Texte intégral
En 2015, à New York, l'humanité a fait le choix de construire un monde sans carbone et sans pauvreté ; c'est aussi le choix que nous devrons faire à Paris dans un mois à la COP21.
Il est loin le temps où l'on opposait développement économique et préservation de la planète. La Chine promeut désormais la «civilisation écologique», les États-Unis ferment leurs centrales à charbon, on se convertit partout à l'énergie moderne et durable. Partout ? Non, il y a l'Inde et l'Afrique... Les deux tiers de la population africaine utilisent encore le bois et le charbon de bois pour se chauffer et cuisiner. C'est une catastrophe sanitaire : selon l'OMS, 4 millions de personnes, surtout des femmes et des enfants, en meurent chaque année. C'est aussi une catastrophe environnementale : le recours à cette énergie, qui alimente les trafics, accélère la déforestation. Elle freine l'accès à l'éducation et à la santé, la croissance économique, empêche de sortir la population de la grande pauvreté. Le continent a pourtant un potentiel de développement important.
Nous n'avons pas d'autre choix que de l'aider à s'équiper en énergies propres quand ce continent, le plus riche en énergies renouvelables, travaille à une planète 100% propre pour la fin du siècle. Nous lui devons une trentaine de contributions pour la COP21. Oui, l'Afrique est aussi une terre de solutions. Elle doit utiliser ses ressources et non importer des énergies fossiles comme nous l'avons fait et le faisons. Ce sera une source d'emplois pour sa jeunesse, grâce à la construction de filières locales.
Je salue et remercie Jean-Louis Borloo, son action déterminée auprès des dirigeants africains. Il a beaucoup mobilisé.
Le constat est partagé, et le gouvernement agit. Au niveau du G7, d'abord, où la France a soutenu la demande de l'Union africaine de soutenir un plan pour les énergies renouvelables sur le continent. Moi-même, j'ai participé à New York en septembre au conseil exécutif de l'initiative «Énergies durables pour tous» du Secrétaire général de l'ONU, et discuté de ce sujet avec les chefs d'État éthiopien, sénégalais et nigérian.
Le rapprochement entre l'AFD et la Caisse des dépôts et consignations permettra de dégager des ressources supplémentaires, dont 300 millions pour les énergies renouvelables. Nous avons là encore besoin de la force d'entraînement de Jean-Louis Borloo. L'Union africaine souhaite désormais financer 10 GW supplémentaires d'ici à 2020, jusqu'à 300 GW d'ici à 2030. Le portage par les pays africains est une condition de la réussite de ce projet. Pour preuve, le G7, le G20 Énergie suivent l'Union africaine et, bientôt ce sera le G20.
Ne réduisons pas les attentes de l'Afrique aux seuls enjeux énergétiques. Soyons attentifs à ses demandes : elle veut protéger sa forêt tropicale, la deuxième du monde ; elle veut, pour un monde zéro carbone et zéro pauvreté, que son cadre réglementaire évolue, que des financements privés soient mobilisés, que sa jeunesse soit formée.
Le gouvernement salue le travail de la fondation «Énergies pour l'Afrique». Faisons converger les initiatives pour répondre aux immenses besoins du continent africain. Le gouvernement s'en remet à la sagesse de la Haute Assemblée.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 octobre 2015