiste proche d'Al-Qaïda ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Nous n'en sommes pas sûrs. Il y a eu un raid mené par l'armée américaine qui a ciblé un lieu où il était censé se trouver mais je ne peux pas à ce jour confirmer. C'est très probable mais ce n'est pas encore certain.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est très probable mais vous n'avez pas encore la certitude.
JEAN-YVES LE DRIAN
Pas aujourd'hui, je ne peux pas vous le dire. C'est très probable mais ce n'est pas certain et je préfère dire la vérité quand elle est avérée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais on demande la vérité, les Français veulent savoir comme je dis souvent.
JEAN-YVES LE DRIAN
Je sais que vous dites cela souvent et je vous dis la vérité : nous ne sommes pas en mesure, même si toutes les probabilités vont dans ce sens. Tant que ce n'est pas avéré, je ne le dis pas. Par contre, ça montre une chose. Mokhtar BELMOKHTAR a beaucoup mené d'actions à la fois au Mali, dans le cadre de son groupe qui s'appelle Al-Mourabitoune mais aussi en Algérie. C'est lui qui était à l'origine de l'attentat contre la raffinerie d'In Amenas. Les djihadistes de cette zone sont aujourd'hui sur le reculoir, c'est eux qui sont en insécurité parce qu'il y a eu cette opération mais il y a aussi des opérations menées par la force Barkhane contre Abdelkrim le Touareg il y a peu de temps, qui était un grand organisateur de rapts d'otages et qui a fait subir des morts à certains de nos otages. Nous l'avons neutralisé comme nous avons neutralisé quelques temps avant d'autres leaders djihadistes. Ils sont sur la défensive et la force Barkhane aujourd'hui, telle qu'elle est organisée, telle qu'elle est régionalisée depuis le mois d'août dernier est très performante et permet aux terroristes dans cette zone qui n'est pas uniquement le nord-Mali mais qui est l'ensemble de la zone sahélo-saharienne, d'être sur la défensive et de reculer. Ça, je crois que c'est un bon point pour nos armées.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La Syrie : « La France doit intervenir militairement en Syrie » dit Bruno LE MAIRE. D'autres l'ont dit et certains demandent même une résolution au conseil de sécurité de l'ONU pour pouvoir intervenir parce que nous ne pouvons pas intervenir en Syrie pour l'instant. Notre aviation et nos forces spéciales interviennent en Irak mais pas en Syrie Jean-Yves LE DRIAN, c'est la réalité. Le chef d'état-major de l'Armée de l'air française estime qu'il faut davantage frapper les centres de commandement de Daesh.
JEAN-YVES LE DRIAN
Là, il parle de l'Irak. Le chef d'état-major de l'Armée de l'air française parle de l'Irak et il a raison.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais est-ce que nous devrions pouvoir intervenir en Syrie, frapper en Syrie ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Séparons deux choses. En Irak, il y a eu l'offensive Daesh. Qu'est-ce qui caractérise Daesh par rapport aux autres terrorismes ? C'est le fait que là, nous sommes dans une forme de militarisation du terrorisme. Moi, j'appelle Daesh « l'armée terroriste » parce qu'il y a trente mille, quarante mille militaires dont douze mille combattants étrangers. Douze mille, il n'y a pas que des Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien de Français ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Quatre cents, cinq cents, à peu près dans ces eaux-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Douze mille combattants étrangers.
