Texte intégral
Q - À deux mois de la Conférence sur le climat, à Paris, quel bilan tirez-vous de votre action ?
R - Ce qui m'a donné la force de régler des choses aussi difficiles que la loi sur la transition énergétique, c'est d'avoir l'expérience de l'action à la tête d'une région dont j'ai fait un laboratoire de l'excellence écologique en dix ans. Comment passe-t-on des déclarations à l'action ? C'est aussi l'enjeu de la Conférence de Paris. D'abord, aucun pays, aucune région n'est à l'abri des effets du dérèglement climatique. Deuxièmement, nous savons que l'inaction coûte et coûtera de plus en plus cher et, troisièmement, que l'action rapporte : la nouvelle économie climatique est un gisement de prospérité, à condition d'agir vite et fermement.
Q - À l'échelle de la France, quels sont les enjeux de cette Conférence ?
R - Dans toutes les périodes de l'histoire qui ont connu de fortes mutations (comme à la Renaissance), de très fortes innovations ont entraîné des progrès de civilisation. C'est le défi. Soit on ne fait rien et on tombe dans le chaos. Soit on se saisit de cette chance et, à ce moment-là, on propulse l'humanité dans un mieux.
Q - Comment la France peut-elle s'en saisir ?
R - Il y a trois domaines très opérationnels d'action pour les citoyens, pour les territoires et pour les entreprises. C'est l'investissement massif dans la croissance verte. C'est le bâtiment avec des enjeux considérables d'économies d'énergie et de performances énergétiques. Tous les nouveaux bâtiments doivent être à énergie passive ou à énergie positive. Par exemple la filière bois, à laquelle on peut redonner une nouvelle impulsion.
Deuxièmement, dans le secteur des énergies renouvelables, je pousse en avant l'investissement et j'accélère les moyennes installations en milieu agricole comme le photovoltaïque sur les bâtiments d'élevage.
Le troisième grand chantier, c'est les transports propres, la révolution du futur, parce qu'une grande partie des émissions de gaz à effet de serre provient du transport. Et j'ai encore eu sans doute raison trop tôt avec la voiture électrique construite depuis plus de dix ans en région. Le scandale Volkswagen démontre que même les marchés boursiers sanctionnent la pollution. Le jour où la Chine et l'Inde vont s'engager sur le transport propre, cela va devenir le marché mondial du futur. La France doit se positionner à l'avant-garde de ce transport propre. C'est vrai aussi dans les transports par bateau : 90% du commerce mondial se fait sur les océans. Quand les premiers aviateurs ont traversé l'Atlantique, jamais personne n'a imaginé qu'un jour ce serait un transport de masse. On est en train de vivre la même révolution énergétique : un jour, oui, un avion solaire long-courrier fonctionnera.
Q - Y-a-t-il un autre domaine très porteur ?
R - Là où l'on voit le chiffre d'affaires augmenter le plus vite, c'est l'économie circulaire avec la valorisation des déchets. Avec des objectifs extrêmement fermes d'obligation de recyclage, les marchés deviennent rentables, les investissements se font.
Q - Qu'en est-il des «territoires à énergie positive pour la croissance verte» que vous avez inventés ?
R - Les résultats ont dépassé toutes mes espérances. Donner l'impulsion, pour que les territoires se mettent en mouvement, ou accélèrent, c'est formidable. Nous avons enregistré cinq cents candidatures et 216 conventions ont été signées avec des collectivités, soit 60 millions d'euros engagés. C'est l'écologie citoyenne au plus près des gens.
Q - Cette dynamique s'est développée dans des territoires qui ne sont pas forcément gérés par des élus de la majorité. Par exemple, Robert Ménard, le maire de Béziers.
R - Lors du débat parlementaire [sur la loi de transition énergétique promulguée en août dernier], je me suis attelée à la tâche avec l'état d'esprit de rassembler. Avec des opposants parfois très violents, entre les anti et les pronucléaires, les postures politiques, ce n'était pas du tout évident de réussir à faire voter ce texte. Les efforts, avec des parlementaires très constructifs, pour écouter, pour dépasser les clivages politiques, pour ne pas opposer les énergies les unes aux autres, je les ai faits en me disant qu'il fallait entraîner le pays sur cette transition énergétique pour qu'elle devienne irréversible. Pour les candidatures des territoires à énergie positive, je ne veux pas connaître l'étiquette politique des élus. Tout le monde est bienvenu.
