Texte intégral
20 ans après, que peut-on dire de l'événement que constitua la victoire du 10 mai 1981 ?
Le 10 mai 1981 est une date historique. Celle de la première alternance sous la Ve République, après 23 ans de domination de la droite. Celle de la victoire de la gauche, grâce à la conjugaison de la volonté d'un homme, François Mitterrand, d'un parti - le PS refondé 10 ans plus tôt à Epinay et d'une stratégie - l'union par-delà les combats et les suspicions. Enfin, celle de l'espérance entretenue par des millions d'hommes de voir inscrites de nouvelles conquêtes sociales après les pages glorieuses du Front populaire et de la Libération.
Le Parti socialiste, que vous dirigez aujourd'hui a été durant ces vingt années, successivement un parti de gouvernement et un parti d'opposition. A-t-il su intégrer ces deux cultures ?
L'opposition n'a pas de sens si elle s'immobilise dans la protestation, se mure dans l'incantation et se drape dans le refus de la responsabilité. Elle doit conduire, par la justesse de la critique et la force des propositions, à l'exercice du pouvoir. Il n'est - pour la gauche - ni dangereux ni infamant de gouverner. C'est même un devoir si l'intention est bien de réformer et de changer la société dont elle dénonce les dérives inégalitaires.
Le PS, depuis 1981, a passé autant de temps dans l'opposition qu'au gouvernement. Il n'a su ni se résigner au confort de celle-là ni se satisfaire de la participation à celui-ci. Il a veillé à respecter ses engagements. Il a parfois échoué à les réaliser. Mais, il a réussi à donner à la gauche dans son ensemble la capacité, non seulement de résister mais aussi d'agir dans la durée.
Cet honneur-là ne lui a pas toujours garanti la victoire, mais il lui a permis d'éviter que les défaites, fussent-elles les plus cruelles, ne deviennent des capitulations.
La victoire de 1981 s'est construite autour du concept "d'Union de la gauche" Quelle est la différence avec celui de la "Gauche plurielle" et comment faire vivre cette notion pour connaître une nouvelle victoire en 2002 ?
La Gauche plurielle, comme l'Union de la gauche hier, épouse les contours des forces politiques qui prétendent - dans leur diversité- représenter le mouvement et l'exigence de solidarité. Elle est comme la construction précédente : une formule à la fois dynamique et fragile. Elle est plus qu'une simple alliance électorale, car elle suppose une volonté de gouverner ensemble. Elle est mieux qu'une coalition circonstancielle - le temps d'une législature - car elle exige un renouvellement régulier de son pacte fondateur.
Elle est davantage que l'addition de familles politiques avec leurs traditions, leurs pratiques et leurs identités, car elle est une force qui échappe à chacune de ses composantes et dont l'intensité dépend du respect que toutes lui accordent.
L'issue de l'échéance de 2002, comme celle de 1981, dépendra d'abord de la volonté des socialistes de donner du sens et de la portée à une union, dont la qualité est la première condition du succès, la seconde tenant à la force du projet.
(source http://www.parti-socialiste.fr, le 7 mai 2001)
Le 10 mai 1981 est une date historique. Celle de la première alternance sous la Ve République, après 23 ans de domination de la droite. Celle de la victoire de la gauche, grâce à la conjugaison de la volonté d'un homme, François Mitterrand, d'un parti - le PS refondé 10 ans plus tôt à Epinay et d'une stratégie - l'union par-delà les combats et les suspicions. Enfin, celle de l'espérance entretenue par des millions d'hommes de voir inscrites de nouvelles conquêtes sociales après les pages glorieuses du Front populaire et de la Libération.
Le Parti socialiste, que vous dirigez aujourd'hui a été durant ces vingt années, successivement un parti de gouvernement et un parti d'opposition. A-t-il su intégrer ces deux cultures ?
L'opposition n'a pas de sens si elle s'immobilise dans la protestation, se mure dans l'incantation et se drape dans le refus de la responsabilité. Elle doit conduire, par la justesse de la critique et la force des propositions, à l'exercice du pouvoir. Il n'est - pour la gauche - ni dangereux ni infamant de gouverner. C'est même un devoir si l'intention est bien de réformer et de changer la société dont elle dénonce les dérives inégalitaires.
Le PS, depuis 1981, a passé autant de temps dans l'opposition qu'au gouvernement. Il n'a su ni se résigner au confort de celle-là ni se satisfaire de la participation à celui-ci. Il a veillé à respecter ses engagements. Il a parfois échoué à les réaliser. Mais, il a réussi à donner à la gauche dans son ensemble la capacité, non seulement de résister mais aussi d'agir dans la durée.
Cet honneur-là ne lui a pas toujours garanti la victoire, mais il lui a permis d'éviter que les défaites, fussent-elles les plus cruelles, ne deviennent des capitulations.
La victoire de 1981 s'est construite autour du concept "d'Union de la gauche" Quelle est la différence avec celui de la "Gauche plurielle" et comment faire vivre cette notion pour connaître une nouvelle victoire en 2002 ?
La Gauche plurielle, comme l'Union de la gauche hier, épouse les contours des forces politiques qui prétendent - dans leur diversité- représenter le mouvement et l'exigence de solidarité. Elle est comme la construction précédente : une formule à la fois dynamique et fragile. Elle est plus qu'une simple alliance électorale, car elle suppose une volonté de gouverner ensemble. Elle est mieux qu'une coalition circonstancielle - le temps d'une législature - car elle exige un renouvellement régulier de son pacte fondateur.
Elle est davantage que l'addition de familles politiques avec leurs traditions, leurs pratiques et leurs identités, car elle est une force qui échappe à chacune de ses composantes et dont l'intensité dépend du respect que toutes lui accordent.
L'issue de l'échéance de 2002, comme celle de 1981, dépendra d'abord de la volonté des socialistes de donner du sens et de la portée à une union, dont la qualité est la première condition du succès, la seconde tenant à la force du projet.
(source http://www.parti-socialiste.fr, le 7 mai 2001)