Texte intégral
Je suis ici à l'invitation du président Morales, pour cette conférence mondiale et je veux, même si c'est très bref, passer quelques heures ici, parce que la Bolivie joue un rôle important, en particulier dans les questions de lutte pour le climat, contre les changements climatiques et parce que, comme la France va accueillir la COP21, il est très important d'entendre les peuples et les responsables des gouvernements, notamment - bien sûr - en Bolivie.
Hier, j'étais au Pérou, à Lima, où j'avais une réunion avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, avec M. Ban Ki-moon qui sera ici tout à l'heure, et nous avons discuté des financements pour le climat. Conformément aux engagements, il faut trouver 100 milliards de dollars, des pays riches vers les pays pauvres, pour le climat en 2020. Nous avons avancé dans le bon sens, mais il reste des efforts à faire.
J'ai pu discuter ici avec le président Morales, avec le ministre des affaires étrangères, avec le ministre qui sera chargé de la négociation de Paris, sur ce que nous allons faire dans les semaines qui viennent pour obtenir un succès à Paris. Il est important, à la fois, que les gouvernements s'engagent et que les peuples s'engagent. Les gouvernements, c'est normal puisque ce sont eux qui vont prendre les décisions à Paris. Il y aura 196 pays à Paris et il faut que nous trouvions un accord, un consensus entre les 196 gouvernements. Mais il faut aussi que les populations, «los pueblos», soient mobilisés puisque ce sont ces populations qui sont touchées par le changement climatique et c'est pourquoi ce qui est fait ici est très important.
Nous allons accueillir à Paris au début du mois de novembre le président Morales. Il est déjà venu à plusieurs reprises ; le président Hollande et le président Morales se sont rencontrés. Nous l'avons invité au début du mois de novembre à venir à Paris, en visite officielle, parce que les relations entre la Bolivie et la France sont des relations excellentes.
Je suis à votre disposition s'il y a des questions.
Q - Est-ce que les résolutions de Tiquipaya seront contraignantes ou obligatoires au sommet de Paris ?
R - Ce qui est fait ici, les décisions que vous prendrez, seront rapportées à Paris et les participants à la conférence de Paris seront informés des travaux faits ici. C'est pour cela qu'il est important que vous ayez des séances de travail. Maintenant ce sera la conférence de Paris elle-même qui sera maîtresse de ses décisions. Mais c'est une très bonne chose qu'il y ait des réunions comme celle-ci, parce que cela permet de réfléchir ensemble et de mobiliser les peuples. C'est l'idée du président Morales, et c'est une très bonne idée. Il ne faut pas qu'il y ait d'un côté le gouvernement et de l'autre le peuple ; il faut qu'on essaie de rassembler les uns et les autres.
Q - Comment voyez-vous la proposition qui va sortir de ce sommet des peuples en ce qui concerne la création d'un tribunal pour le climat ? Comment vont le prendre les pays riches ou capitalistes ?
R - C'est une idée très ambitieuse qui, je vais être honnête, n'est pas facile à mettre en oeuvre tout de suite car, si elle était proposée, je sais que plusieurs pays résisteraient. Mais je disais tout à l'heure, en parlant de cela avec les dirigeants boliviens, que souvent «l'utopie d'un moment c'est la réalité du lendemain». Ce qu'il va falloir faire à Paris c'est reprendre le texte, obtenir un accord juridiquement contraignant. Mais la question est la suivante : quelle sera la sanction si l'accord n'est pas respecté ? On ne peut pas envoyer les gouvernements en prison. Pour le moment, la principale solution c'est la pression internationale.
Je prends un exemple : vous savez que l'accord de Paris doit obliger à ne pas aller au-dessus d'une hausse de température de 2 degrés ou 1,5 degré et que chaque pays doit s'engager sur ce qu'il va faire d'ici jusqu'en 2025, 2030. C'est ce qu'on appelle les contributions nationales, les engagements nationaux. Pour l'instant, 147 pays ont publié leurs contributions et ce qui représente 87% des émissions de gaz à effet de serre. C'est un bon résultat, puisque il faut rappeler que Kyoto, qui était l'accord le plus élevé, ne représentait que 15%. Donc un pays qui a publié sa contribution, s'il ne respecte pas sa contribution les années suivantes, cela va se voir. Comment cela va se voir ? Notamment par des instruments technologiques, parce que vous allez avoir des satellites qui vont tourner dans le ciel et sauront exactement combien il y a d'émissions de gaz à effet de serre au-dessus d'un pays. Si un pays ne respecte son engagement, il va y avoir une pression internationale forte et une pression des peuples. Alors on peut dire que cela n'est pas assez, qu'on veut un tribunal, mais c'est déjà un élément.
