Texte intégral
NICOLAS HERBEAUX
On va tout de suite partir du côté des studios de Radio Classique, pour retrouver notre invité, c'est Jean-Marie LE GUEN qui répond à Guillaume DURAND.
GUILLAUME DURAND
Ravi de vous retrouver, donc nous sommes avec Jean-Marie LE GUEN, qui est ministre des Relations avec le Parlement. Il y a un calendrier parlementaire qui va être prolongé jusqu'au 24 juillet, des lois importantes, on va en parler, avec d'ailleurs des contestations de l'opposition, nous allons en parler aussi. Et puis il y a deux dossiers importants sur le plan de la politique internationale, la Grèce évidemment, et puis cette affaire de Guignols, qui a des résonnances, comme on dit maintenant sur l'antenne de Radio Classique, à caractère politique. D'abord, bonjour.
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous trouvez, comme le dit François BAYROU, que François HOLLANDE, plutôt que d'aller en Afrique, aurait du parler, s'adresser aux Français, avec l'histoire qui concerne la Grèce ?
JEAN-MARIE LE GUEN
François HOLLANDE est complètement investi dans ce dossier, avec le gouvernement, Manuel VALLS, Michel SAPIN, et j'allais dire, de façon continue, parce que la nature des choses
GUILLAUME DURAND
Mais alors, qu'est-ce qu'il fait en Afrique ? Pardonnez-moi, je n'ai rien contre le continent africain.
JEAN-MARIE LE GUEN
Excusez-moi, il fait ce que la France a à faire, c'est évidemment d'aller voir ses alliés africains, pour parler des liens forts et anciens entre la France et l'Afrique, mais pour parler aussi de sécurité. On sait que quand même il se passe des choses en Afrique, et les moyens modernes de communication
GUILLAUME DURAND
Mais il n'y avait pas un moyen de décaler ce voyage, étant donné la situation internationale ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je ne crois pas que cela se justifie, d'autant plus que les discussions, officielles, en tout cas, semblent suspendues jusqu'à la date du référendum, même si François HOLLANDE s'est exprimé hier en disant que pour sa part, il aurait souhaité que l'on puisse conclure au plus vite. Voilà, donc nous sommes
GUILLAUME DURAND
Voire même si les conversations continuent, ce qui est exactement le point de vue inverse d'Angela MERKEL qui dit c'est là qu'il va falloir aussi m'éclairer. Quelle est exactement la position de HOLLANDE ? On négocie en ce moment
JEAN-MARIE LE GUEN
La position de François HOLLANDE c'est d'avoir une solution globale, durable et positive, sur le fait que la Grèce puisse rester dans la zone euro, et dans l'Union européenne.
GUILLAUME DURAND
Mais en continuant à converser avant le référendum.
JEAN-MARIE LE GUEN
La position est de dire que le plus vite on trouvera un accord, mieux ça vaudra.
GUILLAUME DURAND
Donc, je reviens à ma question de départ, donc pardonnez-moi de vous interrompre, c'est : on n'est pas dans une situation au plan européen, où tout le monde est d'accord, puisque madame MERKEL dit : voyons la
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne dis pas que tout le monde est d'accord, je dis simplement, et d'ailleurs tout cela est assez compliqué, nos auditeurs, nos concitoyens imaginent bien que tout cela est compliqué. Le dossier, déjà, au plan technique est assez compliqué, je mets ça de côté, et puis il y a besoin de mettre d'accord 28 pays de l'Union européenne, les pays de la zone euro, plus de 21 pays, et en plus dans chaque pays, il y a parfois des problèmes avec l'opinion publique, on voit bien par exemple que le gouvernement grec a du mal à tenir, à un moment donné, une position définitive. Donc on voit aussi que, en Allemagne, il y a la position de madame MERKEL, mais il y a aussi une position sans doute majoritaire aujourd'hui dans l'opinion publique allemande, qui est assez rétive à l'idée de trouver un accord avec la Grèce, alors que je pense que madame MERKEL, elle, est plus disposée. Alors, chacun est amené à gérer les choses.
