Texte intégral
ANTOINE GENTON
L'invité politique d'i-Télé à présent est ce matin Jean-Marie LE GUEN, Secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement. Il répond à vos questions, Camille LANGLADE.
CAMILLE LANGLADE
Bonjour Jean-Marie LE GUEN.
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour Camille LANGLADE.
CAMILLE LANGLADE
Marine LE PEN convoque son père en conseil disciplinaire. Le Front national sans Jean-Marie LE PEN, c'est un parti comme les autres ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, ce ne sera toujours pas un parti comme les autres pour la bonne et simple raison qu'on voit bien qu'il y a une dispute autour de la problématique du pouvoir, éventuellement d'ailleurs de l'image, mais sur le fond les racines, le discours de Jean-Marie LE PEN, Marine LE PEN le connaît depuis j'allais dire sa naissance. Elle connaît les orientations politiques de son père ; ses propos, elle les a même entendus en privé sans doute plus encore qu'en public. Pourtant, elle a fait le choix d'adhérer au Front national, d'en prendre la présidence avec le soutien de son père. Aujourd'hui son père cette espèce de vitrine un petit peu décadente évidemment la gêne dans sa stratégie politique, elle l'écarte. C'est donc à mon avis relativement un faux semblant tant qu'elle n'a pas abjuré en quelque sorte et le mot est, me semble-t-il, important tout ce qui est, tout ce que sont les orientations, les déclarations, l'histoire même du Lepénisme.
CAMILLE LANGLADE
Il n'y a pas de différence entre Marine LE PEN et son père pour vous ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Il y a la volonté d'afficher des différences. Je dis simplement qu'elle a adhéré à un parti, elle en a pris la direction avec l'aide de son père en connaissant parfaitement les orientations philosophiques et politiques de son père ?
CAMILLE LANGLADE
C'est un peu tard pour se séparer de son père ? C'est ce que vous voulez dire ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais ce n'est pas clair. Il ne suffit pas d'écarter une personne qui vous gêne pour renoncer à ce qui a été l'ADN de cette formation politique. Voilà, c'est tout. Deuxièmement, la remarque c'est que tout ça n'est pas clair. Ça montre bien la structure du Front national qui est une structure qui n'est pas démocratique, où c'est des affaires familiales qui deviennent des affaires politiques tellement ce parti est dans les mains d'une famille, et tellement cette famille d'ailleurs vit de ce parti et de ses idées depuis maintenant quarante ans. Tout ceci, me semble-t-il, devrait éclairer nos compatriotes, ceux qui se posent peut-être des questions, qui parfois même peuvent entendre le discours de Marine LE PEN en s'interrogeant parce qu'il y a un certain nombre de problèmes dans notre pays, ils devraient comprendre en voyant ce qui se passe que véritablement ce n'est pas ce qu'ils croient ou ce qu'ils feignent d'ignorer mais qui est bien présent dans le Front national, son action, ses leaders.
CAMILLE LANGLADE
Pourtant le Front national reste majoritaire dans les sondages, en tête dans certaines régions à l'approche des élections de décembre.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, parce que je pense que le Front national parle d'un certain nombre de choses dont trop souvent nous ne parlons pas. Je pense que les solutions qu'il propose sont effectivement de très mauvaises solutions qui ne feraient qu'aggraver la situation, mais il faut bien comprendre que nous sommes dans une période
CAMILLE LANGLADE
Il faudrait que vous parliez de quoi par exemple au PS pour contrer le Front national ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je pense par exemple que nous ne devons pas rester sur un discours économiques technocratique comme le Parti socialiste le fait trop souvent. Nous avons fait beaucoup de progrès, nous traitons les questions de sécurité à bras-le-corps avec Manuel VALLS, avec Bernard CAZENEUVE, et de ceci les Français nous savent gré. Mais il y a une vision, il faut donner un futur à ce pays et le discours finalement de la marginalisation, du déclinisme du pays et cette volonté, cette crainte de l'avenir, elle est présente. On voit bien qu'il y a des enjeux de civilisation dans le débat politique actuel.
CAMILLE LANGLADE
Le PS serait trop frileux ? La majorité est trop frileuse ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Le PS ne comprend pas suffisamment encore - je dis les socialistes, ce n'est pas le parti. Mais en gros, la gauche ne comprend pas encore suffisamment me semble-t-il les enjeux de l'époque qui ne sont plus les enjeux précédents. Nous sommes dans un monde où il faut garder un certain nombre de valeurs. Pour cela, il faut changer un certain nombre de comportements et nous devons donc montrer ce chemin à nos compatriotes.