Q - Suivant la même ligne, le président Morales a signalé que le G7 veut approuver la hausse à 2 degrés sur le thème du gaz carbonique. Cela toucherait les pays d'Amérique latine. Par exemple à Sao Paolo au Brésil, les gens sont en train de migrer à cause de l'eau. Comment la France voit-elle ce thème ? Faut-il permettre la hausse à 2 degrés ou faut-il lutter pour maintenir 1 degré ?
R - D'abord, vous avez raison de dire que si on arrive à maintenir la température au-dessous d'une hausse de 2 degrés ou 1,5 degré, c'est mieux que si on va vers 3, 4 ou 5 degrés, mais il y aura quand même des dégâts. Et c'est pourquoi il faut s'occuper, pas simplement de ce qu'on appelle l'atténuation, c'est-à-dire la diminution de la hausse de la température, mais aussi de l'adaptation, c'est-à-dire comment faire pour limiter les conséquences de la hausse de la température sur les différents pays : le Brésil, la Bolivie, les autres.
Les représentants boliviens m'ont dit, et je suis d'accord avec eux, que dans les textes qui sont proposés jusqu'ici on ne fait pas assez de place à l'adaptation. Par exemple, nous avons décidé dans le Fonds vert que la moitié des financements irait à l'atténuation et l'autre moitié à l'adaptation. Pour être très précis, 2 degrés ou 1,5 degré cela évite une catastrophe absolue mais cela n'évite pas un certain nombre de dégâts. Donc, il faut prendre des mesures, si possible pour aller en-dessous, mais en tout cas pour s'adapter aux effets de cette hausse de température.
Je prends un exemple : le problème de la déforestation. Il existe, même si on reste à 2 degrés ou 1,5 degré, et c'est la raison par laquelle il faut des programmes ambitieux de reforestation. Un autre exemple : aujourd'hui il n'existe pas un système mondial pour alerter sur les catastrophes climatiques qui vont arriver. Vous avez beaucoup de territoires qui ne sont pas capables de savoir que dans six heures ils vont voir arriver un typhon. Nous allons travailler pour mettre sur pied un système d'alerte avancé qui permette, partout dans le monde, à la population de savoir plusieurs heures à l'avance ce qui va se passer. Vous voyez, il s'agit de mesures concrètes qui permettent, même si la température augmente, d'améliorer la situation des populations. Ce que j'ai apprécié de ma conversation avec les responsables boliviens, c'est cette recherche de mesures concrètes.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 octobre 2015
Hier, j'étais au Pérou, à Lima, où j'avais une réunion avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, avec M. Ban Ki-moon qui sera ici tout à l'heure, et nous avons discuté des financements pour le climat. Conformément aux engagements, il faut trouver 100 milliards de dollars, des pays riches vers les pays pauvres, pour le climat en 2020. Nous avons avancé dans le bon sens, mais il reste des efforts à faire.
J'ai pu discuter ici avec le président Morales, avec le ministre des affaires étrangères, avec le ministre qui sera chargé de la négociation de Paris, sur ce que nous allons faire dans les semaines qui viennent pour obtenir un succès à Paris. Il est important, à la fois, que les gouvernements s'engagent et que les peuples s'engagent. Les gouvernements, c'est normal puisque ce sont eux qui vont prendre les décisions à Paris. Il y aura 196 pays à Paris et il faut que nous trouvions un accord, un consensus entre les 196 gouvernements. Mais il faut aussi que les populations, «los pueblos», soient mobilisés puisque ce sont ces populations qui sont touchées par le changement climatique et c'est pourquoi ce qui est fait ici est très important.
Nous allons accueillir à Paris au début du mois de novembre le président Morales. Il est déjà venu à plusieurs reprises ; le président Hollande et le président Morales se sont rencontrés. Nous l'avons invité au début du mois de novembre à venir à Paris, en visite officielle, parce que les relations entre la Bolivie et la France sont des relations excellentes.
Je suis à votre disposition s'il y a des questions.
Q - Est-ce que les résolutions de Tiquipaya seront contraignantes ou obligatoires au sommet de Paris ?
R - Ce qui est fait ici, les décisions que vous prendrez, seront rapportées à Paris et les participants à la conférence de Paris seront informés des travaux faits ici. C'est pour cela qu'il est important que vous ayez des séances de travail. Maintenant ce sera la conférence de Paris elle-même qui sera maîtresse de ses décisions. Mais c'est une très bonne chose qu'il y ait des réunions comme celle-ci, parce que cela permet de réfléchir ensemble et de mobiliser les peuples. C'est l'idée du président Morales, et c'est une très bonne idée. Il ne faut pas qu'il y ait d'un côté le gouvernement et de l'autre le peuple ; il faut qu'on essaie de rassembler les uns et les autres.
