Texte intégral
Je suis heureuse de vous retrouver, toutes et tous ensemble, dans ce ministère. C'est toujours un plaisir pour moi de vous réunir, chaque année, à l'occasion de cette cérémonie des vux. Elle une occasion rare de rassembler tous les responsables et représentants de la société politique, syndicale, civile, professionnelle et administrative. Permettez-moi d'abord de vous adresser mes meilleurs vux de bonheur et de réussite pour l'année 2015. Je souhaite que cette nouvelle année soit, pour chacune et chacun d'entre vous, riche en travail et en épanouissement personnel.
I. 2015 court depuis maintenant trois semaines et nous aurions tous préféré que cette année débute différemment
Les évènements tragiques qui ont secoué notre pays continuent de résonner dans nos esprits. Ils resteront comme une marque indélébile sur le début de ce siècle. Rien ne sera plus comme avant et je sais que nous partageons tous l'idée qu'il nous appartient, aujourd'hui plus que jamais, de nous battre pour défendre nos valeurs communes, celles de la République.
Je veux ce soir tout particulièrement saluer la présence de Patrick PELLOUX à qui j'exprime, indépendamment de ses responsabilités syndicales, toute mon affection.
Les circonstances doivent nous pousser collectivement à avancer plus unis, plus forts et plus confiants. Les attentats des 7, 8 et 9 janvier appellent évidemment une riposte judiciaire et sécuritaire. Elle se met en place. Ils exigent aussi que nous soyons à la hauteur de la mobilisation spontanée, massive, de nos concitoyens. La France, qui peine à croire en son avenir, s'est révélée fière et forte, porteuse de promesses nouvelles qu'il nous appartient de transformer, par delà nos engagements, nos convictions, nos croyances religieuses.
Je tiens à saluer la compétence, le professionnalisme et l'investissement des professionnels de santé. Les services de santé de Paris en ont donné une illustration magistrale, les 7, 8 et 9 janvier dernier et au delà, en se mobilisant immédiatement, en transportant, en opérant et en soignant les blessés, en prenant en charge les victimes. J'ai eu l'occasion de le dire directement à ces équipes : leur action exemplaire a été la première manifestation du sursaut collectif de la société française contre la barbarie. C'est ce même professionnalisme, ce même engagement donc nous pouvons être fiers dans nos actions de solidarité internationale (Ebola).
Aujourd'hui plus que jamais nous avons besoin de rassemblement, d'unité et de dignité, ce qui n'écarte pas la nécessité des débats. Mais notre responsabilité, c'est d'avancer collectivement, de construire les compromis utiles en gardant à l'esprit l'essentiel. C'est l'exemple donné par le débat apaisé sur la fin de vie. C'est cet état d'esprit collectif et respectueux qui doit nous animer.
Il n'y a pas de place pour les attaques personnelles, les injures et le sexisme qui ne sont pas au niveau du débat que les Français attendent.
Je suis heureuse d'accueillir, pour la première fois à l'occasion d'une cérémonie des vux, les représentantes et représentants d'associations pour les droits des femmes. Je suis fière que cette belle compétence ait rejoint ce ministère.
L'émancipation des femmes est indissociable du combat pour l'égalité, contre les obscurantismes. Les progrès des droits des femmes (la moitié de la population) sont des progrès pour l'ensemble de la société et marquent un exigence que nous devons partager.
* Plan IVG
* Nomination des femmes
II. L'Etat social, les politiques sociales qui permettent d'affirmer la République, sont le socle de notre unité nationale
Nous célébrerons cette année les 70 ans de la sécurité sociale. La vieille dame est alerte ! Elle a été bâtie sur des principes solidaires et redistributeurs : aider, accompagner, soigner, donner plus à ceux qui ont le plus besoin. Mais la sécurité sociale, ce n'est pas seulement la solidarité. C'est aussi l'unité et le rassemblement, la certitude que chacun, le moment venu, pourra compter sur elle. La sécurité sociale a été créée à la Libération, après l'affrontement des années 30, pour organiser la cohésion entre des catégories sociales hiérarchisées mais qui partageaient un même projet de société. Aujourd'hui, il s'agit de créer les conditions qui permettent de rassembler les Français qui parfois se sentent exclus des projets communs.
Alors que j'entends certains à droite proposer de défaire notre modèle de protection sociale pour financer la sécurité, je dis NON ! Il n'y a pas de troc possible, il ne peut y avoir de sécurité si nous ne luttons pas contre les précarités, risques de dérives.
* Plan pauvreté (S. Neuville)
* Franchises
Mais la consolidation de l'Etat social ne doit surtout pas être synonyme d'immobilisme, bien au contraire ! Je veux pour cela remercier tous les agents de l'Etat, des services sociaux, des caisses de Sécurité sociale.
Depuis que je suis aux responsabilités, j'ai poursuivi ce double objectif : conforter les politiques sociales avec la volonté de les inscrire dans l'histoire du progrès et des conquêtes sociales et moderniser notre protection sociale pour l'adapter aux besoins et aux attentes.
