Texte intégral
Monsieur le Président, Mes chers Amis,
23 juin 1901, 23 juin 2001 Un siècle Cent ans. Cent ans de Parti Radical Cent ans d'histoire de France. Comment dissimuler l'émotion, le réel bonheur d'être aujourd'hui ici ? Ici avec mes amis radicaux, ici à vos côtés, Monsieur le Président.
Vous nous avez fait l'honneur de venir inaugurer l'Exposition du Centenaire, et je tenais - nous tenons tous - à vous en remercier.
C'est une journée exceptionnelle à tous égards. Une journée d'autant plus exceptionnelle que le Parti Radical est autre chose, et bien plus, qu'un parti comme les autres.
Ici, c'est toute notre histoire qui défile. Cette salle est le témoin silencieux de nos nombreuses réunions, de nos discussions, de nos confrontations, parfois vives, mais toujours productives.
100 ans de Parti Radical c'est en fait 100 ans d'Histoire de France. Les Radicaux sont - personne ne le conteste - les tenants intransigeants des grands principes et idéaux républicains. Les Radicaux sont l'expression de la " France des Français ". De la France des villages, de la France des terroirs comme de celle des boulevards comme aurait dit Edouard Herriot. De la France d'en bas, comme disait Edgar Faure.
Si l'ont doit à des Radicaux ces expressions, c'est sans doute à cause d'une sorte d'osmose entre l'évolution du radicalisme et notre histoire nationale. C'est aussi par un sens du débat public et une proximité avec le bon sens populaire qui nous a toujours animé. Descendants des Gaulois, héritiers des joutes rhétoriques des universités du Moyen-Age, des discours enflammés de la Convention, nous vivons nos 100 ans comme une inscription dans l'histoire.
Une histoire ouverte. On est radical, dans le Parti ou en dehors, comme vous, Monsieur le Président. Je ne manquerai pas ici le plaisir de citer le docteur QUEUILLE qui en rencontrant un jeune homme volontaire candidat dans sa circonscription, affirmait " il aurait mérité d'être radical ". On est radical parce qu'on refuse tout embrigadement, parce qu'on préférera toujours l'éducation à l'instruction, le courage à la technocratie, la raison à la force, le combat à la nostalgie du passé.
Cent ans du Parti Radical, c'est cent ans d'idées neuves offertes à la République.
D'abord pour notre pays, la France. Il faut la rendre exemplaire, sûre et prospère. Rien de plus naturel que de tels vux, mais nous avons la terrible impression qu'en France depuis 4 ans on ne fait pas toujours ce qu'il faut.
Je vous parlerai comme élu local qui rencontre régulièrement des citoyens qui veulent créer, transformer, investir. Mais ils vivent, nous vivons dans un pays dont le Premier Ministre hésite entre économie dirigée et administration autogérée.
Je vous parlerai comme élu de terrain qui constate qu'au lieu de donner aux collectivités les moyens de l'efficacité, on limite et on encadre leurs ressources, on bride leurs initiatives ; pour les élus aussi, et pas seulement pour les usagers, c'est Kafka tous les jours.
Nous avions en France une tradition de dialogue social, et voilà que le Gouvernement entreprend de nous nationaliser la sécurité sociale.
A Condorcet et à Auguste Comte, nous devons l'idée d'une république des savants. Mais aujourd'hui, le politique ne sait plus évaluer le risque scientifique et s'abandonne aveuglément au principe de précaution. Ayons le courage d'oser parfois la réponse graduée.
Nous avions par le travail de nos hussards noirs une des meilleures écoles du monde. Aujourd'hui, 10 % des jeunes sont illettrés ! ! !
Aujourd'hui, il y a un bug dans le système. Il faut réinitialiser le programme, il faut repartir du début, de la base. La base, c'est le radicalisme.
Pour les Radicaux, la politique a toujours été plus qu'un catalogue de propositions. Alain disait : " Ce que j'appelle un Radical, c'est un homme qui aime le droit et l'égalité. Son programme, c'est lui-même. " Voilà pourquoi le radicalisme a souvent dépassé le clivage, lui-même souvent factice, de la Gauche et de la Droite, n'en déplaise à ceux qui auraient voulu l'enfermer dans l'alliance avec les communistes et en faire une succursale du socialisme.