GUILLAUME DURAND
Oui, mais s'il n'y a pas de cohérence dans la position des européens, ça va devenir problématique. Vous entendez pas ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Il y a une cohérence qui se fait à un moment
GUILLAUME DURAND
Ah bon ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Qui se cristallise à un moment donné, le tout dans un processus complexe, vous ne découvrez pas que l'Union européenne c'est pas un seul pays, ni même simplement deux pays, la France et l'Allemagne. Je pense que par exemple, dans un conseil européen, lorsqu'il faut parler, il y a la position de la France et de l'Allemagne qui sont très importantes, mais vous avez aussi la position de tout un tas d'autres pays, qui pour des raisons que parfois on peut comprendre et que parfois nous semblent un petit peu exagérées, sont sur une position assez réticente par rapport à l'idée de continuer une aide à la Grèce, alors que nous pensons que l'intérêt de l'Europe, juste d'un mot, et à la différence par exemple de Nicolas SARKOZY, qui a l'air non seulement d'accepter, mais j'allais dire quelque part de se satisfaire de la sortie de la Grèce de la zone euro, eh bien nous pensons, nous, que l'avenir de la Grèce pour l'intérêt des Grecs, sans aucun doute, mais pour l'intérêt de l'Europe, c'est de faire que la Grèce reste dans la zone euro.
GUILLAUME DURAND
Mais la position de Nicolas SARKOZY, elle est plus proche d'Angela MERKEL, c'est : ça suffit les conversations, tant qu'ils n'auront pas clarifié, eux, les grecs, leur position.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, il va plus loin, puisqu'il estime que dans une sorte d'analyse auto-réalisatrice, en quelque sorte, que les Grecs sont d'ores et déjà sortis de la zone euro.
GUILLAUME DURAND
à un moment, Angela MERKEL était sur la même ligne.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, jamais Angela MERKEL n'a tenu ces propos. Un homme politique n'est pas là pour raconter ses états d'âme et encore moins ses souhaits, surtout quand ils ne sont que des souhaits de revanche. Un homme politique il est là pour agir, et donc il tient des propos, s'agissant de ce type de négociations, et de discussions internationales, ce sont des propos facilitateurs, ce ne sont pas des propos qui consistent à jouer à la perte, en quelque sorte. Comment peut-on imaginer, qu'il s'agisse des intérêts, j'allais dire, patrimoniaux de la France, qu'il s'agisse des intérêts politiques de la France et de l'Europe, sans parler des Grecs, tout converge, et d'ailleurs c'est ce qu'a dit RAFFARIN, c'est ce qu'a dit JUPPE, c'est ce qu'a dit François FILLON, ils souhaitent tous que l'Europe puisse garder la Grèce en son sein, et là, on a la prise de parole de Nicolas SARKOZY, qui quelque part, ménageant par ailleurs la chèvre et le chou, j'allais dire, mais tient des propos très forts, qui se satisfont finalement de la sortie de la Grèce. Et ça, je pense que ce n'est pas une bonne chose, ça ne va pas non plus dans le sens des intérêts français, parce que si la Grèce sort
GUILLAUME DURAND
Jean-Marie LE GUEN, au départ c'est quand même TSIPRAS qui a organisé un référendum pour
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais je ne dis pas qu'il n'y a pas une responsabilité
GUILLAUME DURAND
Finalement, s'il n'en veut pas, de cette négociation avec les créanciers, pourquoi faudrait-il le tenir par le bras ?
JEAN-MARIE LE GUEN
parce que c'est notre intérêt, c'est notre intérêt.
GUILLAUME DURAND
Et si le non l'emporte ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Eh bien si le non l'emporte, nous aurons la volonté d'interpeller fortement le gouvernement grec, d'une part, et les autorités européennes, pour qu'il y ait un accord. Nous n'acceptons pas l'idée, avec cynisme, avec esprit de démobilisation, que la Grèce sorte de la zone euro, c'est quelque chose qui est pour nous important. Maintenant, nous espérons réussir, évidemment ça ne dépend pas que de la France, et que du président de la République.
