Déclaration de Mme Annick Girardin, secrétaire d'Etat au développement et à la francophonie, sur l'aide en faveur du développement du Mali, à Paris le 22 octobre 2015.

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Circonstance : Conférence internationale pour la relance économique et le développement du Mali, à Paris le 22 octobre 2015

Texte intégral


Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Commissaire,
Monsieur le Président du CAD,
Mesdames, Messieurs,
À l'heure de conclure ces travaux, je tiens tout d'abord à remercier l'OCDE pour l'accueil qui nous a été réservé et pour la qualité de l'organisation de cette journée, avec une mention spéciale pour l'équipe du Comité d'aide au développement.
Cette conférence a permis de réaffirmer l'engagement politique du Mali, dans toutes ses composantes, et le soutien de ses partenaires. Une journée, même dense, ne suffit pas à passer en revue tous les enjeux et à enclencher toutes les réponses que ces problématiques appellent. Mais un rendez-vous comme celui-ci a le mérite de constituer un pivot, qui oblige à accélérer certains chantiers en amont et permet d'en lancer de nouveaux en aval. Parmi les travaux de l'amont, je veux citer la Mission d'évaluation conjointe des besoins dans le Nord, menée par trois grandes banques de développement en coopération avec les Nations unies. Mais je veux mentionner aussi les travaux en commission menés à Bamako. Merci à tous leurs participants.
Le Mali a franchi des étapes importantes ces derniers mois, j'en ai moi-même été témoin. Mais nous savons tous que des chantiers clés demeurent pour les prochains mois, qui ont été abordés aujourd'hui :
- l'accès des populations aux services de base ;
- la décentralisation et, plus généralement, la réforme de l'architecture institutionnelle malienne ;
- l'amélioration de la sécurité aussi, qui est nécessaire au développement local et à la bonne répartition de l'aide dans tout le Mali ;
- enfin les progrès en matière de gouvernance, qui sont indispensables à la croissance durable du pays.
La réunion d'aujourd'hui a été l'occasion, pour le gouvernement du Mali, de présenter la stratégie et les mesures précises qu'il entend mettre en oeuvre pour exploiter le potentiel de développement du pays et maximiser la croissance économique, une croissance qui devra être de plus en plus endogène.
La présence parmi nous aujourd'hui des groupes signataires de l'accord de paix et des représentants de la société civile malienne est aussi un symbole : elle signifie que l'heure est à un seul objectif commun, qui est l'amélioration des conditions de vie des populations.
Nous sommes entrés dans une nouvelle étape fondamentale consacrée à la mise en oeuvre de l'accord de paix. Cette nouvelle étape nécessite un soutien attentif et durable de la communauté internationale, tant aux niveaux politique qu'économique. Et je tiens à saluer le nombre important de pays représentés aujourd'hui.
La France s'en félicite, car cette mobilisation montre que la communauté internationale demeure politiquement impliquée, dans son ensemble et à haut niveau, dans l'accompagnement d'un Mali qui prend lui-même ses responsabilités.
Cette nouvelle phase nous engage tous. Nous savons les critiques qui ont pu être exprimées par le passé. Nous nous devons d'assurer que cette aide sera pleinement efficace pour accélérer le développement du Mali. Cela implique un processus rigoureux et participatif de sélection des projets. Cela nécessite également de s'aligner sur les meilleurs standards en matière de transparence et de redevabilité dans la gestion. C'est un engagement que la France a pris, qui a été appliqué et qui sera au coeur de cette nouvelle phase. Il est en effet de la responsabilité de tous les donateurs et du gouvernement malien de mettre en place les dispositifs adaptés pour que chaque euro dépensé au service du développement du Mali soit efficacement utilisé, Je sais que les parties à l'accord y sont également attachées.
Pour ce qui la concerne, la France tient parole. Le président de la République a annoncé tout à l'heure l'engagement français pour cette année et les deux années à venir. Il s'agit de 364 millions d'euros de projets, dont une moitié sont constitués de dons et l'autre moitié de prêts.
