Texte intégral
CHRISTOPHE BORDET
Thierry BRAILLARD, bonjour.
THIERRY BRAILLARD
Bonjour.
CHRISTOPHE BORDET
Les réfugiés, les premiers arrivent en France ce matin, réunion interministérielle cet après-midi autour de Manuel VALLS pour préparer l'accueil des migrants dans les communes. Vous êtes secrétaire d'Etat aux Sports, le monde sportif doit-il prendre sa part dans cet accueil des réfugiés et de quelle manière ?
THIERRY BRAILLARD
De manière solidaire comme l'a par exemple fait la Fédération française de football il y a quelques jours lors de la rencontre de l'équipe de France contre la Serbie puisque la Fédération par l'intermédiaire de son président Noël LE GRAET a décidé de soutenir financièrement une association structure d'accueil de migrants à Calais jusqu'à l'euro. Donc le sport se mobilise. On a vu aussi que de nombreux athlètes ont fait part de leur émotion et leur sentiment de solidarité ; je crois que c est tout le pays qui est
CHRISTOPHE BORDET
L'émotion ça ne coûte pas cher en même temps.
THIERRY BRAILLARD
Oui mais vous savez s'ils ne le font pas on les critique, s'ils le font, vous voyez, on les critique. Donc il faut aussi à un moment donné rester positif.
CHRISTOPHE BORDET
Pendant que le Bayern de Munich, le Réal Madrid ou l'AS Roma versent des centaines de milliers d'euros pour l'accueil des réfugiés, on va prendre l'exemple de l'AS Roma par exemple, 575 000 euros ; la Fédération française de foot, dont vous venez de parler, verse 100 000 euros à une association de Calais. Les français sont-ils si pingres que ça ?
THIERRY BRAILLARD
Non, mais je pense sincèrement compte tenu de l'importance du sujet, de la sensibilité du sujet, on n'a pas à jouer sur ces questions-là, de savoir si c'est 100 000, 200 000 ou 300 000. L'essentiel c'est de se mobiliser et ce n'est pas aux structures associatives, sportives d'être le fer de lance de cette mobilisation pour l'accueil des réfugiés, c'est à l'Etat à le faire en lien avec les collectivités locales, c'est ce que le président de la République a décidé de présenter lors de sa conférence de presse l'autre jour avec le descriptif qui depuis se met en place.
CHRISTOPHE BORDET
Mais dites-moi, cette aide de 100 000 euros, vous le disiez tout à l'heure, c'est jusqu'à l'euro de football, jusqu'à l'euro 2016. Et après ?
THIERRY BRAILLARD
Posez la question à Noël LE GRAET.
CHRISTOPHE BORDET
Vous avez peut-être un sentiment vous ? Vous aimeriez que, je ne sais pas.
THIERRY BRAILLARD
Je vous redis, je suis ministre, je ne suis pas directeur général de la Fédération française de football. En tant que ministre, le gouvernement est mobilisé sur la question, le gouvernement, comme vous l'avez dit, se réunit encore cet après-midi en interministérielle autour du préfet Kleber ARHOUL qui a été nommé comme coordinateur national. Et on est en train de faire en sorte que le 24 000 migrants qui vont arriver sur notre territoire dans les deux ans soient accueillis de la meilleure façon possible.
CHRISTOPHE BORDET
Comment les associations, les clubs sportifs peuvent-ils prendre toute leur part, comme on vient de le dire dans l'accueil de ces réfugiés, alors qu'ils ont finalement quand on les écoute sur le terrain de moins en moins de moyens, que leurs dotations dans les régions, les villes, rétrécissent comme peau de chagrin. Il faut avoir les moyens quand même pour aider ces gens, il faut que les clubs et les associations en aient aussi.
THIERRY BRAILLARD
En ce qui concerne l'Etat, sur le projet de loi de finances de cette année il n'y a eu aucune baisse de subvention, donc en ce qui me concerne les Fédérations n'ont pas subi la moindre baisse de subvention, et donc peuvent très bien mener les actions qu'ils désirent, sachant que la priorité c'est quand même d'organiser le sport en France et non pas d'aller toujours sur d'autres terrains. Je vous le dis chacun a sa responsabilité, il y a des gestes à faire, beaucoup réagissent par rapport à l'émotion suscitée ces derniers temps par cette question, mais c'est à l'Etat à se mobiliser, ce que le président de la République et tout le gouvernement font sur la question des migrants.
CHRISTOPHE BORDET
Thierry BRAILLARD, des élus locaux accueillent des réfugiés chez eux, ouvrent leur porte, ne serait-il pas tout à l'honneur de ceux qui nous gouvernent, qui nous demandent d'ouvrir nos portes et nos coeurs aujourd'hui de faire aussi des efforts, de montrer l'exemple et d'accueillir des migrants chez eux ?
THIERRY BRAILLARD
Vous avez déjà pose cette question l'autre jour au président de la République
CHRISTOPHE BORDET
Absolument, et je vous la pose aujourd'hui à vous.