GUILLAUME DURAND
Vous êtes ministre des Relations avec le Parlement, est-ce que c'est vrai que la loi Macron doit être votée, le 49.3 avant le 14 juillet ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Elle doit être votée, si possible le plus rapidement possible, parce qu'après il faut que elle ira vraisemblablement devant le Conseil constitutionnel, c'est un droit des parlementaires, et je crois savoir que l'opposition a l'intention de la déférer devant le Conseil constitutionnel, ou j'ai cru comprendre, et donc nous voulons que cette loi soit applicable dès le milieu de l'été, et donc pour cela il faut la voter vite, pour que
GUILLAUME DURAND
Donc avant le 14 juillet.
JEAN-MARIE LE GUEN
Si possible, oui.
GUILLAUME DURAND
Et la session parlementaire va aller jusqu'au 24 juillet.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui.
GUILLAUME DURAND
Et comment vous allez pouvoir caser dans cette session parlementaire, je reprends mes notes : la loi sur le dialogue social et l'emploi, la croissance et l'activité, la transition énergétique, la loi de programmation militaire, la réforme des territoires, la Loi Macron, plus d'autres sujets annexes que j'ai regardés dans le détail, la Nouvelle Calédonie, etc. etc. ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, vous avez raison de dire que le programme est extrêmement chargé, mais vous avez bien noté que tous ces sujets ont déjà été, alors, c'est une procédure parlementaire, ils ont été déjà très largement débattus en première lecture, certains même en deuxième lecture, et là nous sommes dans la lecture finale. Donc le processus est plus rapide, néanmoins, je vous donne acte et je dois le reconnaitre, l'intensité du travail que le gouvernement demande aux parlementaires, c'est vrai.
GUILLAUME DURAND
Mais Gilles CARREZ, concernant justement la loi, enfin ce qui concerne la possibilité de rectifier le budget, dit : tout cela n'est pas sérieux, et il demande que le 9 juillet il y ait une conversation au Parlement, qui soit justement de son point de vue, sérieuse, étant donné qu'on a engagé de nouvelles dépenses en matière de défense, vous évoquiez tout à l'heure le voyage de François HOLLANDE, en matière de terrorisme et en matière d'emplois aidés. Alors oui ou non est-ce qu'il va falloir ajouter à tout ce que j'évoquais tout à l'heure, une conversation parlementaire sur le dérapage de la dette ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Il y aura deux moments importants. Il y a ce que l'on appelle la discussion sur les objectifs budgétaires pour l'année 2016, et puis il y a une loi de finance rectificative. Il y a une discussion sur la loi de finance, de règlement, pardon, qui est là et donc qui permet d'avoir toutes les explications. Gilles CARREZ est dans son rôle de demander des précisions, mais il sait bien qu'il y aura effectivement une
GUILLAUME DURAND
Donc on va intégrer ces dépenses supplémentaires dans le
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, c'est une loi de finances du règlement sur 2014, mais il y a deux rencontres fortes entre les parlementaires et notamment le ministre du Budget, où il y aura toutes les explications qui seront données. Vous savez
GUILLAUME DURAND
Enfin, clairement, c'est des dépenses supplémentaires.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, mais le gouvernement a dit qu'il compenserait à l'intérieur du Budget existant, c'est-à-dire que ces dépenses supplémentaires vont être récupérées par un effort supplémentaire, demandé à d'autres administrations.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que « Les Guignols », c'est une affaire politique ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je me méfie toujours de mêler la politique aux affaires de programmations médiatiques. En tout état de cause, Les Guignols ont représenté
GUILLAUME DURAND
27 ans.
JEAN-MARIE LE GUEN
une liberté particulière de ton, qui était d'ailleurs en rupture avec des propositions préexistantes, qui étaient me semble-t-il d'une moins grande qualité, ce qu'on connaissait notamment, bon. Les Guignols avaient un esprit très important. De fait, me semble-t-il, je ne suis pas un expert
GUILLAUME DURAND
Mais là, vous tournez autour du pot. Non mais est-ce que vous considérez
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je ne considère pas que c'est un problème politique
GUILLAUME DURAND
Non mais vous savez très bien
JEAN-MARIE LE GUEN
Je considère que c'est un problème qui traduit aussi le sentiment du moment. Alors, dites-moi, précisez votre question.
