Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Dans quelques jours la jeune et indispensable Sécurité sociale aura 70 ans. Il n'y a pas de miracle, elle est toujours en déficit, malgré un léger mieux en 2015, 12,8 milliards. Bienvenue Marisol TOURAINE.
MARISOL TOURAINE
Bonjour Jean-Pierre ELKABBACH.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Bonjour. Est-ce que d'abord vous confirmez que pour l'an prochain l'objectif est de ramener le déficit à 10 milliards ?
MARISOL TOURAINE
Oui, en dessous de 10 milliards, et donc ce matin je suis venue vous apporter de bonnes nouvelles, Jean-Pierre ELKABBACH.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
D'abord, en dessous de 10 milliards ?
MARISOL TOURAINE
De bonnes nouvelles
JEAN-PIERRE ELKABBACH
C'est si rare.
MARISOL TOURAINE
Parce que, bien sûr, le déficit, il y a encore un déficit et nous devons poursuivre les efforts, mais les efforts ont porté leurs fruits, ils donnent des résultats. Lorsque je suis arrivée le déficit de la Sécurité sociale était de 21 milliards, il est un peu inférieur à 13 milliards cette année, ce qui veut dire que nous l'avons réduit de 40 %, et l'objectif, pour l'année prochaine, est d'aller en dessous de cette barre symbolique des 10 milliards, et c'est ce à quoi je m'emploie. Et cette bonne nouvelle, elle en comporte une à laquelle les Français sont particulièrement, ou seront particulièrement sensibles. Pour la première fois depuis 2004, la branche vieillesse, c'est-à-dire ceux qui versent les retraites du régime général, la branche vieillesse va être en léger excédent, alors que l'on nous parle, et encore en ce moment, de l'inquiétude autour de notre capacité à garantir les retraites dans la durée, eh bien les politiques portées, la réforme de 2013, tout cela aboutit à ce que nous avons un excédent pour la branche vieillesse. Et donc je veux, encore une fois, rassurer les Français. Bien sûr, dans les temps difficiles que nous vivons, des efforts sont demandés, des efforts sont réalisés, ces efforts ils portent des résultats, ils ne sont pas fait pour rien.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On n'est jamais mieux servi que par soi-même, bravo pour cette autosatisfaction, mais vous dites vous-même que le déficit reste de 12,8 milliards.
MARISOL TOURAINE
Bien sûr.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et vous dites qu'il va descendre de 12,8 milliards
MARISOL TOURAINE
Trois milliards de moins l'année prochaine.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
En 1 an, comment vous faites, c'est-à-dire 7 fois plus que les 400 millions, comment vous faites pour y arriver ?
MARISOL TOURAINE
Non, ce n'est pas 400 millions. L'année prochaine nous visons 3 milliards d'économies, enfin de réduction, plutôt, du déficit de plus, de même que depuis 2012, 2011, 2012, nous sommes passés de 21 à en dessous de 13 milliards. Comment nous le faisons ? En particulier avec des efforts, importants, réalisés en matière d'assurance maladie
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Qui fait des efforts ?
MARISOL TOURAINE
Tout le système de santé va faire des efforts, pas les Français, j'insiste sur ce point, parce que depuis 2012 j'ai une ligne de conduite et je m'y tiens, pas de déremboursements, pas de franchises supplémentaires, et là encore
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous êtes formidable.
MARISOL TOURAINE
Les résultats sont là Jean-Pierre ELKABBACH, les résultats sont là. En 2012 les Français sortaient de leur poche pour payer eux-mêmes leurs dépenses de santé sans être remboursés, 9 %, 9,1 %, de leurs dépenses, aujourd'hui 8,5. Concrètement, c'est du pouvoir d'achat en plus pour nos concitoyens, et c'est des charges en moins pour eux.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, la commission des comptes de la Sécurité sociale, que vous allez réunir tout à l'heure à Bercy
MARISOL TOURAINE
Oui, juste près vous.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Didier MIGAUD, numéro 1 de la Cour des comptes, estime qu'à ce rythme il n'y aura pas de retour éventuel à l'équilibre avant 2021, l'inaccessible étoile. Qui va faire des économies ? Qui devra et quel type d'économies ?
MARISOL TOURAINE
Les économies, en matière d'assurance maladie, pour la santé, elles sont portées par tout le système.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et la branche maladie, elle, elle continue à être déficitaire et elle augmente dans le déficit.
MARISOL TOURAINE
Elle reste déficitaire, l'année prochaine le déficit doit baisser et les efforts se poursuivent. Les dépenses vont atteindre un niveau historiquement bas, c'est-à-dire que la réorganisation, la restructuration de notre système de santé, elle est engagée autour d'orientations précises, par exemple éviter les actes inutiles, redondants, lorsque vous allez voir un médecin
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Exemple.
MARISOL TOURAINE
Par exemple, nous allons porter des efforts particuliers sur ce qu'on appelle les actes pré-anesthésiques, quand vous allez avoir une opération, avant l'anesthésie il y a toute une série d'examens, de contrôles, nous allons nous assurer que tous ces examens, tous ces contrôles, ne sont pas redondants, ne sont pas inutiles, des économies seront attendues.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous continuez le développement de l'ambulatoire, les médicaments génériques.
MARISOL TOURAINE
Nous poursuivons le développement de l'ambulatoire, la chirurgie ambulatoire est passée de 40 à 45 %, nous poursuivons l'effort, et la France est d'ailleurs pionnière en la matière.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Alors, pour éviter les gaspillages, Marisol TOURAINE, vous expérimentez la vente de médicaments à l'unité, ça c'est une bonne idée, est-ce que vous allez la développer ?
