Interview de M. Patrick Kanner, ministre de la ville, de la jeunesse et des sports à I-Télé le 31 juillet 2015, sur la candidature de la France aux Jeux Olympiques d'hiver de 2022.

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Média : Itélé

Texte intégral


JEAN-JEROME BERTOLUS
Bonjour Patrick KANNER.
PATRICK KANNER
Bonjour.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Vous partez cet après-midi sur l'île de la Réunion pour les Jeux des îles de l'océan Indien. Vous êtes en rapport avec le préfet, vous êtes en rapport avec le ministère de l'Intérieur ; est-ce que vous pensez que d'autres débris peuvent être retrouvés ?
PATRICK KANNER
On a retrouvé ce bout d'aile, peut-être celui du vol MH370, peut-être qu'il y aura d'autres débris. Un bout de valise a été trouvé, est-ce que c'est une valise de l'accident ? On n'en sait rien. Les courants vont sûrement charrier d'autres débris s'il s'agit bien de ce même accident. En tout cas, l'enquête est en cours et je serai bien sûr en contact avec le préfet dès ce soir, non pas pour des raisons de ministre de l'Intérieur puisque, vous l'avez dit vous-même, j'y vais pour les Jeux des îles de l'océan Indien.
JEAN-JEROME BERTOLUS
A propos de jeux, tout à l'heure on saura la capitale des Jeux, la ville qui va remporter les Jeux d'hiver de 2022, soit Almaty au Kazakhstan, soit Pékin. Vous avez un pronostic ?
PATRICK KANNER
Ce sont deux belles candidatures.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Pas dans des pays super démocratiques.
PATRICK KANNER
Vous savez, la question qui est posée c'est les pays capables d'organiser de tels événements sportifs. Les deux ont présenté de belles candidatures. J'étais il y a quelques mois sur le Kazakhstan et j'ai vu la candidature d'Almaty, tout à fait recevable. Au CIO de prendre ses responsabilités d'ailleurs en Malaisie.
JEAN-JEROME BERTOLUS
2024, Paris, déjà deux échecs. Ce qui compte en matière de projet, en matière de Jeux olympiques c'est l'enthousiasme populaire. Est-ce qu'il faut consulter les Parisiens par voie de référendum ?
PATRICK KANNER
Vous avez vu ce qui s'est passé à Boston. Boston a lâché prise parce que le mouvement populaire n'était pas suffisamment important et on l'a constaté. Ce n'est pas le cas du tout ni sur Paris, ni sur la France. Aujourd'hui, soixante-dix pourcent des Français sont favorables aux Jeux.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Attendez, c'est un sondage.
PATRICK KANNER
C'est un sondage.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Est-ce qu'il faut un référendum à Paris ?
PATRICK KANNER
Ce n'est pas du tout l'opinion qui est celle d'Anne HIDALGO, ce n'est pas non plus la mienne. Je vous dis très simplement que je pense qu'il faut convaincre. Un référendum, ça braque les choses immédiatement ; ça « solennel-éise », ça dramatise les choses. Moi, je pense qu'il faut convaincre par la qualité de notre candidature, et elle sera belle.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Autre sport, la politique. François REBSAMEN a-t-il commis une erreur ? Peut-on déserter le chômage pour Dijon ?
PATRICK KANNER
Je ne cède pas à cette polémique. D'abord une pensée pour Alain MILLOT, le maire de Dijon qui est décédé le 27 juillet d'un cancer des poumons, vous le savez. François REBSAMEN s'est interrogé, et il s'interroge peut-être encore aujourd'hui, sur le fait qu'il doive remplacer en personne Alain MILLOT.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Sa décision n'est pas prise ? Il l'a dit pourtant.
PATRICK KANNER
Sa décision est potentiellement prise mais il voit aussi la manière dont les médias s'intéressent à ce sujet. Je voudrais vous dire ce que moi j'ai fait. Je vous ai ramené d'ailleurs la charte de déontologie des membres du gouvernement. Cette charte, c'est le premier document que j'ai signé le 27 août quand je suis devenu ministre.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Il y a votre signature effectivement.
