Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, en hommage à la résistance des élèves officiers de réserve de l'École de cavalerie de Saumur face à l'armée allemande en juin 1940, à Saumur le 19 juin 2015.

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Circonstance : Cérémonie d'hommage aux Cadets de Saumur, à Saumur (Maine-et-Loire) le 19 juin 2015

Texte intégral

Monsieur le sous-préfet,
Monsieur le maire,
Messieurs les officiers généraux, commandants des écoles militaires de Saumur et de l'école de cavalerie,
Monsieur le président de l'association nationale des officiers de réserve de l'arme blindée cavalerie,
Mesdames et messieurs les élèves officiers et sous-officiers,
Mesdames et messieurs,
Nous avons commémoré cette semaine le 17 juin 1940, ce jour où Jean Moulin écrivit, d'un geste, son premier acte de Résistance.
Nous avons commémoré hier au Mont Valérien, en présence du Président de la République, le 18 juin 1940, ce jour où le général de Gaulle appelait, depuis Londres, à poursuivre le combat.
Dès l'Appel de celui qui allait devenir le chef de la France Libre, le territoire français fut le théâtre de comportements résistants qui donneraient bientôt naissance à des réseaux et des mouvements.
Ici, à Saumur, des hommes joignirent le geste à la parole du général de Gaulle. Ils seraient les pionniers de la Résistance armée, ceux qui lui donneraient sa première forme.
Le 15 juin, les 800 élèves de l'École de cavalerie de Saumur reçoivent l'ordre de tenir le front sur la Loire face à la 1re division de cavalerie allemande.
Le 17 juin, le maréchal Pétain ordonne de cesser le combat.
Le lendemain, il y a 75 ans jour pour jour, le colonel Michon rassemble ses cadres. Tous sont volontaires pour poursuivre la résistance armée « jusqu'à l'extrême limite de [leurs] moyens de combat, éprouvant de lourdes pertes, et inscrivant dans les fastes de la Cavalerie une page digne entre toutes de son glorieux passé », selon la citation à l'ordre de l'armée.
2 500 hommes affrontent alors les 40 000 Allemands qui progressent le long de la Loire. Aux côtés des élèves officiers de réserve de l'École de cavalerie s'engagent des élèves aspirants de réserve d'infanterie de Saint-Maixent, des éléments du génie, des membres du détachement de l'École d'application de l'artillerie de Poitiers, du 1er groupe franc-motorisé de cavalerie et des tirailleurs.
Ils venaient d'horizon divers et se destinaient à des carrières militaires singulières. Mais en menant, dans un même élan solidaire, avec courage et esprit de sacrifice, la défense de la Loire, tous ces hommes devinrent les « Cadets de Saumur ».
Parmi eux, Jean-Paul Braillard, mort le 20 juin 1940 à Gennes ; Jean Bonnin, blessé durant les combats et décédé à l'hôpital de Doué la Fontaine le 21 juin.
Parmi eux aussi, Maurice Druon, à qui nous devons, avec son oncle Joseph Kessel, les paroles du Chant des Partisans : « Sifflez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute... ».
Cette liberté arrachée à l'occupant et au nazisme au prix de tant de sacrifices fut celle qui guida les « Cadets de Saumur » à s'engager dans la voie de la Résistance.
Cette liberté était un idéal pour lequel ils étaient prêts à payer le prix.
250 en ont payé le prix le plus fort : celui de la vie.
Voilà, mesdames et messieurs, l'histoire des « Cadets de Saumur ». Une histoire d'engagement sans réserve, une histoire de courage, une histoire de foi en la France et de confiance en l'avenir, une histoire d'hommes aussi.
Des itinéraires personnels venus écrire, en lettres d'or dans les plis de l'étendard de l'École de cavalerie, en lettres de sang parfois, leur destin et leur histoire.
Je remercie l'association nationale des officiers de réserve de l'arme blindée cavalerie qui perpétue, génération après génération, dans un esprit de fidélité, le souvenir de ces hommes.
Aujourd'hui 75 ans après, leurs héritiers portent fièrement leur mémoire, ici à l'École de cavalerie de Saumur, qui fête cette année ses 90 ans.
Votre ville nous raconte l'histoire de la cavalerie, depuis ses origines. Elle nous projette dans le passé glorieux de la cavalerie militaire. Mais plus encore, votre ville nous raconte l'avenir.
Car c'est ici, à Saumur, dans un espace de 42 hectares, que se prépare l'engagement opérationnel à travers les formations que délivrent l'École de cavalerie, le centre d'étude et d'enseignement au renseignement de l'armée de terre, le centre de défense nucléaire, biologique et chimique et l'École d'état-major.
Les écoles militaires de Saumur, fortes de leur histoire et de leur attachement aux traditions militaires, sont un gage de qualité pour notre armée et un vecteur déterminant de notre défense.
Entre les combats d'hier et ceux d'aujourd'hui, il y a une même exigence. Celle de l'excellence de la formation militaire. L'école de cavalerie de Saumur s'y emploie, comme elle l'a fait hier en accueillant par exemple le jeune Philippe de Hauteclocque qui deviendra le général Leclerc.
Mesdames et messieurs, chers élèves officiers et sous-officiers, le 18 juin 1940, en poursuivant le combat, les « Cadets de Saumur » faisaient l'honneur de l'armée française et démontraient leur audace, leur bravoure, leur esprit de camaraderie et leur intelligence de situation. C'était l'esprit cavalier.
Cet esprit souffle encore aujourd'hui, ici à Saumur et dans ses écoles militaires.
Il est celui qui vous guide dans vos choix, vos engagements et vos actions.
Il est celui qui nous permet de porter haut et fort la voix de la France, par-delà ses frontières, pour se montrer à la hauteur de ses ambitions et de son histoire.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 25 juin 2015