Texte intégral
JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour Marisol TOURAINE.
MARISOL TOURAINE
Bonjour Jean-Marie APHATIE.
JEAN-MICHEL APHATIE
Le Premier ministre a présenté hier à Matignon une nouvelle réforme des retraites, nous allons essayer ce matin, si vous en êtes daccord, avec les auditeurs tout à lheure et puis nous deux tout de suite, den parler concrètement. Tout dabord la hausse des cotisations retraite pour les salariés du privé et du public, plus 0,3 point, ce qui se traduira par 4,50 euros de moins sur un salaire pour un SMIC, donc plus si on gagne plus évidemment. Cest une nouvelle ponction sur les salariés, ce nest pas un problème ?
MARISOL TOURAINE
En 2017 seulement. Mais permettez-moi dabord de revenir sur la volonté qui a été celle du gouvernement, la mienne, celle du Premier ministre, de mettre en place
JEAN-MICHEL APHATIE
Rapidement alors, pour en parler concrètement.
MARISOL TOURAINE
Oui mais parce quil sagit dune réforme de fond et pour longtemps. Ne rien faire
JEAN-MICHEL APHATIE
On nous dit ça chaque fois vous savez.
MARISOL TOURAINE
Jean-Michel APHATIE, ne rien faire aurait abouti à mettre en danger les retraites de ceux qui aujourdhui sont déjà retraités, et de ceux qui vont prendre leur retraite dans les prochaines années. Si nous voulons garantir aux Français que leurs retraites seront payées, nous devons prendre des mesures et certaines de ces mesures sont difficiles. Alors jentends
JEAN-MICHEL APHATIE
Tout le monde en est daccord quil faut faire quelque chose.
MARISOL TOURAINE
Tout le monde en est daccord, il nempêche quil y avait beaucoup dinquiétude Mais ce que jentends cest que au fond pour être sérieuse une réforme devrait être douloureuse, violente, brutale, et nous nous avons fait la démonstration quon peut mettre en place une réforme de fond qui ne soit ni brutale, ni violente. Je prends là lexemple
JEAN-MICHEL APHATIE
Nouvelle ponction sur le pouvoir dachat.
MARISOL TOURAINE
Je prends lexemple de la réforme de 2010, cette réforme a été brutale, eh bien on voit quelle na pas donné de résultat. Alors quel est le choix que nous avons fait ? Je parle de la hausse des cotisations
JEAN-MICHEL APHATIE
Non, non, sil vous plait, non, ma question cest est-ce quune nouvelle ponction sur le pouvoir dachat est un problème ou pas ?
MARISOL TOURAINE
Une hausse de cotisation de 0,15 point lannée prochaine, pour quelquun qui est au SMIC représentera 2,15 euros qui va augmenter petit à petit, et donc aboutira en 2017, comme vous lavez dit, au double, 4,40 euros.
JEAN-MICHEL APHATIE
Psychologiquement cest une taxe de plus, cest un prélèvement de plus, cest ça le problème.
MARISOL TOURAINE
Cest une contribution de plus, cest une cotisation. Mais nous navons pas caché que des efforts étaient nécessaires ; on ne peut pas dun côté nous dire « votre réforme nest pas assez douloureuse et brutale et de lautre considérer que tout effort demandé serait un effort injustifié ». Il y avait des choix à faire, ces choix nous les avons fait en responsabilité, une hausse de cotisations mesurée et progressive tout de suite et un allongement de la durée de cotisations à partir de 2020, là encore très progressive, parce que comme cela a été dit sur votre antenne cela commencera à partir de 2020, 41,75 années en 2020 pour monter petit à petit et atteindre 43 ans en 2035.
JEAN-MICHEL APHATIE
Les cotisations des employeurs seront aussi augmentées, mais le Premier ministre
MARISOL TOURAINE
Du même montant.
JEAN-MICHEL APHATIE
Le Premier ministre a dit hier quune réforme serait engagée pour compenser cette hausse afin, a-t-il dit, que le cout du travail en 2014 naugmente pas pour les entreprises. Est-ce que vous pouvez nous dire comment la compensation va intervenir pour les entreprises ?
MARISOL TOURAINE
Cest un enjeu différent de celui de la réforme des retraites. Et ça nest pas parce que nous mettons en place une réforme des retraites que nous nentendons pas les enjeux liés à la compétitivité de la France et de léconomie française. Des mesures ont déjà été prises en ce sens notamment le crédit dimpôt, le fameux CICE qui permet aux entreprises françaises dêtre plus compétitive.
JEAN-MICHEL APHATIE
Comment on compense la hausse des cotisations des employeurs ?
MARISOL TOURAINE
Nous allons discuter de cela, vous savez quil y a dans la politique sociale ce que lon appelle des politiques, par exemple la politique familiale, qui relèvent davantage de la solidarité que de ce qui tient au travail, et donc il y a une réflexion depuis longtemps qui est engagée dans le cadre maintenant du haut conseil pour les finances sociales, lavenir de la protection sociale pardon, pour voir comment on pourrait rééquilibrer ces mécanismes
JEAN-MICHEL APHATIE
Quel est le montant nécessaire de compensation ?
MARISOL TOURAINE
Ca, ça dépend. Lannée prochaine les entreprises seront amenées à contribuer pour la réforme des retraites dun tout petit peu plus d1 milliard deuros
JEAN-MICHEL APHATIE
Et vous allez compenser tout de suite ?
MARISOL TOURAINE
Nous allons travailler pour voir comment nous pouvons faire évoluer ce système.
