Texte intégral
ISABELLE THOMELIN
Quand la prospection va-t-elle commencer ? La semaine dernière, le gouvernement a donné son feu vert pour qu'une entreprise privée scrute le sous-sol marin de l'archipel, à la recherche notamment de gaz ou de pétrole, mais avant de forer, plusieurs étapes doivent être franchies. Pour en parler, nous recevons ce soir Annick GIRARDIN, secrétaire d'Etat. Bonjour madame bonsoir Madame la Ministre.
ANNICK GIRARDIN
Bonsoir.
ISABELLE THOMELIN
Alors, cette autorisation fait suite à votre intervention auprès des ministres de l'Economie et de l'Ecologie, et la réponse ne s'est pas fait attendre. Vous vous attendiez à une telle réactivité du gouvernement ?
ANNICK GIRARDIN
Eh bien quand je suis intervenue, c'est ce que je souhaitais. Rappelons que c'est une société canadienne, qui s'est déjà déplacée dans l'archipel, qui avait rencontré le député, qui avait trouvé le projet intéressant, plus qu'intéressant, et pas seulement le député, puisque c'est un dossier qui a largement été suivi par la SODEPAR, notamment par Thierry BASLE, qui est resté en contact, effectivement, avec l'ensemble des élus, pour les informer du dossier déposé au ministère de l'Industrie, enfin, de l'Economie, mais également au ministère de l'Ecologie, pour avoir effectivement la possibilité, puisqu'ils étaient dans cette région, qu'ils allaient faire des relevés sismiques pour une cartographie des fonds marins, du moins du sous-sol, de l'ensemble de la région, et notamment à partir de Terre-Neuve. Moi j'ai trouvé, quand j'ai été alertée par Stéphane CLAIREAUX, le député, parce que ça ne sortait pas et que les Canadiens avaient commencé à faire leurs relevés et que Saint Pierre et Miquelon ne serait pas touché, j'ai donc souhaité interpeler mes deux collègues, donc Emmanuel MACRON et Ségolène ROYAL sur la non-réponse à ce dossier. Pourquoi je l'ai fait ? Parce que je crois que c'est important que Saint Pierre et Miquelon et notamment sa ZEE, ne reste pas en gris quand on va avoir une cartographie des fonds marins ou du sous-sol de l'ensemble de la région. Il est important pour l'archipel, qu'on connaisse aussi nos richesses, nos richesses sous-marines, nos richesses marines également, mais c'est un autre sujet, et que ces relevés sismiques puissent également être, se faire dans notre zone, c'est ce qui a été accepté par Ségolène ROYAL et par Emmanuel MACRON la semaine dernière, et très très vite l'arrêté a été pris, je crois que c'était vendredi dernier.
ISABELLE THOMELIN
Alors, ce n'est pas la première fois que le fonds marin de l'archipel est sondé, cette autorisation donne accès à quoi, concrètement ?
ANNICK GIRARDIN
Alors, cette autorisation, elle donne accès à notre ZEE, à cette société canadienne qui fait des relevés sismiques, qui va les interpréter et qui, je crois que c'est une année entière qu'il leur faut pour les interpréter ensuite, diffusera une carte de l'ensemble du bassin maritime et de la qualité des fonds et de ce qu'ils auront pu trouver. Ce qui m'a intéressé aussi, parce que par exemple j'ai l'exemple de Wallis et Futuna, c'est que cette recherche, qui certes a pour objectif de voir s'il y a des hydrocarbures dans notre sous-sol, comme dans l'ensemble de la région, qui permette aussi de trouver d'autres richesses, je pense par exemple aux terres rares à Wallis et Futuna, qui ont été découverts à cette occasion. Je crois que, que ce soit nos richesses halieutique ou nos richesses sous-marines, il est important pour cet archipel de les connaitre, les connaitre parce que c'est toujours effectivement important de connaitre ses ressources, mais au-delà de ça, c'est réaffirmer que l'archipel de Saint Pierre et Miquelon a un potentiel de développement économique demain, un potentiel maritime, on en a déjà largement parlé, qui peut encore être développé, peut être aussi trouverons-nous un certain nombre de richesses ensuite. Alors, il ne faut pas aller trop vite
ISABELLE THOMELIN
Ce besoin de connaissance, justement, de connaitre le sous-sol, cette question-là a déjà été soulevée il y a 17 ans, puisqu'EXXON MOBIL se lançait déjà dans cette aventure. Je vous propose qu'on revienne sur ces années de forage, de sondage d'abord et de forage, avec Frédéric LAITAN.
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ISABELLE THOMELIN
Effectivement, le risque c'est qu'un puits sec soit découvert, mais vous le disiez, ce n'est pas que chercher l'or noir et le gaz.
