Texte intégral
Cest un immense plaisir pour moi dêtre ici aujourdhui au ministère de la Culture et de la Communication pour célébrer le lancement de ce timbre commémorant 10 ans de mécénat. Je souhaite tout dabord féliciter Aurélie Filippetti pour son travail, et je me réjouis que nos deux ministères travaillent ensemble sur un sujet aussi important que celui-là. Je tiens aussi à saluer lengagement et la générosité des entreprises mécènes et bien sûr des associations et fondations. Elles mènent, ensemble, dinnombrables actions au profit de la culture et de la cohésion sociale.
Rien de cela naurait été possible sans la loi du 1er août 2003 : elle a soutenu et amplifié la coopération entre entreprises et associations, alors que nous étions bien en retard sur nos voisins européens ! Elle a enfin développé une vraie culture du mécénat à léchelle nationale ! La société civile a pris un rôle nouveau et loccasion se présente donc aujourdhui de témoigner toute la reconnaissance que nous devons à lensemble de ces acteurs, pour sêtre engagés si souvent à nos côtés.
Je ne métendrai pas sur les dispositions de la loi, sur des faits et chiffres connus de tous. Je voudrais surtout insister sur le principal acquis de cette loi : depuis 10 ans, nous avons appris à construire lintérêt général dune autre manière. Car ladoption de la loi de 2003 a créé une nouvelle distribution des rôles entre Etat, associations et entreprises.
Parlons dabord des entreprises. Elles ont su trouver leur place, au sein dun réseau de relations qui étaient depuis longtemps nouées entre lEtat et le mouvement associatif. On connait lengagement historique inébranlable des associations dans lamélioration de notre « vivre ensemble ». Ce que nous ont apporté ces 10 dernières années, cest un engagement croissant des entreprises privées, avec des partenariats plus systématiques avec les associations. Malgré une conjoncture difficile, ces entreprises ont été à lécoute des besoins de la société, au-delà de leurs activités marchandes ! Elles ont acquis un véritable rôle dans la construction de lintérêt général. Un rôle ? Je devrais même dire une responsabilité ! Car il ne suffit pas de débloquer des fonds pour faire du mécénat ! Il faut aussi un projet, pensé par lentreprise tout autant que par le bénéficiaire. Il faut un engagement fort, de lefficacité, afin que le résultat ait une véritable valeur ajoutée. Nombreuses sont les entreprises qui soutiennent aujourdhui quotidiennement des associations, ou font uvre utile par le biais de fondations. Elles recréent du lien social et donnent vie à un nouveau projet de société !
Voilà où est le vrai progrès. Mais, bien sûr, tout cela ne pouvait se faire sans un repositionnement de lEtat. Un repositionnement (jinsiste sur ce terme), et non un retrait. A travers la mise en uvre des dispositions de la loi de 2003, lEtat engage chaque année une dépense fiscale de 800 millions deuros environ. Et grâce à cela, nous disposons à présent de lun des régimes du mécénat les plus incitatifs au monde.
Permettez-moi maintenant de revenir rapidement sur les apports de cette loi pour chacune des parties.
Lexpansion du mécénat a dabord eu un « effet de levier » incontestable pour les associations.
Grâce au mécénat, qui mobilise aujourdhui un tiers des entreprises françaises, des activités dintérêt général ont été financées à moindre coût. Linvestissement des entreprises, relayé par lengagement bénévole, génère une activité économique qui démultiplie limpact du don initial. Une logique dentraînement se crée et les actions se construisent dans la durée, car les entreprises souhaitent pérenniser leur soutien et structurent leur projet dans ce sens. Bien entendu, le mécénat nest pas la seule source de financement des associations, ni même la plus importante. Il ne représente avec les dons que 5% environ de leurs ressources totales . Mais il leur permet de diversifier leurs financements, dans un contexte économique et budgétaire peu favorable.
On a pu constater que le mécénat dentreprise était aussi un formidable facteur dinnovation. Les projets associatifs sont souvent sélectionnés par les entreprises pour leur originalité et pour leur capacité à répondre à des besoins nouveaux de la société. Les associations sont incitées à réfléchir sans cesse aux évolutions en cours, à détecter de nouveaux besoins sociaux et à mettre au point des programmes inédits.
