Texte intégral
Laissez-moi d'abord vous remercier pour votre accueil chaleureux, et pour les paroles de bienvenue que vous venez de prononcer. Je voudrais vous dire, je vous l'ai déjà dit ce matin, en mon nom et au nom de tous les membres de la délégation qui m'accompagnent, le grand plaisir que j'ai à me trouver aujourd'hui parmi vous en Ethiopie, certes pour vingt-quatre heures seulement, mais c'est déjà ça, à vous écouter et à découvrir, à l'occasion de ce trop court séjour, votre belle capitale.
J'ai tenu à inclure Addis-Abeba dans cette première tournée que j'effectue à travers le continent africain depuis ma prise de fonctions. Je l'ai fait non seulement parce qu'Addis-Abeba est la capitale diplomatique de l'Afrique, elle abrite le siège de plusieurs organisations panafricaines, dont l'Organisation de l'unité africaine devant laquelle j'aurai l'honneur tout à l'heure, de prendre la parole, mais également parce qu'Addis-Abeba est la capitale d'un grand pays, d'un pays avec lequel la France entretient depuis très longtemps des relations d'amitié, nourries par des échanges qui ont été à la fois denses et variés.
Comme vous le savez, nous célébrons cette année le centenaire de ces relations d'amitié, un centenaire qui a donné lieu depuis le début de l'année à de multiples manifestations, qui se poursuivront jusqu'au début de l'année prochaine : je viens d'ailleurs d'inaugurer à l'Alliance éthio-française une très belle exposition consacrée à "Cent ans d'amitié entre la France et l'Ethiopie". Cette commémoration, qui fait référence à l'établissement de relations diplomatiques entre la France et l'Ethiopie, à l'époque de l'empereur Ménélik II et du président Félix Faure, ne doit pas être seulement un bilan du passé : elle doit également, et surtout, inciter nos deux pays à se tourner vers l'avenir.
C'est dans cette perspective que je souhaite placer ma visite en Ethiopie. Ma présence ici parmi vous constitue d'abord une marque de l'intérêt très vif que la France témoigne et continuera de témoigner au continent africain tout entier et à la Corne de l'Afrique en particulier, une Corne de l'Afrique où l'Ethiopie est appelée à jouer, non seulement en raison de son importance intrinsèque, mais également en vertu de la stabilité dont elle a su se doter après plusieurs années de guerre civile, un rôle tout à fait essentiel et très positif.
Au-delà de cet aspect général, ma présence ici s'inscrit dans le cadre de la dynamique qui a été créée par les visites qu'ont effectué en France, d'abord vous-même, Monsieur le ministre, en janvier 1993, puis, en janvier 1996, M. Meles Zenawi, Premier ministre de la République fédérale démocratique d'Ethiopie.
J'ai le plaisir de constater que nos relations sont aujourd'hui en plein essor. Nos échanges commerciaux ont augmenté de 50 % entre 1993 et 1996, et nos entreprises, encouragées par la politique de libéralisation mise en oeuvre par votre gouvernement, et par les progrès que connaît le développement économique de votre pays, sont de plus en plus nombreuses à venir en Ethiopie, à y faire connaître la qualité de nos produits et à s'y implanter. La France est d'ores et déjà, je me réjouis de pouvoir le souligner, le deuxième investisseur étranger en Ethiopie.
Dans le domaine culturel, et dans celui de la coopération scientifique et technique, nous menons une action très ancienne, très ancienne, qu'il convient aujourd'hui d'adapter aux nouvelles demandes auxquelles nous devons faire face. Nous avons les moyens de le faire, d'abord grâce aux hommes et aux femmes qui, de part et d'autre, travaillent quotidiennement au renforcement de nos relations bilatérales, mais aussi grâce aux remarquables outils dont nous disposons ; je pense naturellement au lycée Guebre Mariam, qui dispense depuis tout juste cinquante ans un enseignement de grande qualité à des centaines d'élèves, en majorité éthiopiens ; je pense également à nos prestigieuses alliances éthio-françaises d'Addis-Abeba et de Dire Dawa. C'est précisément pour définir ensemble ces objectifs et répondre de manière concertée aux défis de l'avenir que se réunira ici, dans quelques semaines, la grande commission mixte de Coopération, qui sera présidée du côté français par mon collègue, M. Charles Josselin, le secrétaire d'Etat à la Coopération. En décidant d'intervenir en Ethiopie, la Caisse francaise de Développement nous donnera, en outre les moyens de faire progresser notre coopération dans tous les domaines que nous identifierons ensemble.