Ces projets concernent en premier lieu les infrastructures d'eau et d'énergie, pour plus de 150 millions d'euros. Il s'agit d'améliorer l'accès des Maliens à l'eau potable et à l'électricité mais aussi de créer les conditions nécessaires au développement de l'activité économique. Une grande station d'eau potable à Kabala, près de Bamako, est actuellement développée. Nous préparons par ailleurs un grand programme d'appui à l'électricité en milieu rural. Ces soutiens sont mis en oeuvre par l'Agence française de développement, en lien avec les institutions maliennes, mais aussi par d'autres acteurs, notamment les collectivités françaises, dont je tiens à saluer l'implication. Car il faut aujourd'hui construire ou reconstruire le vivre ensemble, et les collectivités locales ont un rôle déterminant à jouer en la matière.
Le deuxième secteur sur lequel nous intervenons est l'agriculture et le développement rural, avec près de 90 millions d'euros. L'agriculture est le premier employeur du Mali et le secteur qui contribue le plus au produit intérieur brut. Contribuer à sa modernisation est donc essentiel. Hier, à l'Élysée, deux conventions ont été signées pour le développement économique des territoires ruraux de Ségou et Tombouctou, pour un montant de 33 millions d'euros.
En outre, nos appuis concernent les secteurs sociaux pour près de 40 millions d'euros, et, en premier lieu, la santé et l'éducation, qui sont des droits humains fondamentaux et doivent, à ce titre, pouvoir bénéficier à tous les Maliens. Je tiens notamment à citer un programme ambitieux d'appui à l'éducation dans la région de Gao, d'un montant de 10 millions d'euros. J'en suis particulièrement fière car je considère que la jeunesse doit être notre première priorité, et notamment dans les territoires où les bailleurs sont peu présents, comme la région de Gao.
Nous développons, enfin, de nombreuses mesures en vue de renforcer la gouvernance, pour près de 7 millions d'euros, avec nos experts techniques et nos programmes d'appui à la décentralisation, à la justice ou encore aux douanes.
Je rappelle également que nous avons versé 15 millions euros d'aide budgétaire cette année et que le ministre des finances a annoncé, lors de sa visite à Bamako en avril dernier, l'annulation d'une dette monétaire de près de 65 millions d'euros.
Ces projets de la France s'inscrivent en phase avec l'ensemble des objectifs de développement durable adoptés à New York en septembre dernier, notamment le premier d'entre eux, l'élimination de la pauvreté.
Pour conclure, je dirais que cette conférence, à mon sens, a été un succès : elle a atteint les objectifs qu'elle s'était fixés. Il s'agissait d'une conférence de stratégie : le gouvernement malien nous a présenté son plan, et les banques de développement leur rapport. Nous avons pu en discuter, et le Mali dispose maintenant d'une feuille de route claire.
C'était, ensuite, une conférence pour faire le point sur les engagements financiers passés, présents et à venir. Là encore, nous avons été à la hauteur: les engagements passés sont mis en oeuvre avec succès, les difficultés sont progressivement dépassées, des engagements nouveaux ont été pris, et d'autres le seront prochainement, j'en suis sûre.
Enfin, cette conférence a été inclusive. Des représentants du gouvernement, des groupes signataires de l'accord mais aussi des collectivités, de la société civile et du secteur privé sont venus nous présenter leur vision. Car pour parler de développement et de redressement, nous avons besoin des entreprises. Et pour parler de décentralisation, nous avons besoin des collectivités. Nous avons construit une vision partagée des enjeux et des solutions. En un mot, nous avons posé des pierres pour «bâtir ensemble un Mali émergent», pour reprendre le slogan de cette journée.
La prochaine étape, le prochain rendez-vous international, sera la conférence organisée en 2016 par le Mali et la Banque mondiale sur les investissements et le développement économique. Je formule le voeu qu'elle soit aussi fructueuse que l'a été notre Conférence aujourd'hui.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 octobre 2015