Texte intégral
Je suis heureux de pouvoir vous accueillir aujourd'hui, à l'occasion de la session de printemps de l'assemblée de l'Atlantique Nord. Mon plaisir est d'autant plus grand que, lorsque, député, j'étais membre de la commission de la défense nationale de l'assemblée, j'ai participé à des réunions semblables à celle qui vous conduit pour quelques jours à Paris. C'est donc en "ancien" que je vous souhaite la bienvenue dans notre capitale, et vous exprime mes voeux les plus chaleureux pour que vos réflexions soient une utile contribution aux débats actuels.
Vous avez en effet plus que jamais une "obligation de réussite". Les événements considérables qui ont bouleversé l'Europe en 1989 n'ont pas fini de faire connaître leurs effets, loin de là. A l'enthousiasme spontané provoqué par la liberté reconquise en Europe centrale et orientale, succède désormais la tâche ardue de redéfinir les équilibres de sécurité en Europe. La présence parmi vous d'observateurs venus de l'autre Europe montre le chemin parcouru et nous laisse entrevoir la possibilité d'une Europe tout entière unie autour de principes démocratiques communs.
Pour la première fois depuis 1945, cette perspective n'est pas une chimère, une utopie sans lendemain. L'Europe est entrée résolument dans l'après-guerre : le doute à ce sujet n'est plus permis. Mais de quoi cette période nouvelle de notre histoire sera-t-elle faite ? les incertitudes restent grandes, des inquiétudes parfois apparaissent. Le débat en tout cas est ouvert.
L'histoire à venir n'est pas encore écrite. Il nous appartient d'y participer pleinement, pas seulement de l'observer. Prendre la mesure d'évènements en cours, tenter de les ordonner en fonction de ce que nous pensons être les intérêts de l'Europe et de sa sécurité, tels sont les objectifs que s'est fixé le Président de la République, M. François MITTERRAND, et que le Gouvernement entend pour sa part mettre en oeuvre. nous sommes guidés par la volonté de contribuer à de nouvelles solidarités européennes, et non par quelque penchant d'orgueil national : les faits, en dernier ressort, parleront.
Le Président de la République a ainsi été amené à faire part de ses idées à certains de vos chefs d'État ou de Gouvernement. Il a été conduit à faire des propositions à ses partenaires : je pense notamment à l'initiative commune du chancelier KOHL et du président MITTERRAND pour hâter l'union politique des douze pays membres de la communauté, initiative examinée par ceux-ci lors du récent sommet extraordinaire des Douze de Dublin.
Les réflexions intergouvernementales ne vont cesser de s'intensifier : le principe de réunions au sommet est d'ores et déjà acquis, dans le cadre de l'OTAN, de la CSCE, sans parler des réunions de la Communauté et de celles de l'UEO. Les rencontres rapides imposées par l'accélération des événements ne seront sans doute pas suffisantes, ni nécessairement les plus productives : il nous faut du temps pour réfléchir sérieusement à l'avenir de la sécurité en Europe et de ses institutions ; il nous faut attendre les premières conclusions du groupe d'Ottawa - les 6 : "2 + 4" - sur l'unification allemande.
Je me contenterai en ce qui me concerne de vous faire part de quelques idées.
La sécurité de l'Europe, au sortir de la deuxième guerre mondiale, a été essentiellement assurée par la garantie militaire sans précédent apportée par les États-Unis. Cette situation correspondait à celle de 1945 : une Europe détruite par la guerre, affaiblie par ses récentes divisions, dépendante pour sa défense des États-Unis, face à la puissance continentale de l'Union soviétique. Désormais la dimension strictement militaire de notre sécurité aura tendance à être moins prépondérante, même s'il serait sans fondement de rejeter d'un bloc tout effort pour assurer la paix : la souveraineté et l'identité politique s'expriment aussi par la volonté de se défendre.
La solidité de la relation transatlantique reste et doit rester la garantie privilégiée de notre défense : l'Alliance Atlantique est le cadre organique de la sécurité de l'Europe, le président MITTERRAND l'a redit à Key Largo. Ses missions sont celles fixées dans le traité de Washington ; leur traduction concrète, elle, peut évoluer.
La France participera à la réflexion sur ces sujets, dont l'issue est d'extrême importance.
L'identité politique de l'Europe est progressivement devenue plus nette, grâce à la Communauté européenne.