A travers des contacts qui remontent à plusieurs siècles, nos deux pays se sont découverts et ont appris à se connaître. Ils sont devenus, je le crois, des amis et, en dépit des vicissitudes d'une histoire qui a été fertile en rebondissements et parfois même en drames, ils le sont restés, comme en témoigne aujourd'hui notre rencontre. C'est sur cette amitié, solide et sincère, qu'il nous appartient aujourd'hui d'inventer, dans une Afrique en pleine mutation, les données d'un véritable partenariat.
En vous remerciant une fois encore pour votre accueil, je lève mon verre à votre santé, Monsieur le Ministre, et à celle de tous vos collaborateurs ; je lève également mon verre à notre amitié, à l'amitié entre la France et l'Ethiopie, et à l'avenir de cette amitié./.
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Je voudrais vous dire d'abord, en mon nom et au nom de tous les membres de la délégation qui m'accompagne, tout le plaisir que j'ai d'être aujourd'hui parmi vous, à l'occasion de ma toute première visite en Ethiopie. Je suis particulièrement heureux d'inaugurer cette très belle exposition consacrée à "Cent ans d'amitié entre la France et l'Ethiopie", une exposition qui constitue le temps fort d'une année consacrée à la célébration d'un centenaire : celui des relations, c'est-à-dire de l'amitié, entre la France et l'Ethiopie.
Ce centenaire fait référence, comme vous le savez, à une série d'événements qui se sont passés en 1897 : la lettre envoyée en mars par l'empereur Menelik II au président Félix Faure pour lui proposer d'établir des relations diplomatiques entre nos deux pays et, à peine trois mois plus tard, l'arrivée à Addis-Abeba, ''la nouvelle fleur", de Léonce Lagarde, qui fut ensuite pendant 10 ans ministre de France en Ethiopie et auquel fut conféré par l'empereur Menelik le titre, transmissibles à ses héritiers, mais non à ses successeurs, de "Duc d'Entoto".
Mais les relations entre nos deux vieux pays remontent bien plus loin que cela, et ne se sont jamais bornées à des relations officielles entre Etats. Au début du XVIIème siècle en effet, le Cardinal de Richelieu était déjà en relations avec l'empereur d'Abyssinie, et le Roi Soleil avait envoyé en 1702 à la Cour de Gondar un ambassadeur qui n'eut pas la chance d'arriver au terme de son voyage. En dehors de ces contacts, dont attestent plusieurs documents exposés ici, ces cent ans d'amitié que nous célébrons aujourd'hui ont été nourris par des échanges à la fois multiples et constants.
Depuis plus de cent ans, l'Ethiopie a fasciné la France ; depuis plus de cent ans, de nombreux Français se sont rendus en Ethiopie, où ils ont voyagé et où ils ont tissé des liens parfois très étroits avec le peuple éthiopien. Je pense à des explorateurs, comme Du Bourg de Bozas, à des médecins, comme Charles Poncet et le Dr Vitalien, à des linguistes, comme Mondon Vidalhet ou les frères D'Abbadie, à des ethnologues, comme Michel Leiris ou Marcel Griaule, et à bien d'autres, sans oublier bien sûr des aventuriers comme le poète Arthur Rimbaud ou l'écrivain Henry de Monfreid. Tous ces Français ont joué, chacun à sa manière et dans son domaine propre, un rôle de premier plan pour faire connaître les richesses de ce grand et beau pays, non seulement à leur compatriotes, mais également au reste du monde. S'ils ont pu le faire, je crois qu'il faut le souligner, c'est en grande partie grâce à l'amitié que leur ont témoigné de nombreux Ethiopiens, qui ont eux aussi contribué avec beaucoup de talent à la défense et à l'illustration de notre culture et de notre langue. C'est à tous ces hommes et à ces femmes, qui ont vécu le dialogue entre nos deux cultures, et dont vous êtes en quelque sorte les héritiers, que je voudrais rendre hommage aujourd'hui.
