Texte intégral
Le ministre de lintérieur a présenté une communication relative à la lutte contre le terrorisme.
La menace terroriste à laquelle fait face la France a profondément changé de nature et se déploie sur plusieurs fronts hors des frontières où la France la combat, comme au Mali ou en Irak, dans le cadre de la coalition internationale. Ce front se ramifie sur les rives de la méditerranée à la faveur de leffondrement de lÉtat libyen ou des attaques déstabilisatrices répétées contre les pays du Maghreb, comme le montrent les récents événements de Tunisie. La France est dautant plus concernée que de nombreux ressortissants des pays de lUnion européenne y sont directement impliqués, parmi lesquels près de 500 français (119 y ont trouvé la mort) en Syrie et en Irak. La terreur que font régner les groupes terroristes alimente par ailleurs une part importante des flux migratoires qui connaissent, depuis plusieurs mois, une forte hausse.
Au sein même du pays, ce sont près de 2 000 personnes, Français ou étrangers résidents habituels en France, qui sont de près ou de loin impliqués dans des phénomènes de radicalisation religieuse violente ou dans des filières de recrutements djihadistes. La diversité de leurs parcours, de leurs profils ou de leurs motivations, la porosité entre radicalisation et délinquance, le rôle central que joue la sphère numérique pour la diffusion de messages haineux, dappels à la commission dactes terroristes ou pour léchange dinformations avec des donneurs dordre criminels sont autant déléments caractérisant la complexité du phénomène.
Cest donc sur lensemble de ces facettes que le Gouvernement conduit une action résolue, en complétant le cadre juridique, en renforçant les ressources des services, en adaptant leurs méthodes de travail et de coopération, en enrichissant les politiques de prévention et de soutien aux familles et en prenant, aux plans européen et international, des initiatives.
Ainsi, depuis 2013, trois lois ont permis dadapter le cadre législatif de la France aux nouvelles formes de menace. Elles ont tout à la fois aggravé les mesures répressives, étendu lapplication du code pénal aux infractions de nature terroriste commises à létranger par les ressortissants français ou par des étrangers résidant habituellement en France, introduit dans le droit français des mesures de police administrative novatrices en matière daccès ou de sortie du territoire ou sur les contenus illicites des sites Internet. Par ailleurs, la loi relative au renseignement, aujourdhui adoptée par le Parlement et actuellement soumise à lexamen du Conseil constitutionnel, vise à autoriser le recours à différentes techniques de renseignement et à encadrer strictement laction des services en les soumettant à un contrôle administratif et juridictionnel accru qui garantira le respect des libertés individuelles.
Face à une menace diffuse et complexe, les moyens des services devaient absolument être renforcés : la création de la Direction générale de la sécurité intérieure, le 30 avril 2014, sest accompagnée de deux plans de renforcement de ses effectifs (+ 932 jusquen 2018) et de ses budgets. Cet effort lui permet de renforcer significativement ses compétences danalyse par un recrutement spécialisé et de densifier son implantation territoriale. Au-delà, le plan de lutte anti-terroriste adopté le 21 janvier dernier permet la création nette, sur le budget triennal 2015-2017, de 904 emplois supplémentaires dans les services concourant à la lutte anti-terroriste (DGPN, DGGN, préfecture de police) et dans les directions juridiques et informatiques contribuant à leur soutien. Le Fonds interministériel de prévention de la délinquance, qui finance les actions de prévention et daccompagnement des familles confrontées au phénomène de radicalisation, mais aussi les mesures de protections de certains sites sensibles et les équipements spécifiques destinées aux polices municipales bénéficiera, sur la même durée, de 60 M de crédits supplémentaires.
Au total, ce sont donc 1 836 postes qui sont spécifiquement créés pour les services au titre de la lutte anti-terroriste, et près de 270 M de crédits de fonctionnement et déquipement qui seront mobilisés jusquen 2017. Cet effort permet, en particulier, de réinvestir massivement le champ du renseignement territorial qui, en matière de prévention du terrorisme, avait été particulièrement fragilisé par la réforme des Renseignements généraux de 2008.
Les nouvelles formes de menaces auxquelles la France est confrontée imposaient par ailleurs une profonde adaptation des méthodes de travail des services spécialisés et leur complémentarité avec les services de police générale. Deux axes de réformes sont mis en uvre, le premier portant sur la coordination et la fluidité de linformation entre les services, le second instaurant une supervision qualitative du suivi et du traitement des « objectifs ».
Outre la coopération renforcée entre les services de la communauté du renseignement, la coordination entre services de renseignement spécialisés et services généralistes concourant à la mission de renseignement sest considérablement développée par la mise en place de bureaux de coordination et de liaison aux niveaux central et territorial. Léchelon zonal du Service central du renseignement territorial a été structuré en cohérence avec les implantations zonales de la DGSI, et son encadrement renforcé.