MARISOL TOURAINE
Oui, parce que je ne veux pas généraliser avant d'avoir des études précises, c'est l'INSERM qui est chargé donc l'Institut de la recherche médicale qui est chargé d'évaluer ça. Les premiers résultats sont très encourageants
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc on continue.
MARISOL TOURAINE
Nous allons continuer et je souhaite que nous puissions, bien sûr, généraliser. Mais je voudrais vous dire Jean-Pierre ELKABBACH, je sais que vous y serez sensible, que la vente des médicaments à l'unité c'est un enjeu économique, sans doute, c'est surtout un enjeu de santé, parce qu'on prend trop de médicaments en France. Et donc nous stockons des antibiotiques dans nos armoires à pharmacie, on a un peu mal à la gorge, on en prend
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et c'est vrai qu'il y a 13.000 morts, maintenant on sait qu'il y a 13.000 morts ?
MARISOL TOURAINE
Maintenant nous savons, avec une étude qui vient d'être réalisée, que le fait d'être résistant aux antibiotiques, parce qu'on en prend trop, et le jour où on en a besoin pour être soigné, ça ne marche plus, 13.000 morts par an.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Marisol TOURAINE, comme je sais que vous aimez le dialogue, et vous aimez qu'on vous pose des questions.
MARISOL TOURAINE
Oui, et j'aime y répondre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
On le voit. L'Aide Médicale d'Etat, l'AME, c'est une dépense de près d'1 milliard par an
MARISOL TOURAINE
800 millions.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Elle va augmenter avec les soins normaux qui sont donnés aux réfugiés. Est-ce que c'est sans limite ?
MARISOL TOURAINE
Non, 800 millions, nous avons un objectif qui est du même ordre, et puisque vous évoquez la question des réfugiés, moi je ne voudrais pas laisser dire que l'arrivée de réfugiés, aujourd'hui quelques centaines, dans les 2 ans qui viennent nous avons un objectif de 24.000 réfugiés en France, ce n'est pas cela qui va déstabiliser les comptes de la Sécurité sociale, et la France a la possibilité de soigner ces personnes
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien. Avant d'arriver à d'autres questions sur la santé, vous êtes aussi une ministre politique. Martine AUBRY a deux têtes de turc, elle s'en prend hier à Manuel VALLS qui projette de modifier le code du travail, et elle tire à vue sur Emmanuel MACRON, « ras-le-bol MACRON », « ras-le-bol MACRON. » Vous le dites aussi vous ?
MARISOL TOURAINE
Moi je dis clap de fin peut-être.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Pour qui ? Clap de fin pour lui ou pour elle ?
MARISOL TOURAINE
Clap de fin. Le gouvernement a une ligne politique extrêmement claire, nous ne remettons pas en cause le statut des fonctionnaires, il ne s'agit donc pas d'ouvrir des débats ou de prolonger des débats qui n'ont pas lieu d'être.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous avez vu le sondage publié par Le Figaro ce matin, les Français approuvent Emmanuel MACRON sur ses propositions, elles sont en train de le rendre populaire, est-ce que les Français ont tort ?
MARISOL TOURAINE
Les Français n'ont jamais tort par principe.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc ça vous fait réfléchir, vous ?
MARISOL TOURAINE
Les Français n'ont jamais tort, mais la ligne du gouvernement elle est claire, il n'y a pas de projet caché du gouvernement, pas de remise en cause du statut des fonctionnaires, donc, je vous le dis Jean-Pierre ELKABBACH, je crois qu'aujourd'hui les ministres sont à leurs tâches. Moi, aujourd'hui, ma responsabilité c'est de poursuivre le travail que je fais sur la Sécurité sociale, et je conseille à chacune et à chacun, au fond, de se consacrer à la préparation des régionales, à la conviction envers les Français, et, encore une fois, le jeu des petites phrases ne sert personne.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Très bien, mais qu'est-ce qui est préférable, moderniser la gauche avec les HOLLANDE, VALLS, MACRON, CAZENEUVE, ou décliner et périr avec les AUBRY, LEBRANCHU et HIDALGO, je pourrais ajouter la liste ?
MARISOL TOURAINE
Nous sommes tous socialistes et chacun doit précisément travailler à améliorer la situation des Français et faire progresser la situation des Français. Nous modernisons, au gouvernement, notre pays, comme ça n'a pas été fait depuis des années, c'est à cela que je me tiens.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a une dernière information que vous devez donner. Le président de la République promettait de généraliser la couverture complémentaire santé pour les retraités, est-ce que ça arrive, il paraît que c'est aujourd'hui.
MARISOL TOURAINE
Oui, ça arrive dans le projet de Sécurité sociale, avec des contrats, qui seront moins chers, labellisés, et qui permettront aux personnes, notamment de plus de 65 ans, de pouvoir être mieux protégés pour moins cher.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Encore une question, je sais que Thomas s'impatiente, mais Martin HIRSCH veut réformer le parc immobilier de l'AP-HP, il y a trop de logements qui sont accordés et habités par des privilégiés qui n'ont rien à y faire. Est-ce que cette fois vous le soutenez plus que pour sa réforme de l'organisation du temps de travail ?
MARISOL TOURAINE
Je le soutiens pleinement, il a totalement raison, et la preuve, c'est que dans la loi que je porte actuellement sur la santé, j'introduis un article qui va permettre à Martin HIRSCH d'attribuer ces logements aux personnels de l'AP-HP, car il est important que ceux qui y travaillent puissent être logés à Paris plutôt que de faire de longues heures de trajet.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc dehors ceux qui n'ont rien à y faire.
THOMAS SOTTO
Eh bien voilà, c'était complet, c'était Jean-Pierre ELKABBACH avec Marisol TOURAINE, merci d'être venue ce matin sur Europe 1.
MARISOL TOURAINE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 septembre 2015