Nos histoires respectives ont connu des aléas. Nous avons été plus ou moins présents dans ce pays, nous y avons été plus ou moins actifs ou utiles, mais nous n'avons jamais cessé, même aux heures les plus sombres, de nous préoccuper de son sort et du devenir de nos amis éthiopiens. Je crois que personne n'ignore ici l'engagement de la France pour que soit préservée, alors que plusieurs puissances se disputaient la corne de l'Afrique, l'indépendance de l'Ethiopie, ni le soutien actif qui a été prêté par la France à l'adhésion de l'Ethiopie à la Société des Nations en 1923, ni enfin la contribution des Forces françaises libres à la libération du pays, en 1941.
Ce passé, qui a fait de nous de vieilles connaissances et, je crois pouvoir le dire, des amis véritables et sincères, ne doit pas, bien entendu, nous empêcher de nous tourner résolument aujourd'hui vers l'avenir. Je constate avec beaucoup de satisfaction que nos relations sont en plein essor, et ceci dans tous les domaines. Les visites qu'ont effectuées en France, d'abord en janvier 1993 M. Seyoum Mesfin, ministre des Affaires étrangères, puis surtout, en janvier 1996, M Meles Zenawi, Premier ministre de la République fédérale démocratique d'Ethiopie, ont véritablement donné le signal d'un nouveau départ, et renoué au plus haut niveau un dialogue qui s'était quelque peu relâché dans le passé pour des raisons qui sont connues de tous.
Nos relations économiques, commerciales et financières gagnent chaque jour en force et en substance. Nos échanges commerciaux ont ainsi augmenté de 50 % entre 1993 et 1996, et la France est devenue récemment, je voudrais ici le souligner, le deuxième investisseur étranger en Ethiopie. En mai dernier, une très importante délégation du CNPF international, conduite par M. Michel Roussin, est venue en Ethiopie ; elle a été suivie par les 115 sociétés françaises qui ont participé à Addis-Abeba à l'exposition "France 2000" ; tous ces événements témoignent du très vif intérêt que nos entreprises portent au marché éthiopien ; nos résultats attestent également du dynamisme des sociétés françaises qui ont choisi, depuis 6 ans, de mettre à profit la politique de libéralisation économique engagée par le gouvernement éthiopien pour intervenir dans une zone qui leur est peut-être moins familière que d'autres parties de l'Afrique ; des sociétés françaises qui, malgré les difficultés et le plus souvent grâce à l'appui de notre ambassade, ont réussi à s'imposer, à prendre pied dans le pays, à faire connaître la qualité des produits et des services français et, finalement, à emporter des contrats importants.
Dans le domaine culturel, et dans celui de la coopération scientifique et technique, la densité de nos relations est tout aussi remarquable. De nombreux experts français, représentant plusieurs administrations, sont venus à Addis-Abeba il y a tout juste un mois pour préparer la grande commission mixte de Coopération, qui se tiendra ici en décembre en présence de M. Josselin, secrétaire d'Etat à la Coopération. Les moyens que nous mettons en oeuvre pour faire progresser notre coopération dans ces domaines sont importants, notamment depuis que la Caisse française de Développement a décidé d'intervenir en Ethiopie. Les outils dont nous disposons sont de toute première qualité. Je veux parler bien sûr de la prestigieuse Alliance franco-éthiopienne d'Addis-Abeba, où nous nous trouvons aujourd'hui, et qui contribue de manire tout à fait remarquable à la diffusion de notre langue et de notre culture mais est aussi, je le souligne, très accueillante à la production culturelle éthiopienne. Je tiens à saluer son président et à féliciter son comité. Je pense également au lycée franco-éthiopien Guebre Mariam, qui dispense depuis cinquante ans - encore un anniversaire franco-éthiopien cette année - un enseignement dont la grande qualité est unanimement reconnue, et où sont inscrits cette année 1800 élèves, dont les deux tiers d'Ethiopiens. Je ne voudrais enfin à aucun prix oublier l'Alliance française de Dire Dawa, dont l'école scolarise 600 petits Ethiopiens et dont l'action, indispensable à la pérennité de la langue française au sein du Chemin de Fer djibouto-éthiopien, dont Dire Dawa est le centre, mérite d'être soutenue et encouragée.