Si celle-ci s'engage résolument sur la voie de l'union politique, elle ne peut écarter de ses discussions ce qui touche à sa sécurité. L'Europe existe aujourd'hui, elle a des intérêts propres, globalement ou dans certaines zones, comme la Méditerranée par exemple. Il est naturel qu'elle puisse les exprimer dans un cadre spécifique. La notion clé, après celle de la nécessaire complémentarité des institutions, est celle du partenariat transatlantique.
Vous avez en effet plus que jamais une "obligation de réussite". Les événements considérables qui ont bouleversé l'Europe en 1989 n'ont pas fini de faire connaître leurs effets, loin de là. A l'enthousiasme spontané provoqué par la liberté reconquise en Europe centrale et orientale, succède désormais la tâche ardue de redéfinir les équilibres de sécurité en Europe. La présence parmi vous d'observateurs venus de l'autre Europe montre le chemin parcouru et nous laisse entrevoir la possibilité d'une Europe tout entière unie autour de principes démocratiques communs.
Pour la première fois depuis 1945, cette perspective n'est pas une chimère, une utopie sans lendemain. L'Europe est entrée résolument dans l'après-guerre : le doute à ce sujet n'est plus permis. Mais de quoi cette période nouvelle de notre histoire sera-t-elle faite ? les incertitudes restent grandes, des inquiétudes parfois apparaissent. Le débat en tout cas est ouvert.
L'histoire à venir n'est pas encore écrite. Il nous appartient d'y participer pleinement, pas seulement de l'observer. Prendre la mesure d'évènements en cours, tenter de les ordonner en fonction de ce que nous pensons être les intérêts de l'Europe et de sa sécurité, tels sont les objectifs que s'est fixé le Président de la République, M. François MITTERRAND, et que le Gouvernement entend pour sa part mettre en oeuvre. nous sommes guidés par la volonté de contribuer à de nouvelles solidarités européennes, et non par quelque penchant d'orgueil national : les faits, en dernier ressort, parleront.
Le Président de la République a ainsi été amené à faire part de ses idées à certains de vos chefs d'État ou de Gouvernement. Il a été conduit à faire des propositions à ses partenaires : je pense notamment à l'initiative commune du chancelier KOHL et du président MITTERRAND pour hâter l'union politique des douze pays membres de la communauté, initiative examinée par ceux-ci lors du récent sommet extraordinaire des Douze de Dublin.
Les réflexions intergouvernementales ne vont cesser de s'intensifier : le principe de réunions au sommet est d'ores et déjà acquis, dans le cadre de l'OTAN, de la CSCE, sans parler des réunions de la Communauté et de celles de l'UEO. Les rencontres rapides imposées par l'accélération des événements ne seront sans doute pas suffisantes, ni nécessairement les plus productives : il nous faut du temps pour réfléchir sérieusement à l'avenir de la sécurité en Europe et de ses institutions ; il nous faut attendre les premières conclusions du groupe d'Ottawa - les 6 : "2 + 4" - sur l'unification allemande.
Je me contenterai en ce qui me concerne de vous faire part de quelques idées.
La sécurité de l'Europe, au sortir de la deuxième guerre mondiale, a été essentiellement assurée par la garantie militaire sans précédent apportée par les États-Unis. Cette situation correspondait à celle de 1945 : une Europe détruite par la guerre, affaiblie par ses récentes divisions, dépendante pour sa défense des États-Unis, face à la puissance continentale de l'Union soviétique. Désormais la dimension strictement militaire de notre sécurité aura tendance à être moins prépondérante, même s'il serait sans fondement de rejeter d'un bloc tout effort pour assurer la paix : la souveraineté et l'identité politique s'expriment aussi par la volonté de se défendre.
La solidité de la relation transatlantique reste et doit rester la garantie privilégiée de notre défense : l'Alliance Atlantique est le cadre organique de la sécurité de l'Europe, le président MITTERRAND l'a redit à Key Largo. Ses missions sont celles fixées dans le traité de Washington ; leur traduction concrète, elle, peut évoluer.
La France participera à la réflexion sur ces sujets, dont l'issue est d'extrême importance.
L'identité politique de l'Europe est progressivement devenue plus nette, grâce à la Communauté européenne.
Si celle-ci s'engage résolument sur la voie de l'union politique, elle ne peut écarter de ses discussions ce qui touche à sa sécurité. L'Europe existe aujourd'hui, elle a des intérêts propres, globalement ou dans certaines zones, comme la Méditerranée par exemple. Il est naturel qu'elle puisse les exprimer dans un cadre spécifique. La notion clé, après celle de la nécessaire complémentarité des institutions, est celle du partenariat transatlantique.