Texte intégral
Q - A moins d'un an de l'Euro 2016, la France est-elle prête ?
R - C'est une chance pour notre pays d'accueillir le 3e événement sportif, après les JO et la Coupe du monde de football. On présente souvent l'Euro comme étant un coût, c'est vrai qu'il a fallu investir 2 Mdeuro, dont 1,7 Mdeuro pour les stades, mais c'est de l'argent bien investi. Vingt mille emplois ont, par exemple, été préservés dans le bâtiment. Le chiffre d'affaires de la compétition devrait tourner autour de 1,5 Mdeuro.
Q - S'agit-il d'un événement véritablement populaire ?
R - L'Euro 2016 n'est pas seulement une manifestation sportive limitée aux 10 stades. Tout le pays doit être mobilisé, il appartient à la France entière. Le sport est une activité qui rassemble, qui dépasse les frontières et les clivages. Au travers de l'Euro 2016, on a créé l'opération «Tous prêts» afin que les clubs lancent des projets en matière de féminisation, de santé, dont les plus innovants seront récompensés par 20 000 billets.
Q - Les récentes affaires à la FIFA n'ont-elles pas trop terni l'image du football ?
R - Ce qu'il s'est passé, et ce qui va continuer à se passer, n'est pas bon pour le sport. J'espère que la démission annoncée de Sepp Blatter permettra d'apaiser les choses. Le sport souffre de deux maux : la corruption et le dopage. Pour les deux, nous devons avoir zéro tolérance. La FIFA est dans la tourmente, mais l'UEFA est bien gérée par un homme compétent. J'ai récemment rencontré M. Jacques Lambert, le patron de la SAS Euro 2016 qui travaille en transparence. Toutes les choses sont sous contrôle.
Q - Y compris en matière de sécurité ?
R - La sécurité est une compétence régalienne de l'État, nous devrons être à la hauteur. On n'accueille pas plus de 1 million de supporteurs étrangers sans assurer la sécurité qu'ils sont en droit d'attendre. Le travail est fait au ministère de l'Intérieur afin d'évaluer le coût de la sécurité, ça se traduira en plusieurs millions d'euros, ce sera la contribution de l'Etat au bon fonctionnement de l'Euro.
Q - Vous parlez avec beaucoup d'éloges de Michel Platini en tant que président de l'UEFA. Peut-il être l'homme de la situation à la FIFA ?
R - Sa décision n'est pas prise, mais c'est un homme respectable et respecté.
Q - Il baigne dans le milieu depuis très longtemps. Est-on certain qu'avec lui ce sera différent ?
R - Heureusement que tout le monde n'est pas corrompu. Pour côtoyer M. Michel Platini depuis que je suis ministre, je pense qu'on a affaire à un homme de valeurs qui est carré, rigoureux, et qui, je crois, représente une certaine image de la France dans le sport international. Il faut avoir à la tête des organisations internationales des hommes et des femmes au-dessus de tout soupçon.
Q - La France va aussi organiser l'Euro de basket en 2017, le Mondial de hand en 2017, la Coupe du monde de football féminin en 2019... Peut-elle économiquement se permettre d'aller sur tous ces terrains ?
R - Oui. On a les équipements, le savoir-faire et de grosses entreprises françaises ou étrangères pour nous accompagner. La Coupe du monde de rugby 2007, les Jeux équestres en 2014 étaient bénéficiaires. C'est possible d'organiser des événements sportifs et de tendre à l'équilibre financier.
Q - Lorsque M. Bernard Lapasset, porteur du projet des JO 2024, annonce un budget de 6,2 Mdseuro, pensez-vous que ce soit réalisable ?
R - Complètement. Je suis sûr qu'on ne débordera pas. On a les équipements, il nous manque le centre aquatique dont on a besoin et le village olympique qui pourra être transformé en 4 000 logements, portés par le privé. On a besoin dans ce pays d'événement fédérateurs. Je crois beaucoup en cette candidature non pas parce que je suis Français, mais parce que je pense qu'elle correspond aux critères du Comité international olympique.
Q - La candidature va coûter 60 Meuro, quelle sera la part de l'État ?
R - 60 Meuro sur deux ans pour prévoir le travail de lobbying, le contenu, l'équipe permanente, ça peut paraître beaucoup d'argent, mais c'est le tarif. 30 Meuro seront assurés par le mouvement sportif et ses partenaires privés. L'autre moitié par les partenaires publiques. L'État a prévu d'investir 10 Meuro, je peux raisonnablement penser que la région Ile-de-France et la Ville de Paris mettront chacun le même montant. L'engouement populaire est formidable, le tweet annonçant la candidature a été vu 148 millions de fois à travers le monde. D'ici à la décision du CIO en 2017, c'est une nation entière qui va se lever.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 juillet 2015