GUILLAUME DURAND
Non mais, soit c'est un projet éditorial de modification d'une chaine, soit effectivement il y a des arrière-pensées politiques
JEAN-MARIE LE GUEN
Quelles arrière-pensées politiques ?
GUILLAUME DURAND
Je n'en sais rien, je pose la question, vous êtes au Parlement, c'est vous les hommes politiques qui êtes caricaturés
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, attendez, c'est vous les On est caricaturé, ça c'est vrai, et ça fait partie du jeu
GUILLAUME DURAND
Je veux dire les présidents, les anciens présidents, les Premiers ministres
JEAN-MARIE LE GUEN
Non mais l'objet n'est pas là, le problème est de d'avoir si la grille de programmes de Canal+ satisfait en termes d'audience et correspond à une attente.
GUILLAUME DURAND
Donc c'est un problème éditorial pour vous, plus qu'un problème.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, ah ben oui, ce n'est pas un problème politique, non.
GUILLAUME DURAND
Qu'est-ce que ça vous fait ce matin de partir à la bataille des régionale, dans une situation qui, les sondages le montrent, est épouvantablement défavorable ? Partout, Paris, le Nord, le Sud-est, etc.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, enfin, Paris on est pratiquement à touche-touche sur la région parisienne, sur la région Ile-de-France, et je pense que comme Claude BARTOLONE ne fait que commencer sa campagne, il va créer cette dynamique positive. Vous avez raison de dire que, évidemment, la situation est difficile, mais notre travail Nous, nous avons la conviction que ce que nous faisons pour le redressement du pays, ce que nous faisons pour éviter à notre pays les coupes d'austérité que l'on voit dans d'autres, pour maintenir des progrès, de façon régulière, encore aujourd'hui, pour ceux qui espèrent une certaine vision de la société, ce que nous faisons sur la Grèce, ce que nous faisons pour combattre le terrorisme, sur tout ça, nous sommes, je pense, la traduction d'une politique qui est au milieu des difficultés, nos compatriotes connaissent
GUILLAUME DURAND
Qui finira par porter ses fruits, c'est le discours que vous tenez tous
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui
GUILLAUME DURAND
pour l'instant sur les
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, je ne vois pas pourquoi. Moi j'ai de la conviction, donc j'essaie d'expliquer à mes concitoyens pourquoi notre politique, non pas est parfaite, mais pourquoi elle est meilleure que ce que d'autres politiques qui sont proposées.
GUILLAUME DURAND
Mais, est-ce que ce n'est pas un problème que monsieur BARTOLONE, président de l'Assemblée nationale, à un moment où on va traiter de tous les textes que nous évoquions ensemble tout à l'heure, parte en campagne ? Parce que finalement il ne va plus être à l'Assemblée, il aura autre chose à faire.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non mais d'abord il sera en campagne, il a dit lui même qu'il prendrait un peu de recul par rapport à la présidence de l'Assemblée, à la rentrée, à l'automne, là on n'est pas dans la campagne.
GUILLAUME DURAND
Donc jusqu'au 24 juillet il sera président de l'Assemblée à plein temps.
JEAN-MARIE LE GUEN
Absolument, il l'est d'ailleurs de fait, vous le voyez travailler, moi je le vois tous les jours, complètement au travail, et je pense que son travail este reconnu par tout, sur tous les bancs de l'Assemblée. C'est un très bon président de l'Assemblée nationale.
GUILLAUME DURAND
Jean-Marie LE GUEN était notre invité ce matin, bonne journée à vous.
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci.
GUILLAUME DURAND
Donc ministre des Relations avec le Parlement. On va retrouver nos amis de LCI, évidemment, et puis Sophie PAOLINI sur l'antenne de Radio Classique. Bonne journée à vous, donc.
