Texte intégral
FABIENNE SINTES
Votre invité, Jean-François ACHILLI, est ministre de la Santé et des Affaires sociales.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et du Droit des femmes, ma chère Fabienne SINTES. Bonjour Marisol TOURAINE.
MARISOL TOURAINE
Bonjour Jean-François ACHILLI.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Une opération d'évacuation du camp de migrants de Paris porte de la Chapelle ce matin, que faire de ces populations ? Il y a une urgence sociale et sanitaire.
MARISOL TOURAINE
Les campements sont des lieux qui, en termes d'épidémies, en termes sanitaires, sont toujours des risques, et sont des risques d'abord pour ceux qui y habitent, donc le démantèlement de ce camp répond aussi à une exigence en termes sanitaires. Il faut évidemment s'assurer et veiller à ce que chacun de ceux qui étaient là soient relogés, rapidement, dans de bonnes conditions.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors, nous sommes face à une urgence de masse, notamment avec les migrants qui arrivent par la mer Méditerranée, vous le savez, l'Union européenne demande d'en accueillir 9 000 de plus, pour partager, pardon pour l'expression, ce fardeau. Est-ce que nous en avons les capacités, aujourd'hui, les moyens, quand on voit ce qui se passe ce matin ?
MARISOL TOURAINE
La France accueille des migrants, elle n'est pas portes fermées, les yeux fermés sur la réalité du monde, la France assume ses responsabilités et il est souhaitable que l'ensemble des pays européens, assument également leurs responsabilités face aux drames que nous pouvons voir. Il faut aussi engager une politique qui permette aux migrants, de rester chez eux, dans des conditions satisfaisantes et de ne pas se retrouver dans des campements qui sont insalubres, qui ne sont pas toujours dignes de ce que l'on peut attendre pour vivre dans un de nos pays. Mais la France ne ferme pas les yeux, encore une fois, et elle assume ses responsabilités.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors, le chômage ne cesse d'augmenter, Marisol TOURAINE, 0,7 % de hausse en avril, les chiffres défilent, 26 200 chômeurs supplémentaires, on est à plus de 5 millions au total, tout confondu, malgré une amorce de croissance. Rien ne se passe, on a l'impression que le gouvernement n'y arrive pas.
MARISOL TOURAINE
Les chiffres qui ont été annoncés hier, ne sont pas bon, évidemment qu'ils ne sont pas bons.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ils ne sont jamais bons.
MARISOL TOURAINE
Ils ne sont pas bons
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Jamais.
MARISOL TOURAINE
Est-ce que nous devons rester là et ne pas avoir la volonté de poursuivre de façon acharnée le travail qui a été engagé, évidemment non, nous ne devons pas nous démobiliser, nous devons agir, plus que jamais, avec force, avec volonté. Des mesures ont été prises, dès hier d'ailleurs le ministre du travail a annoncé que 100 000 emplois aidés allaient être créés.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais ce n'est pas la solution.
MARISOL TOURAINE
Non, ça n'est pas une solution durable, mais
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous savez ce qui se passe, avec les emplois aidés.
MARISOL TOURAINE
Jean-François ACHILLI, il vaut mieux un emploi aidé que pas d'emploi du tout. Et donc c'est une solution de transition qui permet à des personnes, de reprendre pieds dans le monde du travail, mais au-delà de cela, vous l'avez-vous-même indiqué, les signaux de la croissance sont en train de passer au vert, le gouvernement a mené une politique volontariste en direction des entreprises, pour qu'elles retrouvent leur compétitivité.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oui, mais elles n'embauchent pas pour l'instant.
MARISOL TOURAINE
Des mesures vont être prises, ont été prises déjà en faveur de l'investissement, et le gouvernement, dans quelques jours, annoncera, au terme des concertations menées par Manuel VALLS avec les organisations syndicales, et le patronat, des mesures nouvelles en faveur des petites entreprises, et donc tout cela doit permettre à l'emploi de redémarrer, mais vous le disiez vous-même, le gouvernement assume ses responsabilités, les entreprises doivent aussi s'engager, parce que des actions fortes ont été prises en leur faveur, eh bien il faut qu'elles s'engagent et qu'elles
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Qu'est-ce que vous dites ? Que la balle est dans le camp du MEDEF, de la CGPME, c'est ça ?