Q - Très souvent ces projets ont été initiés antérieurement. Parvenez-vous à toucher des gens qui n'étaient pas déjà dans cette voie-là au départ ?
R - Sur un département, si une communauté de communes a proposé un projet formidable labellisé «territoire à énergie positive», le territoire d'à côté se dit : «Pourquoi pas nous ?» On est dans une dynamique rapide et positive.
Q - Vous avez évalué la création d'emplois à cent mille en trois ans. Au terme d'un an, avez-vous déjà des retours chiffrés ?
R - On a des retours dans les entreprises d'énergies renouvelables, chez les artisans du bâtiment (parce que le crédit d'impôt «transition énergétique» fonctionne bien). Les entreprises de traitement des déchets ont augmenté leur chiffre d'affaires de 15%. C'est une dynamique extrêmement forte et, en plus, il y a une émulation internationale .Ce sont des marchés mondiaux qui s'ouvrent.
Q - Aujourd'hui, on ne parle plus de réchauffement climatique mais de dérèglement climatique. Pourquoi ?
R - Regardez les inondations, qui sont de plus en plus violentes. C'est un phénomène de réchauffement qui produit du dérèglement. Il est aggravé par la destruction, la pollution sur l'exploitation de la nature. Cela peut être une vague de froid très forte. Selon les experts du GIEC, la fréquence des perturbations atmosphériques et leur violence vont s'accroître. Si on n'arrive pas à maintenir en dessous des 2° C d'ici la fin du siècle le réchauffement climatique, ces phénomènes-là vont aller en s'accentuant, avec les dégâts considérables que l'on connaît. J'ai vécu Xynthia dans ma région, en Poitou-Charentes 53 morts, c'était la première fois que ça arrivait. Si on ne fait rien, l'augmentation des températures ira jusqu'à 3,5, voire 4° C. Les États insulaires réclament, eux, une limitation à 1,5° C parce que même à 2° C ils seront en grande difficulté. Pour réussir, il faut de l'imagination, de la volonté et une conscience universelle.
Q - L'ambiance catastrophiste qui préside à cette Conférence du climat n'est-elle pas dissuasive ?
R - Si on édulcore les choses, les gens vont dire : «Après nous, le déluge», «On a suffisamment de problèmes, si en plus il faut s'intéresser au réchauffement climatique...» Il s'agit de dire la vérité telle qu'elle est : la planète va mal ; les activités humaines accélèrent sa dégradation. Mais, pour passer l'action, il faut aller au-delà du catastrophisme et se dire que ce dérèglement climatique, c'est aussi une chance à saisir. Le fait d'avoir à régler un problème - un peu comme dans la vie -, c'est une opportunité. Du coup, on pense autrement, on recherche les moyens d'action, on fait de l'action collective. Il faut changer les fondamentaux de notre développement économique. Pour les pays pauvres, c'est une chance de sortir de la pauvreté parce que, s'ils accèdent à l'énergie solaire, ce sera positif pour eux. Il y a aussi un lien très direct entre la transition énergétique et l'éducation. Dans la région de Fatick, au Sénégal, avec laquelle la région Poitou-Charentes est jumelée, on a installé des lampadaires solaires avec les communautés villageoises. La première chose que nous ont dite les villageois, c'est que, chaque soir, les enfants se regroupent avec leurs livres et cahiers au pied du lampadaire.
Q - Ces négociations des Nations unies sur le climat, qui durent déjà depuis une quinzaine d'années, peuvent-elles réellement aboutir ?
R - Je pense que la COP21 est sur la voie du succès. Le président François Hollande, le président Obama, l'encyclique du pape nous entraînent de toutes leurs forces. Je crois que jamais une équipe présidentielle et gouvernementale ne s'est autant mobilisée. Le Premier ministre chinois a choisi Paris il y a quelques semaines pour rendre publique sa contribution. Deuxième élément qui en fait un succès, c'est la mobilisation des entreprises qui, et c'est nouveau, ont compris les opportunités de la croissance verte.