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci.Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 juillet 2015
On va tout de suite partir du côté des studios de Radio Classique, pour retrouver notre invité, c'est Jean-Marie LE GUEN qui répond à Guillaume DURAND.
GUILLAUME DURAND
Ravi de vous retrouver, donc nous sommes avec Jean-Marie LE GUEN, qui est ministre des Relations avec le Parlement. Il y a un calendrier parlementaire qui va être prolongé jusqu'au 24 juillet, des lois importantes, on va en parler, avec d'ailleurs des contestations de l'opposition, nous allons en parler aussi. Et puis il y a deux dossiers importants sur le plan de la politique internationale, la Grèce évidemment, et puis cette affaire de Guignols, qui a des résonnances, comme on dit maintenant sur l'antenne de Radio Classique, à caractère politique. D'abord, bonjour.
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous trouvez, comme le dit François BAYROU, que François HOLLANDE, plutôt que d'aller en Afrique, aurait du parler, s'adresser aux Français, avec l'histoire qui concerne la Grèce ?
JEAN-MARIE LE GUEN
François HOLLANDE est complètement investi dans ce dossier, avec le gouvernement, Manuel VALLS, Michel SAPIN, et j'allais dire, de façon continue, parce que la nature des choses
GUILLAUME DURAND
Mais alors, qu'est-ce qu'il fait en Afrique ? Pardonnez-moi, je n'ai rien contre le continent africain.
JEAN-MARIE LE GUEN
Excusez-moi, il fait ce que la France a à faire, c'est évidemment d'aller voir ses alliés africains, pour parler des liens forts et anciens entre la France et l'Afrique, mais pour parler aussi de sécurité. On sait que quand même il se passe des choses en Afrique, et les moyens modernes de communication
GUILLAUME DURAND
Mais il n'y avait pas un moyen de décaler ce voyage, étant donné la situation internationale ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je ne crois pas que cela se justifie, d'autant plus que les discussions, officielles, en tout cas, semblent suspendues jusqu'à la date du référendum, même si François HOLLANDE s'est exprimé hier en disant que pour sa part, il aurait souhaité que l'on puisse conclure au plus vite. Voilà, donc nous sommes
GUILLAUME DURAND
Voire même si les conversations continuent, ce qui est exactement le point de vue inverse d'Angela MERKEL qui dit c'est là qu'il va falloir aussi m'éclairer. Quelle est exactement la position de HOLLANDE ? On négocie en ce moment
JEAN-MARIE LE GUEN
La position de François HOLLANDE c'est d'avoir une solution globale, durable et positive, sur le fait que la Grèce puisse rester dans la zone euro, et dans l'Union européenne.
GUILLAUME DURAND
Mais en continuant à converser avant le référendum.
JEAN-MARIE LE GUEN
La position est de dire que le plus vite on trouvera un accord, mieux ça vaudra.
GUILLAUME DURAND
Donc, je reviens à ma question de départ, donc pardonnez-moi de vous interrompre, c'est : on n'est pas dans une situation au plan européen, où tout le monde est d'accord, puisque madame MERKEL dit : voyons la
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne dis pas que tout le monde est d'accord, je dis simplement, et d'ailleurs tout cela est assez compliqué, nos auditeurs, nos concitoyens imaginent bien que tout cela est compliqué. Le dossier, déjà, au plan technique est assez compliqué, je mets ça de côté, et puis il y a besoin de mettre d'accord 28 pays de l'Union européenne, les pays de la zone euro, plus de 21 pays, et en plus dans chaque pays, il y a parfois des problèmes avec l'opinion publique, on voit bien par exemple que le gouvernement grec a du mal à tenir, à un moment donné, une position définitive. Donc on voit aussi que, en Allemagne, il y a la position de madame MERKEL, mais il y a aussi une position sans doute majoritaire aujourd'hui dans l'opinion publique allemande, qui est assez rétive à l'idée de trouver un accord avec la Grèce, alors que je pense que madame MERKEL, elle, est plus disposée. Alors, chacun est amené à gérer les choses.
