Déclaration à la presse de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur la Conférence de Paris sur le climat, à Bonn le 20 octobre 2015.

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Circonstance : Réunion du groupe de travail international (ADP) chargé de préparer l’avant-projet d’accord en vue de la conférence de Paris pour le climat, à Bonn (Allemagne) le 20 octobre 2015

Texte intégral


Nous avons un nouveau texte sur la table. Les coprésidents avaient élaboré un texte court, d'une vingtaine de pages, qui a été soumis à l'ensemble des délégués qui ont apporté beaucoup d'amendements. Maintenant, nous avons un texte qui fait une trentaine de pages et qui incorpore toute une série d'amendements.
Je vais aller devant les délégués dans quelques instants. Je vais leur dire qu'il faut avancer à Bonn pour avoir un succès à Paris et, donc, qu'il faut qu'à la fin de cette semaine, il y ait un texte qui soit le plus concis possible, avec des propositions, à partir de ce qu'ils ont déjà élaboré. Ce texte, normalement, devra servir de base à l'entrée de la conférence de Paris.
Voilà où nous en sommes.
Je vais bien sûr les écouter, car mon rôle en tant que président de la COP21, c'est d'écouter les uns et les autres et de garder un haut niveau d'ambition pour le texte. Il ne faut pas simplement avoir un accord, il faut avoir un bon accord et puis essayer de favoriser les compromis.
Q - Qu'est-ce que c'est que le haut niveau d'ambition ?
R - Il faut que nous arrivions, à Bonn et à Paris, à ce que ce soit un accord universel qui prenne les dispositions nécessaires pour que la hausse des températures ne soit pas supérieure à 2 degrés ; c'est la base même des accords. Après, il y a d'autres conditions qui sont importantes : il faut que l'accompagnement financier soit tel que l'on puisse atteindre ce résultat ; il faut qu'il y ait des actions à la fois d'atténuation de la température des gaz à effet de serre et d'adaptation des différents pays à tout cela ; et il faut que l'on n'attende pas 2050 avant d'agir.
Normalement, l'accord de Paris s'applique à partir de 2020 mais, entre 2015 et 2020, il y a toute une série de choses à faire extrêmement concrètes. Voilà ce dont on a discuté, étant donné que d'ores et déjà nous avons au début de cette session de Bonn un nouveau texte qui incorpore toute une série d'amendements ; c'est un élément qui compte.
Q - Vis-à-vis du G77, de certains pays qui ont demandé à revoir le texte, quelle est votre démarche aujourd'hui par rapport à ces événements d'hier ?
R - Justement, beaucoup des amendements qui ont été produits viennent de ce G77. Évidemment, c'est un groupe extrêmement important, à la fois par son nombre et puis par son implication. Je vais donc les écouter aujourd'hui et je pense que leur démarche est positive.
Q - Les pays en voie de développement ont envoyé un signal fort hier sur la nécessaire meilleure prise en compte de l'adaptation. Est-ce que le signal a été entendu selon vous ?
R - Il est présent dans le nouveau texte. Il y a plusieurs changements importants. D'abord, il y a un préambule beaucoup plus construit et fort. Il y a ce que vous dites sur l'adaptation. Il y a ce que les techniciens appellent la différenciation qui est présente dans toutes les parties du texte. Il y a des dispositions sur les finances. Le texte a donc vraiment été renforcé et c'est, maintenant, un nouveau texte qui est sur la table.
Il y a beaucoup d'options. Il y des sujets sur lesquels on a le choix entre l'option 1 et l'option 2. Ce que j'attends et je vais le dire aux pays en voie de développement que je vais rencontrer dans un instant, c'est que le texte ne soit pas trop long et qu'un certain nombre d'options soient déjà tranchées pour que lorsqu'on arrivera à Paris, le 30 novembre et le 1er décembre, nous puissions partir du texte qu'ils vont nous présenter vendredi pour faire la ligne droite finale.
Q - C'est quoi les options à trancher ?
R - Il y en a beaucoup. Je ne vais pas toutes les énumérer. Ce que j'espère, c'est que d'ici vendredi un certain nombre d'options auront quand même été tranchées, que leur nombre aura été réduit.
Prenons un exemple. Vous savez qu'il est prévu qu'il y ait des clauses de révision, c'est-à-dire que l'on puisse par exemple tous les cinq ans se fixer des objectifs plus ambitieux en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre. Mais il y a plusieurs degrés d'ambition. Est-ce que cela va être obligatoire pour tous les pays ou seulement pour les pays réputés riches ? Est-ce que cela va être vraiment tous les cinq ans ou est-ce que le délai sera optionnel ? Il y a toute une série d'options et, déjà, tous les délégués ont décidé - c'est une bonne chose - de se répartir en groupes de travail pour examiner les différents sujets ; l'objectif étant que vendredi, à la fin de la session, je l'espère, il y ait déjà un certain nombre d'options qui aient été tranchées.
Q - Trois jours et demi, d'ici vendredi soir, au rythme où vont les négociations c'est très court...
R - Oui. On peut évidemment toujours rallonger les délais mais l'expérience prouve que c'est simplement si on a un butoir dans le temps que l'on arrive à trancher. Là, le fait que, dès le premier jour, les amendements aient été déposés, qu'il ait été décidé d'avoir un nouveau texte et que les groupes de travail aient été créés, c'est un signe positif d'une volonté de travailler et d'avancer. Mon message principal sera : on veut un succès à Paris et, pour avoir un succès à Paris, il faut avancer d'ici vendredi à Bonn.
Q - Est-ce que vous pensez que votre présence ici va changer les choses ?
R - Il est normal que je vienne ici puisque j'ai l'honneur de présider la COP. Tous ceux qui travaillent ici - ils travaillent souvent depuis des années - travaillent pour obtenir un bon résultat, un succès à la COP. Donc, la moindre des choses c'est que je vienne pour leur dire que je les écoute, que j'apprécie leur travail et que j'espère que le travail va être tel que cela permettra d'aboutir à Paris.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 octobre 2015