Je me réjouis tout particulièrement de constater que nos amis éthiopiens souhaitent apprendre davantage notre langue. Nous ferons tout pour répondre à cette demande qui ne cesse de croître. Parmi les projets auxquels nous songeons, je me contenterai de mentionner la création d'une licence de français à l'Université d'Addis-Abeba.
Tous ces développements, qui ne sont qu'un début, ne seraient pas possibles sans vous, les Français, de plus en plus nombreux d'ailleurs, qui vivez et travaillez en Ethiopie, sans l'appui amical des autorités éthiopiennes que je salue ici et que je remercie, et sans vous les Ethiopiens qui aimez notre pays et qui souhaitez que nos relations continuent de se développer. Beaucoup d'entre vous ont traversé des années chargées d'Histoire ; beaucoup d'entre vous ont connu des bouleversements politiques, économiques et sociaux qui ont, parfois, été fertiles en épreuves. Vous tous, vous êtes aujourd'hui les témoins et les acteurs de la profonde mutation que connaît le pays à la fois très ancien et très jeune dans lequel vous vivez : un pays très ancien, avec ses richesses uniques, avec sa civilisation plusieurs fois millénaire, avec sa fierté aussi, une fierté légitime, qu'il tire de ses glorieuses origines, étroitement mêlées à celles des trois religions révélées, et de son passé de résistance aux dominations étrangères. Mais également un pays très jeune, qui n'a rompu que depuis six ans avec un passé qui était celui d'un empire féodal suivi par une dictature de dix-sept ans ; un pays qui s'efforce de mettre en oeuvre une politique de libéralisation à la fois politique et économique, et de faire évoluer un centralisme impérial qui a marqué ses limites vers un fédéralisme totalement nouveau dans cette partie de l'Afrique ; un pays enfin qui s'ouvre sur le monde et sur la modernité.
C'est à vous tous qu'il appartient de tirer parti de cette mutation, de l'accompagner pour le plus grand bénéfice de nos pays respectifs, de manière à faire de ce centenaire de l'amitié entre la France et l'Ethiopie, non pas un bilan un peu nostalgique, mais un pari résolu sur l'avenir, sur notre avenir partagé.
( source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 octobre 2001)
J'ai tenu à inclure Addis-Abeba dans cette première tournée que j'effectue à travers le continent africain depuis ma prise de fonctions. Je l'ai fait non seulement parce qu'Addis-Abeba est la capitale diplomatique de l'Afrique, elle abrite le siège de plusieurs organisations panafricaines, dont l'Organisation de l'unité africaine devant laquelle j'aurai l'honneur tout à l'heure, de prendre la parole, mais également parce qu'Addis-Abeba est la capitale d'un grand pays, d'un pays avec lequel la France entretient depuis très longtemps des relations d'amitié, nourries par des échanges qui ont été à la fois denses et variés.
Comme vous le savez, nous célébrons cette année le centenaire de ces relations d'amitié, un centenaire qui a donné lieu depuis le début de l'année à de multiples manifestations, qui se poursuivront jusqu'au début de l'année prochaine : je viens d'ailleurs d'inaugurer à l'Alliance éthio-française une très belle exposition consacrée à "Cent ans d'amitié entre la France et l'Ethiopie". Cette commémoration, qui fait référence à l'établissement de relations diplomatiques entre la France et l'Ethiopie, à l'époque de l'empereur Ménélik II et du président Félix Faure, ne doit pas être seulement un bilan du passé : elle doit également, et surtout, inciter nos deux pays à se tourner vers l'avenir.
C'est dans cette perspective que je souhaite placer ma visite en Ethiopie. Ma présence ici parmi vous constitue d'abord une marque de l'intérêt très vif que la France témoigne et continuera de témoigner au continent africain tout entier et à la Corne de l'Afrique en particulier, une Corne de l'Afrique où l'Ethiopie est appelée à jouer, non seulement en raison de son importance intrinsèque, mais également en vertu de la stabilité dont elle a su se doter après plusieurs années de guerre civile, un rôle tout à fait essentiel et très positif.