GUILLAUME DURAND
Oui, mais s'il n'y a pas de cohérence dans la position des européens, ça va devenir problématique. Vous entendez pas ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Il y a une cohérence qui se fait à un moment
GUILLAUME DURAND
Ah bon ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Qui se cristallise à un moment donné, le tout dans un processus complexe, vous ne découvrez pas que l'Union européenne c'est pas un seul pays, ni même simplement deux pays, la France et l'Allemagne. Je pense que par exemple, dans un conseil européen, lorsqu'il faut parler, il y a la position de la France et de l'Allemagne qui sont très importantes, mais vous avez aussi la position de tout un tas d'autres pays, qui pour des raisons que parfois on peut comprendre et que parfois nous semblent un petit peu exagérées, sont sur une position assez réticente par rapport à l'idée de continuer une aide à la Grèce, alors que nous pensons que l'intérêt de l'Europe, juste d'un mot, et à la différence par exemple de Nicolas SARKOZY, qui a l'air non seulement d'accepter, mais j'allais dire quelque part de se satisfaire de la sortie de la Grèce de la zone euro, eh bien nous pensons, nous, que l'avenir de la Grèce pour l'intérêt des Grecs, sans aucun doute, mais pour l'intérêt de l'Europe, c'est de faire que la Grèce reste dans la zone euro.
GUILLAUME DURAND
Mais la position de Nicolas SARKOZY, elle est plus proche d'Angela MERKEL, c'est : ça suffit les conversations, tant qu'ils n'auront pas clarifié, eux, les grecs, leur position.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, il va plus loin, puisqu'il estime que dans une sorte d'analyse auto-réalisatrice, en quelque sorte, que les Grecs sont d'ores et déjà sortis de la zone euro.
GUILLAUME DURAND
à un moment, Angela MERKEL était sur la même ligne.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, jamais Angela MERKEL n'a tenu ces propos. Un homme politique n'est pas là pour raconter ses états d'âme et encore moins ses souhaits, surtout quand ils ne sont que des souhaits de revanche. Un homme politique il est là pour agir, et donc il tient des propos, s'agissant de ce type de négociations, et de discussions internationales, ce sont des propos facilitateurs, ce ne sont pas des propos qui consistent à jouer à la perte, en quelque sorte. Comment peut-on imaginer, qu'il s'agisse des intérêts, j'allais dire, patrimoniaux de la France, qu'il s'agisse des intérêts politiques de la France et de l'Europe, sans parler des Grecs, tout converge, et d'ailleurs c'est ce qu'a dit RAFFARIN, c'est ce qu'a dit JUPPE, c'est ce qu'a dit François FILLON, ils souhaitent tous que l'Europe puisse garder la Grèce en son sein, et là, on a la prise de parole de Nicolas SARKOZY, qui quelque part, ménageant par ailleurs la chèvre et le chou, j'allais dire, mais tient des propos très forts, qui se satisfont finalement de la sortie de la Grèce. Et ça, je pense que ce n'est pas une bonne chose, ça ne va pas non plus dans le sens des intérêts français, parce que si la Grèce sort
GUILLAUME DURAND
Jean-Marie LE GUEN, au départ c'est quand même TSIPRAS qui a organisé un référendum pour
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais je ne dis pas qu'il n'y a pas une responsabilité
GUILLAUME DURAND
Finalement, s'il n'en veut pas, de cette négociation avec les créanciers, pourquoi faudrait-il le tenir par le bras ?
JEAN-MARIE LE GUEN
parce que c'est notre intérêt, c'est notre intérêt.
GUILLAUME DURAND
Et si le non l'emporte ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Eh bien si le non l'emporte, nous aurons la volonté d'interpeller fortement le gouvernement grec, d'une part, et les autorités européennes, pour qu'il y ait un accord. Nous n'acceptons pas l'idée, avec cynisme, avec esprit de démobilisation, que la Grèce sorte de la zone euro, c'est quelque chose qui est pour nous important. Maintenant, nous espérons réussir, évidemment ça ne dépend pas que de la France, et que du président de la République.