Q - Il y quelques semaines, vous déploriez que l'implication des chefs d'État ne soit pas suffisante.
R - Oui, je disais qu'il fallait changer de rythme et passer au niveau des chefs d'État et de gouvernement. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, dit la même chose. Il faut aider les négociateurs en leur donnant un mandat politique. On le doit beaucoup au secrétaire général des Nations unies et au président de la République française. Chaque fois qu'il a des contacts en bilatéral soit à Paris, soit lors de ses déplacements, il met la question du sommet du climat sur la table. C'est un sommet des Nations unies mais la France est facilitatrice, grâce à l'implication personnelle du président Hollande, qui fait bouger les lignes, et à l'engagement de Laurent Fabius, qui va présider la COP, tandis que je conduirai la délégation française. Lors d'une COP précédente, l'Afrique n'a pas voulu s'engager et ça se comprend. Ce continent, victime du dérèglement climatique, n'a pas les moyens d'accéder seul aux énergies renouvelables. Il faut accélérer ces transferts de technologies. C'est pour cela que j'ai fait une tournée cet été dans de nombreux pays d'Afrique comme émissaire pour le climat. J'ai vu les attentes, les urgences et les espérances. Des problèmes graves de sécheresse, de déforestation, de migrations sud-sud, avec l'avancée des déserts qui provoque des déplacements de population.
Q - À deux semaines d'intervalle, deux signaux contradictoires sont venus des États-Unis : Obama annonce un plan d'action ambitieux mais autorise de nouveaux forages pétroliers en Alaska...
R - Le président Obama est déterminé à engager son pays sur la voie de la transition énergétique et à faire de la Conférence climat de Paris un succès.
Q - Pour les Français, pour qui l'emploi est une priorité, ne pensez-vous pas que ces enjeux leur semblent décalés ?
R - Au contraire, parce qu'ils ont compris qu'isoler une maison, c'est une facture qui s'allège. C'est du pouvoir d'achat de gagné. Et la croissance verte crée des emplois dans de nouveaux métiers, dans de nouvelles filières, mais aussi dans des secteurs porteurs, comme le bâtiment.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 octobre 2015
R - Ce qui m'a donné la force de régler des choses aussi difficiles que la loi sur la transition énergétique, c'est d'avoir l'expérience de l'action à la tête d'une région dont j'ai fait un laboratoire de l'excellence écologique en dix ans. Comment passe-t-on des déclarations à l'action ? C'est aussi l'enjeu de la Conférence de Paris. D'abord, aucun pays, aucune région n'est à l'abri des effets du dérèglement climatique. Deuxièmement, nous savons que l'inaction coûte et coûtera de plus en plus cher et, troisièmement, que l'action rapporte : la nouvelle économie climatique est un gisement de prospérité, à condition d'agir vite et fermement.
Q - À l'échelle de la France, quels sont les enjeux de cette Conférence ?
R - Dans toutes les périodes de l'histoire qui ont connu de fortes mutations (comme à la Renaissance), de très fortes innovations ont entraîné des progrès de civilisation. C'est le défi. Soit on ne fait rien et on tombe dans le chaos. Soit on se saisit de cette chance et, à ce moment-là, on propulse l'humanité dans un mieux.
Q - Comment la France peut-elle s'en saisir ?
R - Il y a trois domaines très opérationnels d'action pour les citoyens, pour les territoires et pour les entreprises. C'est l'investissement massif dans la croissance verte. C'est le bâtiment avec des enjeux considérables d'économies d'énergie et de performances énergétiques. Tous les nouveaux bâtiments doivent être à énergie passive ou à énergie positive. Par exemple la filière bois, à laquelle on peut redonner une nouvelle impulsion.
Deuxièmement, dans le secteur des énergies renouvelables, je pousse en avant l'investissement et j'accélère les moyennes installations en milieu agricole comme le photovoltaïque sur les bâtiments d'élevage.