Au-delà de cet aspect général, ma présence ici s'inscrit dans le cadre de la dynamique qui a été créée par les visites qu'ont effectué en France, d'abord vous-même, Monsieur le ministre, en janvier 1993, puis, en janvier 1996, M. Meles Zenawi, Premier ministre de la République fédérale démocratique d'Ethiopie.
J'ai le plaisir de constater que nos relations sont aujourd'hui en plein essor. Nos échanges commerciaux ont augmenté de 50 % entre 1993 et 1996, et nos entreprises, encouragées par la politique de libéralisation mise en oeuvre par votre gouvernement, et par les progrès que connaît le développement économique de votre pays, sont de plus en plus nombreuses à venir en Ethiopie, à y faire connaître la qualité de nos produits et à s'y implanter. La France est d'ores et déjà, je me réjouis de pouvoir le souligner, le deuxième investisseur étranger en Ethiopie.
Dans le domaine culturel, et dans celui de la coopération scientifique et technique, nous menons une action très ancienne, très ancienne, qu'il convient aujourd'hui d'adapter aux nouvelles demandes auxquelles nous devons faire face. Nous avons les moyens de le faire, d'abord grâce aux hommes et aux femmes qui, de part et d'autre, travaillent quotidiennement au renforcement de nos relations bilatérales, mais aussi grâce aux remarquables outils dont nous disposons ; je pense naturellement au lycée Guebre Mariam, qui dispense depuis tout juste cinquante ans un enseignement de grande qualité à des centaines d'élèves, en majorité éthiopiens ; je pense également à nos prestigieuses alliances éthio-françaises d'Addis-Abeba et de Dire Dawa. C'est précisément pour définir ensemble ces objectifs et répondre de manière concertée aux défis de l'avenir que se réunira ici, dans quelques semaines, la grande commission mixte de Coopération, qui sera présidée du côté français par mon collègue, M. Charles Josselin, le secrétaire d'Etat à la Coopération. En décidant d'intervenir en Ethiopie, la Caisse francaise de Développement nous donnera, en outre les moyens de faire progresser notre coopération dans tous les domaines que nous identifierons ensemble.
A travers des contacts qui remontent à plusieurs siècles, nos deux pays se sont découverts et ont appris à se connaître. Ils sont devenus, je le crois, des amis et, en dépit des vicissitudes d'une histoire qui a été fertile en rebondissements et parfois même en drames, ils le sont restés, comme en témoigne aujourd'hui notre rencontre. C'est sur cette amitié, solide et sincère, qu'il nous appartient aujourd'hui d'inventer, dans une Afrique en pleine mutation, les données d'un véritable partenariat.
En vous remerciant une fois encore pour votre accueil, je lève mon verre à votre santé, Monsieur le Ministre, et à celle de tous vos collaborateurs ; je lève également mon verre à notre amitié, à l'amitié entre la France et l'Ethiopie, et à l'avenir de cette amitié./.
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Je voudrais vous dire d'abord, en mon nom et au nom de tous les membres de la délégation qui m'accompagne, tout le plaisir que j'ai d'être aujourd'hui parmi vous, à l'occasion de ma toute première visite en Ethiopie. Je suis particulièrement heureux d'inaugurer cette très belle exposition consacrée à "Cent ans d'amitié entre la France et l'Ethiopie", une exposition qui constitue le temps fort d'une année consacrée à la célébration d'un centenaire : celui des relations, c'est-à-dire de l'amitié, entre la France et l'Ethiopie.
Ce centenaire fait référence, comme vous le savez, à une série d'événements qui se sont passés en 1897 : la lettre envoyée en mars par l'empereur Menelik II au président Félix Faure pour lui proposer d'établir des relations diplomatiques entre nos deux pays et, à peine trois mois plus tard, l'arrivée à Addis-Abeba, ''la nouvelle fleur", de Léonce Lagarde, qui fut ensuite pendant 10 ans ministre de France en Ethiopie et auquel fut conféré par l'empereur Menelik le titre, transmissibles à ses héritiers, mais non à ses successeurs, de "Duc d'Entoto".