CAMILLE LANGLADE
Très concrètement, vous parlez d'autorité, de fermeté avec laquelle la gauche a toujours été un petit peu frileuse.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je parle de modèle de civilisation non pas occidentale.
CAMILLE LANGLADE
Vous parlez de guerre de civilisation vous aussi ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je ne parle pas de guerre de civilisation. Il y a des problèmes de guerre de civilisation vis-à-vis de Daesh qui est l'anti-civilisation mais nous avons, nous, une civilisation européenne, humaniste, démocratique, progressiste, qui est contestée au sud on en parlait à l'instant mais qui est contestée aussi à l'est par un pouvoir autoritaire monsieur POUTINE -, qui est contestée à l'ouest par un libéralisme anglo-saxon qui veut quelque part que nous supprimions notre modèle social. De toutes ces craintes finalement, le Front national se nourrit et nous, nous devons bien comprendre que nos compatriotes ressentent ces menaces et qu'il faut que nous parlions de ces menaces ou de ces interrogations à tout le moins.
CAMILLE LANGLADE
L'une des préoccupations principales des Français et des Européens aussi, c'est l'immigration. Trois mille migrants à Calais et la situation se tend également à Paris. Vous êtes élu de la capitale, est-ce que la mairie est dépassée par l'afflux de migrants ?
JEAN-MARIE LE GUEN
D'abord, c'est de la responsabilité de l'Etat, ensuite la mairie est très engagée et l'Etat fait face à des phénomènes migratoires très importants. Vous savez ce qui est en train de se passer, les Français regardent cela. Il y a une pression migratoire très importante en ce moment parce qu'il y a une destruction des pays et donc de l'économie et de l'avenir des gens.
CAMILLE LANGLADE
A Paris, il y a des camps de migrants partout. Qu'est-ce qu'on fait ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ils viennent donc forcément à Paris, ils viennent d'ailleurs beaucoup plus en Allemagne qu'en France, ils veulent aller en Angleterre, ce qui met d'ailleurs à bas le discours selon lequel les immigrés viendraient en France pour le modèle social. En fait, ils veulent aller en Grande-Bretagne parce qu'il y a plus de « laxisme », entre guillemets, sur la capacité de faire travailler des immigrés clandestins. Cela pose des problèmes. La ville de Paris a une attitude volontaire de trouver des solutions humanistes, de ne pas faire en sorte qu'effectivement se créent des groupements qui viennent perturber la voie publique, la vie publique.
CAMILLE LANGLADE
La droite dénonce une improvisation et un appel d'air pour ces migrants.
JEAN-MARIE LE GUEN
C'est inexact. L'appel d'air est à Calais vers la Grande-Bretagne, donc il est tout à fait inexact et c'est vraiment un diagnostic faux, polémique et finalement on veut détruire le droit des citoyens français au prétexte que ce serait un élément qui attirerait les immigrés alors que pas du tout. Ces immigrés, on devrait quand même aussi considérer cela, ils ont une volonté de travailler absolument considérable. S'ils veulent passer en Grande-Bretagne comme ils le font à Calais, c'est parce qu'ils cherchent de l'emploi, ils cherchent un avenir. Cela nous interpelle profondément et il ne faut pas donc les dévaloriser, dévaloriser ce qu'ils sont même si nous ne pouvons évidemment pas avoir une politique laxiste d'immigration et y compris d'immigration de travail.
CAMILLE LANGLADE
Qu'est-ce qu'on fait alors à Paris ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Nous traitons humainement, nous faisons en sorte qu'il n'y ait pas de groupements durables et perturbants qui s'installent dans la vie publique.