Le troisième grand chantier, c'est les transports propres, la révolution du futur, parce qu'une grande partie des émissions de gaz à effet de serre provient du transport. Et j'ai encore eu sans doute raison trop tôt avec la voiture électrique construite depuis plus de dix ans en région. Le scandale Volkswagen démontre que même les marchés boursiers sanctionnent la pollution. Le jour où la Chine et l'Inde vont s'engager sur le transport propre, cela va devenir le marché mondial du futur. La France doit se positionner à l'avant-garde de ce transport propre. C'est vrai aussi dans les transports par bateau : 90% du commerce mondial se fait sur les océans. Quand les premiers aviateurs ont traversé l'Atlantique, jamais personne n'a imaginé qu'un jour ce serait un transport de masse. On est en train de vivre la même révolution énergétique : un jour, oui, un avion solaire long-courrier fonctionnera.
Q - Y-a-t-il un autre domaine très porteur ?
R - Là où l'on voit le chiffre d'affaires augmenter le plus vite, c'est l'économie circulaire avec la valorisation des déchets. Avec des objectifs extrêmement fermes d'obligation de recyclage, les marchés deviennent rentables, les investissements se font.
Q - Qu'en est-il des «territoires à énergie positive pour la croissance verte» que vous avez inventés ?
R - Les résultats ont dépassé toutes mes espérances. Donner l'impulsion, pour que les territoires se mettent en mouvement, ou accélèrent, c'est formidable. Nous avons enregistré cinq cents candidatures et 216 conventions ont été signées avec des collectivités, soit 60 millions d'euros engagés. C'est l'écologie citoyenne au plus près des gens.
Q - Cette dynamique s'est développée dans des territoires qui ne sont pas forcément gérés par des élus de la majorité. Par exemple, Robert Ménard, le maire de Béziers.
R - Lors du débat parlementaire [sur la loi de transition énergétique promulguée en août dernier], je me suis attelée à la tâche avec l'état d'esprit de rassembler. Avec des opposants parfois très violents, entre les anti et les pronucléaires, les postures politiques, ce n'était pas du tout évident de réussir à faire voter ce texte. Les efforts, avec des parlementaires très constructifs, pour écouter, pour dépasser les clivages politiques, pour ne pas opposer les énergies les unes aux autres, je les ai faits en me disant qu'il fallait entraîner le pays sur cette transition énergétique pour qu'elle devienne irréversible. Pour les candidatures des territoires à énergie positive, je ne veux pas connaître l'étiquette politique des élus. Tout le monde est bienvenu.
Q - Très souvent ces projets ont été initiés antérieurement. Parvenez-vous à toucher des gens qui n'étaient pas déjà dans cette voie-là au départ ?
R - Sur un département, si une communauté de communes a proposé un projet formidable labellisé «territoire à énergie positive», le territoire d'à côté se dit : «Pourquoi pas nous ?» On est dans une dynamique rapide et positive.
Q - Vous avez évalué la création d'emplois à cent mille en trois ans. Au terme d'un an, avez-vous déjà des retours chiffrés ?
R - On a des retours dans les entreprises d'énergies renouvelables, chez les artisans du bâtiment (parce que le crédit d'impôt «transition énergétique» fonctionne bien). Les entreprises de traitement des déchets ont augmenté leur chiffre d'affaires de 15%. C'est une dynamique extrêmement forte et, en plus, il y a une émulation internationale .Ce sont des marchés mondiaux qui s'ouvrent.
Q - Aujourd'hui, on ne parle plus de réchauffement climatique mais de dérèglement climatique. Pourquoi ?
R - Regardez les inondations, qui sont de plus en plus violentes. C'est un phénomène de réchauffement qui produit du dérèglement. Il est aggravé par la destruction, la pollution sur l'exploitation de la nature. Cela peut être une vague de froid très forte. Selon les experts du GIEC, la fréquence des perturbations atmosphériques et leur violence vont s'accroître. Si on n'arrive pas à maintenir en dessous des 2° C d'ici la fin du siècle le réchauffement climatique, ces phénomènes-là vont aller en s'accentuant, avec les dégâts considérables que l'on connaît. J'ai vécu Xynthia dans ma région, en Poitou-Charentes 53 morts, c'était la première fois que ça arrivait. Si on ne fait rien, l'augmentation des températures ira jusqu'à 3,5, voire 4° C. Les États insulaires réclament, eux, une limitation à 1,5° C parce que même à 2° C ils seront en grande difficulté. Pour réussir, il faut de l'imagination, de la volonté et une conscience universelle.