PATRICK KANNER
Je vais vous dire – c'est très rapide, rassurez-vous : « Article 4, disponibilité : Les membres du gouvernement consacrent tout leur temps à l'exercice de leurs fonctions ministérielles. Ils doivent de ce fait renoncer aux mandats exécutifs locaux qu'ils peuvent détenir. » Voilà la règle, François REBSAMEN la connaît, il l'assumera naturellement s'il fait le choix de Dijon parce qu'il a été un grand maire de Dijon et il est aussi aujourd'hui un très grand ministre de l'Emploi.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Il y a le cumul des mandats mais il y a la question politique. François HOLLANDE a pris des engagements lundi dernier. Il a pris des engagements très clairs en matière de baisse du chômage, c'est une question au coeur du quinquennat. La rentrée sociale va être importante, il y a plusieurs projets de loi. Est-ce que votre collègue François REBSAMEN peut choisir Dijon versus une question qui intéresse tous les Français ?
PATRICK KANNER
Monsieur BERTOLUS, vous connaissez le principe de la continuité républicaine. Les ministres sont capables d'être changés, d'autres ministres peuvent arriver, accompagner le mouvement, poursuivre le mouvement, le conforter, le renforcer. Aujourd'hui, nous avons une politique de l'emploi à laquelle d'ailleurs je participe moi-même avec notamment toutes les mesures en direction des jeunes puisque je suis aussi ministre de la Jeunesse. Nous sommes dans une démarche interministérielle. L'emploi, c'est porté par un ministre mais c'est aussi accompagné par tout un gouvernement et aussi, bien sûr, par le président de la République. Dans ce cadre-là, la continuité sera de droit même si monsieur REBSAMEN décide de quitter le gouvernement par le biais de sa nouvelle mission au sein de Dijon.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Ce matin en conseil des ministres, il y a aussi la question des treize régions. On va en fait connaître les capitales administratives, là où vont en quelque sorte être basés les super préfets de ces treize régions. Ils vont avoir en face d'eux les présidents des conseils régionaux, à leurs côtés des super recteurs, des super patrons d'autorité régionale de la Santé. Il va y avoir la même chose au niveau départemental, il va y avoir la même chose au niveau de l'intercommunalité, on va avoir un empilement. Ça ne va pas faire du tout d'économies, cette réforme.
PATRICK KANNER
Qu'est-ce que l'action publique ? Qu'est-ce qu'attendent les élus ? Qu'est-ce qu'attendent les citoyens ? Ils attendent des réponses de proximité. La décentralisation est une démarche de proximité. Il n'est pas scandaleux, bien au contraire, qu'il y ait d'un côté des fonctions stratèges, de vision pour l'avenir, qui sont portées au niveau de la région, des préfets de région et aussi des nouveaux et futurs présidents de conseil régional dans ces treize régions. Et puis, il y aura la proximité au travers des fonctions départementalisées y compris au niveau de l'Etat.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Il faut rassurer les villes qui se retrouvent reléguées en Ligue 2 en quelque sorte, les Metz, Besançon.
PATRICK KANNER
Sans trahir de secret, elles auront des services aussi à caractère régional. Ce sera de l'aménagement du territoire. Je vais vous donner un exemple. Je suis issu du Nord, j'ai été président du conseil général du Nord.
JEAN-JEROME BERTOLUS
On va parler du Nord dans un instant.
PATRICK KANNER
Deux millions et demi d'habitants ; la région Limousin, trois fois moins d'habitants avec trois départements. Manifestement, il y avait un problème et aujourd'hui, ces treize régions donnent de la force en fait à l'organisation territoriale de notre pays.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Précisément parlons du Nord, parlons des régionales qui auront lieu au coeur de l'hiver. La gauche arrive complètement désunie mais est-ce que même vous, les socialistes du Nord, vous arrivez unis ? Vous êtes réconciliés, les socialistes nordistes ?
PATRICK KANNER
Le congrès a eu lieu, mes relations avec Martine AUBRY sont apaisées si c'est ça que vous voulez que j'évoque devant vous. Pierre de SAINTIGNON est notre candidat, la tête de liste PS pour la grande région.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Complètement inconnu au point de vue national.
