Texte intégral
BRUCE TOUSSAINT
Journée olympique avec la ville de Paris qui va recevoir un rapport sur la faisabilité des Jeux de 2024. Bonjour Thierry BRAILLARD, Secrétaire d'Etat aux Sports.
THIERRY BRAILLARD
Bonjour.
BRUCE TOUSSAINT
Paris sera-t-elle candidate ?
THIERRY BRAILLARD
Ce n'est pas aujourd'hui que cela se décide. Aujourd'hui, c'est la remise d'un rapport d'opportunité que le mouvement sportif va donc donner à Anne HIDALGO. Ensuite, il va y avoir un temps de réflexion et on a jusqu'en septembre 2015 pour dire oui ou pour dire non. On ne va pas attendre septembre, on ne va pas jouer à se faire peur et je pense que dès le mois de juin, une décision définitive sera prise. Le président de la République avait donné un peu l'élan et maintenant il va falloir étudier ce dossier.
BRUCE TOUSSAINT
On ne va pas vous titiller mais on va dire qu'on est à 80, 90 % de chance d'y aller si on essayait de faire un petit pourcentage, comme ça ?
THIERRY BRAILLARD
J'allais même dire plus parce qu'on voit aujourd'hui
BRUCE TOUSSAINT
90 % de chance ?
THIERRY BRAILLARD
Oui. Parce qu'on voit aujourd'hui qu'un consensus se dessine, un consensus politique. Toutes les voix ont l'air d'être favorables à cette idée. Le mouvement sportif qui remet son dossier a l'air d'être mobilisé et a priori les élites parisiennes et franciliennes sont d'accord. Quelque part, je pense qu'il a l'air d'y avoir un mouvement très positif derrière cette idée de candidature.
BRUCE TOUSSAINT
Anne HIDALGO a donc changé d'avis.
THIERRY BRAILLARD
Je pense qu'Anne HIDALGO n'a jamais dit qu'elle était défavorable à l'organisation des Jeux. C'est un mauvais procès qu'on lui fait. Elle a simplement dit qu'il y avait un calendrier et qu'elle attendait que le mouvement sportif se mobilise et lui remette ce dossier d'opportunité. On est dans le timing, comme on dit en sport.
STEFAN ETCHEVERRY
Il y a évidemment l'aspect financier qui est très important dans cette situation. Il y a donc le mouvement olympique et sportif qui se mobilise énormément pour la candidature de Paris. Il y a aussi quelque chose de très important, c'est que ce projet doit reposer sur une très forte adhésion populaire ; Aujourd'hui L'Equipe sort un sondage : 20 % des Français sont très favorables aux Jeux olympiques à Paris en 2024. C'est assez ?
THIERRY BRAILLARD
61 % sont favorables. .
STEFAN ETCHEVERRY
Oui, parce qu'il y a du « plutôt ». Je vous parle de « vraiment ».
BRUCE TOUSSAINT
Vous avez raison tous les deux : 20 % « vraiment » et 61 % « globalement ».
THIERRY BRAILLARD
Et 74 % des moins de 35 ans sont favorables. Ce qui est intéressant aussi dans ce sondage, si on va au bout, c'est que toutes les régions françaises sont unanimes et ont quasiment le même score et la même volonté.
STEFAN ETCHEVERRY
Il y a donc l'adhésion populaire.
THIERRY BRAILLARD
Attendez, on n'est même pas candidat. On n'a même pas donné la moindre explication. Encore le rapport, moi-même je ne l'aurai que ce soir donc je trouve que partir sur une base de 61 %, c'est très bon. C'est extrêmement encourageant et ça donne vraiment de l'espoir pour cette candidature qui, comme vous l'avez dit, doit être enthousiaste, doit être ambitieuse et solidaire. Ça veut dire qu'il faut que tous les Français se l'approprient, pas uniquement que les Parisiens ou les Franciliens.
STEFAN ETCHEVERRY
On peut en savoir plus juste sur le village olympique ? C'est ma dernière question.
THIERRY BRAILLARD
C'est un rapport que je n'ai pas lu. Soit je suis devin, soit comme vous je peux en voir des idées dans la presse mais je crois que, là encore, l'heure des choix n'est pas encore décidée.
BRUCE TOUSSAINT
Il y a plusieurs options. Il y a Saint-Denis, l'île Pleyel, Aulnay aussi.
CHRISTOPHE BARBIER
En tout cas, au-delà du périph, ce qui a un sens : recoudre le tissu urbain.
THIERRY BRAILLARD
C'est pour ça qu'une candidature olympique, c'est autre chose. C'est au-delà du sport. C'est un projet d'aménagement du territoire, c'est une ambition collective et que je crois que notre pays a besoin de cela aujourd'hui.
CHRISTOPHE BARBIER
Pour 2012, c'était dans Paris. C'est un vrai changement.
THIERRY BRAILLARD
C'était aux Batignolles, le village olympique.
CLAIRE FOURNIER
Sans vouloir être rabat-joie, les budgets pour les JO à Sotchi ou à Pékin ont dérapé à trente milliards. Comment être sûr que ça ne coûte pas trop cher à Paris ?