Par ailleurs, la complexité des phénomènes de radicalisation violente rend désormais indispensable une supervision opérationnelle constante de la collaboration des services pour gagner en performance, en qualité et en exhaustivité du suivi des individus à risque. Organisée à léchelon départemental et zonal sous lautorité des préfets, elle sera pilotée au niveau central par un état-major dédié associant des cadres spécialisés de la DGSI, de la DGPN, de la DGGN et de la préfecture de police. Cet état-major sassurera, dans le détail et pour chaque cas, que toutes les diligences sont faites par le ou les services pertinents, et que toutes les conséquences sont tirées des résultats partagés, aux plans judiciaire, opérationnel et administratif. Un comité spécialisé des préfets de zone de défense et de sécurité se réunira chaque mois, présidé par le ministre de lintérieur, pour sassurer de la performance du dispositif et en orienter laction.
Enfin, la France est particulièrement active sur la scène internationale, au sein de lUnion européenne et au-delà. Outre les actions de coopération opérationnelle bilatérales ou multilatérales quelle conduit, elle mène un travail approfondi sur trois dossiers essentiels à la lutte contre le terrorisme : la création dun PNR (Passenger Name record) européen efficace, qui viendra compléter le PNR français ; ladaptation du code frontières Schengen ; la coopération avec les majors de lInternet avec lesquels il a été convenu dune « plateforme de bonne conduite », dun programme de formation de nos personnels et de la création dun groupe de contact permanent.
Laction entreprise par le Gouvernement a permis aux services de développer une action remarquable, quil convient daméliorer en permanence en anticipant tous les aspects dun phénomène complexe et mouvant. Depuis 2012, 145 dossiers ont été judiciarisés par les services du ministère de lintérieur concernant 760 individus. 179 dentre eux ont été mis en examen et 121 écroués. 97 interdictions de sortie du territoire ont été prononcées et 27 interdictions daccès ont été délivrées. 24 expulsions sont en cours et 6 demandes de déchéance de nationalité ont été instruites.Cest par une approche globale, concernant tous les secteurs de la vie économique et sociale, en ne cédant ni à langélisme, ni à lostracisme, que la France remportera ce combat, celui des valeurs universelles dhumanité et de tolérance contre lobscurantisme et la barbarie.
La menace terroriste à laquelle fait face la France a profondément changé de nature et se déploie sur plusieurs fronts hors des frontières où la France la combat, comme au Mali ou en Irak, dans le cadre de la coalition internationale. Ce front se ramifie sur les rives de la méditerranée à la faveur de leffondrement de lÉtat libyen ou des attaques déstabilisatrices répétées contre les pays du Maghreb, comme le montrent les récents événements de Tunisie. La France est dautant plus concernée que de nombreux ressortissants des pays de lUnion européenne y sont directement impliqués, parmi lesquels près de 500 français (119 y ont trouvé la mort) en Syrie et en Irak. La terreur que font régner les groupes terroristes alimente par ailleurs une part importante des flux migratoires qui connaissent, depuis plusieurs mois, une forte hausse.
Au sein même du pays, ce sont près de 2 000 personnes, Français ou étrangers résidents habituels en France, qui sont de près ou de loin impliqués dans des phénomènes de radicalisation religieuse violente ou dans des filières de recrutements djihadistes. La diversité de leurs parcours, de leurs profils ou de leurs motivations, la porosité entre radicalisation et délinquance, le rôle central que joue la sphère numérique pour la diffusion de messages haineux, dappels à la commission dactes terroristes ou pour léchange dinformations avec des donneurs dordre criminels sont autant déléments caractérisant la complexité du phénomène.
Cest donc sur lensemble de ces facettes que le Gouvernement conduit une action résolue, en complétant le cadre juridique, en renforçant les ressources des services, en adaptant leurs méthodes de travail et de coopération, en enrichissant les politiques de prévention et de soutien aux familles et en prenant, aux plans européen et international, des initiatives.
Ainsi, depuis 2013, trois lois ont permis dadapter le cadre législatif de la France aux nouvelles formes de menace. Elles ont tout à la fois aggravé les mesures répressives, étendu lapplication du code pénal aux infractions de nature terroriste commises à létranger par les ressortissants français ou par des étrangers résidant habituellement en France, introduit dans le droit français des mesures de police administrative novatrices en matière daccès ou de sortie du territoire ou sur les contenus illicites des sites Internet. Par ailleurs, la loi relative au renseignement, aujourdhui adoptée par le Parlement et actuellement soumise à lexamen du Conseil constitutionnel, vise à autoriser le recours à différentes techniques de renseignement et à encadrer strictement laction des services en les soumettant à un contrôle administratif et juridictionnel accru qui garantira le respect des libertés individuelles.