CAMILLE LANGLADE
Il faut ouvrir plus de centres d'hébergement, plus de places d'hébergement ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Bien évidemment qu'il faut, mais ça ce n'est pas le rôle de la mairie. C'est ce que fait Bernard CAZENEUVE. Je vous signale que depuis 2012, le nombre
CAMILLE LANGLADE
A Paris, Anne HIDALGO a renoncé à expulser certains migrants.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non. « Expulser », deux choses. Il y a le retour au pays, ce que nous faisons, et deuxièmement il y a un certain nombre de campements qui peuvent exister à tel endroit. Il faut les gérer de façon, petit à petit, à faire en sorte que ces cristallisations ne restent pas. Je signale au passage qu'il y a un certain nombre de gens, d'activistes, qui essayent de se servir de ces migrants. Au lieu de faire en sorte qu'ils acceptent des propositions de logement ponctuel qu'on leur donne, il y a des gens qui sont là en leur disant : « Mais non, agitez-vous. Restez-là, occupez, et cætera. » Il y a des gens qui font de la politique sur le dos des migrants et ça, ce n'est pas bien. Mais par contre, il y a une politique active de la municipalité en liaison avec Bernard CAZENEUVE pour, petit à petit, fluidifier les choses, faire en sorte qu'il y ait là où c'est nécessaire le droit d'asile parce que nous respectons le droit d'asile, et là où c'est nécessaire aussi les reconduites dans le pays d'origine, ce qui ne se fait pas dans la simplicité même si nous le faisons à un niveau qui est très largement supérieur à ce qui se faisait avant 2012, et nous le faisons sans polémique et avec humanité.
CAMILLE LANGLADE
Une dernière question. Nous sommes en août, vous allez partir en vacances peut-être vous aussi. Nicolas SARKOZY a fait un début de polémique avec ses vacances en Corse, dans une luxueuse bergerie. Est-ce que ça vous choque ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, je renvoie la presse aux commentaires des vacances de Nicolas SARKOZY. Je ne les commenterai pas moi-même mais rien n'est jamais simple et rien n'est jamais complètement naturel avec Nicolas SARKOZY.
CAMILLE LANGLADE
Une dernière question peut-être. C'était la nuit du 4 août, l'abolition des privilèges aujourd'hui ça vous inspire quoi ? dans le monde d'aujourd'hui ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je pense qu'il y a encore beaucoup de privilèges à remettre en cause.
CAMILLE LANGLADE
Vous pensez à quoi ?
JEAN-MARIE LE GUEN
La rente. On est encore dans un pays et peut-être dans un continent l'Europe où beaucoup de gens veulent vivre de la rente plus que de la valorisation de l'effort et du travail. Je pense que la gauche de ce point de vue doit être plus active contre la rente, contre la rente de gens qui se sont approprié des richesses et puis peut-être aussi plus fort encore dans la valorisation de l'effort et du travail.
CAMILLE LANGLADE
Ce sera le mot de la fin. Merci Jean-Marie LE GUEN d'avoir été l'invité d'i-Télé ce matin.
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 août 2015
L'invité politique d'i-Télé à présent est ce matin Jean-Marie LE GUEN, Secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement. Il répond à vos questions, Camille LANGLADE.
CAMILLE LANGLADE
Bonjour Jean-Marie LE GUEN.
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour Camille LANGLADE.
CAMILLE LANGLADE
Marine LE PEN convoque son père en conseil disciplinaire. Le Front national sans Jean-Marie LE PEN, c'est un parti comme les autres ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, ce ne sera toujours pas un parti comme les autres pour la bonne et simple raison qu'on voit bien qu'il y a une dispute autour de la problématique du pouvoir, éventuellement d'ailleurs de l'image, mais sur le fond les racines, le discours de Jean-Marie LE PEN, Marine LE PEN le connaît depuis j'allais dire sa naissance. Elle connaît les orientations politiques de son père ; ses propos, elle les a même entendus en privé sans doute plus encore qu'en public. Pourtant, elle a fait le choix d'adhérer au Front national, d'en prendre la présidence avec le soutien de son père. Aujourd'hui son père cette espèce de vitrine un petit peu décadente évidemment la gêne dans sa stratégie politique, elle l'écarte. C'est donc à mon avis relativement un faux semblant tant qu'elle n'a pas abjuré en quelque sorte et le mot est, me semble-t-il, important tout ce qui est, tout ce que sont les orientations, les déclarations, l'histoire même du Lepénisme.
CAMILLE LANGLADE
Il n'y a pas de différence entre Marine LE PEN et son père pour vous ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Il y a la volonté d'afficher des différences. Je dis simplement qu'elle a adhéré à un parti, elle en a pris la direction avec l'aide de son père en connaissant parfaitement les orientations philosophiques et politiques de son père ?
