Texte intégral
Je suis ravie d'être parmi vous aujourd'hui, pour cet évènement organisé par le groupe pilote sur l'économie sociale et solidaire, dans un contexte où nous allons, ensemble, écrire une nouvelle page de l'histoire du développement, où nous devons inventer de nouveaux modèles, innover sans limite, mobiliser de nouveaux acteurs, pour le monde que nous souhaitons en 2030 : zéro carbone, zéro pauvreté.
À Addis Abeba, en juillet, nous avons souligné l'importance de la solidarité, et le rôle de tous les acteurs dans le développement. Chacun a ses responsabilités à prendre : les États, au Nord, au Sud, les collectivités, les ONG, et, on y pense moins, les entreprises. Les entreprises ont un rôle marquant sur le territoire, un impact direct sur les populations. Les entreprises responsables sont facteur de développement. Ainsi, nous les avons appelées « à passer à des modes de production et de consommation plus viables à terme ».
À New York, nous martelons ce message. Nous appelons à «garantir des modes de production et de consommation durables» et à «promouvoir une croissance économique soutenue, inclusive et durable, un emploi plein et productif et du travail décent pour tous»
Au-delà même de son rôle dans la création de richesses et la croissance, le secteur privé des pays en développement peut contribuer plus spécifiquement aux objectifs 2030 de développement durable par des innovations répondant aux défis présents, permettant de concilier performance économique et utilité sociale, intérêt général (lutte contre le changement climatique, santé, accès à des produits ou services BOP, etc.)
Plus que toute autre catégorie, l'économie sociale et solidaire répond aux enjeux de notre avenir commun, parce qu'elle invite à agir autrement, parce que le respect des hommes et des écosystèmes est sa raison d'être, parce que l'innovation est son moteur.
Elle est porteuse de dynamiques économiques pérennes, crée du lien social, préserve les écosystèmes. l'ESS propose un nouvel horizon économique, social, solidaire, durable ! C'est un vecteur incomparable de développement local durable.
Les collectivités locales l'ont compris. Elles soutiennent l'ESS, l'accompagnent, la valorisent.
Ce mouvement doit s'amplifier. Pour cela, une volonté politique est nécessaire.
En France, elle existe, sans nul doute : l'ESS est portée à haut niveau : le président de la République, François Hollande, le montre en soutenant ce groupe pilote et ses actions. Une loi sur l'ESS vient d'être votée, pour mieux reconnaitre, structurer et développer l'ESS. Notre loi d'orientation et de programmation pour le développement et la solidarité internationale, adoptée l'an dernier, lui fait une large place.
Les entreprises aussi. Le développement d'entreprenariat social par les entreprises du CAC 40 est une spécificité française qu'il faut saluer et qui doit servir d'exemple. Danone, Schneider Electric, Lafarge, Crédit agricole, EDF, L'Oréal et bien d'autres font partie de ces grands groupes qui développent des stratégies et politiques RSE pour atteindre les 4 milliards d'individus situés à la base de la pyramide.
J'ai poursuivi la rénovation dans ce domaine, car je suis convaincue que le secteur privé «responsable» est au coeur des réponses aux défis posés par le développement durable. Je crois aux apports concrets de ce modèle. Je parlais d'un monde zéro carbone, zéro pauvreté, en cette année de COP21, nous devons montrer concrètement que c'est possible. L'ESS le rend possible, apporte sa pierre.
Je vous donne un exemple. Schneider Electric a permis à 100.000 foyers ruraux de bénéficier d'un accès à l'énergie solaire à travers son programme «énergie et microfinance» en partenariat avec PAMIGA (groupe de microfinance participative pour l'Afrique). Ces entreprises cherchent à créer de la valeur économique et sociale et se fondent sur des relais locaux pour mettre en oeuvre leurs programmes et évaluer leurs impacts. Ces coalitions d'acteurs sont essentielles à l'approche renouvelée des politiques de développement.
Nous devons encourager ces modèles. Les porter, les soutenir. L'AFD se mobilise, tous les autres acteurs doivent s'y mettre. Je lancerai bientôt une stratégie en faveur de l'économie inclusive et des nouveaux modèles économiques. Elle dressera des pistes pour l'action publique, en matière d'accompagnement, de financement.
Réjouissons-nous de la prise en compte de plus en plus systématique de ces nouveaux modèles économiques par les politiques de développement ! Cet évènement est là pour le réaffirmer. Il doit nous fixer un programme de travail pour l'année qui vient, des pistes concrètes pour faire avancer l'appropriation de ces modèles.
Je souhaite beaucoup de succès à vos travaux. Apportons à ce groupe pilote le soutien nécessaire pour que l'ESS soit connue, reconnue et mieux accompagnée, en particulier sur les territoires du sud, dans la mise en oeuvre des Objectifs de développement durable.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 octobre 2015