Déclaration à la presse de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur le nucléaire iranien, à Vienne le 14 juillet 2015.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Négociations sur le nucléaire iranien, à Vienne (Autriche) le 14 juillet 2015

Texte intégral


Q - (Inaudible)
R - Sur ces questions, j'ai consulté particulièrement le directeur général de l'AIEA car c'est cette agence qui est chargée des vérifications. Je lui ai posé la question de confiance qui est celle que vous venez de poser : «Est-ce que, oui ou non, les textes que nous signons vous permettront de contrôler à la fois les sites et de vérifier les hommes pour être sûr qu'on ne nous cache rien ?» ; sa réponse a été positive.
Q - (Inaudible)
R - Il reste à un niveau important jusqu'à 15 ans. Par ailleurs, comme vous le savez sans doute, l'Iran s'est engagé à adhérer au protocole additionnel au Traité de non-prolifération et, dans ce cadre, il lui est bien sûr interdit d'accéder à l'arme atomique. Donc, si pour vos lecteurs on dit les choses simplement, il y a une période de dix ans pendant laquelle il y a un «breakout time» de douze mois, ensuite il y a une période de cinq ans où il continue d'y avoir un «breakout time» important et ensuite ou même avant, le relais est pris par l'adhésion au Traité de non-prolifération nucléaire, dès lors bien sûr que l'Iran respecte les engagements qu'il a pris.
Q - (Inaudible)
R - Très rapidement, puisque nous avons signé en séance tout à l'heure avec mes collègues membres permanents du Conseil de sécurité plus l'Allemagne, la saisine - si l'on peut dire - du Conseil de sécurité pour endosser l'accord que nous avons passé. C'est donc une affaire de quelques jours.
Q - (Inaudible)
R - Ce sera fait rapidement et nous avons mandaté nos représentants permanents à New York pour aller dans ce sens.
Q - (Inaudible)
R - Je ne veux pas faire de commentaire particulier par rapport à tel ou tel pays. J'ai dit ce que nous en pensions. La France, pendant toutes les négociations, a eu une attitude de fermeté constructive car nous ne voulons pas qu'il puisse y avoir des utilisations mensongères d'un accord que nous signons. Maintenant, lorsque l'on porte jugement sur l'accord, il ne faut pas seulement le juger en termes absolus mais il faut aussi juger ce qui se passerait s'il n'y avait pas eu cet accord et je pense à cet égard qu'il faut faire preuve de beaucoup de réflexion.
Évidemment, la question ne se pose pas simplement par rapport à Israël ou à tel autre pays en particulier. Ce que je n'ai cessé de dire à mes collègues, que ce soit ceux du E3+3 ou aux Iraniens, c'est la chose suivante : il était nécessaire que cet accord soit strict, d'où la position de fermeté de la part de la France, parce que d'une part il faut respecter l'objectif - oui au nucléaire civil et non à l'arme atomique - mais il faut aussi que les dispositions que nous avons prises soient suffisamment convaincantes pour que les autres pays de la région ne se dotent pas d'armes nucléaires. Sinon, dans une région qui est déjà très éruptive, on aurait en plus le risque nucléaire.
C'est la raison pour laquelle la France a milité - certains le lui ont reproché mais j'assume - pour une position très ferme parce que c'est cette fermeté qui permet d'aboutir aux garanties indispensables.
Q - (Inaudible)
R - C'est une autre paire de manches. Ce matin, une fois que les journalistes se sont retirés, il y a eu un tour de table et nous avons remercié bien sûr nos collaborateurs, tous ceux qui ont participé à cet accord, puis il y a eu des propos plus généraux et, dans tous les propos qui ont été tenus, il y avait une double dimension.
D'abord, nous nous sommes félicités qu'un accord, qui est recherché depuis maintenant des années, soit enfin obtenu sur le nucléaire civil et militaire. Mais il y a aussi une autre dimension qui est le souhait - c'est celui de la France - que cela permette une normalisation des relations internationales de l'Iran et qu'un certain nombre de crises dans lesquelles il est impliqué, directement ou indirectement puissent du même coup être résolues plus aisément. On le verra sur pièce, ce serait le côté positivement contagieux de l'accord et la France le souhaite.
Mais la question de la démocratie est une autre question qui n'a pas été abordée dans cette enceinte. On peut avoir telle opinion personnelle, tel souhait assurément mais il n'est pas relié directement à cet accord.
Q - (sur l'appui de l'Iran dans la lutte contre le terrorisme)
R - It's one of the aspect which is very important. They'll be a lifting of sanctions when Iran complete a certain number of conditions and, step by step, lifting other sanctions. But we shall be very vigilant in order to avoid that this lifting of these sanctions will not have consequences pushing towards these activities. We shall be very vigilant and our judgment about Iran and what I said about theses consequences and the possibility of the reintegration of Iran in the international community will depend on the questions.
Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 juillet 2015