Le radicalisme se reconnaît bien d'avantage en Marianne, symbole de la République, mère nourricière, coiffée du bonnet phrygien, symbole de la liberté.
Repartir à la base, oui, revenir aux sources d'un radicalisme de combat.
Nous devons retrouver les accents du solidarisme. C'est l'urgence au moment où c'est le Gouvernement lui-même qui bloque le dialogue des partenaires sociaux, au moment où se multiplient les préavis de grève, au moment où, loin de contribuer à l'établir, l'Etat sape et entrave la démocratie sociale qui se cherche.
Nous devons retrouver l'élan des pères fondateurs de l'Europe, en l'élargissant aussi vers l'Est, vers le Sud où le Parti Radical a des propositions originales pour un véritable compagnonnage industriel permettant de faire naître et de développer un tissu de PME Cette relance nécessaire de l'élan européen, qui peut mieux l'engager qu'une France, grande, ambitieuse, qui rayonne au-delà de ses frontières ? Les Radicaux n'ont jamais séparé l'engagement européen de la certitude d'une vocation de la France à l'universel.
Pour y répondre, il faudrait que notre vie politique soit transformée en profondeur. Le quinquennat a, certes, constitué une première étape et nous avons fait compagne en sa faveur, mais il faut maintenant s'attaquer à de plus vastes chantiers et mettre fin à la suspicion permanente envers la politique qui paralyse le débat public.
De cette suspicion, nous avons un indicateur inquiétant, le désintérêt grandissant des élites pour la politique en France.
Si les grands projets ne se conçoivent plus qu'en dehors de l'hexagone, il deviendrait normal que le " Français moyen ", encore une expression radicale, rejette lui aussi la politique.
Je parle souvent de visions du futur. En fait pour agir, l'utopie est nécessaire. Un peuple croit en son avenir si pour lui les évènements ont du sens.
Le politique doit dire ce sens, et alors sa parole peut changer le monde. Car il mobilise largement.
Oui, pour agir, il faut une revitalisation de la politique.
Première évidence, les lois actuelles sur le financement des partis sont dépassées. Il faut les changer car la vie politique ne se limite pas à l'élection des parlementaires. Il faut que dans le calcul du financement soient pris en compte les élus des conseils généraux, régionaux et des grandes villes.
J'insisterai sur la nécessité de redonner aux partis politiques les moyens d'être aussi des machines à produire des idées et des solutions avant d'être des machines à produire des élus.
Pour cela, la France politique doit se doter de fondations, sur le modèle allemand ou italien, rattachées à de grands courants d'idées qui serviront à formuler, travailler et réfléchir sur des idées neuves. S'y retrouveront politiques, universitaires, syndicats, associations, citoyens engagés pour débattre, échanger et promouvoir des idées et des projets.
Pour le permettre la législation doit être changée, car il s'agit de l'avenir et du destin de notre démocratie.
Naturellement, les Radicaux sont demandeurs d'une telle fondation qui pourrait les réunir et les rassembler.
Le Parti radical souhaite que dès l'année prochaine puisse être ouvert le chantier des réformes.
Les Radicaux discernent trois catégories, trois champs impératifs de l'action publique : la démocratie sociale, les institutions de la République, au 1er rang desquelles l'Ecole, et l'édification constitutionnelle de l'Europe.
En ces domaines essentiels, les Radicaux ont formulé des propositions précises. Elles contribueront à l'animation du débat qui s'engage.
Monsieur le Président, je ne peux que vous remercier très sincèrement de nous avoir écoutés et, j'en suis convaincu, de nous avoir entendus. Croyez en ma gratitude, comme en celle de tous les Radicaux qui se réjouissent d'avoir été présent aujourd'hui, en cet endroit, à cette occasion.
Dans l'histoire des familles, comme dans celle des nations, il est des moments, plus importants que d'autres, où chacun sent que ses choix engagent l'avenir, où chacun sent que les volontés ouvrent les voies. C'est ce que, forts d'une histoire séculaire, les Radicaux ressentent aujourd'hui profondément.
Laissons, pour finir, la parole à l'un des plus grands de nos pères fondateurs : " Que faudrait-il pour changer tout cela ? Rien que la réforme, non de la législation, mais du législateur lui-même : la résolution d'agir ", voilà ce que disait Clemenceau en 1919. Qui, aujourd'hui, pourrait trouver, cette considération inactuelle ?
