Déclaration de Mme Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé, sur la lutte contre la maldie de Parkinson et les maladies neuro-dégénératives, Paris le 12 avril 2013.

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Circonstance : Journée mondiale de la maladie de Parkinson à Paris le 12 avril 2013

Texte intégral

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Il est particulièrement important pour moi de venir m’exprimer devant vous à l’occasion de la journée mondiale de la maladie de Parkinson.
Je veux avant tout remercier l’association France Parkinson qui est à l’initiative de cette rencontre. Depuis près de 30 ans, son travail est précieux dans notre combat contre la maladie. Ses nombreuses actions pour soutenir les malades, leur famille et les aidants, pour contribuer aux progrès de la recherche et pour sensibiliser l’opinion publique sont indispensables. Cette journée est l’occasion de rappeler la détermination qui est celle du gouvernement pour lutter contre la maladie de Parkinson. Au même titre que l’ensemble des maladies neuro-dégénératives, et notamment la maladie d’Alzheimer, cet objectif constitue une priorité de santé publique.
Directement ou indirectement, des centaines de milliers de Français sont concernés. Dans notre pays, la maladie de Parkinson touche 150 000 personnes. Chaque année, 14 000 nouveaux cas sont déclarés. Après les accidents vasculaires cérébraux, la maladie de Parkinson est la deuxième cause de handicap moteur chez les personnes âgées.
Le pic épidémiologique est devant nous. La maladie apparaît tardivement, en moyenne entre 55 et 65 ans. Le vieillissement de la population et l’amélioration de l’espérance de vie augmenteront ainsi mécaniquement le nombre de malades.
Au cours des dernières décennies, la recherche sur les maladies du cerveau a fait des progrès considérables. Les avancées de la science ont permis de mettre au point des traitements efficaces pour lutter contre de nombreux symptômes.
Toutefois, cette pathologie reste encore mal connue. Ses causes sont multiples et difficilement identifiables. Il existe encore beaucoup de confusions autour de ses symptômes. C’est pourquoi nous devons tout faire pour sortir de l’ombre la maladie de Parkinson.
Aux enjeux scientifiques s’ajoute le défi humain.
La maladie évolue lentement et progressivement. Elle engendre inexorablement des situations de handicap qui dégradent considérablement la qualité de vie, notamment au travail chez les patients actifs. Elle nécessite d’aménager le domicile pour favoriser la mobilité. Chaque fois, l’entourage souffre de voir un proche diminué. L’annonce de la maladie, comme les conséquences de son évolution, sont souvent mal vécues. C’est pourquoi il est primordial d’assurer, le plus tôt possible, un soutien psychologique pour le patient et sa famille.
La priorité, c’est de mieux répondre à leurs besoins.
I/ Ces derniers mois, de nombreuses avancées ont été réalisées. Permettez-moi d’en évoquer quelques unes :
1/ La première concerne l’organisation de notre territoire.
Celle-ci se structure désormais autour de 24 centres régionaux de coordination et de 7 centres spécialistes interrégionaux. Ils ont permis de mettre en place des filières de soins et une prise en charge pluridisciplinaire. Leurs équipes portent le développement de parcours personnalisés et de l’éducation thérapeutique des patients. Elles assurent l’harmonisation des pratiques et des outils, ainsi que la formation des professionnels. Elles mènent des actions de formation et de recherche. Au total, plus de 3 millions d’euros ont bénéficié à l’ensemble de ces structures.
2/ Je veux également rappeler la mise en place, depuis l’année dernière, de la visite longue. Elle permet au médecin traitant de se rendre au domicile du patient, en présence de l’aidant : elle est l’occasion de mieux découvrir son cadre de vie et de vérifier l’adéquation entre ses besoins et ceux de son entourage, et les moyens mis en place. Aujourd’hui, une centaine de patients en bénéficie chaque mois.
3/ Enfin, j’aimerais parler de la nouvelle visite de pré-reprise pour le salarié en arrêt de travail. Elle a été mise en place peu de temps après la parution du texte réglementaire en juillet 2012. La médecine du travail a été profondément remaniée. Une visite supplémentaire, en plus de la visite de reprise, permet de mieux préparer le retour vers l’emploi. On peut vivre avec la maladie. On peut travailler avec elle. Et parce que le travail est un facteur d’intégration, notre devoir, c’est de préserver un lien fort entre le malade et son environnement.
