Texte intégral
Bonjour à tous,
(...)
Je viens de recevoir M. Mistura, l'envoyé des Nations unies pour la Syrie - tâche extrêmement difficile.
S'agissant de la position de la France, vous la connaissez, nous voulons une Syrie qui soit respectée dans son intégrité, une Syrie - même si cela paraît très difficile aujourd'hui - qui retrouve la paix et où toutes les composantes puissent vivre ensemble. C'est cela la position de la France.
Pour cela, il nous faut d'abord lutter contre le terrorisme, le terrorisme représenté par Daech et par d'autres groupes. Nous voulons que toutes les bonnes volontés luttent contre Daech et les groupes terroristes. Nous-mêmes, nous le faisons : nous avons bombardé des camps d'entraînement et nous continuerons à le faire.
Le deuxième aspect, c'est de faire en sorte que le régime de Bachar al-Assad arrête de bombarder les populations civiles. La France déposera, dans les jours qui viennent, une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies pour interdire ce qu'on appelle le «barrel bombing». C'est très important parce qu'il y a des dizaines et des centaines de personnes qui meurent à cause de ces pratiques inacceptables.
Le troisième élément de notre position, c'est de trouver une sortie politique qui ne peut passer - après discussions bien sûr - que par le fait que M. Bachar al-Assad ne soit pas l'avenir de la Syrie. Il est l'essentiel du problème et il ne peut pas être la solution.
Il y a toute une série de réunions. Aujourd'hui-même, il y en a une qui a lieu à Vienne. Je me suis entretenu de cela avec mon collègue John Kerry, avec mon collègue saoudien, avec mon collègue turc, nous avons des contacts avec les Russes. J'ai invité la semaine prochaine à Paris pour une réunion sur ces sujets nos amis allemands, britanniques, saoudiens, américains et d'autres encore. Nous verrons ce que donne la réunion de cet après-midi. Nous essaierons aussi de faire avancer les choses la semaine prochaine.
Ce qui compte, c'est que l'on puisse trouver une solution politique. Selon nous, cette solution ne peut passer que par les conditions que j'ai rappelées il y a un instant, étant observé, bien sûr, que la position des Russes est importante puisqu'ils ont décidé d'apporter leur soutien à Bachar al-Assad, même si nous regrettons que, jusqu'à présent, l'essentiel des frappes qu'ils mènent soient dirigées contre l'opposition modérée et non pas contre Daech.
Dans ce cadre-là, la mission confiée à M. de Mistura est extrêmement importante, puisqu'avec l'expérience remarquable qui est la sienne, il essaie de favoriser une solution politique. Nous soutenons totalement son action.
Q - Monsieur le Ministre, on parle de plus en plus d'une solution où Bachar al-Assad serait au début de la négociation et resterait quelques mois au pouvoir ? Est-ce acceptable pour la France ?
R - À ce sujet, je pense qu'il faut être cohérent et faire preuve de bon sens. La cohérence - je l'ai rappelée il y a un instant -, c'est qu'on ne peut pas considérer que la personne qui est le principal responsable du chaos - 250.000 morts en Syrie - soit en même temps la personne qui va apporter la solution.
Je rejoins ce qui a été dit par M. de Mistura : si on présentait M. Bachar al-Assad comme étant l'avenir de la Syrie, cela repousserait dans les bras des terroristes tous ceux qui ne sont pas pour Bachar al-Assad, mais qui ne sont pas non plus pour les terroristes. Il faut que la solution politique permette d'avoir une autre perspective.
Maintenant, si on exige aujourd'hui-même de M. Bachar al-Assad qu'il présente des excuses à l'ensemble du monde, on ne va pas - à tort ou à raison - parvenir à une solution. Donc, là, les diplomates peuvent jouer leur rôle mais il faut qu'il soit clair que la solution politique va conduire à ce qu'il y ait une autre perspective, une autre réalité que quelqu'un qui est un criminel contre l'humanité.
Q - Votre homologue russe sera-t-il présent la semaine prochaine à Paris lors de la réunion dont vous avez parlé ?
R - Non, je ne pense pas. Il y aura en revanche des contacts, et j'en ai eu récemment. Le directeur politique se rendra vendredi en Russie à ma demande; il aura des contacts avec les uns et les autres.
Bien évidemment, nous travaillons avec les Russes. Nous pouvons avoir, sur certains points, des analyses communes et, sur certains autres points, des analyses différentes mais, comme cela a été très bien dit, ils sont un acteur très important. Là, en l'occurrence, la réunion qui aura lieu n'est pas dans cette configuration mais il y aura d'autres réunions où nous travaillerons avec les Russes, bien évidemment.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 octobre 2015