Texte intégral
INTERVENANT
Dans une poignée de secondes, sur la radio du monde, c'est l'heure de l'invité de Frédéric RIVIERE, bonjour Frédéric, vous recevez ce matin Matthias FEKL, le secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur, de la Promotion du tourisme et des Français de l'étranger.
FREDERIC RIVIERE
Bonjour Matthias FEKL.
MATTHIAS FEKL
Bonjour.
FREDERIC RIVIERE
La Grèce est donc officiellement en défaut de paiement depuis hier soir minuit, puisqu'elle n'a pas remboursé au Fonds monétaire international les 1,5 milliard d'euros qu'elle lui doit, est- ce que c'est grave ?
MATTHIAS FEKL
La situation en Grèce est très grave - et ce depuis longtemps - ce qui est important aujourd'hui c'est qu'on réussisse à sortir de tout cela par le haut, c'est-à-dire en trouvant une solution et en respectant la démocratie et la volonté du peuple grec, c'est ce qui est en jeu dans les jours qui viennent.
FREDERIC RIVIERE
Mais là on y est dans le scenario présenté comme le scenario du pire, on est dedans, ça y est cette fois ?
MATTHIAS FEKL
Un accord est encore possible
FREDERIC RIVIERE
Le défaut, il est avéré ?
MATTHIAS FEKL
Sur une partie de la dette, en l'occurrence
FREDERIC RIVIERE
Oui, mais c'est le début du processus ?
MATTHIAS FEKL
Mais on sait, encore une fois, que la situation aujourd'hui est très difficile - et ce n'est pas nouveau - les choses se sont aggravées, mais la France travaille - et ce jusqu'au bout - pour continuer à essayer de dégager les conditions d'une solution et d'un accord ; et vous avez entendu le président de la République, les membres du gouvernement qui suivent cette question s'exprimer là-dessus très clairement, la France, d'autres pays en Europe souhaitent que nous puissions trouver une solution pour la Grèce, pour le peuple grec et pour que la Grèce reste dans la zone euro. C'est aussi une certaine idée de l'Europe qui est en question dans tout ça, la question de la dette il faut encore une fois la régler et puis il y a comment est-ce qu'on réussit à aller de l'avant ensemble en Europe, donc ce qui va se passer en Grèce dimanche avec l'expression du peuple grec est un moment très important de l'histoire de notre continent.
FREDERIC RIVIERE
Oui. L'Allemagne fait pression, l'Allemagne en autre, mais l'Allemagne en particulier fait pression sur le gouvernement grec pour qu'il renonce à son référendum, exactement comme l'Europe avait fait pression sur le Premier ministre PAPAANDREOU en 2011 alors que lui aussi voulait consulter le peuple par référendum sur le plan de l'Union européenne, vous trouvez ça normal qu'on essaie comme ça d'empêcher un gouvernement de consulter son peuple sur des décisions qui sont extrêmement importantes ?
MATTHIAS FEKL
L'Europe, depuis trop d'années, s'est construite sans les peuples souvent et contre les peuples parfois
FREDERIC RIVIERE
Voire contre ! Oui.
MATTHIAS FEKL
Et on voit bien le résultat, c'est à dire l'absence totale d'amour ou d'affection pour l'Europe dans le coeur des citoyens et souvent un rejet. Si on souhaite et si on croit encore au rêve européen, c'est mon cas, parce qu'on ne peut pas avancer sans l'Europe, il faut maintenant aussi prendre ça en compte, faire des propositions qui soient validées par les citoyens, on ne peut pas construire l'Europe sans les peuples ou contre eux. C'est une conception complètement erronée, ancienne, technocratique de lEurope.
FREDERIC RIVIERE
Donc, l'Allemagne a tort ?
MATTHIAS FEKL
Mais ça dépend, en Allemagne vous avez des voix différentes qui s'expriment, l'Allemagne aussi souhaite trouver
FREDERIC RIVIERE
Le ministre Allemand de l'Economie l'a dit ouvertement
MATTHIAS FEKL
Oui, mais la Chancelière a dit aussi qu'elle souhaitait quil puisse y avoir une solution de trouvée, l'Allemagne est un créancier important de la Grèce, mais l'Allemagne souhaite aussi que la Grèce puisse rester dans la zone euro, même si encore une fois dans le gouvernement allemand vous avez des voix différentes qui s'expriment.