De plus, on a vu émerger de nouvelles modalités de mécénat, comme le mécénat de compétence. Dans ce cas, les entreprises ne sont plus seulement pourvoyeuses de fonds. Elles mettent à disposition des associations les compétences de leurs salariés, proposent leurs conseils, leur expertise ou leur assistance. Les membres des associations profitent bien sûr de cette coopération pour accroître leurs propres compétences, leur efficacité et développer au mieux leur structure.
Mais on ne peut parler des associations sans citer au moins quelques unes de leurs réalisations, soutenues par du mécénat dentreprise. Durant ces 10 années, de nombreux projets innovants sont apparus. Un constat encourageant : 25% dentre eux sont consacrés aux jeunes. Or, vous le savez, la jeunesse est la priorité du Président de la République et nous souhaitons impliquer les associations dans la politique que nous menons. Deux exemples mont particulièrement intéressée : « Passeport davenir », créée à linitiative dune entreprise de téléphonie mobile, accompagne des jeunes des quartiers populaires engagés dans des filières dexcellence. Lassociation soutient ainsi près de 4000 étudiants et a su mobiliser autour deux une quinzaine dentreprises. Lassociation « Sport dans la ville » a aussi retenu mon attention, car elle favorise linsertion sociale et professionnelle des jeunes des quartiers sensibles grâce au sport. 3000 jeunes bénéficient de ce programme et ils travaillent en réseau avec des entreprises de secteurs très divers, dont La Poste. Jen profite ici pour saluer linvestissement de la fondation La Poste, e madressant à M. le Délégué Général du Groupe La Poste : avec des projets aussi variés que pérennes - tels que le soutien à lorganisation dateliers décriture - vous donnez un excellent exemple de ce que peut être un partenariat fructueux avec le monde associatif.
Dailleurs, ce dispositif législatif et fiscal est aussi un facteur dinnovation pour les entreprises. En prenant conscience de la contribution quelles peuvent apporter à la société, elles ont développé en leur sein une culture citoyenne, une culture solidaire, quil est important dencourager à lavenir. Les associations amplifient ce phénomène en interpellant parfois les entreprises sur leur propre fonctionnement ou leurs finalités. Elles les incitent à sinterroger, à changer leurs comportements, notamment en matière de développement durable.
Enfin, en répondant aux besoins nouveaux de la population, il est évident que le mécénat constitue un précurseur, un complément et un amplificateur de laction publique. Un précurseur, car il propose de nouvelles façons de faire. A titre dexemple, le mécénat culturel est de plus en plus couplé avec des actions éducatives ou sociales. On voit aussi se développer un mécénat territorial, sappuyant sur les collectivités locales. Un complément, car un nombre important de bénéficiaires du mécénat restent des structures publiques. Laction de lEtat sen trouve à la fois renouvelée et soutenue. Un amplificateur enfin, car les actions menées génèrent souvent de lemploi, et vont dans le sens des améliorations souhaitées par les pouvoirs publics.
Les 10 ans qui viennent de sécouler nous amènent donc à la conclusion suivante : nous devons conserver ce modèle vertueux qui associe, au bénéfice de tous, lEtat, les entreprises et les organismes non lucratifs. Certes, il faut laméliorer pour mieux connaître ses acteurs, pour renforcer « leffet de levier » que jévoquais tout à lheure, en deux mots pour faire mieux. Cest dailleurs une préoccupation constante des politiques publiques que dadapter en permanence nos outils aux besoins sociaux.
En fonctionnant main dans la main, entreprises et associations amorcent une toute nouvelle relation fonctionnant comme un cercle vertueux, où chacune des deux parties tire lautre vers le haut. Et vous pouvez compter sur lengagement sans faille dAurélie Filippetti et sur le mien, pour encourager et conforter cette dynamique.
Nous avons la preuve que la société civile a un rôle important à jouer à nos côtés. Cest pour nous un partenaire précieux avec lequel nous refondons aujourdhui un véritable dialogue civil.
Et je citerai pour terminer, Pierre Waldeck-Rousseau, lartisan de la loi de 1901 : « Lhomme ne peut rien faire en bien ou en mal quen sassociant. Il ny a pas darmure plus solide contre loppression ni doutils plus merveilleux pour les grandes uvres ».
Nous continuerons à travailler ensemble.
Merci à tous.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 6 septembre 2013