JEAN-MICHEL APHATIE
Quest-ce qui va augmenter, où vous allez trouver ce milliard pour compenser pour les entreprises ?
MARISOL TOURAINE
La discussion est engagée aujourdhui. Nous mettons sur la table la réforme des retraites .
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc ça cest une nouvelle charge que vous allez sans doute faire peser, je ne sais pas, par la TVA ou un autre mécanisme.
MARISOL TOURAINE
Nous avons toujours dit que nous nétions pas favorables à une augmentation de la TVA pour financer la politique sociale
JEAN-MICHEL APHATIE
Il va bien falloir les payer les cotisations familiales.
MARISOL TOURAINE
La discussion sengage et cela aura lieu dans le cadre de ce haut conseil pour lavenir de la protection sociale.
JEAN-MICHEL APHATIE
Dans le cadre de cette réforme des retraites, un fonds de pénibilité va être crée en 2015. Là aussi assez concrètement, on lévalue à 2 milliards deuros ce fonds.
MARISOL TOURAINE
Oui, un compte. En 2035. Donc ça va monter en puissance progressivement puisque de quoi sagit-il ?
JEAN-MICHEL APHATIE
Comment vous allez le financer ?
MARISOL TOURAINE
Par une cotisation des entreprises
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc là les charges des entreprises vont augmenter ?
MARISOL TOURAINE
Une cotisation, une petite cotisation des entreprises qui interviendra à partir de 2016 puisquil faut le temps que se mette en place ce dispositif. Et de quoi sagit-il ? Il sagit de faire en sorte que chaque salarié qui est exposé à un facteur de pénibilité, ces facteurs ils sont connus, les syndicats et le patronat se sont mis daccord il y a quelques
JEAN-MICHEL APHATIE
Travail de nuit, travail debout, il y a des critères.
MARISOL TOURAINE
Voilà, le travail de nuit, lexposition avec .
JEAN-MICHEL APHATIE
Combien de travailleurs, on évalue à combien le nombre de travailleurs ?
MARISOL TOURAINE
On évalue à environ 1 salarié sur 5, celui qui est exposé à de tels risques de pénibilité. 20 %, ça fait à peu près, ça dépend des années, pour ceux qui partent à la retraite vous avez à peu près 700 000 personnes qui partent à la retraite chaque année donc cest plus de 100 000 personnes
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc 150 000 personnes. Daccord.
MARISOL TOURAINE
Mais, il faudra donc que pour tous les salariés qui sont concernés, lentreprise les inscrive à un compte, chaque trimestre permettra daccumuler des points et au bout de dix ans vous aurez acquis la possibilité davoir une année, alors une année de formation, une année de retraite progressive ou tout simplement une année de retraite anticipée.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et ça, on en convient, cest une charge de plus pour les entreprises. On en convient ou pas ?
MARISOL TOURAINE
Il y aura une contribution des entreprises pour le financer
JEAN-MICHEL APHATIE
Cest contradictoire avec ce que dit le Premier ministre, le cout du travail naugmentera pas. Donc il augmentera ?
MARISOL TOURAINE
Pour les retraites, pour la mise en place
JEAN-MICHEL APHATIE
On est daccord sur la contradiction ?
MARISOL TOURAINE
Il ny a pas de contradiction. Nous avons dun côté le financement des régimes de retraite, et de lautre côté nous avons la mise en place de quelque chose qui est tout à fait nouveau, et qui est un compte pénibilité. Jattire lattention sur le fait que cest la première fois que nous bouleversons la manière de concevoir les départs en retraite. Jentendais quau fond il ny avait pas de réforme de fond. Ca cest une réforme de fond, parce que pour la première fois on va tenir compte des conditions de travail, de lévolution des carrières pour définir les conditions de départ en retraite. Vous savez Jean-Michel APHATIE, un ouvrier a une espérance de vie qui est inférieure de six ans à celle dun cadre. Et il nest pas normal que cela naboutisse pas à des différences dans les conditions de départ en retraite.
JEAN-MICHEL APHATIE
La grande critique Marisol TOURAINE concerne limmobilisme sur la fonction publique, vous ne touchez pas notamment au mode de calcul de pension des fonctionnaires, calculée sur les six derniers mois alors que celle du secteur privé est sur les vingt cinq meilleures années, pourquoi ?
MARISOL TOURAINE
Les fonctionnaires, comme les salariés dailleurs des régimes spéciaux, vont être concernés par lévolution qui est engagée
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous ne touchez pas au mode de calcul des pensions.
MARISOL TOURAINE
Attendez jy viens, allongement de la durée de cotisations, ça les concerne ; augmentation des cotisations, ça les concerne ; je veux dire .
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais pas le mode de calcul des pensions, pourquoi ?
MARISOL TOURAINE
Je veux dire quaujourdhui un fonctionnaire part à la retraite avec un niveau de retraite équivalent à celui dun salarié du privé.
JEAN-MICHEL APHATIE
Cest pour ça que vous ne touchez pas au mode de calcul ?
MARISOL TOURAINE
Pourquoi ? Parce que ce qui compte cest que pour un travail donné le niveau de la retraite soit de même montant. Pourquoi est-ce que cest de même montant malgré une différence de calcul ? Parce quil y a beaucoup déléments qui nentrent pas en ligne de compte dans le calcul de la retraite des fonctionnaires, en particulier les primes.
JEAN-MICHEL APHATIE
Maintenant vous ferez face Marisol TOURAINE aux questions des auditeurs de RTL à partir de 8h15.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 août 2013