FREDERIC RIVIERE
En ce qui concerne la France, elle respecte la volonté du Premier ministre TSIPRAS d'organiser ce référendum et elle ne demande pas, elle ne souhaite pas que le referendum soit annulé puisqu'il semblerait maintenant que le Premier ministre commence à réfléchir à l'idée finalement de ne pas organiser ce référendum si les discussions pouvaient reprendre très rapidement avec les ministres des Finances de la zone euro ?
MATTHIAS FEKL
Ca été dit de même manière on ne peut plus claire par François HOLLANDE, par Manuel VALLS, par Michel SAPIN, par tous ceux qui se sont exprimés, le recours au référendum est le choix souverain du gouvernement grec et la réponse du peuple grec dimanche est aussi une réponse souveraine et donc ne comptez sur personne au gouvernement français pour faire pression de quelque manière que ce soit ou pour vouloir dicter au peuple grec ce qu'il doit répondre dimanche.
FREDERIC RIVIERE
La France a étudié, a analysé précisément les conséquences qu'aurait une sortie de la Grèce de la zone euro pour elle ?
MATTHIAS FEKL
On n'en est pas là !
FREDERIC RIVIERE
Oh, on en est tout près.
MATTHIAS FEKL
On n'en est pas là. Ce qui est sûr c'est qu'il n'y aurait pas de conséquences massives, directes, sur l'économie française, mais la question est encore plus grave que ça - si vous me le permettez c'est-à-dire que c'est l'avenir de la zone euro, c'est l'idée de sa solidité qui est en jeu et c'est l'idée aussi de lEurope qui tient le choc et qui avance ensemble, c'est la solidarité européenne ; et puis vous avez aussi concernant la Grèce des enjeux géopolitiques et géostratégiques, elle est située dans une partie très importante du monde
FREDERIC RIVIERE
Si c'était si peu...
MATTHIAS FEKL
On est bien au-delà, on est bien au-delà de considération conjoncturelle sur l'économie nationale de tel ou tel pays.
FREDERIC RIVIERE
Si c'était si peu important pour les grands pays de la zone euro, est-ce que vous pensez vraiment qu'il y aurait une pareille mobilisation ? Est-ce qu'on fait vraiment ça pour les Grecs eux-mêmes ?
MATTHIAS FEKL
Je n'ai dit à aucun moment que c'était peu important, j'ai dit qu'il n'y avait pas d'impact conjoncturel immédiat, sensible, sur l'économie française, sur son activité, sur l'emploi
FREDERIC RIVIERE
La France est quand même engagée à hauteur de 410 milliards d'euros en Grèce
MATTHIAS FEKL
Mais, encore une fois
FREDERIC RIVIERE
Vous êtes sûr qu'on les reverra ces 40 milliards d'euros ?
MATTHIAS FEKL
C'est pour ça qu'il faut trouver une solution pour la dette grecque qui soit mais qui soit réaliste, je veux dire on ne verra pas non plus l'argent si les Grecs ne sont pas en mesure de payer, les choses sont quand même compliquées et c'est bien ça qui rend la situation aussi longue et aussi complexe.
FREDERIC RIVIERE
Le Premier ministre Chinois est en France depuis hier pour une visite de trois jours, un contrat portant sur l'achat de 75 Airbus, 45 fermes et 30 en option des Airbus A.330 a été signé pour un montant de 16 milliards d'euros, au total une cinquantaine d'accords de coopération et de contrats doivent être signés à demain, c'est une lune de miel économique on pourrait dire avec la Chine ?
MATTHIAS FEKL
C'est un succès très important pour la diplomatie économique française conduite par Laurent FABIUS, par le gouvernement, et c'est aussi des réalisations très concrètes - vous avez cité de nombreux contrats AIRBUS - je serai tout à l'heure à CMA CGM dans le Sud de la France, j'accompagnerai le Premier ministre à Marseille, vous avez derrière cela des dizaines et des dizaines de petites et moyennes entreprises qui sont concernées, c'est vrai dans l'aéronautique, c'est vrai dans l'énergie ; et puis vous avez des avancées très importantes dans des secteurs agricoles, vous avez vu la reconnaissance par exemple dans l'indication géographique des vins de Bordeaux, c'est une avancée historique, c'est la première fois que la Chine reconnait à ce niveau-là des indications géographiques françaises et pour la diplomatie des territoires que nous menons c'est une excellente nouvelle ; il y a des avancées aussi
FREDERIC RIVIERE
Ça veut dire concrètement qu'il ne sera plus possible en Chine de vendre un vin fabriqué localement ou ailleurs, importé, avec une étiquette sur laquelle on peut lire « Bordeaux », ça c'est terminé ?