GUILLAUME DURAND
Vous êtes ministre des Relations avec le Parlement, est-ce que c'est vrai que la loi Macron doit être votée, le 49.3 avant le 14 juillet ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Elle doit être votée, si possible le plus rapidement possible, parce qu'après il faut que elle ira vraisemblablement devant le Conseil constitutionnel, c'est un droit des parlementaires, et je crois savoir que l'opposition a l'intention de la déférer devant le Conseil constitutionnel, ou j'ai cru comprendre, et donc nous voulons que cette loi soit applicable dès le milieu de l'été, et donc pour cela il faut la voter vite, pour que
GUILLAUME DURAND
Donc avant le 14 juillet.
JEAN-MARIE LE GUEN
Si possible, oui.
GUILLAUME DURAND
Et la session parlementaire va aller jusqu'au 24 juillet.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui.
GUILLAUME DURAND
Et comment vous allez pouvoir caser dans cette session parlementaire, je reprends mes notes : la loi sur le dialogue social et l'emploi, la croissance et l'activité, la transition énergétique, la loi de programmation militaire, la réforme des territoires, la Loi Macron, plus d'autres sujets annexes que j'ai regardés dans le détail, la Nouvelle Calédonie, etc. etc. ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, vous avez raison de dire que le programme est extrêmement chargé, mais vous avez bien noté que tous ces sujets ont déjà été, alors, c'est une procédure parlementaire, ils ont été déjà très largement débattus en première lecture, certains même en deuxième lecture, et là nous sommes dans la lecture finale. Donc le processus est plus rapide, néanmoins, je vous donne acte et je dois le reconnaitre, l'intensité du travail que le gouvernement demande aux parlementaires, c'est vrai.
GUILLAUME DURAND
Mais Gilles CARREZ, concernant justement la loi, enfin ce qui concerne la possibilité de rectifier le budget, dit : tout cela n'est pas sérieux, et il demande que le 9 juillet il y ait une conversation au Parlement, qui soit justement de son point de vue, sérieuse, étant donné qu'on a engagé de nouvelles dépenses en matière de défense, vous évoquiez tout à l'heure le voyage de François HOLLANDE, en matière de terrorisme et en matière d'emplois aidés. Alors oui ou non est-ce qu'il va falloir ajouter à tout ce que j'évoquais tout à l'heure, une conversation parlementaire sur le dérapage de la dette ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Il y aura deux moments importants. Il y a ce que l'on appelle la discussion sur les objectifs budgétaires pour l'année 2016, et puis il y a une loi de finance rectificative. Il y a une discussion sur la loi de finance, de règlement, pardon, qui est là et donc qui permet d'avoir toutes les explications. Gilles CARREZ est dans son rôle de demander des précisions, mais il sait bien qu'il y aura effectivement une
GUILLAUME DURAND
Donc on va intégrer ces dépenses supplémentaires dans le
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, c'est une loi de finances du règlement sur 2014, mais il y a deux rencontres fortes entre les parlementaires et notamment le ministre du Budget, où il y aura toutes les explications qui seront données. Vous savez
GUILLAUME DURAND
Enfin, clairement, c'est des dépenses supplémentaires.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, mais le gouvernement a dit qu'il compenserait à l'intérieur du Budget existant, c'est-à-dire que ces dépenses supplémentaires vont être récupérées par un effort supplémentaire, demandé à d'autres administrations.
GUILLAUME DURAND
Est-ce que « Les Guignols », c'est une affaire politique ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je me méfie toujours de mêler la politique aux affaires de programmations médiatiques. En tout état de cause, Les Guignols ont représenté
GUILLAUME DURAND
27 ans.
JEAN-MARIE LE GUEN
une liberté particulière de ton, qui était d'ailleurs en rupture avec des propositions préexistantes, qui étaient me semble-t-il d'une moins grande qualité, ce qu'on connaissait notamment, bon. Les Guignols avaient un esprit très important. De fait, me semble-t-il, je ne suis pas un expert
GUILLAUME DURAND
Mais là, vous tournez autour du pot. Non mais est-ce que vous considérez
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je ne considère pas que c'est un problème politique
GUILLAUME DURAND
Non mais vous savez très bien
JEAN-MARIE LE GUEN
Je considère que c'est un problème qui traduit aussi le sentiment du moment. Alors, dites-moi, précisez votre question.