JEAN-YVES LE DRIAN
Il y a eu cent dix-huit morts français déjà. Douze mille combattants étrangers qui viennent de partout y compris d'Australie. J'étais l'autre jour avec mon collègue australien qui me dit : « Moi, j'ai le problème Daesh ». La nouveauté, c'est que Daesh est en train d'organiser un Etat terroriste à cheval sur la Syrie et sur l'Irak. Qu'est-ce qu'il fallait faire ? Il fallait d'abord enrayer la progression, enrayer la progression par des frappes. Sur les frappes de la coalition, la France y participe. Nous avons des avions sur place, on agit. Cette progression a été empêchée puisque Bagdad n'a pas été prise, puisque le Kurdistan a retrouvé une forme d'intégralité de son territoire mais depuis il y a, disons-le, une forme de stabilisation des situations. Les forces irakiennes ont repris Tikrit mais d'un autre côté Ramadi a été perdue, Palmyre. Il faut poursuivre, ça prendra du temps. Ça prendra du temps parce que les frappes n'ont de sens je vais revenir sur la Syrie, ne vous inquiétez pas-, les frappes n'ont de sens que s'il y a à terre des forces qui sont capables de recouvrir un territoire. En Irak, ce sont les forces de sécurité irakiennes qu'il nous faut former pour qu'elles soient en mesure d'agir, ce qui n'est pas encore le cas. Donc je dis que ça prendra du temps, deux ans, trois ans peut-être. En Syrie, c'est le KO aujourd'hui. C'est le KO, c'est en plus les drames, ce sont des réfugiés partout, des centaines de milliers de réfugiés et en Syrie j'entends quelques voix. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas de monsieur LE MAIRE, encore que si c'était le cas il faudrait qu'il le dise pour être clair. Des voix qui diraient : « Ecoutez, on va s'appuyer sur Bachar pour attaquer Daesh », j'entends des voix qui disent ça. Or, c'est Bachar qui est à l'origine de tout. C'est parce que Bachar a terrorisé son peuple que ce peuple-là s'est retourné vers d'autres. C'est parce que Bachar a été l'assassin de son peuple que ce peuple s'est révolté de cette manière-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que compte tenu de la situation syrienne
JEAN-YVES LE DRIAN
Et nous avons été les premiers, la France, le président HOLLANDE, à réunir les amis de la Syrie en disant : « Essayons d'agir ensemble, comment est-ce qu'on peut agir ».
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et comment ?
JEAN-YVES LE DRIAN
En appuyant les forces de l'armée syrienne libre et en essayant de trouver une solution politique. Dans ce chaos-là, il faut une solution politique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même avec des éléments du régime de Bachar el-ASSAD.
JEAN-YVES LE DRIAN
Sans Bachar el-ASSAD, mais à condition qu'elle soit garantie par le conseil de sécurité et par l'ensemble des puissances.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pour l'instant, pas question de frapper.
JEAN-YVES LE DRIAN
Ce n'est pas à l'ordre du jour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très bien. Au moins, c'est très clair.
JEAN-YVES LE DRIAN
Tout à fait, j'essaye d'être très clair.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous l'êtes. La République Centrafricaine : des militaires français ont été mis en cause, on le sait, par des enfants pour agressions sexuelles. D'abord, que sont devenus ces militaires mis en cause ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Pour l'instant, monsieur BOURDIN, il y a une enquête de justice et je vous remercie de poser la question parce qu'il y a parfois des ambiguïtés. Il n'y a plus de justice militaire, ça n'existe plus. Je pense qu'il y a des Français qui pensent que ça existe toujours ; non ! C'est de la justice ordinaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a eu une enquête interne de l'Armée française.
JEAN-YVES LE DRIAN
Qui doit faire son travail et lorsque j'ai appris ces faits avérés ou pas, je ne sais pas ; je ne sais pas si c'est vrai ; j'ai appris au mois de juillet de l'année dernière ces événements potentiels-, tout de suite j'ai saisi le Parquet de Paris pour qu'il mène l'enquête de justice nécessaire. Moi, j'attends qu'ils me disent la vérité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y a eu une enquête interne de l'Armée française.
JEAN-YVES LE DRIAN
L'enquête de commandement, ce n'est pas la justice.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais l'enquête de commandement a été transmise au Parquet de Paris.
JEAN-YVES LE DRIAN
Transmise au Parquet de Paris, absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle dit quoi cette enquête ?
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est le Parquet de Paris qui vous dira la vérité aux termes de l'enquête de justice. Je veux que la justice aille jusqu'à son terme et j'ai engagé immédiatement, sur des documents qui n'étaient pas des documents officiels mais qui étaient des indications me laissant penser que ça pouvait être possible. Bien, que la justice le dise.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que les témoignages recueillis sont crédibles ?
JEAN-YVES LE DRIAN
La justice le dira. Je n'ai pas à m'interférer là-dedans.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous les avez vus ces témoignages ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Non. Je n'ai pas interférer là-dedans. C'est dans le rapport. J'ai eu le rapport, c'est le rapport qui m'a indiqué cette nécessité. L'enquête de commandement, je l'ai vue, elle a été transmise. Ensuite, la justice doit faire son travail. Les militaires sont des citoyens comme les autres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quatorze militaires, le chiffre n'est pas le bon ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je ne vous dirai rien de plus tant que la justice n'a pas rendu son verdict.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le chiffre n'est pas le bon ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je ne vous dis rien de plus tant que la justice n'a pas rendu son verdict.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ces militaires ne sont plus sur le terrain centrafricain ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Mais tous les militaires en Centrafrique tournent. Il y a des régiments qui bougent tous les quatre mois et je ne vais pas stigmatiser tel ou tel aujourd'hui tant que la justice n'a pas rendu son verdict. C'est à la justice de le dire, elle le fait rapidement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle le rendra quand ?
