Texte intégral
Mesdames, Messieurs, Chers Amis,
Et un, et deux et trois zéro !
Zéro carbone, zéro pauvreté, zéro exclusion.
Le mot d'ordre de Convergences, forum auquel j'ai le plaisir de vous retrouver une nouvelle fois cette année, rappelle un des grands moments du football français. Ce mot d'ordre, il s'impose après Addis-Abeba, que j'oserai appeler les quarts de finale, le sommet de New York, les demi-finales, et dans la perspective de la COP21 à Paris. Paris climat 2015, c'est la grande finale de ce tournoi planétaire dans lequel nous sommes mobilisés.
Dans moins d'un mois, les 17 nouveaux objectifs de développement durable seront adoptés.
Pour la première fois dans l'histoire de la planète, du Burkina Faso à la Chine, du Chili au Vanuatu, l'humanité va converger dans ses choix de développement. Les agendas sociaux, environnementaux et économiques devront se mettre en cohérence.
Le dérèglement climatique est aujourd'hui une machine à produire de la pauvreté. Le climat tue, surtout les plus pauvres. Et à l'inverse, trop souvent, sortir de la pauvreté implique de sacrifier notre planète, notamment parce que les modèles de développement actuels n'ont pas encore trouvé la voie du «zéro carbone».
Dans le même temps, la planète n'a jamais été aussi riche. Mais s'il y a bien quelque chose qui augmente plus vite que le PIB, ce sont les inégalités. Les inégalités n'expliquent pas toutes les difficultés de la planète. Mais elles sont une des causes profondes de nombreux phénomènes dramatiques, des migrations aux conflits.
Tout ceci plaide pour placer les inégalités en haut de notre agenda pour l'après 2015.
Les choix politiques que nous nous apprêtons à faire, ensemble, à New York puis à Paris, ont pour objectif de faire basculer l'économie mondiale dans une nouvelle ère.
Une ère où les entreprises réconcilieront les objectifs de rentabilité, de lutte contre la pauvreté et de préservation de la planète. Une ère où les territoires, au plus proche des citoyens, construiront, partout, des espaces où il fait bon vivre, où les jeunes se formeront, trouveront un emploi, se construiront un avenir. Une ère où la solidarité s'exercera au quotidien.
Une ère aussi où les paroles se transformeront en actes. Car l'agenda du développement durable, avec ses 17 objectifs, se veut ambitieux. C'est une aspiration, c'est une ambition. C'est un phare dans la mondialisation, c'est une boussole pour les responsables politiques.
Chers Amis,
Nous sommes encore loin du zéro carbone, zéro pauvreté, zéro exclusion. Celui-ci ne se décrète pas. Il se construit.
Avec le succès de la conférence d'Addis-Abeba, nous avons posé des bases nouvelles pour assurer le financement du développement durable.
À Addis-Abeba, nous avons d'abord renouvelé notre engagement de solidarité.
La France est le 4ème donateur mondial d'APD, et elle s'est réengagée, comme ses partenaires européens, à parvenir à consacrer 0,7% de son PNB à l'aide publique au développement, avec un objectif de 0,2% pour les PMA.
Cela suppose de nouveaux moyens. Le rapprochement annoncé il y a deux semaines par le président de la République, entre l'Agence française de développement et la Caisse des dépôts et consignations renforcera les moyens disponibles.
L'AFD est à l'avant-garde des débats et de l'action sur le financement du développement durable. Ce rapprochement projette la France dans les défis du financement de l'après 2015. Forte de sa loi d'orientation et de programmation sur le développement et la solidarité internationale, et renforcée dans ses marges de manoeuvre financières, la France est déjà dans la mise en oeuvre de cet agenda.
À Addis-Abeba, nous avons aussi décidé de mieux associer le secteur privé au financement du développement. De nombreuses entreprises de l'économie sociale et solidaire, de l'entreprenariat social, ou de la responsabilité sociale et environnementale (RSE) montrent que les clichés de l'opposition entre recherche de profits et lutte contre la pauvreté peuvent être dépassés.
C'est pour cela que j'ai voulu que l'AFD soutienne davantage ces acteurs, parce qu'il faut désormais changer d'échelle. Je reconnais dans la salle de nombreux représentants de ce secteur, et Cher Jean Louis Bancel, je sais que vous y êtes sensible. Nous étions ensemble à Addis Abeba et nous en avons beaucoup parlé.
Je n'oublie pas les collectivités territoriales, qui auront un rôle moteur à jouer dans cette transformation du monde. Je suis fière que la France soit le premier pays au monde à avoir développé des prêts pour les collectivités territoriales dans les pays les moins avancés.
Paris Climat 2015, c'est aussi l'occasion de démontrer notre engagement sur des projets concrets.
Nous avons décidé, au G7, d'encourager les énergies renouvelables en Afrique. Car pour le continent, les énergies renouvelables c'est une priorité économique et sociale, pour l'emploi et la croissance, mais aussi pour la santé.
Les entreprises françaises sont aussi engagées dans ce domaine. J'en veux pour preuve le Fonds Schneider pour les énergies renouvelables en Afrique qui, avec le soutien de Proparco, va développer la formation et les PME dans ce pour contribuer l'électrification du continent.
Il y a aussi l'adaptation des pays les plus vulnérables. Car Paris n'est pas qu'un accord pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter le réchauffement à moins de 2°C.
Paris Climat 2015 doit changer la donne dans l'appui aux victimes du dérèglement climatique. Ces victimes, nous les avons rencontrés avec le président de la République, aux Philippines, cher Tony Meloto. De l'émotion et des rencontres que j'ai pu faire à Guuyan, victime du Typhon Hayaan, j'ai retenu une leçon simple : si Paris ne fait pas de l'adaptation et de la protection des populations une priorité, alors nous aurons échoué, au moins partiellement.
Lors de la conférence de Sendaï, la France a lancé une initiative en faveur des systèmes d'alertes. Il s'agit de renforcer et d'amplifier l'action de la communauté internationale en appui aux systèmes d'alertes dans les pays vulnérables, et de parvenir à une couverture globale des populations exposées d'ici 2020. Ces systèmes permettent de sauver des vies et de réduire considérablement le coût économique des catastrophes.
Je voudrais conclure en remerciant nos hôtes, les organisateurs de Convergence, et vous tous, qui êtes venus débattre ici, avant de retourner, sur le terrain, pour mettre en oeuvre ce nouvel agenda du développement durable.
Je voudrais aussi ici vous lancer un appel. Car les Objectifs du Millénaire pour le développement, même s'ils n'ont pas toujours été atteints, ont été un formidable succès de mobilisation. Il faut qu'il en soit de même pour les ODD. C'est pourquoi je vous appelle à vous mobiliser, afin de faire connaître au grand public, aux médias, ce nouvel agenda.
Mobilisons-nous, construisons ensemble un monde plus juste, un monde durable, un monde à zéro carbone, zéro pauvreté, zéro exclusion.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 septembre 2015