Texte intégral
Monsieur Daniel Cordier qui nous fait une nouvelle fois l'honneur de sa présence,
Messieurs les préfets,
Madame et monsieur les représentants des maires de Bordeaux et Paris,
Monsieur le conservateur du Panthéon,
Monsieur le directeur de la mémoire, du patrimoine et des archives,
Madame la directrice générale de l'Office national des Anciens combattants et victimes de guerre,
Monsieur le président de l'association nationale des Amis de Jean Moulin,
Madame la directrice du musée Jean Moulin,
Chers élèves aujourd'hui présents,
Mesdames et messieurs,
Il y a quelques jours, nous étions ici, au Panthéon, pour rendre hommage à quatre Résistants.
C'était le 27 mai, journée nationale de la Résistance. Je ne peux débuter cette cérémonie sans avoir une pensée pour ceux à qui cette journée fut dédiée et qui nous ont quittés récemment. Ceux qui, dans cette crypte du Panthéon, sont venus plusieurs fois saluer la mémoire de celui dont ils avaient suivi la voie avec courage.
Je pense à Robert Chambeiron, qui s'est éteint le 30 décembre 2014. Je pense à Jean-Louis Crémieux-Brilhac, disparu le 8 avril dernier. Deux hommes dont l'absence pèse aujourd'hui sur cette cérémonie mais à qui la Nation a aussi rendu hommage le 27 mai dernier, à l'occasion de la Panthéonisation.
Comme elle vous a rendu hommage, cher monsieur Daniel Cordier, vous qui avez incarné il y a 70 ans la défense de la France et de ses valeurs.
À travers eux, c'est à l'esprit de Résistance que le Président de la République rendit hommage.
Cet esprit fit une première fois son entrée au Panthéon, il y a 50 ans, avec Jean Moulin. Celui dont la Résistance ne fut pas un vain mot mais un engagement de tous les instants et le combat d'une vie.
L'esprit de Résistance, il en fut toujours animé. Mais c'est le 17 juin 1940, il y a 75 ans, qu'il écrit son premier acte de Résistance.
Il est né d'un refus. Alors préfet de Chartres, il refuse de signer un document accusant à tort des tirailleurs sénégalais du massacre de femmes et d'enfants.
Il est né d'un geste. Au fond de sa cellule, il saisit un morceau de verre et se tranche la gorge pour ne pas céder.
Le lendemain, 18 juin 1940, depuis Londres, le général de Gaulle appelait les Français de métropole et d'ailleurs à poursuivre le combat et à entrer en Résistance.
L'hommage qui nous réunit ici chaque année va au-delà de la journée du 17 juin 1940. Il est un hommage rendu à toute la vie de Jean Moulin.
Jean Moulin, c'est d'abord le citoyen exemplaire, le soldat mobilisé en 1918, le plus jeune sous-préfet, nommé en 1925 à Albertville, puis le plus jeune préfet de France, nommé à 37 ans préfet de l'Aveyron.
C'est ensuite l'homme d'action, engagé, profondément républicain qui participe dans les années 1930 à l'aide clandestine du gouvernement du Front populaire aux Républicains espagnols. C'est ensuite le préfet dont la carrière est brisée, par le régime de Vichy, le 2 novembre 1940.
C'est bien sûr le résistant qui s'engage pour une cause qui dépasse sa propre vie. Le résistant qui engage sa vie pour la liberté de son pays et celle de ses camarades qu'il fédère autour de l'esprit de Résistance avec la tenue de la première réunion du Conseil national de la Résistance au 48 rue du Four à Paris, le 27 mai 1943.
Jean Moulin, c'est le martyr de la Résistance, arrêté le 21 juin 1943 et torturé à la prison de Montluc puis à l'école de santé des armées de Lyon.
Transféré au siège de la gestapo avenue Foch à Paris, il est présumé mort de ses blessures le 8 juillet 1943 en gare de Metz dans le train qui le conduit en Allemagne.
C'est enfin l'homme du Panthéon, depuis le 19 décembre 1964, dont le nom est inscrit dans la mémoire collective et appartient pour toujours à la postérité.
Le 17 juin est un rendez-vous régulier de la France avec son Histoire.
Je veux remercier celles et ceux à qui nous le devons : l'association des Amis de Jean Moulin, la mairie de Bordeaux et la mairie de Paris avec le soutien de la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de la Défense, qui témoignent inlassablement de leur fidélité à Jean Moulin et à sa mémoire.
Si nous sommes ici encore une fois en 2015, 75 ans après, c'est parce que nous sommes convaincus du combat de Jean Moulin, comme nous le sommes de celui de Pierre Brossolette, de Jean Zay, de Germaine Tillion et de Geneviève de Gaulle - Anthonioz.
Plus que convaincus, nous sommes obligés par leurs combats.
Obligés d'abord par l'exigence de l'unité nationale devant ce qui représente l'essentiel et devant tout ce qui vient défier ou menacer notre socle républicain, la liberté de notre territoire et les fondements de notre Nation : le racisme, l'antisémitisme, la haine, l'intolérance, la violence.
Obligés ensuite par l'exigence d'une foi et d'une confiance en la France et en l'avenir. Jean Moulin croyait en son pays, en ses richesses humaines, en ses forces, en ses ressources, en ses capacités à combattre le nazisme.
Obligés enfin par l'exigence de poursuivre le combat pour les libertés, partout où elles sont menacées, dans un esprit de fraternité.
Telles sont les promesses de ce 17 juin, que je vous remercie de faire vivre une nouvelle fois ce matin par votre présence.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 25 juin 2015