Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Ici au Caire c'est la première étape d'une visite à haute intensité diplomatique qui me conduit aujourd'hui en Egypte et demain en Jordanie, ensuite à Ramallah et à la fin de la journée je rends visite au président israélien et au Premier Ministre israélien. Au fond, il s'agit de rechercher la paix et la sécurité dans la région. C'est un message très important pour la France et une nécessité absolue.
J'ai été reçu, après avoir discuté avec mon ami et collègue M. Choukry, par le président Sissi. Nous avons, comme cela vient d'être dit, évoqué d'abord nos relations bilatérales qui sont excellentes dans les différents domaines. Il y en a eu quelques aspects spectaculaires récemment. Nous entendons développer ces relations, notamment sur le plan économique parce qu'il y a normalement des choses à faire ensemble.
Nous avons abordé aussi les questions qui concernent Israël et les Palestiniens puisque c'est l'un des objets principaux de ma visite et j'ai eu l'occasion d'exposer au président Sissi l'approche qui était la nôtre avec trois idées principales. La première c'est qu'il faut faire le maximum pour que les parties reprennent les négociations. Parfois cet aspect a été mal compris. Il ne s'agit pas de faire la paix sans les parties. Il s'agit d'inciter les parties à faire la paix. Ce n'est pas la même chose. Cela est la première idée.
La deuxième idée c'est de mettre en œuvre un accompagnement international à cette négociation nécessaire entre les parties. C'est vrai que quand on regarde l'histoire depuis 40 ans il y a eu parfois des négociations, mais elles n'ont jamais abouti. Donc Il faut sans doute réfléchir à une certaine adaptation de la méthode pour que les Arabes bien sûr qui ont beaucoup à proposer, les Européens, les Américains , le P5 d'une façon plus générale, puissent accompagner les choses dans le bon sens , non pas de se substituer aux négociateurs, il n'en est pas question, mais accompagner.
Et puis il faut enfin que le moment venu tout cela puisse être entouré d'idées par la communauté internationale et pourquoi pas par une résolution des Nations-Unies. Alors c'est évidemment très difficile. Mais nous pensons que ne rien faire ce serait prendre le double risque de l'enlisement et de l'embrasement. Donc il faut que toutes les bonnes volontés, et elles sont nombreuses, puissent aller dans ce sens. C'est dans cet esprit que je rencontrerai dans quelques dizaines de minutes le Comité de suivi avec qui je suis en contact pour que nous discutions de tout cela et puis demain, comme je l'ai dit, à la fois le roi de Jordanie, le président Abbas et le Premier Ministre Netanyahu.
L'Egypte a un rôle très important à jouer puisque elle a de bonnes relations avec les différentes parties prenantes. C'est le cas aussi de la France qui est traditionnellement l'ami à la fois des Israéliens et des Palestiniens et qui a une position d'équilibre. Donc c'est une raison supplémentaire pour que nous travaillions ensemble.
Nous avons abordé d'autres sujets qui nous concernent tous : la question de la Libye, la question de la Syrie, et comme nous nous approchons du butoir dans le temps de la discussion sur le nucléaire iranien, aussi nous avons abordé cela, et d'autres sujets internationaux qui nous concernent les uns les autres et puis nous avons parlé de la COP21 puisque l'Egypte à travers de ce qu'on appelle l'APCEN a la présidence de toute une série d'initiatives dans ce domaine. Vous savez peut être que le projet a été lancé d'une initiative importante pour toute l'Afrique en matière d'énergie. Ce projet a été également soutenu au G7, à l'initiative notamment de la France et l'Allemagne. Donc, j'ai demandé au président Sissi , qui a bien voulu en accepter le principe, que nous puissions travailler ensemble pour donner des résultats concrets à cette initiative qui évidemment est fort importante pour renforcer la crédibilité des résultats de la COP21.
Enfin j'ai confirmé au président Sissi que le président français serait à Ismaëliya le 6 août pour les manifestations qui auront lieu en liaison avec les nouveaux travaux au canal de Suez et que les engagements pris par la France, notamment sur le plan économique et sur le plan des équipements militaires seront évidemment honorés à bonne date.
Q : vous avez parlé de la nécessité d'un changement de méthode dans les négociations de paix et d'une résolution en Conseil de Sécurité des nations-Unies, est-ce que vous pouvez en parler avec un peu plus de détails ? Est-ce que la France pourrait lancer une nouvelle initiative au cours de la tournée que vous effectuez dans la région ?
R : Pour ce qui me concerne, ce qui est important c'est que la négociation reprenne parce qu'on ne peut pas avancer s'il n'y a pas de négociations. Il faut que la sécurité d'Israël soit absolument assurée. C'est tout à fait essentiel. Il faut en même temps que les droits des Palestiniens soient reconnus. S'il n'y a pas de justice, il n'y a pas de paix. Et de ce point de vue là, quand la colonisation avance la solution des deux Etats recule. Donc il faut, et j'aurai l'occasion d'en discuter à la fois avec le président de l'Autorité palestinienne et le Premier Ministre israélien, que les uns et les autres nous disent comment ils envisagent cette reprise de la négociation qui est absolument indispensable. C'est le premier point pour qu'il n'y ait pas d'ambigüité.
Ensuite ou parallèlement, nous pensons qu'il y a lieu d'avoir un accompagnement international. Là, les Arabes ont un rôle très important à jouer, les Européens, les Américains bien sûr ont un rôle tout à fait central, et puis d'une manière générale les membres permanents du Conseil de Sécurité. Alors il faut discuter avec les uns et les autres de ce que peut être cette forme d'accompagnement international. Mais c'est là où il y a une certaine adaptation de la méthode. Et puis il y a aussi cette question d'une résolution des Nations-Unies qui n'a de sens que si elle permet d'avancer, mais en même temps si elle est acceptée par les membres du Conseil de Sécurité, car il ne sert à rien d'aller proposer des résolutions qui se heurtent à tel ou tel véto. Donc, il faut avoir ces différents éléments. Un des buts de cette visite de deux jours c'est d'écouter les parties prenantes, comment elles réagissent par rapport à ces idées et si on peut avancer. Encore une fois, le point central c'est essayer de proposer pour faire avancer la paix.
C'est la mission traditionnelle de la France.
Je rendrai compte de ces démarches lundi, dans deux jours, à mes amis européens puisque nous sommes réunis en Conseil des ministres des Affaires étrangères lundi et j'aurai l'occasion de leur rendre compte de cette visite et confronter nos points de vue pour essayer d'avancer.
Q : Sur le principe d'un accord de paix avec deux Etats, est-ce que l'Egypte, est-ce que les pays arabes peuvent accepter qu'il y a d'un côté un Etat palestinien et de l'autre un Etat israélien, juif comme le mentionne maintenant régulièrement M. Netanyahu ? Par ailleurs, est-ce que vous encouragez en ce moment les pays qui servent d'intermédiaire entre le Hamas et Israël pour trouver un cessez-le-feu durable dans la région ? La question est adressée aux deux ministres.
R : En ce qui me concerne par rapport à vos deux questions, pour ce qui est du Hamas nous n'avons pas de contact avec cette organisation. En ce qui concerne la question de l'Etat juif, c'est un point qui est controversé puisque d'un côté le gouvernement israélien demande cette formulation et elle est refusée par la partie palestinienne. C'est un des points dont nous devons bien sûr discuter dans le cadre du comité de suivi.
Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 juin 2015