(source http://www.partiradical.net, le 9 août 2001)
23 juin 1901, 23 juin 2001 Un siècle Cent ans. Cent ans de Parti Radical Cent ans d'histoire de France. Comment dissimuler l'émotion, le réel bonheur d'être aujourd'hui ici ? Ici avec mes amis radicaux, ici à vos côtés, Monsieur le Président.
Vous nous avez fait l'honneur de venir inaugurer l'Exposition du Centenaire, et je tenais - nous tenons tous - à vous en remercier.
C'est une journée exceptionnelle à tous égards. Une journée d'autant plus exceptionnelle que le Parti Radical est autre chose, et bien plus, qu'un parti comme les autres.
Ici, c'est toute notre histoire qui défile. Cette salle est le témoin silencieux de nos nombreuses réunions, de nos discussions, de nos confrontations, parfois vives, mais toujours productives.
100 ans de Parti Radical c'est en fait 100 ans d'Histoire de France. Les Radicaux sont - personne ne le conteste - les tenants intransigeants des grands principes et idéaux républicains. Les Radicaux sont l'expression de la " France des Français ". De la France des villages, de la France des terroirs comme de celle des boulevards comme aurait dit Edouard Herriot. De la France d'en bas, comme disait Edgar Faure.
Si l'ont doit à des Radicaux ces expressions, c'est sans doute à cause d'une sorte d'osmose entre l'évolution du radicalisme et notre histoire nationale. C'est aussi par un sens du débat public et une proximité avec le bon sens populaire qui nous a toujours animé. Descendants des Gaulois, héritiers des joutes rhétoriques des universités du Moyen-Age, des discours enflammés de la Convention, nous vivons nos 100 ans comme une inscription dans l'histoire.
Une histoire ouverte. On est radical, dans le Parti ou en dehors, comme vous, Monsieur le Président. Je ne manquerai pas ici le plaisir de citer le docteur QUEUILLE qui en rencontrant un jeune homme volontaire candidat dans sa circonscription, affirmait " il aurait mérité d'être radical ". On est radical parce qu'on refuse tout embrigadement, parce qu'on préférera toujours l'éducation à l'instruction, le courage à la technocratie, la raison à la force, le combat à la nostalgie du passé.
Cent ans du Parti Radical, c'est cent ans d'idées neuves offertes à la République.
D'abord pour notre pays, la France. Il faut la rendre exemplaire, sûre et prospère. Rien de plus naturel que de tels vux, mais nous avons la terrible impression qu'en France depuis 4 ans on ne fait pas toujours ce qu'il faut.
Je vous parlerai comme élu local qui rencontre régulièrement des citoyens qui veulent créer, transformer, investir. Mais ils vivent, nous vivons dans un pays dont le Premier Ministre hésite entre économie dirigée et administration autogérée.
Je vous parlerai comme élu de terrain qui constate qu'au lieu de donner aux collectivités les moyens de l'efficacité, on limite et on encadre leurs ressources, on bride leurs initiatives ; pour les élus aussi, et pas seulement pour les usagers, c'est Kafka tous les jours.
Nous avions en France une tradition de dialogue social, et voilà que le Gouvernement entreprend de nous nationaliser la sécurité sociale.
A Condorcet et à Auguste Comte, nous devons l'idée d'une république des savants. Mais aujourd'hui, le politique ne sait plus évaluer le risque scientifique et s'abandonne aveuglément au principe de précaution. Ayons le courage d'oser parfois la réponse graduée.
Nous avions par le travail de nos hussards noirs une des meilleures écoles du monde. Aujourd'hui, 10 % des jeunes sont illettrés ! ! !
Aujourd'hui, il y a un bug dans le système. Il faut réinitialiser le programme, il faut repartir du début, de la base. La base, c'est le radicalisme.
Pour les Radicaux, la politique a toujours été plus qu'un catalogue de propositions. Alain disait : " Ce que j'appelle un Radical, c'est un homme qui aime le droit et l'égalité. Son programme, c'est lui-même. " Voilà pourquoi le radicalisme a souvent dépassé le clivage, lui-même souvent factice, de la Gauche et de la Droite, n'en déplaise à ceux qui auraient voulu l'enfermer dans l'alliance avec les communistes et en faire une succursale du socialisme.
Le radicalisme se reconnaît bien d'avantage en Marianne, symbole de la République, mère nourricière, coiffée du bonnet phrygien, symbole de la liberté.
