Déclaration de Mme Annick Girardin, secrétaire d'Etat au développement et à la francophonie, sur la lutte contre le déréglement climatique et la désertification dans le monde, à Ankara le 20 octobre 2015.

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Circonstance : Conférence des parties à la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, à Ankara (Turquie) le 20 octobre 2015

Texte intégral

Merci Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Chefs de délégation,
Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
Je suis ravi d'être avec vous pour cette table ronde consacrée aux liens entre nos objectifs de lutte contre la désertification et l'adaptation au dérèglement climatique.
Nous sommes dans une des dernières grandes étapes avant la COP21, et nous avons l'occasion de travailler ensemble sur la manière de répondre à ce double défi.
L'adoption à New York des objectifs de développement durable, nous engage à inverser la tendance d'ici 2020, sur la désertification. Plus globalement, nous avons fait le choix, ensemble, d'intégrer la question de la résilience aux impacts du dérèglement climatique, dans l'ensemble des ODD.
Le changement climatique dispose en effet d'un potentiel de déstabilisation des écosystèmes et de notre agriculture qui mérite que l'on accélère l'action internationale pour combattre la désertification. Je ne reviendrais par ici sur les enjeux, que vous connaissez souvent bien mieux que moi.
J'ai eu l'occasion, sur le terrain, de constater combien l'évolution du climat menace la production agricole et la sécurité alimentaire, par exemple au Sahel.
Je voudrais donc vous parler des solutions concrètes qui nous permettent d'agir sur le front de la lutte contre la désertification et contre le dérèglement climatique. L'accord de Paris peut apporter ces solutions pour protéger les sols et restaurer les terres.
Plusieurs initiatives permettent en effet de dresser des passerelles entre Ankara et Paris, et de faire en sorte que les deux conventions se renforcent mutuellement.
La première initiative, ce sont les systèmes d'alertes précoces, qui permettent aux communautés vulnérables d'anticiper les risques et les catastrophes climatiques.
Selon les analyses de la Banque mondiale et de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), 50% du territoire africain n'est aujourd'hui pas couvert correctement par des données météorologiques.
Or sans prévisions, et si nous ne sommes pas capables de prévenir les agriculteurs, les éleveurs, de l'arrivée d'une sécheresse, ou au contraire d'une inondation qui peut ravager les cultures, alors nous ne pourrons pas mettre en place une agriculture résiliente.
C'est pour cela que nous avons créé une coalition avec l'OMM, la Banque mondiale et l'UNISDR pour renforcer les systèmes d'alertes d'ici 2020. La France y consacrera 10 millions d'euros d'ici 2020.
Cela rendra possible aussi, comme le G7 s'y est engagé, le développement des mécanismes d'assurance qui permettent aux États et aux communautés de réagir rapidement après une sécheresse ou des inondations.
La seconde initiative, nous l'appelons le 4 pour 1000. Elle lancée par le ministre français de l'agriculture, Stéphane Le Foll.
Cette initiative, elle vise à agir pour la sécurité alimentaire, par la mise en oeuvre d'actions permettant d'enrichir les sols en carbone. Cela permet à la fois de garantir la sécurité alimentaire, car des sols plus riches en carbone sont plus productifs.
C'est une action d'adaptation, mais aussi d'atténuation, parce que lutter contre la désertification, c'est aussi mettre toute les chances de notre côté pour parvenir à rester en dessous des 2°C ou 1,5°C.
Car comme vous le savez, afin de rester en dessous de cet objectif, il nous faudra mobiliser tous les secteurs. Les actions contenues dans les contributions nationales permettent déjà de se rapprocher de cet objectif. Mais nous n'y sommes pas encore.
La restauration des terres dégradées, en captant le CO2 dans l'atmosphère pour le remettre dans les sols est donc un des cadeaux les plus important que l'Afrique, et tous les pays luttant contre la désertification peuvent faire à la planète.
La France sera donc attentive à ce que les actions concrètes de lutte contre la désertification, de prévention des sécheresses, et en faveur de la sécurité alimentaire, comme l'agro-écologie, trouvent toutes leur place, à Paris, dans l'agenda des solutions.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 octobre 2015