Texte intégral
Monsieur le Président
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Madame la Sénatrice,
Un mot sur cet accord et un mot sur le futur.
Vous avez parlé d'intransigeance, je n'aurais pas choisi ce terme. Avec le président de la République, nous avons défini quelle devait être l'attitude de la France : nous avons parlé d'une fermeté constructive.
Pourquoi ? Parce qu'il s'agissait de savoir si l'Iran, qui a parfaitement le droit de disposer du nucléaire civil, pouvait ou non avoir la bombe atomique et nous avons répondu non.
Mais c'est une affaire extrêmement sérieuse, technique, précise. Il fallait donc que, sur les points en discussion - vous en avez cité quelques-uns -, nous soyons fermes qu'il s'agisse de la limitation à la fois du stock d'uranium et du niveau d'enrichissement, qu'il s'agisse du nombre des centrifugeuses, il fallait qu'il y ait une diminution et il y en a une : on est passé de 20 000 centrifugeuses à 5060, on est passé de plusieurs tonnes d'uranium à 300kg, on est passé d'un maximum de 20% à 3,67%.
Il fallait faire en sorte que le réacteur d'Arak qui dégage du plutonium ne puisse plus dégager de plutonium de qualité et de quantité militaire. C'était une condition de la France et elle a été remplie et d'autres conditions de ce type.
C'était la raison de notre fermeté constructive mais il y en avait une autre. Si l'accord avait été signé - on pouvait tous signer - mais qu'il n'avait pas été robuste, quelle aurait été la réaction des pays voisins? Je peux penser à l'Arabie Saoudite, à l'Égypte, à la Turquie et à d'autres. Ils nous auraient dit : «Vous avez signé mais nous ne croyons pas à l'efficacité de votre signature et nous-mêmes, nous allons nous doter de l'arme nucléaire.» À ce moment-là, cela aurait été un Moyen-Orient déjà éruptif qui aurait été un Moyen-Orient entièrement nucléarisé. C'est la raison pour laquelle la fermeté constructive de la France a permis, avec d'autres cet accord.
Sur le futur, pour ce qui est des relations entre l'Iran et la France, nous espérons qu'elles vont être de meilleures en meilleures et je me rendrai moi-même bientôt en Iran pour examiner la totalité de nos relations. Pour ce qui est du futur, gardons-nous de tout pronostic parce que certains disent d'ailleurs que l'Histoire n'en sait jamais rien, et d'autre part, nous vivrons, nous verrons et nous jugerons la politique extérieure de l'Iran sur pièce.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 juillet 2015