Texte intégral
JOURNALISTE
Votre invitée, Jean-Jacques, la secrétaire d'Etat chargée des Droits des femmes, Pascale BOISTARD.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bonjour.
PASCALE BOISTARD
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous. Vous êtes aussi députée d'Amiens, et il y a eu un drame hier soir
PASCALE BOISTARD
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
dans votre circonscription, un homme de 47 ans a tiré sur sa compagne
PASCALE BOISTARD
Il l'a tuée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
qu'il a tuée, et il a tiré sur des policiers aussi.
PASCALE BOISTARD
Oui. C'est vraiment un drame, à la fois un féminicide, il faut appeler les choses par leur nom. Une femme
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un féminicide, oui, c'était
PASCALE BOISTARD
C'est-à-dire qu'on tue une femme, parce qu'elle est femme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu'elle est femme. Il l'a tuée parce qu'elle est femme.
PASCALE BOISTARD
Oui, parce que c'est sa compagne et il devait
JEAN-JACQUES BOURDIN
La jalousie, enfin, bon
PASCALE BOISTARD
Je ne sais pas, en tout cas
JEAN-JACQUES BOURDIN
On ne sait pas.
PASCALE BOISTARD
il l'a tuée, et vous savez qu'une femme meurt sous les coups de son compagnon, tous les trois jours en France, donc c'est encore un drame qui s'ajoute aux autres, et puis je tenais aussi à saluer les policiers, trois ont été blessés hier soir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quel est leur état de santé ce matin ?
PASCALE BOISTARD
Je crois que, voilà, ils ont été hospitalisés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, et leur vie n'est pas en danger.
PASCALE BOISTARD
Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Heureusement. Trois policiers qui sont intervenus ont été blessés dans ce drame. Bien, Pascale BOISTARD, parlons des femmes, puisque vous défendez les femmes, vous êtes chargée des Droits des femmes. Dans les transports, vous présentez tout à l'heure votre plan national de lutte contre le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans les transports en commun, tous les transports en commun, que ce soit le tram, le bus, le métro, le RER, je ne sais pas moi, le car, enfin bon, etc. etc., le train. Il y a ces agressions sexuelles permanentes. Alors, plusieurs mesures, vous annoncez plusieurs mesures, on va les prendre, une dizaine de mesures, je crois.
PASCALE BOISTARD
Oui, douze.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On va les prendre une par une. Combien ?
PASCALE BOISTARD
Douze.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Douze mesures, exactement. Par exemple, la suppression des images à caractère sexiste dans les transports en commun. C'est-à-dire ?
PASCALE BOISTARD
Eh bien ça veut dire travailler avec les publicitaires, mais aussi les transporteurs, pour que les espaces, justement, dans les transports, ne soient pas consacrés à alimenter justement, ce harcèlement sexiste, c'est-à-dire des images dégradantes pour la femme
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des pubs ? Des pubs sur les murs du métro, par exemple ?
PASCALE BOISTARD
Oui. Et d'ailleurs, moi je remercie
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous en avez vues ? Vous en avez vues ?
PASCALE BOISTARD
On a tous et toutes vu, c'est assez récurrent malheureusement. Donc on ne peut pas, à la fois, le gouvernement s'empare avec les transporteurs, que je remercie d'ailleurs de travailler avec nous, lutter contre le harcèlement sexiste et continuer à produire des images qui dégradent l'image de la femme et en plus fait considérer que la femme serait un objet à disposition de tous, donc
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez en tête, une pub, il y aurait une pub, par exemple, actuellement, qui vous choque, dans le métro.
PASCALE BOISTARD
Je crois qu'il y en a une qui choque, c'est sur un des grands magasins parisiens, qui en ce moment défraie un petit peu, justement, ce type d'image de la femme.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, on la voit, GALERIES LAFAYETTE, oui.
PASCALE BOISTARD
C'est bien de fêter les soldes
JEAN-JACQUES BOURDIN
« L'été vit plus fort ».
PASCALE BOISTARD
les soldes et l'été, mais on n'est pas obligé de véhiculer ce type d'image.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une femme nue, on la voit à la télévision, hein.
PASCALE BOISTARD
Oui oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'est-ce qui vous choque dans cette image ?
PASCALE BOISTARD
Ce n'est pas une question de morale, encore une fois, c'est une question de respect.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. L'image est superbe.
PASCALE BOISTARD
Non, mais cette femme est belle, parce qu'autrement ils ne l'auraient pas prise en photo !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais je Non non non, mais attendez, mais moi je me fais l'avocat du diable.
PASCALE BOISTARD
Mais, en l'occurrence, on ne peut pas vendre des bikinis, voyez, en ne mettant même pas le bikini sur la femme, ça c'est par exemple.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord, c'est ça qui vous choque.
PASCALE BOISTARD
Mais, en fait, on sourit
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle serait en bikini
PASCALE BOISTARD
On sourit comme ça, ce n'est pas si léger que ça, ça contribue aussi à considérer que les femmes sont disponibles, et qu'on peut justement leur dire des choses ou proférer des actes à leur encontre, qui sont, je le rappelle, réprimés par la loi, extrêmement durement. Ce sont des agressions sexuelles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Vous voulez favoriser la mixité dans les entreprises de transport aussi.