THIERRY BRAILLARD
Je vois que quelque part vous avez le sens de la répétition
CHRISTOPHE BORDET
Oui.
THIERRY BRAILLARD
Et je vais vous faire la même réponse que le président de la République
CHRISTOPHE BORDET
Vous n'avez pas de résidence secondaire.
THIERRY BRAILLARD
Je n'en ai pas
CHRISTOPHE BORDET
Le président de la République en a en même temps lui ! A Mougins.
THIERRY BRAILLARD
C'est son droit, Ça pourrait être à Mougins, ça pourrait être n'importe où, c'est sa vie privée, il ne faut pas tout mélanger.
CHRISTOPHE BORDET
Cela étant dit Thierry BRAILLARD, la France va accueillir 24 000 réfugiés, on l'a dit, c'est le chiffre avancé par François HOLLANDE lors de la conférence de presse, or tout le monde sait que Angela MERKEL, qui ouvre les vannes, ne va pas les refermer de si tôt ; tout le monde sait évidemment que le nombre de réfugiés en provenance de Syrie par exemple n'est pas prêt de se tarir. Donc ce chiffre de 24 000 sera évidemment dépassé, non ?
THIERRY BRAILLARD
Est-ce que vous pensez que vue la situation, c'est Nostradamus politique qui doit nous mener sur des opérations ? Tout le monde sait, tout le monde ne sait rien du tout. On est face à une crise importante, principalement en Syrie, principalement aussi en Irak qui amène de nombreux réfugiés, il y a des autres opérations qui peuvent être menées ; le président de la République la encore a dessiné un cap, la France ne pourra pas être seule, mais on sait très bien que la question principale de ce problème n'est pas simplement l'accueil des migrants c'est surtout de savoir comment arrêter les massacres de Daech, et arrêter la situation qui se situe en Syrie actuellement avec un chef de l'Etat qui est à l'origine de ces problèmes et qui font qu'aujourd'hui c est tout un peuple qui souffre. Et il faut, j'allais dire, là aussi réfléchir à la façon dont arrêter, cesser ces problèmes en Syrie même.
CHRISTOPHE BORDET
Alors il y a eu de repérages faits au dessus de la Syrie hier par les mirages français, est-ce qu'il faut que les bombardements de certains sites de Daech interviennent à votre avis maintenant rapidement, comme l'a promis en quelque sorte lors de sa conférence de presse le chef de l'Etat avant-hier. Est-ce que doit aller très vite là à votre avis ?
THIERRY BRAILLARD
Quand on est ministre on se sent totalement solidaire du gouvernement, c'est, j'allais dire, le point important, me semble-t-il, d'une solidarité gouvernementale. Et puis sur des questions aussi sensibles que celles-ci, vous me permettrez de laisser le président de la République, le ministre de la Défense, de prendre les bonnes décisions quand ils sembleront et qu'il leur semblera bonnes de les prendre.
CHRISTOPHE BORDET
Le plan JUNCKER est présenté aujourd'hui à Strasbourg, plan de répartition de migrants, mécanisme permanent de répartition, mécanisme obligatoire. Trop peu de pays européens prennent leur part aujourd'hui. Il n'y a pas d'autres solutions que d'obliger les uns et les autres à prendre leur part, on en est là, on est obligé de le faire ?
THIERRY BRAILLARD
C'est l'évolution. Certains de vos confrères, je l'ai lu, ont voulu critiquer le président sur le fait que c'est une question qu'il avait traitée un peu tardivement. Je rappelle que c'est une question que le gouvernement et que le président traitent depuis déjà plusieurs mois, qu'on en était, dans un premier temps, au mois de mai sur une volonté, c'est-à-dire que c'était sur l'aspect volontaire qu'il y avait cet accueil des migrants, et on était sur 40 000 migrants, là on en est à 120 000, et c'est pour ça que en lien et avec madame MERKEL la France a décidé, et en lien aussi avec monsieur JUNCKER de la Commission européenne, de rendre obligatoire le dispositif d'accueil des migrants. Donc c'est la vraie évolution. Le président de la République l'a répété lundi dernier, on passe d'un volontariat, qui marchait de façon très partiale, à une obligation d'accueil, car je crois que la solidarité doit jouer dans toute l'Europe et non pas simplement dans certains Etats membres.
CHRISTOPHE BORDET
Autre sujet, le rapport sur la réforme du code du travail remis aujourd'hui à Manuel VALLS. Un rapport qui opte pour plus de liberté, plus de négociation par secteur pour assouplir le temps de travail. Réformer le code du travail c'est le prochain chantier épineux de Manuel VALLS. On assouplit sans supprimer les 35 heures. Est-ce une bonne solution ?
THIERRY BRAILLARD
A titre personnel c'est toujours difficile de parler d'un rapport qui n'est pas encore pas entre les mains du Premier ministre.
CHRISTOPHE BORDET
On connait les deux, trois grandes lignes.
