Déclaration à la presse de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur les relations franco-marocaines, à Tanger le 19 septembre 2015.

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Circonstance : Déplacement à Tanger (Maroc) avec le président de la République, les 19 et 20 septembre 2015

Texte intégral


Q - Quelle est l'importance du texte que vous venez de signer sur la formation des imams ?
R - Il y a plusieurs aspects très importants dans ce voyage : la réaffirmation de l'amitié forte entre la France et le Maroc ; les discussions sur les situations régionales ; l'accord et la déclaration commune sur la formation des imams pour faire en sorte qu'il puisse y avoir, dans le respect de la laïcité à la française, une formation d'imams modérés ; toutes les discussions économiques, le TGV réalisé entre Tanger et Casa, les activités communes dans le solaire et l'éolien, ce que nous faisons ensemble pour la construction du port.
Tout cela est important. Cela représente pour les Marocains et pour nous beaucoup d'emplois. Demain, il y aura également la discussion sur la préparation de la conférence sur le climat, la COP21, qui aura lieu en France, puis au Maroc l'année suivante à Marrakech. C'est donc une visite de travail et d'amitié dans une atmosphère excellente, avec un grand degré de confiance entre le Roi et le président.
Q - Est-ce que les Marocains ont accepté facilement de recevoir une éducation laïque en France ?
R - Oui, bien sûr. Une institution qui forme des imams a été créée par le Roi il y a quelques mois, et ils ont accepté aussi que des Français puissent se former. Sans rentrer dans des questions théologiques, c'est bien qu'il y ait des imams modérés qui, en plus, reçoivent une formation sur ce que sont les institutions françaises puisqu'il y a beaucoup de Marocains en France. C'est quelque chose de souple qui va dans le sens du respect de la laïcité et qui peut nous aider à développer une pratique de la religion musulmane modérée et très éloignée de l'extrémisme.
Q - (Sur la diplomatie économique et sur la dégradation de la note de la France par l'agence de notation Moody's)
R - Ce sont deux choses différentes. La diplomatie économique est une nécessité si la France veut avoir une influence dans le monde. Il est normal que les ambassadeurs aident les entreprises. Cette dégradation est liée au fait que l'agence considère que nous n'avons pas une croissance suffisante. Il faut donc que nous redoublions d'efforts et que nous soyons présents pour l'emploi en France mais aussi partout dans le monde pour appuyer nos entreprises. Il n'y a pas de grande surprise. L'agence remarque aussi qu'il y a toute une série de réformes positives en France.
En ce qui concerne la diplomatie économique, j'ai bien l'intention de continuer.
Q - Le Roi et le président ont-ils évoqué les évènements d'Al-Aqsa ?
R - Oui. Ils ont évoqué l'ensemble des sujets, c'est-à-dire notamment ce qui se passe en Libye et en Syrie ; nous cherchons à trouver des solutions. En Libye, les Marocains sont très actifs et en Syrie la situation est extrêmement difficile. Nous allons en discuter la semaine prochaine au CSNU.
La question de Jérusalem et de la Palestine est également majeure. Il faut respecter les engagements qui ont été pris en termes de mosquées. Il faut également trouver une solution pour respecter le droit d'Israël à vivre en sécurité et pour que les Palestiniens aient un État.
Ils ont également évoqué la question des migrations. Si on veut résoudre ce problème, il faut résoudre en amont la question de la Syrie, de la Libye, du développement, et faire en sorte que l'Europe soit unie. La France travaille en ce sens alors que des pays ne font pas les efforts nécessaires. Une réunion aura lieu mercredi prochain pour trouver des solutions. Je trouve que l'atmosphère de nos relations est vraiment excellente et c'est la dimension de la confiance qui me frappe.
Q - La brouille diplomatique est terminée ?
R - Il n'y a pas eu vraiment de brouille. Il y a eu un moment assez tendu pour les raisons que vous connaissez, mais c'est derrière nous et on n'en parle plus.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 septembre 2015