ANNICK GIRARDIN
Mais on n'en est pas encore là, il n'y a pas d'autorisation de forage aujourd'hui. Il est question aujourd'hui de meilleure connaissance de notre sous-sol, donc de nos richesses. La France soit marquer son intérêt sur cette zone économique exclusive, au moment où nous déposons un dossier, nous avons déposé un dossier, qui est en ce moment étudié aux Nations Unies, en termes d'extension du Plateau continental, nous devons montrer la volonté de la France, effectivement, de réaffirmer ici, un développement économique, d'être, de connaitre l'ensemble de nos intérêts localement. On n'est pas bien sûr que ce type de recherches, ou du moins de relevés sismiques, sont indispensables pour passer à la phase forage, mais on n'y est pas, ce n'est pas la question du jour. Aujourd'hui, cet arrêté donne l'autorisation de faire ces prélèvements, de faire ces relevés sismiques et d'interpréter ensuite les cartes et les publier. Nous aurons donc la possibilité d'avoir un certain nombre d'informations. Si on ne l'avait pas fait là, il aurait fallu peut être un jour mettre en place notre propre campagne, qui nous aurait coûté beaucoup plus cher, et je crois qu'il fallait profiter de cette opération, de nos voisins, pour parler aussi globalement de politique maritime de la région, c'est-à-dire, sachant travailler aussi avec nos voisins, de manière à pouvoir mettre en avant l'ensemble de cette zone, et puis bien sûr on défendra aussi nos propres intérêts.
ISABELLE THOMELIN
Vous parliez des ressources halieutiques, est-ce que ce n'est pas un peu délicat, alors qu'on vient de l'entendre, les pêcheurs eux-mêmes ont des difficultés à traiter leurs propres poissons ici.
ANNICK GIRARDIN
Alors, c'est vrai que moi, quand je regarde ce type de reportage, je ne sais pas si j'ai envie de pleurer ou de me fâcher, mais je me dis effectivement, comme les marins, qu'à un moment donné il va bien falloir y arriver, parce que ça fait quand même plusieurs années que l'on travaille que cette question, et qu'il n'y ait pas encore une machine à glace, ça me surprend, parce que j'avais entendu parler d'un financement il y a très peu de temps, enfin, il y a déjà une année. Donc ce n'est pas normal qu'on en soit encore là aujourd'hui. En même temps, effectivement, il y a plusieurs tentatives qui ont été menées, il y a des projets qui se sont développés sur Miquelon, il faut pouvoir en développer d'autres sur Saint Pierre, c'est un travail qui doit être mené, mais ce n'est pas, on ne met pas en opposition, il ne faut pas mettre en opposition un développement économique qui reposerait sur des ressources halieutiques, et un autre développement économique qui pourrait se développer autour d'un sous-sol qui, pourquoi pas, disposerait ou du moins aurait aujourd'hui, dans des zones que l'on n'aurait pas encore, dans lesquelles on n'aurait pas encore foré, ou avoir des relevés sismiques, avoir des résultats intéressants, notamment en gaz semble-t-il.
ISABELLE THOMELIN
Alors, pour le sujet qui nous intéresse, effectivement, vous le disiez, on n'en est qu'à l'étape, effectivement, de sondage, le forage viendra après, on l'espère.
ANNICK GIRARDIN
Peut-être, peut-être.
ISABELLE THOMELIN
Voilà. Est-ce que ce n'est pas un petit peu paradoxal de se lancer dans cette aventure forage, alors que l'on est à quelques mois du COP21, la prochaine grande conférence sur le réchauffement climatique, conférence à laquelle vous êtes totalement partie prenante.
ANNICK GIRARDIN
Tout à fait, c'est sans doute c'est certainement ce qui a freiné le dossier, au départ, au ministère de Ségolène ROYAL, parce qu'il faut passer l'ensemble des étapes, et il y avait effectivement ce doute sur « nous avons un message », l'Europe a un message, la France a un message, l'Europe a un message, de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le développement des énergies propres, des énergies vertes, le lien sur Saint Pierre et Miquelon, on peut penser effectivement également à l'hydrolien, enfin, il y a plusieurs ressources possibles, ça pouvait effectivement être quelque chose qui soit antinomique. C'est pour ça que moi je ne l'ai pas explicité de cette manière-là, je suis bien sur une meilleure connaissance de nos richesses, les richesses de Saint Pierre et Miquelon, richesses françaises, une meilleure connaissance également d'une cartographie plus globale et de comment se positionneraient ces zones ou ces masses dans lesquelles il y aurait effectivement peut être du gaz, mais aussi de dire que la France doit toujours défendre ses intérêts, et pour défendre ses intérêts, elle doit les connaitre, et que ne pas accepter cette mission dans cette zone, c'était dire qu'elle n'intéressait pas plus que ça. Et c'est aussi, là, du coup, une contradiction avec la volonté que l'on a, de défendre notre dossier d'extension du plateau continental. Donc c'est et c'est pour ça que je parle aussi de développement économique régional, parce que si demain des forages n'avaient pas lieu dans notre zone économique exclusive, mais très proche de notre zone, nous avons aussi un accord hydrocarbures qui n'est encore pas signé aujourd'hui mais qui dit que nous avons aussi des intérêts économiques à avoir, effectivement, à avoir un partenariat avec des Canadiens. Donc il faut tout se permettre et il faut travailler en bonne intelligence avec nos voisins, donc c'est comme ça que j'ai persuadé mes collègues de penser bien sûr à la connaissance que nous devons avoir, à l'intérêt de l'archipel, à l'intérêt de la France, mais du travail aussi en partenariat avec les Canadiens.
ISABELLE THOMELIN
Merci beaucoup Annick GIRARDIN d'avoir répondu à notre invitation.
ANNICK GIRARDIN
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 7 août 2015