Repartir à la base, oui, revenir aux sources d'un radicalisme de combat.
Nous devons retrouver les accents du solidarisme. C'est l'urgence au moment où c'est le Gouvernement lui-même qui bloque le dialogue des partenaires sociaux, au moment où se multiplient les préavis de grève, au moment où, loin de contribuer à l'établir, l'Etat sape et entrave la démocratie sociale qui se cherche.
Nous devons retrouver l'élan des pères fondateurs de l'Europe, en l'élargissant aussi vers l'Est, vers le Sud où le Parti Radical a des propositions originales pour un véritable compagnonnage industriel permettant de faire naître et de développer un tissu de PME Cette relance nécessaire de l'élan européen, qui peut mieux l'engager qu'une France, grande, ambitieuse, qui rayonne au-delà de ses frontières ? Les Radicaux n'ont jamais séparé l'engagement européen de la certitude d'une vocation de la France à l'universel.
Pour y répondre, il faudrait que notre vie politique soit transformée en profondeur. Le quinquennat a, certes, constitué une première étape et nous avons fait compagne en sa faveur, mais il faut maintenant s'attaquer à de plus vastes chantiers et mettre fin à la suspicion permanente envers la politique qui paralyse le débat public.
De cette suspicion, nous avons un indicateur inquiétant, le désintérêt grandissant des élites pour la politique en France.
Si les grands projets ne se conçoivent plus qu'en dehors de l'hexagone, il deviendrait normal que le " Français moyen ", encore une expression radicale, rejette lui aussi la politique.
Je parle souvent de visions du futur. En fait pour agir, l'utopie est nécessaire. Un peuple croit en son avenir si pour lui les évènements ont du sens.
Le politique doit dire ce sens, et alors sa parole peut changer le monde. Car il mobilise largement.
Oui, pour agir, il faut une revitalisation de la politique.
Première évidence, les lois actuelles sur le financement des partis sont dépassées. Il faut les changer car la vie politique ne se limite pas à l'élection des parlementaires. Il faut que dans le calcul du financement soient pris en compte les élus des conseils généraux, régionaux et des grandes villes.
J'insisterai sur la nécessité de redonner aux partis politiques les moyens d'être aussi des machines à produire des idées et des solutions avant d'être des machines à produire des élus.
Pour cela, la France politique doit se doter de fondations, sur le modèle allemand ou italien, rattachées à de grands courants d'idées qui serviront à formuler, travailler et réfléchir sur des idées neuves. S'y retrouveront politiques, universitaires, syndicats, associations, citoyens engagés pour débattre, échanger et promouvoir des idées et des projets.
Pour le permettre la législation doit être changée, car il s'agit de l'avenir et du destin de notre démocratie.
Naturellement, les Radicaux sont demandeurs d'une telle fondation qui pourrait les réunir et les rassembler.
Le Parti radical souhaite que dès l'année prochaine puisse être ouvert le chantier des réformes.
Les Radicaux discernent trois catégories, trois champs impératifs de l'action publique : la démocratie sociale, les institutions de la République, au 1er rang desquelles l'Ecole, et l'édification constitutionnelle de l'Europe.
En ces domaines essentiels, les Radicaux ont formulé des propositions précises. Elles contribueront à l'animation du débat qui s'engage.
Monsieur le Président, je ne peux que vous remercier très sincèrement de nous avoir écoutés et, j'en suis convaincu, de nous avoir entendus. Croyez en ma gratitude, comme en celle de tous les Radicaux qui se réjouissent d'avoir été présent aujourd'hui, en cet endroit, à cette occasion.
Dans l'histoire des familles, comme dans celle des nations, il est des moments, plus importants que d'autres, où chacun sent que ses choix engagent l'avenir, où chacun sent que les volontés ouvrent les voies. C'est ce que, forts d'une histoire séculaire, les Radicaux ressentent aujourd'hui profondément.
Laissons, pour finir, la parole à l'un des plus grands de nos pères fondateurs : " Que faudrait-il pour changer tout cela ? Rien que la réforme, non de la législation, mais du législateur lui-même : la résolution d'agir ", voilà ce que disait Clemenceau en 1919. Qui, aujourd'hui, pourrait trouver, cette considération inactuelle ?
(source http://www.partiradical.net, le 9 août 2001)