CAMILLE LANGLADE
C'est un peu tard pour se séparer de son père ? C'est ce que vous voulez dire ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais ce n'est pas clair. Il ne suffit pas d'écarter une personne qui vous gêne pour renoncer à ce qui a été l'ADN de cette formation politique. Voilà, c'est tout. Deuxièmement, la remarque c'est que tout ça n'est pas clair. Ça montre bien la structure du Front national qui est une structure qui n'est pas démocratique, où c'est des affaires familiales qui deviennent des affaires politiques tellement ce parti est dans les mains d'une famille, et tellement cette famille d'ailleurs vit de ce parti et de ses idées depuis maintenant quarante ans. Tout ceci, me semble-t-il, devrait éclairer nos compatriotes, ceux qui se posent peut-être des questions, qui parfois même peuvent entendre le discours de Marine LE PEN en s'interrogeant parce qu'il y a un certain nombre de problèmes dans notre pays, ils devraient comprendre en voyant ce qui se passe que véritablement ce n'est pas ce qu'ils croient ou ce qu'ils feignent d'ignorer mais qui est bien présent dans le Front national, son action, ses leaders.
CAMILLE LANGLADE
Pourtant le Front national reste majoritaire dans les sondages, en tête dans certaines régions à l'approche des élections de décembre.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, parce que je pense que le Front national parle d'un certain nombre de choses dont trop souvent nous ne parlons pas. Je pense que les solutions qu'il propose sont effectivement de très mauvaises solutions qui ne feraient qu'aggraver la situation, mais il faut bien comprendre que nous sommes dans une période
CAMILLE LANGLADE
Il faudrait que vous parliez de quoi par exemple au PS pour contrer le Front national ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je pense par exemple que nous ne devons pas rester sur un discours économiques technocratique comme le Parti socialiste le fait trop souvent. Nous avons fait beaucoup de progrès, nous traitons les questions de sécurité à bras-le-corps avec Manuel VALLS, avec Bernard CAZENEUVE, et de ceci les Français nous savent gré. Mais il y a une vision, il faut donner un futur à ce pays et le discours finalement de la marginalisation, du déclinisme du pays et cette volonté, cette crainte de l'avenir, elle est présente. On voit bien qu'il y a des enjeux de civilisation dans le débat politique actuel.
CAMILLE LANGLADE
Le PS serait trop frileux ? La majorité est trop frileuse ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Le PS ne comprend pas suffisamment encore - je dis les socialistes, ce n'est pas le parti. Mais en gros, la gauche ne comprend pas encore suffisamment me semble-t-il les enjeux de l'époque qui ne sont plus les enjeux précédents. Nous sommes dans un monde où il faut garder un certain nombre de valeurs. Pour cela, il faut changer un certain nombre de comportements et nous devons donc montrer ce chemin à nos compatriotes.
CAMILLE LANGLADE
Très concrètement, vous parlez d'autorité, de fermeté avec laquelle la gauche a toujours été un petit peu frileuse.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je parle de modèle de civilisation non pas occidentale.
CAMILLE LANGLADE
Vous parlez de guerre de civilisation vous aussi ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, je ne parle pas de guerre de civilisation. Il y a des problèmes de guerre de civilisation vis-à-vis de Daesh qui est l'anti-civilisation mais nous avons, nous, une civilisation européenne, humaniste, démocratique, progressiste, qui est contestée au sud on en parlait à l'instant mais qui est contestée aussi à l'est par un pouvoir autoritaire monsieur POUTINE -, qui est contestée à l'ouest par un libéralisme anglo-saxon qui veut quelque part que nous supprimions notre modèle social. De toutes ces craintes finalement, le Front national se nourrit et nous, nous devons bien comprendre que nos compatriotes ressentent ces menaces et qu'il faut que nous parlions de ces menaces ou de ces interrogations à tout le moins.
CAMILLE LANGLADE
L'une des préoccupations principales des Français et des Européens aussi, c'est l'immigration. Trois mille migrants à Calais et la situation se tend également à Paris. Vous êtes élu de la capitale, est-ce que la mairie est dépassée par l'afflux de migrants ?
JEAN-MARIE LE GUEN
D'abord, c'est de la responsabilité de l'Etat, ensuite la mairie est très engagée et l'Etat fait face à des phénomènes migratoires très importants. Vous savez ce qui est en train de se passer, les Français regardent cela. Il y a une pression migratoire très importante en ce moment parce qu'il y a une destruction des pays et donc de l'économie et de l'avenir des gens.
CAMILLE LANGLADE
A Paris, il y a des camps de migrants partout. Qu'est-ce qu'on fait ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ils viennent donc forcément à Paris, ils viennent d'ailleurs beaucoup plus en Allemagne qu'en France, ils veulent aller en Angleterre, ce qui met d'ailleurs à bas le discours selon lequel les immigrés viendraient en France pour le modèle social. En fait, ils veulent aller en Grande-Bretagne parce qu'il y a plus de « laxisme », entre guillemets, sur la capacité de faire travailler des immigrés clandestins. Cela pose des problèmes. La ville de Paris a une attitude volontaire de trouver des solutions humanistes, de ne pas faire en sorte qu'effectivement se créent des groupements qui viennent perturber la voie publique, la vie publique.