MATTHIAS FEKL
Absolument. Alors, après, il faudra continuer à faire le travail sur la fraude
FREDERIC RIVIERE
Surveiller, parce que la contrefaçon peut toujours exister ?
MATTHIAS FEKL
Sur la contrefaçon. Oui, mais il faut d'abord reconnaître les règles avant de pouvoir les appliquer et cette reconnaissance et des règles et puis des terroirs, des savoir-faire français autour de l'indication géographique Bordeaux, autour de nombreux autres indications géographiques, c'est une avancée très importante. Nous sommes engagés dans un combat mondial pour la défense des indications géographiques, avec Stéphane LE FOLL nous avons appelé ça « la diplomatie de terroirs », parce que c'est à l'international que se joue aussi la pérennité du modèle agricole et du modèle alimentaire français, et le fait qu'un pays aussi important que la Chine rentre dans ce processus-là et accepte de reconnaître des indications géographiques c'est clairement quelque chose de neuf, il y aura un avant et un après cette reconnaissance.
FREDERIC RIVIERE
Alors Bordeaux c'est un début, d'autres sont prévus, d'autres reconnaissances d'appellation géographique sont au programme dans les semaines, les mois qui viennent ?
MATTHIAS FEKL
Il y aura d'autres reconnaissances et, encore une fois, c'est le déclencheur d'un processus très important.
FREDERIC RIVIERE
On parle au total d'une cinquantaine de contrats portant, disait-on à Matignon avant l'arrivée du Premier ministre Chinois, sur plusieurs dizaines de milliards d'euros - nous en sommes à 16 avec AIRBUS, il en manque encore quelques-uns pour faire plusieurs dizaines à quoi faut-il s'attendre, quels sont les autres gros contrats qui doivent être annoncés ?
MATTHIAS FEKL
Il y a les Airbus, que vous avez cités ; il y aura des contrats avec CMA CGM dans le transport maritime, très important ; il y aura des contrats dans l'énergie, à la fois le nucléaire, les énergies renouvelables ; il y aura des contrats aussi dans l'agroalimentaire ; et puis encore une fois derrière tout cela, derrière ces gros contrats vous avez des dizaines, des centaines de petites et moyennes entreprises qui vont travailler dans des domaines très divers : respect de l'environnement, il y a COP 21 ; il y a tout le travail qui est fait autour des villes durables, les villes de demain en Chine, avec Martine AUBRY qui conduit un travail absolument remarquable sur cette question ; il y a des PME qui par centaines et par milliers sont engagées en Chine, j'étais en fin de l'année dernière en Chine avec Jean-Pierre RAFFARIN, on était avec une délégation de 350 PME, donc vous voyez il y a la fois les grands contrats massifs, très importants, et derrière la sous-traitance qui va avec, les initiatives des PME, et c'est là aussi que se crée de l'emploi et de la richesse dans nos territoires.
FREDERIC RIVIERE
Et aujourd'hui donc journée à Marseille, opération séduction un peu avec MuCEM, Basile BOLI je crois qui doit être également au programme des rencontres
MATTHIAS FEKL
Le Premier ministre a tenu
FREDERIC RIVIERE
Le footballeur Basile BOLI.
MATTHIAS FEKL
Le Premier ministre Chinois a tenu à avoir à la fois des rencontres politiques à Paris et ensuite à se déplacer en France, donc il sera à Marseille, il sera à Arles, il sera à Toulouse aussi demain pour voir AIRBUS et donc c'est aussi l'occasion de montrer la richesse des coopérations décentralisées, des coopérations qui sur le terrain existent entre nos deux pays, à la fois au niveau officiel, au niveau économique et au niveau des sociétés.
FREDERIC RIVIERE
Merci Matthias FEKL.
MATTHIAS FEKL RCI A VOUS.
Merci à vous.
FREDERIC RIVIERE
Bonne journée.