MARISOL TOURAINE
La balle est dans le camp de tout le monde. La balle elle est dans le camp de la société toute entière, et le gouvernement doit évidemment rester mobilisé, le gouvernement doit agir et ne pas considérer que, au fond, il y aurait là une fatalité. Il n'y a pas de fatalité à ce que la situation reste comme cela.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
François HOLLANDE peut se représenter dans deux ans, si cette courbe ne s'inverse pas, parce que
MARISOL TOURAINE
Nous sommes aujourd'hui à un moment crucial. La croissance est en train de repartir et nous savons qu'il faut que le rythme de la croissance s'accélère, pour permettre des embauches nouvelles, c'est à cela que nous travaillons et c'est évidemment à cela que François HOLLANDE travaille d'arrache-pied.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors, c'est dans ce contexte assez négatif que l'Assemblée vote la loi sur le dialogue social, aujourd'hui, le texte semble sans réel impact, vous défendez, vous, un des volets de la loi, c'est la fusion prime pour l'emploi et
MARISOL TOURAINE
Non, c'est la mise en place de la prime d'activité, c'est la création
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est la fusion.
MARISOL TOURAINE
Non, c'est la création d'un nouveau dispositif, la prime d'activité
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Qui fusionne deux autres dispositifs.
MARISOL TOURAINE
Financièrement, c'est-à-dire qu'on prend l'argent, on supprime deux dispositifs, et on crée un nouveau dispositif. Quel est l'enjeu ? Il s'agit de donner un supplément de pouvoir d'achat, à des hommes et à des femmes qui travaillent et qui ont le sentiment de ne jamais cocher les bonnes cases. Les plus pauvres, ont eu des augmentations de prestations sociales au cours des années passées, mais il y en aura d'autres. Ceux qui paient des impôts, ils vont pouvoir bénéficier de la suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu, il y aura donc des baisses d'impôts, très concrètement, au mois de septembre. Et puis il y a ceux qui sont entre 5, 600 de revenus, et 1 300, 1 400
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oui, c'est cette espèce de moment charnière, c'est ça ?
MARISOL TOURAINE
par mois, et qui ont l'impression que, au fond, leurs droits sont mal reconnus. Eh bien ils auront droit à un supplément de pouvoir d'achat, et c'est très concret. Par exemple quelqu'un qui travaille à temps partiel, et qui gagne 800 par mois, aura une prime d'activité de 200 , Jean-François ACHILLI.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ça c'est pour 2016.
MARISOL TOURAINE
200 par mois.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
1er janvier 2016.
MARISOL TOURAINE
C'est quand même du très concret, et c'est évidemment un supplément de pouvoir d'achat significatif, à partir du 1er janvier 2016, et l'une des grandes avancées de cette loi, c'est que pour la première fois, les jeunes de 18 à 25 ans pourront bénéficier de ce dispositif s'ils travaillent, ce qui n'était pas le cas, 1 million de jeunes qui travaillent
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Il vous tient à coeur, ce dispositif.
MARISOL TOURAINE
Ecoutez, il y a dans notre pays des gens qui ont l'impression qu'on ne pense jamais à eux, parce qu'ils sont entre deux, et qui ont l'impression que leurs droits sont mal reconnus.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous auriez peut-être pu commencer par ça. Nous sommes trois ans après, donc, voilà, parce que ça fait longtemps qu'on dit ça, cette espèce de moment charnière qu'on a presque envie de rester dans le chômage, finalement, parce que ça coûte moins cher, quoi.
MARISOL TOURAINE
On a relancé d'autres formes de pouvoir d'achat pour ces personnes, il y a là un geste fort, qui va concrètement représenter pratiquement un 13ème mois pour quelqu'un qui est au smic, c'est évidemment un pouvoir d'achat significatif, en plus, pour ces Français.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Marisol TOURAINE, vous avez vu, ce n'est pas anodin, Thomas THEVENOUD, à la Une de Libération ce matin, il donne une interview, et il dit, c'est l'ancien et éphémère secrétaire d'Etat au Commerce, c'est un sujet santé, puisqu'il souffre d'une phobie administrative. Il dit : « acharnement », grosso modo. Acharnement. Il aurait du démissionner, Thomas THEVENOUD ?