CAMILLE LANGLADE
La droite dénonce une improvisation et un appel d'air pour ces migrants.
JEAN-MARIE LE GUEN
C'est inexact. L'appel d'air est à Calais vers la Grande-Bretagne, donc il est tout à fait inexact et c'est vraiment un diagnostic faux, polémique et finalement on veut détruire le droit des citoyens français au prétexte que ce serait un élément qui attirerait les immigrés alors que pas du tout. Ces immigrés, on devrait quand même aussi considérer cela, ils ont une volonté de travailler absolument considérable. S'ils veulent passer en Grande-Bretagne comme ils le font à Calais, c'est parce qu'ils cherchent de l'emploi, ils cherchent un avenir. Cela nous interpelle profondément et il ne faut pas donc les dévaloriser, dévaloriser ce qu'ils sont même si nous ne pouvons évidemment pas avoir une politique laxiste d'immigration et y compris d'immigration de travail.
CAMILLE LANGLADE
Qu'est-ce qu'on fait alors à Paris ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Nous traitons humainement, nous faisons en sorte qu'il n'y ait pas de groupements durables et perturbants qui s'installent dans la vie publique.
CAMILLE LANGLADE
Il faut ouvrir plus de centres d'hébergement, plus de places d'hébergement ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Bien évidemment qu'il faut, mais ça ce n'est pas le rôle de la mairie. C'est ce que fait Bernard CAZENEUVE. Je vous signale que depuis 2012, le nombre
CAMILLE LANGLADE
A Paris, Anne HIDALGO a renoncé à expulser certains migrants.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non. « Expulser », deux choses. Il y a le retour au pays, ce que nous faisons, et deuxièmement il y a un certain nombre de campements qui peuvent exister à tel endroit. Il faut les gérer de façon, petit à petit, à faire en sorte que ces cristallisations ne restent pas. Je signale au passage qu'il y a un certain nombre de gens, d'activistes, qui essayent de se servir de ces migrants. Au lieu de faire en sorte qu'ils acceptent des propositions de logement ponctuel qu'on leur donne, il y a des gens qui sont là en leur disant : « Mais non, agitez-vous. Restez-là, occupez, et cætera. » Il y a des gens qui font de la politique sur le dos des migrants et ça, ce n'est pas bien. Mais par contre, il y a une politique active de la municipalité en liaison avec Bernard CAZENEUVE pour, petit à petit, fluidifier les choses, faire en sorte qu'il y ait là où c'est nécessaire le droit d'asile parce que nous respectons le droit d'asile, et là où c'est nécessaire aussi les reconduites dans le pays d'origine, ce qui ne se fait pas dans la simplicité même si nous le faisons à un niveau qui est très largement supérieur à ce qui se faisait avant 2012, et nous le faisons sans polémique et avec humanité.
CAMILLE LANGLADE
Une dernière question. Nous sommes en août, vous allez partir en vacances peut-être vous aussi. Nicolas SARKOZY a fait un début de polémique avec ses vacances en Corse, dans une luxueuse bergerie. Est-ce que ça vous choque ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, je renvoie la presse aux commentaires des vacances de Nicolas SARKOZY. Je ne les commenterai pas moi-même mais rien n'est jamais simple et rien n'est jamais complètement naturel avec Nicolas SARKOZY.
CAMILLE LANGLADE
Une dernière question peut-être. C'était la nuit du 4 août, l'abolition des privilèges aujourd'hui ça vous inspire quoi ? dans le monde d'aujourd'hui ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je pense qu'il y a encore beaucoup de privilèges à remettre en cause.
CAMILLE LANGLADE
Vous pensez à quoi ?
JEAN-MARIE LE GUEN
La rente. On est encore dans un pays et peut-être dans un continent l'Europe où beaucoup de gens veulent vivre de la rente plus que de la valorisation de l'effort et du travail. Je pense que la gauche de ce point de vue doit être plus active contre la rente, contre la rente de gens qui se sont approprié des richesses et puis peut-être aussi plus fort encore dans la valorisation de l'effort et du travail.
CAMILLE LANGLADE
Ce sera le mot de la fin. Merci Jean-Marie LE GUEN d'avoir été l'invité d'i-Télé ce matin.
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 août 2015