Texte intégral
(...)
Q - Vous revenez juste de Vienne, vous parliez de la diplomatie française et de ses spécificités aussi, j'aimerais dans un premier temps avoir votre ressenti sur ces négociations, sur la position de la France et sur cet accord final.
R - Souvent vous le savez, on emploie à tort le mot «historique» mais cette fois-là, je crois qu'il est mérité. C'est effectivement un accord historique que nous avons passé. Quand je dis «on», c'est la France, la Chine, les États-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne et l'Allemagne avec l'Iran. Cela fait 13 années qu'il y avait des controverses, des conflits, des discussions puisque l'Iran était soupçonnée de préparer la bombe atomique. Moi j'ai débuté ces négociations il y a trois ans et nous sommes arrivés à un résultat. Pour le résumer, l'Iran aura le droit de développer le nucléaire civil mais la bombe atomique non, avec toute une série de conséquences.
Là aussi c'était très compliqué mais nous sommes parvenus à un accord qui est solide et la France a eu une position centrale dans cette négociation. C'est positif pour le monde parce que cela veut dire que l'Iran ne construira pas de bombe atomique et donc, qu'il n'y aura pas au Moyen-Orient le risque d'une guerre nucléaire, ce qui aurait été absolument effrayant. C'est aussi positif pour l'Iran car un certain nombre de sanctions économiques prononcées contre l'Iran vont pouvoir être levées dès lors que l'Iran va respecter ses obligations.
Je me rendrai moi-même dans ce pays à l'invitation de mon collègue le ministre des affaires étrangères.
Il y aura bien sûr des conséquences d'ordre politique, il y aura aussi des conséquences économiques puisque les entreprises françaises pourront, dès que les sanctions auront été levées, c'est-à-dire à partir du premier semestre de l'année prochaine si les choses se passent bien, se développer en Iran qui est un pays de 80 millions d'habitants.
Q - Ne craignez-vous pas que la position de la France, qui a été l'une des plus fermes sur ce dossier, ne porte justement préjudice à l'ouverture de ce marché aux entreprises françaises ?
R - Non, je n'ai pas du tout cette crainte d'abord parce que je pense que la France a eu raison d'être ferme parce qu'il s'agit du nucléaire et, passez-moi l'expression, on ne peut pas bricoler sur ce sujet. En plus, c'est aussi parce que cet accord est ferme, solide et robuste, que les pays voisins vont, on l'espère, bien l'accepter et ne pas eux-mêmes se mettre à développer l'arme nucléaire. On aurait pu signer un accord au rabais mais les pays voisins auraient pu dire : «cet accord n'était pas sérieux, l'Iran va continuer à chercher la bombe atomique et nous devons nous-mêmes nous doter de cette bombe». Je pense que nous avons évité cela en étant ferme mais c'est vrai que la France a eu une position ferme.
D'autre part, la négociation est maintenant terminée et tout le monde l'a acceptée, après l'Iran bien sûr.
Les choses vont donc se jouer sur la qualité. La France a beaucoup travaillé avec l'Iran et l'Iran avec la France dans le passé sur le plan de l'automobile entre autres choses. Maintenant les entreprises françaises, dès lors qu'elles sont compétitives et qu'elles produisent de la qualité, vont avoir leur pleine place. Je me rendrai en Iran dans quelque temps.
Q - En septembre avec la délégation du MEDEF ?
R - Non. Je me rendrai là-bas très probablement avant mais il y a bien sûr des entreprises qui ont commencé à prendre des contacts. Il y aura une importante délégation du MEDEF en septembre.
Q - Ne craignez-vous pas que les entreprises américaines, allemandes et anglaises aient plus de facilités à entrer en Iran avec les positions défendues par leur pays ?
R - Non. Je ne le pense pas et de plus, nous avons passé un accord avec les Américains précisément, entre les Européens d'une part et les Américains de l'autre, pour que nos entreprises, si elles font du commerce et si elles ont besoin de financements, ne puissent pas être pénalisées.
(...).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 juillet 2015