Q - Comment voyez-vous la proposition qui va sortir de ce sommet des peuples en ce qui concerne la création d'un tribunal pour le climat ? Comment vont le prendre les pays riches ou capitalistes ?
R - C'est une idée très ambitieuse qui, je vais être honnête, n'est pas facile à mettre en oeuvre tout de suite car, si elle était proposée, je sais que plusieurs pays résisteraient. Mais je disais tout à l'heure, en parlant de cela avec les dirigeants boliviens, que souvent «l'utopie d'un moment c'est la réalité du lendemain». Ce qu'il va falloir faire à Paris c'est reprendre le texte, obtenir un accord juridiquement contraignant. Mais la question est la suivante : quelle sera la sanction si l'accord n'est pas respecté ? On ne peut pas envoyer les gouvernements en prison. Pour le moment, la principale solution c'est la pression internationale.
Je prends un exemple : vous savez que l'accord de Paris doit obliger à ne pas aller au-dessus d'une hausse de température de 2 degrés ou 1,5 degré et que chaque pays doit s'engager sur ce qu'il va faire d'ici jusqu'en 2025, 2030. C'est ce qu'on appelle les contributions nationales, les engagements nationaux. Pour l'instant, 147 pays ont publié leurs contributions et ce qui représente 87% des émissions de gaz à effet de serre. C'est un bon résultat, puisque il faut rappeler que Kyoto, qui était l'accord le plus élevé, ne représentait que 15%. Donc un pays qui a publié sa contribution, s'il ne respecte pas sa contribution les années suivantes, cela va se voir. Comment cela va se voir ? Notamment par des instruments technologiques, parce que vous allez avoir des satellites qui vont tourner dans le ciel et sauront exactement combien il y a d'émissions de gaz à effet de serre au-dessus d'un pays. Si un pays ne respecte son engagement, il va y avoir une pression internationale forte et une pression des peuples. Alors on peut dire que cela n'est pas assez, qu'on veut un tribunal, mais c'est déjà un élément.
Q - Suivant la même ligne, le président Morales a signalé que le G7 veut approuver la hausse à 2 degrés sur le thème du gaz carbonique. Cela toucherait les pays d'Amérique latine. Par exemple à Sao Paolo au Brésil, les gens sont en train de migrer à cause de l'eau. Comment la France voit-elle ce thème ? Faut-il permettre la hausse à 2 degrés ou faut-il lutter pour maintenir 1 degré ?
R - D'abord, vous avez raison de dire que si on arrive à maintenir la température au-dessous d'une hausse de 2 degrés ou 1,5 degré, c'est mieux que si on va vers 3, 4 ou 5 degrés, mais il y aura quand même des dégâts. Et c'est pourquoi il faut s'occuper, pas simplement de ce qu'on appelle l'atténuation, c'est-à-dire la diminution de la hausse de la température, mais aussi de l'adaptation, c'est-à-dire comment faire pour limiter les conséquences de la hausse de la température sur les différents pays : le Brésil, la Bolivie, les autres.
Les représentants boliviens m'ont dit, et je suis d'accord avec eux, que dans les textes qui sont proposés jusqu'ici on ne fait pas assez de place à l'adaptation. Par exemple, nous avons décidé dans le Fonds vert que la moitié des financements irait à l'atténuation et l'autre moitié à l'adaptation. Pour être très précis, 2 degrés ou 1,5 degré cela évite une catastrophe absolue mais cela n'évite pas un certain nombre de dégâts. Donc, il faut prendre des mesures, si possible pour aller en-dessous, mais en tout cas pour s'adapter aux effets de cette hausse de température.
Je prends un exemple : le problème de la déforestation. Il existe, même si on reste à 2 degrés ou 1,5 degré, et c'est la raison par laquelle il faut des programmes ambitieux de reforestation. Un autre exemple : aujourd'hui il n'existe pas un système mondial pour alerter sur les catastrophes climatiques qui vont arriver. Vous avez beaucoup de territoires qui ne sont pas capables de savoir que dans six heures ils vont voir arriver un typhon. Nous allons travailler pour mettre sur pied un système d'alerte avancé qui permette, partout dans le monde, à la population de savoir plusieurs heures à l'avance ce qui va se passer. Vous voyez, il s'agit de mesures concrètes qui permettent, même si la température augmente, d'améliorer la situation des populations. Ce que j'ai apprécié de ma conversation avec les responsables boliviens, c'est cette recherche de mesures concrètes.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 octobre 2015