Texte intégral
NICOLAS TEILLARD
L'invité politique du 6/9 ce matin est donc le secrétaire d'Etat chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Bonjour Thierry MANDON.
THIERRY MANDON
Bonjour.
NICOLAS TEILLARD
Député de l'Essonne avant votre entrée au gouvernement en juin 2014, vous avez changé de portefeuille en juin dernier pour rejoindre le ministère de l'Education nationale où vous avez notamment la charge des universités. L'UNEF, premier syndicat étudiant, a pointé il y a quelques semaines les sélections pratiquées dans les filières générales à l'Université. Est-ce que c'est un dossier qui avance ?
THIERRY MANDON
C'est un dossier pour lequel nous avons mobilisé tous les recteurs, c'est-à-dire les hommes et les femmes qui en région sont responsables de tout l'enseignement et de l'enseignement supérieur pour que chaque cas individuel soit traité d'ici la rentrée pour que les étudiants puissent suivre les cours à l'université.
NICOLAS TEILLARD
Ça veut dire que c'est en cours ?
THIERRY MANDON
Ça veut dire que c'est en cours. D'ici le mois de septembre, parce qu'il y a toujours des inscriptions et des abandons durant l'été, donc il faut attendre d'avoir la vision claire des effectifs d'ici le mois de septembre, tout cela sera réglé, en tout cas pour la rentrée 2016.
NICOLAS TEILLARD
Il y aura une solution pour chaque étudiant ? Vous comprenez leur inquiétude quand même d'attaquer l'été comme ça sans savoir où ils vont se retrouver à la rentrée ?
THIERRY MANDON
Non seulement je la comprends mais je pense qu'on doit ouvrir les yeux très grands pour comprendre ce qui est en train de se passer. Ce qui se passe, c'est un choc démographique considérable à l'université. Chaque année, c'est à peu près entre trente à cinquante mille étudiants nouveaux, c'est-à-dire l'équivalent de deux universités de plus qui ne sont pas créées. On demande aux universités actuelles d'accueillir des nombres très importants d'étudiants supplémentaires et c'est cette situation-là qu'il faut traiter dans la durée.
NICOLAS TEILLARD
La rentrée, c'est dans un peu plus d'un mois justement. En dehors de ces problèmes de sélection illégale, on le rappelle, est-ce que c'est une rentrée qui s'annonce bien ?
THIERRY MANDON
Oui. Elle s'annonce bien dans un service public sous tension. Encore une fois, ce choc démographique qui, en plus, oblige en termes de qualité d'enseignement à développer des programmes très spécifiques parce que plus il y a d'étudiants et plus ils sont hétérogènes, différents, tout ça implique et impliquera pour les années qui viennent une mobilisation financière supérieure de la nation en direction de ses universités. Pour la rentrée 2016, les choses iront. Le budget 2016 est un budget qui permet de répondre aux besoins mais à l'évidence, il faudra augmenter les moyens contractuels de l'enseignement supérieur dans les années qui viennent.
NICOLAS TEILLARD
Thierry MANDON, vous étiez encore récemment en charge de la réforme de l'Etat au gouvernement. Le passage à treize régions est acté, les capitales régionales viennent d'être désignées avec parfois un partage des centres de décision entre deux villes on pense en Midi-Pyrénées à Toulouse et Montpellier -, avec aussi des mobilités en vue pour au moins un millier d'agents territoriaux. Est-ce que la simplification promise est vraiment au rendez-vous ?
THIERRY MANDON
Oui, parce que ce qu'on ne dit pas assez, c'est qu'avec la nouvelle carte des régions, qui désormais voit treize grandes régions en France listées, s'accompagne un mouvement de transfert de pouvoirs de l'administration centrale, c'est-à-dire de Paris, aux administrations d'Etat dans les régions. C'est-à-dire qu'on rapproche le pouvoir effectif en matière d'aménagement du territoire, en matière de développement économique, en matière d'emploi, on le rapproche du terrain pour que la coopération entre l'Etat d'un côté dans les régions et les élus locaux soit bien plus importante. A termes, cela permet des économies.
NICOLAS TEILLARD
Et en même temps, Thierry MANDON, on augmente les distances à l'intérieur d'une même région pour des agents.
THIERRY MANDON
Oui. D'abord, ils seront affectés. Les agents ne vont pas circuler comme ça toute la journée dans tous les sens, ils sont affectés. Soit ils sont affectés pour un certain nombre de fonctions stratégiques centrales au chef-lieu régional ; soit ils sont affectés pour certaines missions particulières la culture, l'agriculture par exemple pour Amiens dans des villes qui ne sont pas capitales mais qui ont une activité spécifique très importante. Les agents sont donc en poste, ils n'ont pas à circuler, et je trouve intelligent que l'Etat ait enfin compris que la vérité n'est pas toujours au centre, qu'on peut délocaliser, qu'on peut en fonction des particularités de telle grande région mettre telle direction dans tel endroit plutôt que tout regrouper au niveau central. C'est une maturité dans l'organisation de l'Etat.
NICOLAS TEILLARD
Il y a quand même des élus ruraux qui sont particulièrement inquiets, qui parlent d'un abandon de plus en plus important des zones rurales justement, d'une concentration des moyens au profit des grandes métropoles.
THIERRY MANDON
Oui, alors il y a un diagnostic qui est juste dans ce que vous dites, c'est ce qu'on appelle la métropolisation, c'est-à-dire le fait que les dynamiques économiques territoriales de plus en plus sont des dynamiques autour des grandes zones urbaines des grandes villes et que certaines régions, certaines parties des territoires, se sentent délaissées. Ce n'est pas le cas au plan des politiques publiques, au contraire. On fait énormément d'efforts en politiques publiques, en organisation des services, pour s'occuper des zones rurales. D'ailleurs à Amiens, il y a peu de temps, nous avons fait un séminaire sur ce sujet. Il faut probablement profiter de la mise en place de ces nouvelles régions pour renforcer les moyens consacrés à la solidarité interrégionale, c'est-à-dire à ces parties de territoires régionaux qui souffrent et qui se sentent un peu abandonnées.
NICOLAS TEILLARD
Un mot encore Thierry MANDON du sujet de la semaine, c'est Calais, c'est la gestion des migrants autour du tunnel sous la Manche. Bernard CAZENEUVE tente de trouver des solutions avec son homologue britannique. On a l'impression quand même qu'il va falloir de vraies mesures et pas des pansements cette fois pour régler ce problème. Est-ce qu'elles sont là, les mesures ?
THIERRY MANDON
Oui, parce qu'on gère plus les frontières que les migrants en l'espèce. Les migrants en France à Calais sont accueillis dans des conditions le plus organisé possible, c'est-à-dire parfois quand même très, très précaires, mais ce qu'on gère ce n'est pas la situation des migrants, ce n'est pas les flux de migrants qui arrivent, ce n'est pas les flux de migrants qui partent de l'Afrique pour arriver en Europe. Ce qu'on gère, encore une fois, c'est les frontières. Il faut se rendre compte que, avec difficulté d'ailleurs, c'est une toute petite partie très limitée de la question bien plus grande des migrants qui appelle à un vrai traitement international et des mesures plus efficaces, notamment pour lutter contre les trafics organisés de migrants.
NICOLAS TEILLARD
Thierry MANDON, secrétaire d'Etat chargé de l'Enseignement supérieur et de la recherche, invité de France Info ce matin. Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 août 2015