Mais les relations entre nos deux vieux pays remontent bien plus loin que cela, et ne se sont jamais bornées à des relations officielles entre Etats. Au début du XVIIème siècle en effet, le Cardinal de Richelieu était déjà en relations avec l'empereur d'Abyssinie, et le Roi Soleil avait envoyé en 1702 à la Cour de Gondar un ambassadeur qui n'eut pas la chance d'arriver au terme de son voyage. En dehors de ces contacts, dont attestent plusieurs documents exposés ici, ces cent ans d'amitié que nous célébrons aujourd'hui ont été nourris par des échanges à la fois multiples et constants.
Depuis plus de cent ans, l'Ethiopie a fasciné la France ; depuis plus de cent ans, de nombreux Français se sont rendus en Ethiopie, où ils ont voyagé et où ils ont tissé des liens parfois très étroits avec le peuple éthiopien. Je pense à des explorateurs, comme Du Bourg de Bozas, à des médecins, comme Charles Poncet et le Dr Vitalien, à des linguistes, comme Mondon Vidalhet ou les frères D'Abbadie, à des ethnologues, comme Michel Leiris ou Marcel Griaule, et à bien d'autres, sans oublier bien sûr des aventuriers comme le poète Arthur Rimbaud ou l'écrivain Henry de Monfreid. Tous ces Français ont joué, chacun à sa manière et dans son domaine propre, un rôle de premier plan pour faire connaître les richesses de ce grand et beau pays, non seulement à leur compatriotes, mais également au reste du monde. S'ils ont pu le faire, je crois qu'il faut le souligner, c'est en grande partie grâce à l'amitié que leur ont témoigné de nombreux Ethiopiens, qui ont eux aussi contribué avec beaucoup de talent à la défense et à l'illustration de notre culture et de notre langue. C'est à tous ces hommes et à ces femmes, qui ont vécu le dialogue entre nos deux cultures, et dont vous êtes en quelque sorte les héritiers, que je voudrais rendre hommage aujourd'hui.
Nos histoires respectives ont connu des aléas. Nous avons été plus ou moins présents dans ce pays, nous y avons été plus ou moins actifs ou utiles, mais nous n'avons jamais cessé, même aux heures les plus sombres, de nous préoccuper de son sort et du devenir de nos amis éthiopiens. Je crois que personne n'ignore ici l'engagement de la France pour que soit préservée, alors que plusieurs puissances se disputaient la corne de l'Afrique, l'indépendance de l'Ethiopie, ni le soutien actif qui a été prêté par la France à l'adhésion de l'Ethiopie à la Société des Nations en 1923, ni enfin la contribution des Forces françaises libres à la libération du pays, en 1941.
Ce passé, qui a fait de nous de vieilles connaissances et, je crois pouvoir le dire, des amis véritables et sincères, ne doit pas, bien entendu, nous empêcher de nous tourner résolument aujourd'hui vers l'avenir. Je constate avec beaucoup de satisfaction que nos relations sont en plein essor, et ceci dans tous les domaines. Les visites qu'ont effectuées en France, d'abord en janvier 1993 M. Seyoum Mesfin, ministre des Affaires étrangères, puis surtout, en janvier 1996, M Meles Zenawi, Premier ministre de la République fédérale démocratique d'Ethiopie, ont véritablement donné le signal d'un nouveau départ, et renoué au plus haut niveau un dialogue qui s'était quelque peu relâché dans le passé pour des raisons qui sont connues de tous.
Nos relations économiques, commerciales et financières gagnent chaque jour en force et en substance. Nos échanges commerciaux ont ainsi augmenté de 50 % entre 1993 et 1996, et la France est devenue récemment, je voudrais ici le souligner, le deuxième investisseur étranger en Ethiopie. En mai dernier, une très importante délégation du CNPF international, conduite par M. Michel Roussin, est venue en Ethiopie ; elle a été suivie par les 115 sociétés françaises qui ont participé à Addis-Abeba à l'exposition "France 2000" ; tous ces événements témoignent du très vif intérêt que nos entreprises portent au marché éthiopien ; nos résultats attestent également du dynamisme des sociétés françaises qui ont choisi, depuis 6 ans, de mettre à profit la politique de libéralisation économique engagée par le gouvernement éthiopien pour intervenir dans une zone qui leur est peut-être moins familière que d'autres parties de l'Afrique ; des sociétés françaises qui, malgré les difficultés et le plus souvent grâce à l'appui de notre ambassade, ont réussi à s'imposer, à prendre pied dans le pays, à faire connaître la qualité des produits et des services français et, finalement, à emporter des contrats importants.