JEAN-YVES LE DRIAN
J'espère le plus vite possible.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et s'il y a eu
JEAN-YVES LE DRIAN
S'il y a eu, les sanctions seront implacables. La justice dira ce qu'elle a à dire et en ce qui concerne la Défense, elle prendra ses responsabilités parce que l'Armée doit être exemplaire dans tous les domaines, en particulier celui-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire qu'on quitte l'Armée si on a commis
JEAN-YVES LE DRIAN
Je ne vais pas anticiper sur des résultats que je ne connais pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je reviens sur l'actualité française. J'ai une question sur les régionales. Est-ce que vous serez candidat ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Mais je suis candidat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais est-ce que vous serez candidat à la présidence de la région Bretagne ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Ecoutez, là aujourd'hui je suis ministre à cent pourcent, vous le constatez.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, on le constate.
JEAN-YVES LE DRIAN
Par ailleurs, il ne vous a pas échappé que j'étais Breton et que j'habite en Bretagne. J'habite en Bretagne donc j'y vais quand même de temps en temps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et vous aimez la Bretagne.
JEAN-YVES LE DRIAN
J'aime beaucoup la Bretagne, c'est ma passion. J'aime la défendre et puis c'est là que j'ai mes amis, puis je crois à la force collective de cette région et à sa capacité créatrice. Oui, je suis passionné de Bretagne mais l'heure n'est pas venue de prendre des décisions. Je suis candidat sur la liste du Morbihan et je l'ai toujours été. Ça fait vingt ans que je suis candidat dans le Morbihan.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous aimeriez être président de cette région ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je l'ai déjà été huit ans, j'y ai mis beaucoup de passion.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais revenir président de cette région ?
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est un challenge formidable mais c'est aussi un challenge formidable que d'être responsable de la Défense de notre pays.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous savez, il y a deux jours j'avais comme invitée Marylise LEBRANCHU que vous connaissez.
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui, elle souhaite que j'y aille.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une amie, c'est une de vos amies, elle est Bretonne. Ecoutez ce qu'elle disait :
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Yves LE DRIAN, candidat dans votre région ?
MARYLISE LEBRANCHU, MINISTRE DE LA FONCTION PUBLIQUE
Je pense qu'il est candidat, oui. Je pense qu'il est candidat. Je rencontre des militants, des sympathisants.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est candidat donc il va falloir qu'il quitte le ministère de la Défense.
MARYLISE LEBRANCHU
Il faudra demander à Jean-Yves LE DRIAN. Je suis ministre de la Décentralisation et de la fonction publique et pour l'instant je ne suis pas candidate.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il sera là bientôt avec moi. Bien, donc vous pensez qu'il sera candidat.
MARYLISE LEBRANCHU
Je pense qu'il sera candidat mais vous me demandez un avis, je n'ai pas la langue de bois et je vous dis ce que je pense.
JEAN-YVES LE DRIAN
Elle le souhaite. Elle le souhaite et je la remercie. Les élections régionales, c'est au mois de décembre ; nous sommes au mois de juin donc on a un peu de temps. La campagne vient de commencer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous prendrez votre décision quand ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je pense à la rentrée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A la rentrée ? Si vous êtes candidat, vous quittez le ministère de la Défense ?
JEAN-YVES LE DRIAN
On verra bien. Aujourd'hui, monsieur BOURDIN, je suis ministre de la Défense à cent pourcent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Si vous êtes candidat, vous serez obligé de quitter le ministère de la Défense.
JEAN-YVES LE DRIAN
Je ne fais pas de suppositions de suppositions. Je suis ministre de la Défense en exercice, je le resterai à cent pourcent tant que je serai ministre de la Défense, c'est clair.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, tant que vous serez ministre de la Défense. Difficile de concilier les deux quand même.
JEAN-YVES LE DRIAN
On peut difficilement faire tout en même temps, mais je suis ministre de la Défense parce que je suis à cent pourcent parce que, on l'a constaté depuis le début de cette émission, il y a des menaces, il y a des risques, il y a du boulot et j'y passe vraiment mes jours et quasiment mes nuits.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Jean-Yves LE DRIAN, merci d'être venu nous voir ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 juin 2015