PASCALE BOISTARD
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors là, expliquez-moi.
PASCALE BOISTARD
Mais comme on le fait dans toutes les entreprises. Vous savez qu'il y a une loi qui est celle du 4 août 2014, et qui encourage et qui oblige aussi les entreprises à faire de la mixité dans les transports ou dans d'autres
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y a déjà de la mixité dans les transports.
PASCALE BOISTARD
Des gens qui y travaillent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah voilà. ?
PASCALE BOISTARD
Donc
JEAN-JACQUES BOURDIN
Que les choses soient claires.
PASCALE BOISTARD
Pour que ce soit plus équilibré, et d'ailleurs les entreprises sont partantes, parce que c'est aussi un gage de performance et de mieux être au travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous avez imaginé réserver des voitures pour les femmes ? Je ne sais pas, dans les trains, ou dans le métro.
PASCALE BOISTARD
Alors ça, des pays ont décidé
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des pays ont décidé de le faire.
PASCALE BOISTARD
qu'il fallait séparer les hommes des femmes. Nous, ce n'est pas notre projet de société
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non.
PASCALE BOISTARD
Notre projet de société c'est que tout le monde puisse vivre les uns avec les autres, mais par contre dans le respect. Voilà. Et le respect, et respecter la loi, notamment, ça c'est fondamental. Donc nous mettons en place un certain nombre de mesures, pour justement mobiliser d'abord la société, vis-à-vis de ce phénomène qui est inacceptable et que toutes les femmes qui m'écoutent, savent très bien de quoi je parle, et d'avoir une main aux fesses, d'avoir des réflexions déplacées, c'est n'est pas acceptable. Ce n'est pas acceptable et
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ce n'est pas acceptable, mais comment, à moins de mettre un contrôleur dans chaque voiture, comment faire ?
PASCALE BOISTARD
Non mais il n'y a pas qu'un contrôleur dans chaque voiture, c'est pas ça le problème, c'est que ça nous concerne tous et toutes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.
PASCALE BOISTARD
Voilà, ça peut être notre mère, notre soeur
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais on est bien d'accord
PASCALE BOISTARD
Voilà. Donc on met en place des dispositifs concrets, pour justement alerter lorsqu'il y a ce type de situation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais alors c'est quoi ? Instauration de l'alerte par sms, par exemple.
PASCALE BOISTARD
Par exemple, donc avant la fin de l'année, la SNCF veut mettre en place ce type de dispositif. Je rappelle que la SNCF dispose
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire, concrètement ?
PASCALE BOISTARD
C'est-à-dire, vous assistez à un acte extrêmement dur, répréhensible, et on peut avoir peur aussi d'intervenir. Discrètement, par sms, vous pouvez alerter justement le Centre de sécurité de la SNCF, qui peut envoyer et dépêcher des agents. Donc c'est le 31 17, qui existe déjà, pour la
JEAN-JACQUES BOURDIN
A la RATP c'est
PASCALE BOISTARD
A la RATP c'est le 32 48, aujourd'hui, qui existe, et on travaille sur des applications qui sont plus discrètes, plus rapides, de géolocalisation. On veut mettre en place, justement, avec des jeunes ingénieurs informatique, des choses plus performantes encore.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vois aussi que vous voulez expérimenter l'arrêt à la demande, des bus la nuit.
PASCALE BOISTARD
Alors là, je remercie vraiment la maire de Nantes, parce qu'elle a voulu tester, justement, donc ça va être une expérimentation, vous savez, à partir d'une certaine heure, c'est un peu difficile pour les femmes pour rentrer chez elles, et donc l'arrêt à la demande, sur les lignes de bus, en fin de soirée, pour les rapprocher au plus près de leur domicile, ça rassure, et puis c'est une expérimentation qui a été menée aussi au Canada et qui fonctionne bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'est-ce que vous allez annoncer, encore, comme mesures ?
PASCALE BOISTARD
Eh bien c'est aussi, évidemment, de former les agents. Je rappelle qu'il y a plus de 6 000 agents aujourd'hui qui sont consacrés à ces questions, 2 700 policiers et gendarmes et plus de 3 900 dans les transports, donc on va justement accentuer les formations avec eux. Il y a une brigade en Ile-de-France, aussi, de policiers, qui existe, contre ce type de phénomène, donc je les salue aussi, parce qu'on a besoin d'eux. Et puis évidemment, à l'automne nous allons lancer une grande campagne de mobilisation contre ces actes, et ces propos, qui sont proférés au quotidien, à l'encontre des femmes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Eh bien merci beaucoup Pascale BOISTARD.
PASCALE BOISTARD
C'est moi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci pour toutes ces précisions. Alors, on va, je ne sais pas si ça va être efficace ou pas, nous le verrons bien, hein
PASCALE BOISTARD
Alors, en tout cas, nous, on souhaite évaluer ce qu'on va faire, et justement j'y consacre une partie de mon budget, pour qu'on puisse évaluer à la fois les violences et voir quels sont les impacts, justement, du plan qui va être mis en place.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Eh bien écoutez, vous témoignez, 32 16, RMC.fr, sur ce qu'a dit Pascale BOISTARD et sur votre propre expérience.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 juillet 2015