Dans le domaine culturel, et dans celui de la coopération scientifique et technique, la densité de nos relations est tout aussi remarquable. De nombreux experts français, représentant plusieurs administrations, sont venus à Addis-Abeba il y a tout juste un mois pour préparer la grande commission mixte de Coopération, qui se tiendra ici en décembre en présence de M. Josselin, secrétaire d'Etat à la Coopération. Les moyens que nous mettons en oeuvre pour faire progresser notre coopération dans ces domaines sont importants, notamment depuis que la Caisse française de Développement a décidé d'intervenir en Ethiopie. Les outils dont nous disposons sont de toute première qualité. Je veux parler bien sûr de la prestigieuse Alliance franco-éthiopienne d'Addis-Abeba, où nous nous trouvons aujourd'hui, et qui contribue de manire tout à fait remarquable à la diffusion de notre langue et de notre culture mais est aussi, je le souligne, très accueillante à la production culturelle éthiopienne. Je tiens à saluer son président et à féliciter son comité. Je pense également au lycée franco-éthiopien Guebre Mariam, qui dispense depuis cinquante ans - encore un anniversaire franco-éthiopien cette année - un enseignement dont la grande qualité est unanimement reconnue, et où sont inscrits cette année 1800 élèves, dont les deux tiers d'Ethiopiens. Je ne voudrais enfin à aucun prix oublier l'Alliance française de Dire Dawa, dont l'école scolarise 600 petits Ethiopiens et dont l'action, indispensable à la pérennité de la langue française au sein du Chemin de Fer djibouto-éthiopien, dont Dire Dawa est le centre, mérite d'être soutenue et encouragée.
Je me réjouis tout particulièrement de constater que nos amis éthiopiens souhaitent apprendre davantage notre langue. Nous ferons tout pour répondre à cette demande qui ne cesse de croître. Parmi les projets auxquels nous songeons, je me contenterai de mentionner la création d'une licence de français à l'Université d'Addis-Abeba.
Tous ces développements, qui ne sont qu'un début, ne seraient pas possibles sans vous, les Français, de plus en plus nombreux d'ailleurs, qui vivez et travaillez en Ethiopie, sans l'appui amical des autorités éthiopiennes que je salue ici et que je remercie, et sans vous les Ethiopiens qui aimez notre pays et qui souhaitez que nos relations continuent de se développer. Beaucoup d'entre vous ont traversé des années chargées d'Histoire ; beaucoup d'entre vous ont connu des bouleversements politiques, économiques et sociaux qui ont, parfois, été fertiles en épreuves. Vous tous, vous êtes aujourd'hui les témoins et les acteurs de la profonde mutation que connaît le pays à la fois très ancien et très jeune dans lequel vous vivez : un pays très ancien, avec ses richesses uniques, avec sa civilisation plusieurs fois millénaire, avec sa fierté aussi, une fierté légitime, qu'il tire de ses glorieuses origines, étroitement mêlées à celles des trois religions révélées, et de son passé de résistance aux dominations étrangères. Mais également un pays très jeune, qui n'a rompu que depuis six ans avec un passé qui était celui d'un empire féodal suivi par une dictature de dix-sept ans ; un pays qui s'efforce de mettre en oeuvre une politique de libéralisation à la fois politique et économique, et de faire évoluer un centralisme impérial qui a marqué ses limites vers un fédéralisme totalement nouveau dans cette partie de l'Afrique ; un pays enfin qui s'ouvre sur le monde et sur la modernité.
C'est à vous tous qu'il appartient de tirer parti de cette mutation, de l'accompagner pour le plus grand bénéfice de nos pays respectifs, de manière à faire de ce centenaire de l'amitié entre la France et l'Ethiopie, non pas un bilan un peu nostalgique, mais un pari résolu sur l'avenir, sur notre avenir partagé.
( source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 octobre 2001)