Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, en réponse à une question sur la situation des éleveurs de bovins, à l'Assemblée nationale le 8 novembre 2001.

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Texte intégral

Monsieur le président du Sénat,
Mesdames et Messieurs les sénateurs
Monsieur le sénateur
Comme je n'ai pas reçu le groupe Centriste, vous trouveriez peut être discourtois que je ne reçoive pas votre question. J'ai eu l'impression que tout ce que vous développiez relevait plus d'une intervention que d'une question. Je vais répondre très simplement, moins sur le fond - dont je dirai un mot, pour finir - que sur la forme, puisque F. Patria - la Consommation ne se distinguant pas de l'Agriculture, son expérience du monde rural et du monde agricole étant reconnu de tous - a répondu au nom du ministre de l'Agriculture et du Gouvernement, il y a un instant, sur le fond.
Je vous le dis très franchement, vous connaissez l'emploi du temps d'un Premier ministre. Cet emploi du temps ne s'est pas allégé depuis les événements du 11 septembre. Je ne peux pas recevoir, seulement parce qu'ils le demandent, un groupe politique particulier sur une question particulière. Je réunis les présidents de groupes et de commissions de l'Assemblée et du Sénat, par exemple sur les conséquences du 11 septembre. Je peux être amené - encore que je le fais rarement - à réunir, parce qu'ils le demandent, des députés ou des sénateurs de toutes tendances, sur un problème particulier, ou en tout cas, ils sont souvent reçus à mon cabinet. Mais l'idée que je pourrais, dans le travail qui est le mien, parce qu'un groupe politique d'une Assemblée le demande, le recevoir, est tout simplement impossible. Je ne pourrais pas faire mon travail de Premier ministre.
Alors, j'ai simplement, effectivement, demandé que le ministre de l'Agriculture vous reçoive. Et je vous réponds, pour que ce soit clair sur la méthode, devant vous tous.
Sur le fond, monsieur Patriat a répondu. Si la situation du marché s'est redressée, c'est quand même parce qu'au delà de l'effort fait par le monde agricole français et par les producteurs de viande pour prouver, en insistant sur la qualité, sur la traçabilité, sur la maîtrise de la production, sur de nouvelles méthodes de production de la viande, ils ont contribué à sécuriser aux yeux des consommateurs les viandes que nous produisons. Mais c'est aussi parce que le Gouvernement a totalement assumé ses responsabilités au plan sanitaire, au plan des intrants dans la nourriture animale, devant régler en urgence le problème des farines animales, a mené à Bruxelles des actions extrêmement importantes, là aussi, pour assurer la sécurité sanitaire donc rassurer les consommateurs, donc donner une nouvelle chance à la consommation de reprendre.
Nous menons un effort constant pour que la restauration collective joue son rôle et j'espère que cela va se redresser encore.
Nous connaissons les problèmes qui existent et je peux vous dire que j'ai reçu au cours de ces trois jours, successivement, le CNJA, la Confédération paysanne, et ce matin, la FNSEA pour parler, bien sûr, du dossier de Doha. Nous les y avons associés ; j'ai dit que l'agriculture ne serait pas une variable d'ajustement de la négociation, j'ai rappelé le fondement sur les accords de Berlin qui nous guideraient dans la négociation et je les ai écoutés pleinement - ce qui est mon rôle de Premier ministre.
Mais si nous avons parlé de la préparation de Doha, nous avons naturellement parlé de la crise bovine et tout particulièrement des problèmes du bassin allaitant. Des mesures ont été prises, nous travaillons à en prendre d'autres sur la base d'une analyse objective de la situation. Je pense vraiment - en tout cas c'était la tonalité qui résultait de mes échanges avec ces organisations agricoles - qu'ils sont conscients que dans une situation difficile, le Gouvernement fait son devoir, continuera à le faire. Il n'y a pas d'agriculteurs sans revenus, c'est clair, mais il n'y pas d'agriculture, non plus, si elle n'est pas défendue par les autorités publiques dans le débat international, comme dans les problèmes nationaux. Ce Gouvernement est décidé à le faire comme il l'a toujours fait depuis quatre ans et demi."

(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 9 novembre 2001)