II/ Aujourd’hui, nous avons l’immense responsabilité d’aller plus loin encore. D’autres chantiers ont déjà été initiés et trouveront une traduction concrète dans les prochains mois.
1/ Le premier d’entre eux concerne le travail réalisé pour sensibiliser à la détection des effets iatrogéniques.
C’est un enjeu majeur pour le quotidien des patients et celui de leur famille. Avant l’été, une étude qualitative sur les troubles du comportement liés aux traitements nous permettra d’y voir plus clair sur ce sujet.
2/ Je tiens également à mentionner l’élaboration, qui est aujourd’hui en cours, du programme qui succédera au planAlzheimer 2008-2012. Notre ambition, c’est de l’élargir aux autres maladies neuro-dégénératives, et notamment à la maladie de Parkinson.
Certes, ces pathologies sont très différentes et nous ne ferons pas d’amalgame entre la prise en charge de la maladie d’Alzheimer et celle de la maladie de Parkinson. Toutefois, les besoins des malades au quotidien se recoupent souvent. Il est donc indispensable que tous les patients puissent bénéficier des mêmes avancées dans les domaines sanitaire et médico-social, mais aussi sur le plan de la recherche médicale. Ce principe de justice face au progrès des thérapies est absolument fondamental. Il sera au coeur des actions que je conduirai dans ce domaine.
3/ Enfin, le ministère de la santé n’est pas seul mobilisé. De nombreuses mesures de recherche sont actuellement pilotées par le ministère de Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Je pense également aux actions nationales menées dans le cadre des activités de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière. A l’échelle communautaire enfin, de multiples initiatives, telles que le projet « European Union Joint Programme – Neurodegenerative Disease Research», illustrent l’ampleur de la mobilisation européenne sur ce sujet.
III/ Mais pour aller plus loin, il manque encore l’essentiel : il s’agit de tout faire pour développer un accompagnement personnalisé au quotidien et en proximité, qui couvre l’ensemble besoins.
Je connais le souhait des associations d’élaborer un plan de santé publique dédié à la maladie de Parkinson. Mais la mise en place d’un plan de santé publique, si elle est souhaitable, ne peut masquer une exigence : c’est tout notre système de santé qui doit évoluer. C’est tout le sens de la stratégie nationale de santé, dont le Premier ministre m’a confié la responsabilité. Elle assurera le développement d’une médecine de parcours, centrée sur le patient : la logique de parcours doit lui permettre d’être accompagné à chaque étape et de mieux vivre avec la maladie. Nous devons limiter pour lui et pour les aidants, les innombrables points du système qui transforment la prise en charge d’une maladie au long cours en parcours du combattant. Chaque malade est différent. On ne peut pas construire le même parcours pour un patient jeune, encore actif, ou pour un patient plus âgé dépendant qui présente des troubles cognitifs.
Il s’agira également de renforcer nos actions de prévention : c’est notre meilleure arme pour lutter contre les inégalités de santé.
Dans ce champ, le travail des agences régionales de santé avec les associations de patients et les professionnels de santé est primordial pour connaître la réalité des besoins. Nous devons faire confiance aux acteurs de terrain. L’association France Parkinson, au travers de son livre blanc, a ainsi été à l’origine de nombreuses mesures ces dernières années.
Monsieur le président,
Mesdames et messieurs,
Il faut poursuivre les efforts et la mobilisation. Dans ce domaine, je tiens aujourd’hui à vous assurer de ma détermination. Nous mettrons tout en oeuvre, pour rendre plus lisibles les actions en faveur des patients atteints de Parkinson. Je connais votre engagement pour palier le manque de visibilité et de reconnaissance de la maladie de Parkinson. Cet engagement, soyez-en assurés, est aussi le mien.
Le changement a déjà été initié en ce sens et ma présence parmi vous en témoigne.
Je vous remercie.
Source www.franceparkinson.fr, le 10 septembre 2013