THIERRY BRAILLARD
Pour trois raisons. La première, c'est que nous disposons des équipements. J'ai vu votre reportage ce matin. Vous avez vu notre vélodrome flambant neuf. On n'aura pas à construire, par exemple, de vélodrome et le Stade de France est d'évidence le Stade olympique. En termes d'infrastructures sportives, nous avons déjà tout. Ensuite, quels sont les investissements principaux ? Le village olympique. Il me semble que la France a encore besoin de logements sociaux, de logements pour étudiants, donc il y aura un héritage sur ce village olympique. Et puis, les infrastructures de transport public car c'est une volonté aussi de faire des Jeux qui aillent dans le sens du développement durable et je pense que les Franciliens avec le projet du Grand Paris constituent une vraie demande là-dessus.
BRUCE TOUSSAINT
Le chiffre, ça coûte combien ? On dit six milliards.
THIERRY BRAILLARD
Si vous voulez, dans le chiffre qui est annoncé de six milliards, il faut savoir que le CIO prend à sa charge entre 1,5 et 2 milliards, et que le reste ce sont les investissements qui, quoi qu'il arrive, auraient été faits et qui seront au-delà des JO.
BRUCE TOUSSAINT
C'est quoi la part d'argent public ?
THIERRY BRAILLARD
Je pense qu'on peut l'évaluer à 50 % de la somme globale. Mais de l'argent public qui n'est pas là pour être donné aux sportifs, parce qu'on croit toujours que cet argent-là va aux sportifs, mais vous savez que les sportifs de haut niveau qui font les Jeux olympiques, c'est une constante, ne roulent pas sur l'or, loin s'en faut.
BRUCE TOUSSAINT
Ce matin dans L'Equipe, Jean-François LAMOUR qui était ministre des Sports au moment de l'échec de Paris pour les Jeux de 2012 écrit : « Ce qui fait toujours mal, c'est l'incompréhension. On a toujours du mal à comprendre les raisons de cet échec. En gros, on est toujours à peu près au même niveau ». C'est bien d'être candidat mais ça serait bien de pouvoir gagner. Et d'après ce que dit Jean-François LAMOUR, on n'a pas vraiment tiré les leçons.
THIERRY BRAILLARD
Le constat qu'il fait ce matin est un constat juste. On a quand même commencé à apporter des réponses, ne serait-ce que quand on a crée une structure qui est présidée par Bernard LAPASSET, qui nous permet de faire ce qu'on appelle de la diplomatie sportive quand on a nommé un ambassadeur pour le sport qui n'existait pas avant. Tout cela est une réponse déjà apportée à l'échec de Paris 2012, dont on a tiré quand même un bilan. Anne HIDALGO, qui a connu de très près ce dossier de 2005
BRUCE TOUSSAINT
Oui. Elle était première adjointe de Bertrand DELANOË à l'époque.
THIERRY BRAILLARD
sait très bien aujourd'hui, en tant que maire de Paris, les erreurs qu'il ne faut pas renouveler. C'est la raison pour laquelle elle a dit, et c'est déjà une première erreur qui avait été faite en 2005 où les politiques se bousculaient un peu sur le podium : « C'est au mouvement sportif à porter cette candidature ». C'est ce qui se passe aujourd'hui.
BRUCE TOUSSAINT
Justement, qui sera le porte-drapeau de cette candidature ? On se souvient que pour Londres, Sebastian CO, l'athlète, avait joué un rôle extrêmement important. On a, nous, un Sebastian COE ?
THIERRY BRAILLARD
Jean-François LAMOUR pose cette question ce matin en disant qu'il faudra qu'il y ait un interlocuteur. On sait que Bernard LAPASSET, avec le dossier qu'il remet, prend un peu les choses en main, qu'on a Tony ESTANGUET mais qui, lui, est membre du CIO donc il ne pourra pas être juge et partie.
AMANDINE BEGOT
Vous verriez bien qui, vous ?
THIERRY BRAILLARD
Je ne vais pas citer de nom parce que ça va faire après
BRUCE TOUSSAINT
Moi, je vais en citer un : Laura FLESSEL.
THIERRY BRAILLARD
Oui, oui. Laura FLESSEL, quatre olympiades, donc elle sait de quoi elle parle.
BRUCE TOUSSAINT
Renaud LAVILLENIE.
THIERRY BRAILLARD
Ça va être difficile parce que Renaud LAVILLENIE sera quand même là en cours de carrière, mais Renaud LAVILLENIE peut porter la candidature. Vous avez Tony PARKER qui est très bien aussi, très emblématique, car on sait que
BRUCE TOUSSAINT
Tony PARKER qui gagne cinquante millions par an ? C'est très olympique ?
THIERRY BRAILLARD
On ne parle pas d'argent, il faut savoir dépasser ça. C'est une ambition collective. Tony PARKER veut par exemple mener l'équipe de basket aux JO pour avoir une médaille et il se mettra au niveau de tout le monde.
BRUCE TOUSSAINT
La remise du rapport sur la faisabilité, c'est la première grande étape et ce sera tout à l'heure. Normalement, avant le mois de juin ou d'ici le mois de juin, il y aura le oui ou le non pour la ville de Paris. Mais on a bien compris que c'est très, très bien parti. Vous nous avez annoncé plus de 90 % de chance pour Paris d'être candidate. Merci beaucoup Thierry BRAILLARD.
THIERRY BRAILLARD
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 février 2015