PATRICK KANNER
Plus vous en parlez, plus il devient connu et c'est tant mieux. C'est tant mieux pour lui et c'est tant mieux pour nous.
JEAN-JEROME BERTOLUS
C'est une vraie tête de liste ?
PATRICK KANNER
C'est une tête de liste qui agit, qui fait campagne depuis plus de six mois, qui a été élue par les militants mais qui sait une chose : c'est que la désunion serait mortifère. Tout le travail qu'il porte, que je porte et que porte Martine AUBRY, c'est d'essayer de rassembler la gauche et notamment au moins la gauche qui est déjà dans l'exécutif du conseil régional Nord-Pas-de-Calais aujourd'hui, c'est-à-dire pour être très clair le PS et les Verts.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Mais vous le savez, les Verts et notamment sur le terrain, sont très remontés. Ils accusent le PS en quelque sorte de ne pas avoir de projet ; ils accusent le PS d'être un PS un petit peu des années soixante, qui n'a pas muté. C'est pourquoi d'ailleurs ils iront au premier tour avec leurs propres têtes de listes.
PATRICK KANNER
Et pourquoi sont-ils aujourd'hui dans tous les exécutifs socialistes et d'unité au sein des régions ? Je crois qu'il y a encore quelques mois jusqu'au dépôt de la liste, c'est-à-dire autour de la mi-novembre. Je vous assure que nous ferons tout pour que l'union soit possible.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Un dernier mot. C'est les vacances et donc qui dit vacances, on pense parfois aux colonies de vacances. Vous êtes omniprésent effectivement dans les colonies de vacances.
PATRICK KANNER
C'est mon boulot.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Vous faites des contrôles inopinés et vous voulez en quelque sorte ressusciter ces colonies de vacances. J'ai l'impression qu'entre les colonies de vacances et les cars d'Emmanuel MACRON, ça fleure bon la France des années soixante, non ?
PATRICK KANNER
Les colonies de vacances, c'est un million trois cent mille enfants.
JEAN-JEROME BERTOLUS
En perte de vitesse.
PATRICK KANNER
C'est en perte lente mais en perte. Moi je crois aux vacances collectives, je crois au droit aux vacances et au droit aux vacances collectives. Je les ai, entre guillemets, « pratiquées » ; ça fait de très bons jeunes, des jeunes motivés, des jeunes qui ont de l'émancipation dans la tête, des jeunes qui croient en fait à la mixité sociale et tout cela, c'est les colonies de vacances.
JEAN-JEROME BERTOLUS
C'est cher pour les parents, six cents euros par semaine en moyenne.
PATRICK KANNER
Cinq cents à six cents euros mais souvent des parents qui ne savent pas qu'il y a des aides de la CAF, de l'Etat, des aides aussi des comités d'entreprises, les chèques vacances qui peuvent être utilisés. Surtout, il faut de la qualité, de la qualité et de la sécurité. De la sécurité.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Oui. Est-ce que vous pouvez rassurer les Français ce matin ? C'est ma dernière question ce matin. Les accidents, on parle aussi beaucoup d'histoires de pédophilie ; les parents hésitent maintenant à envoyer leurs enfants en colonie de vacances.
PATRICK KANNER
La sécurité à cent pourcent, ce n'est jamais possible mais il faut tendre à ce zéro tolérance en matière d'insécurité. Dans ce cadre-là, les animateurs, tous les animateurs, les dizaines de milliers d'animateurs qui sont aujourd'hui en centre de vacances sont tous contrôlés dans un système d'informations croisées sur trois fichiers. Je vous assure qu'aujourd'hui, quand un enfant est confié à une colonie de vacances, les animateurs sont des professionnels qualifiés et tout à fait sécures pour les parents. Allez-y, usez des colonies de vacances ! C'est un beau projet encore aujourd'hui.
JEAN-JEROME BERTOLUS
Merci beaucoup, Patrick KANNER, d'avoir été notre invité ce matin. On vous retrouvera sûrement au cours des prochains jours en direct de l'île de la Réunion si, bien sûr, on retrouve de nouveaux débris.
PATRICK KANNER
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 4 août 2015