GUILLAUME DURAND
Non mais, soit c'est un projet éditorial de modification d'une chaine, soit effectivement il y a des arrière-pensées politiques
JEAN-MARIE LE GUEN
Quelles arrière-pensées politiques ?
GUILLAUME DURAND
Je n'en sais rien, je pose la question, vous êtes au Parlement, c'est vous les hommes politiques qui êtes caricaturés
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, attendez, c'est vous les On est caricaturé, ça c'est vrai, et ça fait partie du jeu
GUILLAUME DURAND
Je veux dire les présidents, les anciens présidents, les Premiers ministres
JEAN-MARIE LE GUEN
Non mais l'objet n'est pas là, le problème est de d'avoir si la grille de programmes de Canal+ satisfait en termes d'audience et correspond à une attente.
GUILLAUME DURAND
Donc c'est un problème éditorial pour vous, plus qu'un problème.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, ah ben oui, ce n'est pas un problème politique, non.
GUILLAUME DURAND
Qu'est-ce que ça vous fait ce matin de partir à la bataille des régionale, dans une situation qui, les sondages le montrent, est épouvantablement défavorable ? Partout, Paris, le Nord, le Sud-est, etc.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, enfin, Paris on est pratiquement à touche-touche sur la région parisienne, sur la région Ile-de-France, et je pense que comme Claude BARTOLONE ne fait que commencer sa campagne, il va créer cette dynamique positive. Vous avez raison de dire que, évidemment, la situation est difficile, mais notre travail Nous, nous avons la conviction que ce que nous faisons pour le redressement du pays, ce que nous faisons pour éviter à notre pays les coupes d'austérité que l'on voit dans d'autres, pour maintenir des progrès, de façon régulière, encore aujourd'hui, pour ceux qui espèrent une certaine vision de la société, ce que nous faisons sur la Grèce, ce que nous faisons pour combattre le terrorisme, sur tout ça, nous sommes, je pense, la traduction d'une politique qui est au milieu des difficultés, nos compatriotes connaissent
GUILLAUME DURAND
Qui finira par porter ses fruits, c'est le discours que vous tenez tous
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui
GUILLAUME DURAND
pour l'instant sur les
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, je ne vois pas pourquoi. Moi j'ai de la conviction, donc j'essaie d'expliquer à mes concitoyens pourquoi notre politique, non pas est parfaite, mais pourquoi elle est meilleure que ce que d'autres politiques qui sont proposées.
GUILLAUME DURAND
Mais, est-ce que ce n'est pas un problème que monsieur BARTOLONE, président de l'Assemblée nationale, à un moment où on va traiter de tous les textes que nous évoquions ensemble tout à l'heure, parte en campagne ? Parce que finalement il ne va plus être à l'Assemblée, il aura autre chose à faire.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non mais d'abord il sera en campagne, il a dit lui même qu'il prendrait un peu de recul par rapport à la présidence de l'Assemblée, à la rentrée, à l'automne, là on n'est pas dans la campagne.
GUILLAUME DURAND
Donc jusqu'au 24 juillet il sera président de l'Assemblée à plein temps.
JEAN-MARIE LE GUEN
Absolument, il l'est d'ailleurs de fait, vous le voyez travailler, moi je le vois tous les jours, complètement au travail, et je pense que son travail este reconnu par tout, sur tous les bancs de l'Assemblée. C'est un très bon président de l'Assemblée nationale.
GUILLAUME DURAND
Jean-Marie LE GUEN était notre invité ce matin, bonne journée à vous.
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci.
GUILLAUME DURAND
Donc ministre des Relations avec le Parlement. On va retrouver nos amis de LCI, évidemment, et puis Sophie PAOLINI sur l'antenne de Radio Classique. Bonne journée à vous, donc.
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci.Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 juillet 2015