Face à une menace diffuse et complexe, les moyens des services devaient absolument être renforcés : la création de la Direction générale de la sécurité intérieure, le 30 avril 2014, sest accompagnée de deux plans de renforcement de ses effectifs (+ 932 jusquen 2018) et de ses budgets. Cet effort lui permet de renforcer significativement ses compétences danalyse par un recrutement spécialisé et de densifier son implantation territoriale. Au-delà, le plan de lutte anti-terroriste adopté le 21 janvier dernier permet la création nette, sur le budget triennal 2015-2017, de 904 emplois supplémentaires dans les services concourant à la lutte anti-terroriste (DGPN, DGGN, préfecture de police) et dans les directions juridiques et informatiques contribuant à leur soutien. Le Fonds interministériel de prévention de la délinquance, qui finance les actions de prévention et daccompagnement des familles confrontées au phénomène de radicalisation, mais aussi les mesures de protections de certains sites sensibles et les équipements spécifiques destinées aux polices municipales bénéficiera, sur la même durée, de 60 M de crédits supplémentaires.
Au total, ce sont donc 1 836 postes qui sont spécifiquement créés pour les services au titre de la lutte anti-terroriste, et près de 270 M de crédits de fonctionnement et déquipement qui seront mobilisés jusquen 2017. Cet effort permet, en particulier, de réinvestir massivement le champ du renseignement territorial qui, en matière de prévention du terrorisme, avait été particulièrement fragilisé par la réforme des Renseignements généraux de 2008.
Les nouvelles formes de menaces auxquelles la France est confrontée imposaient par ailleurs une profonde adaptation des méthodes de travail des services spécialisés et leur complémentarité avec les services de police générale. Deux axes de réformes sont mis en uvre, le premier portant sur la coordination et la fluidité de linformation entre les services, le second instaurant une supervision qualitative du suivi et du traitement des « objectifs ».
Outre la coopération renforcée entre les services de la communauté du renseignement, la coordination entre services de renseignement spécialisés et services généralistes concourant à la mission de renseignement sest considérablement développée par la mise en place de bureaux de coordination et de liaison aux niveaux central et territorial. Léchelon zonal du Service central du renseignement territorial a été structuré en cohérence avec les implantations zonales de la DGSI, et son encadrement renforcé.
Par ailleurs, la complexité des phénomènes de radicalisation violente rend désormais indispensable une supervision opérationnelle constante de la collaboration des services pour gagner en performance, en qualité et en exhaustivité du suivi des individus à risque. Organisée à léchelon départemental et zonal sous lautorité des préfets, elle sera pilotée au niveau central par un état-major dédié associant des cadres spécialisés de la DGSI, de la DGPN, de la DGGN et de la préfecture de police. Cet état-major sassurera, dans le détail et pour chaque cas, que toutes les diligences sont faites par le ou les services pertinents, et que toutes les conséquences sont tirées des résultats partagés, aux plans judiciaire, opérationnel et administratif. Un comité spécialisé des préfets de zone de défense et de sécurité se réunira chaque mois, présidé par le ministre de lintérieur, pour sassurer de la performance du dispositif et en orienter laction.
Enfin, la France est particulièrement active sur la scène internationale, au sein de lUnion européenne et au-delà. Outre les actions de coopération opérationnelle bilatérales ou multilatérales quelle conduit, elle mène un travail approfondi sur trois dossiers essentiels à la lutte contre le terrorisme : la création dun PNR (Passenger Name record) européen efficace, qui viendra compléter le PNR français ; ladaptation du code frontières Schengen ; la coopération avec les majors de lInternet avec lesquels il a été convenu dune « plateforme de bonne conduite », dun programme de formation de nos personnels et de la création dun groupe de contact permanent.
Laction entreprise par le Gouvernement a permis aux services de développer une action remarquable, quil convient daméliorer en permanence en anticipant tous les aspects dun phénomène complexe et mouvant. Depuis 2012, 145 dossiers ont été judiciarisés par les services du ministère de lintérieur concernant 760 individus. 179 dentre eux ont été mis en examen et 121 écroués. 97 interdictions de sortie du territoire ont été prononcées et 27 interdictions daccès ont été délivrées. 24 expulsions sont en cours et 6 demandes de déchéance de nationalité ont été instruites.Cest par une approche globale, concernant tous les secteurs de la vie économique et sociale, en ne cédant ni à langélisme, ni à lostracisme, que la France remportera ce combat, celui des valeurs universelles dhumanité et de tolérance contre lobscurantisme et la barbarie.