Et les résultats sont là :
- Nous avons réussi à réformer les retraites sans que cela se traduise par moins de droits pour les Français. Allongement durée cotisation / compte pénibilité. Il appartient aux partenaires sociaux de trouver le chemin d'un équilibre juste pour les retraites complémentaires. J'y serai, de ma place, très attentive.
- Nous avons réussi à moderniser notre politique familiale en l'adaptant à la nouvelle réalité des familles ; (L. Rossignol)
- Nous réussirons à moderniser notre système de santé, de la même manière, c'est-à-dire ensemble, par le dialogue et la concertation.
Ce travail s'est d'ailleurs engagé avec beaucoup de professionnels, les sages femmes par exemple, les pharmaciens en particulier. J'ai fait en sorte que les enjeux de modernisation des exercices professionnels restent du ressort de ce ministère. Saluer les pharmaciens (expérimentation à l'unité).
III. Je sais que nous réussirons ensemble à moderniser notre système de santé
Le projet de loi que je porte repose sur des orientations qui font consensus : la priorité donnée à la prévention, la valorisation du service public hospitalier, le renforcement des droits du patient, la coordination des professionnels, la lutte contre les inégalités sociales en santé, mais surtout, une meilleure accessibilité de la médecine de proximité pour remettre le médecin traitant au cur du parcours de soins du patient.
Ce virage ambulatoire, véritable révolution du premier recours, est un pas important qui doit être franchi. Il fera évoluer significativement notre système de santé au moment où la population est en moyenne plus âgée, atteinte de maladies chroniques plus fréquentes et nécessitant une médecine de parcours, davantage préventive que curative. A un moment aussi où les fruits des politiques engagées contre les déserts médicaux portent leurs fruits.
Je pense également à l'Hôpital public que je veux conforter. Je suis notamment très attentive aux conditions de travail à l'hôpital. Il est de ma responsabilité, en tant que ministre des salariés de la fonction publique hospitalière, de veiller à ce que les agents qui agissent quotidiennement au service des patients bénéficient des moyens et du soutien nécessaire à leurs missions.
Je tiens à saluer les représentants des jeunes professionnels de santé. La nouvelle génération se pose beaucoup de questions quant à l'évolution de leurs métiers et des méthodes de travail. Je souhaite continuer à travailler avec eux pour apporter des réponses à ces nouvelles attentes.
C'est une loi pour les Français qui ne pourra pas se faire sans les professionnels et sans les médecins libéraux. C'est pour cela que je privilégie la méthode de la concertation.
IV. Car ma méthode est celle de la concertation et c'est la ligne de conduite que je me suis toujours fixée
Le projet de loi soulève des questionnements, voire des oppositions. C'est parfaitement normal et légitime. Aujourd'hui, les désaccords sont clairement identifiés. Je veux poursuivre la discussion avec les organisations syndicales dont j'ai entendu les demandes de clarifications. Je suis prête à faire évoluer le texte dans le respect de ses principes et de ses objectifs, dans l'intérêt des Français. J'ai lancé des groupes de travail pour poursuivre la concertation. Je tiens à saluer et à remercier chaleureusement les animateurs et membres de ces groupes de travail, tous présents aujourd'hui.
Je suis attachée à la démocratie sociale. La démarche de concertation que je mène découle directement de l'esprit de dialogue, de compromis et de consensus que j'évoquais. J'ai confiance dans notre capacité collective à améliorer et enrichir le projet de loi et à réussir. Car je ne perds pas de vue l'ambition que je porte pour les Français, pour l'égalité d'accès aux soins, pour une meilleure santé. Si chacun s'accorde sur le fait que de grands bouleversements sont à l'uvre médicaux, sociaux, organisationnels alors chacun doit s'attacher à refuser l'immobilisme et à penser l'intérêt social.
La démocratie sociale, c'est aussi la valorisation des acteurs qui participent à la modernisation de nos pratiques. Je tiens à saluer les associations qui jouent un rôle capital dans nos territoires, au contact des patients et des professionnels de santé.
De nouvelles relations entre professionnels, usagers et pouvoirs publics sont à créer. Ce qui m'importe, c'est de tenir compte des réalités territoriales et de respecter les initiatives de terrain. C'est de faire une place, aussi, aux associations dans l'élaboration de nos politiques.
La concertation que je promeus vaut à tous les niveaux, à tous les échelons : ici en centrale mais aussi avec les Agences régionales de santé. Elle vaut pour la loi mais aussi pour les textes d'application.
Mesdames et messieurs,
L'année 2015 sera une année importante, une année charnière du quinquennat.
Ce début d'année est placé sous le signe du rassemblement de la République. Par les politiques qu'il mène, ce ministère prend toute sa place dans ce mouvement pour le progrès. En effet la solidarité, la santé et l'égalité sont les piliers de ce ministère que je présente parfois comme « l'autre ministère de la justice ». En agissant quotidiennement au service de la population, il est le cur battant de la République sociale que des générations d'hommes et de femmes ont participé à construire, pas à pas.
Il nous revient aujourd'hui de reprendre ce flambeau et de moderniser nos politiques, dans la concertation.
C'est avec fierté, confiance et optimisme que j'aborde cette année 2015 pour laquelle je vous renouvelle mes meilleurs vux.
Je vous remercie.
Source http://www.social-sante.gouv.fr, le 28 janvier 2015