INTERVENANT
Merci Frédéric RIVIERE, vous receviez ce matin le secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur, de la Promotion du tourisme et des Français de l'étranger, une interview à retrouver en intégralité sur notre site Internet ww.rfi.fr.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 juillet 2015
Dans une poignée de secondes, sur la radio du monde, c'est l'heure de l'invité de Frédéric RIVIERE, bonjour Frédéric, vous recevez ce matin Matthias FEKL, le secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur, de la Promotion du tourisme et des Français de l'étranger.
FREDERIC RIVIERE
Bonjour Matthias FEKL.
MATTHIAS FEKL
Bonjour.
FREDERIC RIVIERE
La Grèce est donc officiellement en défaut de paiement depuis hier soir minuit, puisqu'elle n'a pas remboursé au Fonds monétaire international les 1,5 milliard d'euros qu'elle lui doit, est- ce que c'est grave ?
MATTHIAS FEKL
La situation en Grèce est très grave - et ce depuis longtemps - ce qui est important aujourd'hui c'est qu'on réussisse à sortir de tout cela par le haut, c'est-à-dire en trouvant une solution et en respectant la démocratie et la volonté du peuple grec, c'est ce qui est en jeu dans les jours qui viennent.
FREDERIC RIVIERE
Mais là on y est dans le scenario présenté comme le scenario du pire, on est dedans, ça y est cette fois ?
MATTHIAS FEKL
Un accord est encore possible
FREDERIC RIVIERE
Le défaut, il est avéré ?
MATTHIAS FEKL
Sur une partie de la dette, en l'occurrence
FREDERIC RIVIERE
Oui, mais c'est le début du processus ?
MATTHIAS FEKL
Mais on sait, encore une fois, que la situation aujourd'hui est très difficile - et ce n'est pas nouveau - les choses se sont aggravées, mais la France travaille - et ce jusqu'au bout - pour continuer à essayer de dégager les conditions d'une solution et d'un accord ; et vous avez entendu le président de la République, les membres du gouvernement qui suivent cette question s'exprimer là-dessus très clairement, la France, d'autres pays en Europe souhaitent que nous puissions trouver une solution pour la Grèce, pour le peuple grec et pour que la Grèce reste dans la zone euro. C'est aussi une certaine idée de l'Europe qui est en question dans tout ça, la question de la dette il faut encore une fois la régler et puis il y a comment est-ce qu'on réussit à aller de l'avant ensemble en Europe, donc ce qui va se passer en Grèce dimanche avec l'expression du peuple grec est un moment très important de l'histoire de notre continent.
FREDERIC RIVIERE
Oui. L'Allemagne fait pression, l'Allemagne en autre, mais l'Allemagne en particulier fait pression sur le gouvernement grec pour qu'il renonce à son référendum, exactement comme l'Europe avait fait pression sur le Premier ministre PAPAANDREOU en 2011 alors que lui aussi voulait consulter le peuple par référendum sur le plan de l'Union européenne, vous trouvez ça normal qu'on essaie comme ça d'empêcher un gouvernement de consulter son peuple sur des décisions qui sont extrêmement importantes ?
MATTHIAS FEKL
L'Europe, depuis trop d'années, s'est construite sans les peuples souvent et contre les peuples parfois
FREDERIC RIVIERE
Voire contre ! Oui.
MATTHIAS FEKL
Et on voit bien le résultat, c'est à dire l'absence totale d'amour ou d'affection pour l'Europe dans le coeur des citoyens et souvent un rejet. Si on souhaite et si on croit encore au rêve européen, c'est mon cas, parce qu'on ne peut pas avancer sans l'Europe, il faut maintenant aussi prendre ça en compte, faire des propositions qui soient validées par les citoyens, on ne peut pas construire l'Europe sans les peuples ou contre eux. C'est une conception complètement erronée, ancienne, technocratique de lEurope.
FREDERIC RIVIERE
Donc, l'Allemagne a tort ?
MATTHIAS FEKL
Mais ça dépend, en Allemagne vous avez des voix différentes qui s'expriment, l'Allemagne aussi souhaite trouver
FREDERIC RIVIERE
Le ministre Allemand de l'Economie l'a dit ouvertement
MATTHIAS FEKL
Oui, mais la Chancelière a dit aussi qu'elle souhaitait quil puisse y avoir une solution de trouvée, l'Allemagne est un créancier important de la Grèce, mais l'Allemagne souhaite aussi que la Grèce puisse rester dans la zone euro, même si encore une fois dans le gouvernement allemand vous avez des voix différentes qui s'expriment.