THIERRY BRAILLARD
C'est bien une façon française, c'est de parler des choses qu'on ne connait pas. Moi il se trouve que très sincèrement je suis très passionné par ce sujet, à titre personnel et j'attends de lire le rapport qui est remis aujourd'hui au Premier ministre pour me prononcer, pour voir ce qu'il y a à l'intérieur. Ce n'est pas quelques feuilles
CHRISTOPHE BORDET
Enfin écoutez les informations que l'on a disent quand même que le rapport propose de contourner les 35 heures, comment en signant des accords collectifs majoritaires, on pourrait ainsi déclencher les heures sup à 37, 38, 39 ou pourquoi pas 40 heures, bref si on regarde ce rapport, on se dit, on fait semblant et en même temps on sabre bien les 35 heures. Je pense que ça, c'est partout, tout le monde le sait, tout le monde le lit, donc voilà.
THIERRY BRAILLARD
Ecoutez, vous êtes très fort, moi j'avoue que
CHRISTOPHE BORDET
Ecoutez, ce n'est pas une question d'être très fort.
THIERRY BRAILLARD
Si.
CHRISTOPHE BORDET
Non.
THIERRY BRAILLARD
Vous parlez d'un rapport qui n'a encore pas été remis au Premier ministre.
CHRISTOPHE BORDET
Et dont les grandes lignes sont parues partout depuis deux jours.
THIERRY BRAILLARD
Donc, alors ce n'est pas depuis deux jours, il me semble que c'est depuis ce matin.
CHRISTOPHE BORDET
Hier déjà dans les Echos.
THIERRY BRAILLARD
Laissez-moi lire cela, en tout cas
CHRISTOPHE BORDET
Est-ce que vous êtes favorable ou pas ?
THIERRY BRAILLARD
Je suis favorable à qu'une chose, c'est vous répéter ce qu'a dit le président de la République et qui m'apparait essentiel, la durée légale du travail est de 35 heures et restera de 35 heures.
CHRISTOPHE BORDET
Point barre.
THIERRY BRAILLARD
C'est clair.
CHRISTOPHE BORDET
Et donc vous êtes pour qu'il y ait des négociations très ouvertes dans les secteurs, dans les entreprises et qu'on puisse éventuellement déclencher au-delà de 35 heures le cas échéant les heures sup ?
THIERRY BRAILLARD
Déjà ça existe, mais ça peut être généralisé, attendons de voir ce qu'il y a dans le rapport et attendons de voir après quelles seront les décisions qui seront arrêtées par le Premier ministre et le gouvernement et madame EL KHOMRI. Là encore vous voulez toujours qu'on aille plus vite que la musique. Vous me parlez d'un rapport que je n'ai pas encore lu, et des décisions qui seraient prises alors que le rapport n'a pas été lu et les décisions ne sont pas prises.
CHRISTOPHE BORDET
Moi je parle du rapport uniquement.
THIERRY BRAILLARD
Attendons de voir. Moi, je vous dis simplement que la durée légale du travail est de 35 heures, et restera de 35 heures.
CHRISTOPHE BORDET
Thierry BRAILLARD, des joueurs de Toulon, des joueurs de rugby soupçonnés de dopage, est-ce que ça donne une image plus que moyenne du rugby à la veille de la Coupe du Monde de rugby justement ?
THIERRY BRAILLARD
Les joueurs de Toulon ne sont pas, au moment où on parle, soupçonnés de dopage, il n'y a pas un nom qui fait l'objet du moindre soupçon.
CHRISTOPHE BORDET
Alors est-ce que ça vous inquiète cette affaire qui est apparue hier un peu bizarrement ?
THIERRY BRAILLARD
Il y a pour l'instant, hier, une information qui est sortie, incontestablement une information judiciaire est menée à l'encontre d'un pharmacien, sur une question a priori d'escroquerie à la Sécurité sociale, ce sont des sujets là aussi très sensibles, une enquête judiciaire est en cours, vous comprendrez et ce n'est pas pour taper en touche, que le secrétaire d'Etat que je suis ne peut pas se prononcer plus en amont, laissons faire la justice et on verra à la fin des fins si ce n'est qu'une question liée aux indélicatesses d'un pharmacien ou autre chose.
CHRISTOPHE BORDET
En deux mots Thierry BRAILLARD, il nous reste 40 secondes, la semaine prochaine débute cette Coupe du Monde de rugby, quel message vous envoyez aux Bleus ce matin sur Sud radio ?
THIERRY BRAILLARD
Qu'ils croient en eux, que quand on se lance dans une compétition, son principal adversaire, c'est soi-même. Je crois qu'il y a une préparation qui a été de qualité, que nous avons des joueurs de qualité, que le collectif France doit être se sentir fort pour mener à bien une très bonne Coupe du Monde, une pool qui n'est pas simple dont il va falloir sortir. Et puis ensuite on sait que dans cette compétition on a toujours sorti les matchs qu'il fallait pour aller très loin.
CHRISTOPHE BORDET
Merci beaucoup Thierry BRAILLARD d'avoir été avec nous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 septembre 2015