MARISOL TOURAINE
Thomas THEVENOUD fait l'objet d'une procédure, comme tous ceux qui ont, disons, été en délicatesse ou qui sont en délicatesse avec le Fisc. C'est une commission indépendante qui examine la nécessité d'engager une procédure judiciaire, cela concerne mille personnes
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oh là, c'est compliqué pour moi, ça.
MARISOL TOURAINE
Mille personnes, non, mille personnes par an sont concernées par des procédures comme celle qui vise Thomas THEVENOUD, donc Thomas THEVENOUD fait l'objet d'une procédure qui est de même nature que celle des autres
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et vous, Marisol TOURAINE, vous personnalité socialiste
MARISOL TOURAINE
ni plus, ni moins
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
vous irez au congrès à Poitiers, vous pensez que ce garçon doit quitter ses fonctions, ou pas ?
MARISOL TOURAINE
De dire, les fonctions, c'est
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
De député.
MARISOL TOURAINE
Ah oui, mais ce n'est pas une fonction, il a été élu
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Par rapport à
MARISOL TOURAINE
Moi je trouve qu'il aurait du
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Son mandat, pardon, son mandat.
MARISOL TOURAINE
Je trouve qu'il aurait du démissionner de son mandat de député lorsque l'affaire a été révélée, il y a maintenant quelques mois. C'est sa décision, personne ne peut l'obliger à quitter l'Assemblée nationale, il a été élu, à lui de savoir s'il peut assumer ses responsabilités, de manière sérieuse, y compris vis-à-vis de ses électeurs.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Rapidement, les Hôpitaux de Paris toujours en grève, la question des 35 heures est sur la table. Martin HIRSCH, vous le soutenez ou vous dites « ce n'est pas mon sujet » ?
MARISOL TOURAINE
Non, je ne dis pas ça. Je dis : il m'appartient de définir le cadre dans lequel les hôpitaux peuvent s'organiser, et ce cadre, pour moi, il est très clair : il n'y a pas de remise en cause de la durée légale de 35 heures. Les organisations, ensuite, elles dépendent de chaque hôpital, et vous savez, il y a beaucoup d'hôpitaux en France, qui ont réorganisé leur mode de travail. Est-ce qu'on peut considérer
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ça veut dire qu'on en parle, parce que c'est Paris, c'est ça, c'est un gros employeur.
MARISOL TOURAINE
Est-ce qu'on peut considérer, que l'organisation du travail dans les hôpitaux parisiens, est la meilleure qui soit ? A l'évidence, non. Les personnels eux-mêmes le disent, et je profite d'avoir ce micro, pour dire, une fois de plus, l'infinie reconnaissance que j'ai, à l'égard des personnels hospitaliers, qui travaillent parfois dans des conditions difficiles. Je sais leur inquiétude, Martin HIRSCH l'a entendue
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous le soutenez. Vous le soutenez quand même.
MARISOL TOURAINE
Oui, il va faire de nouvelles propositions, et je souhaite que ces propositions fassent l'objet d'une concertation, sereine, approfondie, dans l'intérêt de tous, parce que les hôpitaux parisiens ont besoin d'une organisation du travail qui soit plus efficace, dans l'intérêt même de ceux qui y travaillent.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
En dix secondes, je ne sais pas si c'est possible. Ce professeur, Henri JOYEUX, qui a capté 500 000 signatures sur le Net, qui conteste les nouveaux vaccins, DTPolio et autres, il vous demande de venir débattre avec lui sur la validité des vaccins.
MARISOL TOURAINE
Ecoutez, franchement, je trouve indigne de la part d'un médecin, d'attiser les inquiétudes et de faire croire qu'un vaccin c'est mauvais pour la santé. On sait, au moment où il y a des équipes formidables, en France et ailleurs, qui se battent pour trouver un vaccin contre le Sida, pour trouver un vaccin contre Ebola, contre d'autres maladies, imaginez qu'arrêter de se vacciner ça ne ferait pas revenir les maladies, c'est tout simplement de la folie, et ce monsieur s'est fait connaitre déjà par des prises de positions extrêmement limites, sur toute une série de sujets, je crois que des Français de bonne foi se sont laissés abuser. Il y a des inquiétudes, répondons-y par la transparence, mais se vacciner, c'est absolument essentiel en termes de santé publique.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors, si vous voulez venir débattre sur France Info, vous êtes les bienvenus, hein. Merci à vous Marisol TOURAINE.
MARISOL TOURAINE
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 juin 2015