Texte intégral
En écrivant que « la grande chose de la démocratie, c'est la solidarité », Victor HUGO insistait sur une dimension immuable du pacte républicain. Soutenir ceux qui sont dans la précarité, ceux que les aléas de la vie ont plongé dans la difficulté, ceux qui ne peuvent s'en sortir seuls, c'est faire vivre la démocratie. C'est reconnaître à chacun, non pas une simple garantie de subsister, mais un droit à exister. C'est affirmer que la liberté de notre société dépend avant tout de l'émancipation de ceux qui la composent. Que l'égalité naît de la fraternité.
Il ne s'agit pas d'un simple constat théorique, mais bien d'une ligne de force majeure de notre République. La construction d'une Sécurité sociale protectrice, universelle, dont nous célébrons le 70ème anniversaire, est l'un des ferments de la cohésion sociale de notre pays. La présence du Premier ministre aujourd'hui témoigne de l'engagement du Gouvernement à faire vivre notre République sociale.
I - Faire vivre la République sociale, c'est d'abord la moderniser pour lui permettre de mieux protéger et de mieux accompagner nos concitoyens.
La rénovation du travail social, enjeu qui nous réunit aujourd'hui, s'inscrit dans la démarche globale que nous portons depuis plus de trois ans au sein de ce ministère.
Nombre de défis auxquels nous sommes confrontés concernent à la fois le secteur sanitaire et le secteur social. Je pense au vieillissement de la population qui fait naître des besoins d'accompagnement nouveaux. Je pense à l'accroissement des inégalités, car nous savons que les inégalités sociales et les inégalités de santé sont intimement liées. Je pense, enfin, à la multiplication des dispositifs de prise en charge et d'accompagnement, qui ne facilite pas la lisibilité des droits.
C'est défis, nous y répondons par la réforme, en renforçant les droits de nos concitoyens et en innovant. Nous innovons en personnalisant nos politiques sociales, avec la création de la prime d'activité. Nous innovons par la proximité des soins, par l'accompagnement des personnes âgées. Nous innovons par la reconnaissance des personnes accompagnées, notamment les plus pauvres que ce Gouvernement ne considérera jamais comme des assistés.
II - Faire vivre notre République sociale, c'est aussi mieux reconnaître et mieux valoriser le travail social.
Parce que derrière le mot « travail social », il y a des femmes et des hommes animés par un engagement fort, celui d'accompagner nos concitoyens vers l'autonomie. Cet engagement est essentiel, indispensable à la traduction effective des politiques que nous construisons. Oui, il le faut le dire de la manière la plus claire qui soit : sans vous, sans accompagnement social, il n'y a pas de politique sociale. Il s'agit donc, aussi, d'un enjeu d'efficacité de nos politiques publiques.
Les défis que j'évoquais il y a un instant impactent directement votre quotidien. Difficulté à donner du sens à l'action, dans un système où le cloisonnement des métiers reste fort. Frustration de ne pouvoir se consacrer pleinement à sa tâche, du fait de contraintes administratives multiples. Sentiment, enfin, d'une profession souffrant d'un déficit d'image et d'attractivité. Les réalités d'aujourd'hui ne sont plus celles de 1982, dernière date à laquelle les pouvoirs publics se sont pleinement saisis de la question du travail social, à travers la circulaire de Nicole QUESTIAUX.
III - C'est la raison pour laquelle le Président de la République a engagé un processus de rénovation du travail social.
Ségolène NEUVILLE reviendra plus précisément sur différentes étapes de notre démarche. Le travail a été entamé par un état des lieux très complet réalisé par Michel THIERRY, Président du Conseil Supérieur en Travail Social, et Michel DINET, ancien Président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle dont je veux saluer la mémoire. S'en est suivi une véritable mobilisation collective. Associations professionnelles, collectivités territoriales, Etat, Caisses de sécurité sociale, établissements de formation, experts : près de 4 000 personnes se sont directement mobilisées.
Le Premier ministre a par la suite missionné une parlementaire, Brigitte BOURGUIGNON, pour conduire une nouvelle concertation. A l'issue d'un travail remarquable, Madame la Députée, vous formulez 23 propositions. En matière de formation, de gouvernance et d'innovation sociale, vous ouvrez la voie à une véritable modernisation du travail social.
Mesdames et Messieurs,
Le rendez-vous qui nous rassemble aujourd'hui marque une étape majeure dans la démarche que nous avons engagée pour mieux valoriser le travail social.
Notre démarche porte ses fruits, le rapport de Brigitte BOURGUIGNON permettra d'avancer rapidement. Avancer pour les travailleurs sociaux. Avancer pour nos concitoyens les plus vulnérables. Avancer pour tous les Français, qui sont attachés à leur modèle social.
Je vous remercie.
Source http://www.social-sante.gouv.fr, le 23 septembre 2015