FREDERIC RIVIERE
En ce qui concerne la France, elle respecte la volonté du Premier ministre TSIPRAS d'organiser ce référendum et elle ne demande pas, elle ne souhaite pas que le referendum soit annulé puisqu'il semblerait maintenant que le Premier ministre commence à réfléchir à l'idée finalement de ne pas organiser ce référendum si les discussions pouvaient reprendre très rapidement avec les ministres des Finances de la zone euro ?
MATTHIAS FEKL
Ca été dit de même manière on ne peut plus claire par François HOLLANDE, par Manuel VALLS, par Michel SAPIN, par tous ceux qui se sont exprimés, le recours au référendum est le choix souverain du gouvernement grec et la réponse du peuple grec dimanche est aussi une réponse souveraine et donc ne comptez sur personne au gouvernement français pour faire pression de quelque manière que ce soit ou pour vouloir dicter au peuple grec ce qu'il doit répondre dimanche.
FREDERIC RIVIERE
La France a étudié, a analysé précisément les conséquences qu'aurait une sortie de la Grèce de la zone euro pour elle ?
MATTHIAS FEKL
On n'en est pas là !
FREDERIC RIVIERE
Oh, on en est tout près.
MATTHIAS FEKL
On n'en est pas là. Ce qui est sûr c'est qu'il n'y aurait pas de conséquences massives, directes, sur l'économie française, mais la question est encore plus grave que ça - si vous me le permettez c'est-à-dire que c'est l'avenir de la zone euro, c'est l'idée de sa solidité qui est en jeu et c'est l'idée aussi de lEurope qui tient le choc et qui avance ensemble, c'est la solidarité européenne ; et puis vous avez aussi concernant la Grèce des enjeux géopolitiques et géostratégiques, elle est située dans une partie très importante du monde
FREDERIC RIVIERE
Si c'était si peu...
MATTHIAS FEKL
On est bien au-delà, on est bien au-delà de considération conjoncturelle sur l'économie nationale de tel ou tel pays.
FREDERIC RIVIERE
Si c'était si peu important pour les grands pays de la zone euro, est-ce que vous pensez vraiment qu'il y aurait une pareille mobilisation ? Est-ce qu'on fait vraiment ça pour les Grecs eux-mêmes ?
MATTHIAS FEKL
Je n'ai dit à aucun moment que c'était peu important, j'ai dit qu'il n'y avait pas d'impact conjoncturel immédiat, sensible, sur l'économie française, sur son activité, sur l'emploi
FREDERIC RIVIERE
La France est quand même engagée à hauteur de 410 milliards d'euros en Grèce
MATTHIAS FEKL
Mais, encore une fois
FREDERIC RIVIERE
Vous êtes sûr qu'on les reverra ces 40 milliards d'euros ?
MATTHIAS FEKL
C'est pour ça qu'il faut trouver une solution pour la dette grecque qui soit mais qui soit réaliste, je veux dire on ne verra pas non plus l'argent si les Grecs ne sont pas en mesure de payer, les choses sont quand même compliquées et c'est bien ça qui rend la situation aussi longue et aussi complexe.
FREDERIC RIVIERE
Le Premier ministre Chinois est en France depuis hier pour une visite de trois jours, un contrat portant sur l'achat de 75 Airbus, 45 fermes et 30 en option des Airbus A.330 a été signé pour un montant de 16 milliards d'euros, au total une cinquantaine d'accords de coopération et de contrats doivent être signés à demain, c'est une lune de miel économique on pourrait dire avec la Chine ?
MATTHIAS FEKL
C'est un succès très important pour la diplomatie économique française conduite par Laurent FABIUS, par le gouvernement, et c'est aussi des réalisations très concrètes - vous avez cité de nombreux contrats AIRBUS - je serai tout à l'heure à CMA CGM dans le Sud de la France, j'accompagnerai le Premier ministre à Marseille, vous avez derrière cela des dizaines et des dizaines de petites et moyennes entreprises qui sont concernées, c'est vrai dans l'aéronautique, c'est vrai dans l'énergie ; et puis vous avez des avancées très importantes dans des secteurs agricoles, vous avez vu la reconnaissance par exemple dans l'indication géographique des vins de Bordeaux, c'est une avancée historique, c'est la première fois que la Chine reconnait à ce niveau-là des indications géographiques françaises et pour la diplomatie des territoires que nous menons c'est une excellente nouvelle ; il y a des avancées aussi
FREDERIC RIVIERE
Ça veut dire concrètement qu'il ne sera plus possible en Chine de vendre un vin fabriqué localement ou ailleurs, importé, avec une étiquette sur laquelle on peut lire « Bordeaux », ça c'est terminé ?