Q - L'ambiance catastrophiste qui préside à cette Conférence du climat n'est-elle pas dissuasive ?
R - Si on édulcore les choses, les gens vont dire : «Après nous, le déluge», «On a suffisamment de problèmes, si en plus il faut s'intéresser au réchauffement climatique...» Il s'agit de dire la vérité telle qu'elle est : la planète va mal ; les activités humaines accélèrent sa dégradation. Mais, pour passer l'action, il faut aller au-delà du catastrophisme et se dire que ce dérèglement climatique, c'est aussi une chance à saisir. Le fait d'avoir à régler un problème - un peu comme dans la vie -, c'est une opportunité. Du coup, on pense autrement, on recherche les moyens d'action, on fait de l'action collective. Il faut changer les fondamentaux de notre développement économique. Pour les pays pauvres, c'est une chance de sortir de la pauvreté parce que, s'ils accèdent à l'énergie solaire, ce sera positif pour eux. Il y a aussi un lien très direct entre la transition énergétique et l'éducation. Dans la région de Fatick, au Sénégal, avec laquelle la région Poitou-Charentes est jumelée, on a installé des lampadaires solaires avec les communautés villageoises. La première chose que nous ont dite les villageois, c'est que, chaque soir, les enfants se regroupent avec leurs livres et cahiers au pied du lampadaire.
Q - Ces négociations des Nations unies sur le climat, qui durent déjà depuis une quinzaine d'années, peuvent-elles réellement aboutir ?
R - Je pense que la COP21 est sur la voie du succès. Le président François Hollande, le président Obama, l'encyclique du pape nous entraînent de toutes leurs forces. Je crois que jamais une équipe présidentielle et gouvernementale ne s'est autant mobilisée. Le Premier ministre chinois a choisi Paris il y a quelques semaines pour rendre publique sa contribution. Deuxième élément qui en fait un succès, c'est la mobilisation des entreprises qui, et c'est nouveau, ont compris les opportunités de la croissance verte.
Q - Il y quelques semaines, vous déploriez que l'implication des chefs d'État ne soit pas suffisante.
R - Oui, je disais qu'il fallait changer de rythme et passer au niveau des chefs d'État et de gouvernement. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, dit la même chose. Il faut aider les négociateurs en leur donnant un mandat politique. On le doit beaucoup au secrétaire général des Nations unies et au président de la République française. Chaque fois qu'il a des contacts en bilatéral soit à Paris, soit lors de ses déplacements, il met la question du sommet du climat sur la table. C'est un sommet des Nations unies mais la France est facilitatrice, grâce à l'implication personnelle du président Hollande, qui fait bouger les lignes, et à l'engagement de Laurent Fabius, qui va présider la COP, tandis que je conduirai la délégation française. Lors d'une COP précédente, l'Afrique n'a pas voulu s'engager et ça se comprend. Ce continent, victime du dérèglement climatique, n'a pas les moyens d'accéder seul aux énergies renouvelables. Il faut accélérer ces transferts de technologies. C'est pour cela que j'ai fait une tournée cet été dans de nombreux pays d'Afrique comme émissaire pour le climat. J'ai vu les attentes, les urgences et les espérances. Des problèmes graves de sécheresse, de déforestation, de migrations sud-sud, avec l'avancée des déserts qui provoque des déplacements de population.
Q - À deux semaines d'intervalle, deux signaux contradictoires sont venus des États-Unis : Obama annonce un plan d'action ambitieux mais autorise de nouveaux forages pétroliers en Alaska...
R - Le président Obama est déterminé à engager son pays sur la voie de la transition énergétique et à faire de la Conférence climat de Paris un succès.
Q - Pour les Français, pour qui l'emploi est une priorité, ne pensez-vous pas que ces enjeux leur semblent décalés ?
R - Au contraire, parce qu'ils ont compris qu'isoler une maison, c'est une facture qui s'allège. C'est du pouvoir d'achat de gagné. Et la croissance verte crée des emplois dans de nouveaux métiers, dans de nouvelles filières, mais aussi dans des secteurs porteurs, comme le bâtiment.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 octobre 2015