MATTHIAS FEKL
Absolument. Alors, après, il faudra continuer à faire le travail sur la fraude
FREDERIC RIVIERE
Surveiller, parce que la contrefaçon peut toujours exister ?
MATTHIAS FEKL
Sur la contrefaçon. Oui, mais il faut d'abord reconnaître les règles avant de pouvoir les appliquer et cette reconnaissance et des règles et puis des terroirs, des savoir-faire français autour de l'indication géographique Bordeaux, autour de nombreux autres indications géographiques, c'est une avancée très importante. Nous sommes engagés dans un combat mondial pour la défense des indications géographiques, avec Stéphane LE FOLL nous avons appelé ça « la diplomatie de terroirs », parce que c'est à l'international que se joue aussi la pérennité du modèle agricole et du modèle alimentaire français, et le fait qu'un pays aussi important que la Chine rentre dans ce processus-là et accepte de reconnaître des indications géographiques c'est clairement quelque chose de neuf, il y aura un avant et un après cette reconnaissance.
FREDERIC RIVIERE
Alors Bordeaux c'est un début, d'autres sont prévus, d'autres reconnaissances d'appellation géographique sont au programme dans les semaines, les mois qui viennent ?
MATTHIAS FEKL
Il y aura d'autres reconnaissances et, encore une fois, c'est le déclencheur d'un processus très important.
FREDERIC RIVIERE
On parle au total d'une cinquantaine de contrats portant, disait-on à Matignon avant l'arrivée du Premier ministre Chinois, sur plusieurs dizaines de milliards d'euros - nous en sommes à 16 avec AIRBUS, il en manque encore quelques-uns pour faire plusieurs dizaines à quoi faut-il s'attendre, quels sont les autres gros contrats qui doivent être annoncés ?
MATTHIAS FEKL
Il y a les Airbus, que vous avez cités ; il y aura des contrats avec CMA CGM dans le transport maritime, très important ; il y aura des contrats dans l'énergie, à la fois le nucléaire, les énergies renouvelables ; il y aura des contrats aussi dans l'agroalimentaire ; et puis encore une fois derrière tout cela, derrière ces gros contrats vous avez des dizaines, des centaines de petites et moyennes entreprises qui vont travailler dans des domaines très divers : respect de l'environnement, il y a COP 21 ; il y a tout le travail qui est fait autour des villes durables, les villes de demain en Chine, avec Martine AUBRY qui conduit un travail absolument remarquable sur cette question ; il y a des PME qui par centaines et par milliers sont engagées en Chine, j'étais en fin de l'année dernière en Chine avec Jean-Pierre RAFFARIN, on était avec une délégation de 350 PME, donc vous voyez il y a la fois les grands contrats massifs, très importants, et derrière la sous-traitance qui va avec, les initiatives des PME, et c'est là aussi que se crée de l'emploi et de la richesse dans nos territoires.
FREDERIC RIVIERE
Et aujourd'hui donc journée à Marseille, opération séduction un peu avec MuCEM, Basile BOLI je crois qui doit être également au programme des rencontres
MATTHIAS FEKL
Le Premier ministre a tenu
FREDERIC RIVIERE
Le footballeur Basile BOLI.
MATTHIAS FEKL
Le Premier ministre Chinois a tenu à avoir à la fois des rencontres politiques à Paris et ensuite à se déplacer en France, donc il sera à Marseille, il sera à Arles, il sera à Toulouse aussi demain pour voir AIRBUS et donc c'est aussi l'occasion de montrer la richesse des coopérations décentralisées, des coopérations qui sur le terrain existent entre nos deux pays, à la fois au niveau officiel, au niveau économique et au niveau des sociétés.
FREDERIC RIVIERE
Merci Matthias FEKL.
MATTHIAS FEKL RCI A VOUS.
Merci à vous.
FREDERIC RIVIERE
Bonne journée.
INTERVENANT
Merci Frédéric RIVIERE, vous receviez ce matin le secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur, de la Promotion du tourisme et des Français de l'étranger, une interview à retrouver en intégralité sur notre site Internet ww.rfi.fr.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 juillet 2015