Texte intégral
YVES CALVI
Olivier MAZEROLLE, vous recevez la Secrétaire d'Etat chargée du Numérique, Axelle LEMAIRE.
OLIVIER MAZEROLLE
Bonjour Axelle LEMAIRE.
AXELLE LEMAIRE
Bonjour.
OLIVIER MAZEROLLE
Manuel VALLS, dans une tribune, répond à Nicolas SARKOZY, qui fait des propositions pour rétablir l'autorité de l'État, il lui dit : « L'autorité de l'Etat, ça ne repose pas sur des annonces faites à l'emporte-pièce, mais sur une action constante ». Il peut convaincre, Manuel VALLS, dans un contexte où il y a eu Moirans, Clermont-Ferrand, où il y a des reculades fiscales ?
AXELLE LEMAIRE
L'autorité de l'Etat, elle se traduit dans toutes les sphères de la société, elle est à l'école, dans la justice, la police, elle est au niveau européen, elle est au sein de la famille, et c'est vrai que les Français ont le sentiment que cette autorité, aujourd'hui, elle recule, d'où une perte de repères. Le Premier ministre a raison de dire que c'est pas à coups de petites phrases que l'on assène et qu'on impose l'autorité, ça se construit dans le respect, dans le dialogue, dans la confiance, et c'est ce que fait ce gouvernement.
OLIVIER MAZEROLLE
La confiance, ça n'exige pas des mesures, des réponses rapides, comme à Moirans, par exemple ? Il n'y a toujours pas eu d'arrestations ?
AXELLE LEMAIRE
Alors, les réponses rapides elles sont là et elles commencent par le renforcement des moyens, et c'est ce gouvernement qui a renforcé très concrètement les moyens matériels des autorités dont je vous ai parlé, dont la police, avec 5 300 postes créés sur ce quinquennat, alors qu'ils avaient été détruits précédemment. Ça commence par-là, le rétablissement de l'autorité. Et puis la confiance, je vais vous donner un exemple, j'ai préparé le projet de loi pour la République numérique, j'ai lancé une grande consultation en ligne, plus de 21 000 internautes ont participé, eh bien cela contribue, en tout cas je l'espère, et modestement à un peu rétablir la confiance dans l'action du gouvernement.
OLIVIER MAZEROLLE
Alors, précisément, le numérique dont vous avez la charge, avec les interpellations constantes qu'il provoque sur les réseaux sociaux, Facebook, les Tweets, etc., est-ce que cette société du numérique n'exige pas des réponses rapides, immédiates ?
AXELLE LEMAIRE
Alors oui, il y a de l'immédiateté dans le numérique, et puis en même temps il faut savoir appuyer sur le bouton « pause », pour réfléchir à ce que l'on souhaite en faire. Le numérique c'est un moyen, c'est un outil au service des politiques publiques. Alors, c'est vrai que beaucoup nous disent : surtout ne rien faire, surtout ne rien faire face à la domination de géants économiques de l'Internet, surtout ne rien faire face à certaines menaces qui pèsent sur la vie privée, sur le respect des données personnelles. Eh bien moi je crois là aussi que le volontarisme de l'État est utile pour construire un projet de société.
OLIVIER MAZEROLLE
Mais l'Etat a encore un rôle à jouer, justement, dans cette, je dirais, individualisation de l'action, qu'est le numérique ?
AXELLE LEMAIRE
Je vais vous donner un exemple très concret. Aujourd'hui, le numérique est potentiellement un outil d'exclusion des personnes en situation de handicap. Dans ce texte, que j'ai préparé sur la République numérique, il y a plusieurs dispositions qui concernent ces personnes, pour qu'elles aient accès non seulement aux sites Internet des administrations publiques, mais aussi aux applications mobiles. Par exemple, il y a la disposition sur le maintien de l'accès à Internet pour les foyers les plus fragiles, financièrement. C'est ça aussi le numérique, c'est s'assurer que ça ne bénéficie pas uniquement aux urbains, qui déjà sont très geeks et très numériques, mais vraiment à tous.
OLIVIER MAZEROLLE
Mais c'est vrai que le numérique apporte beaucoup de choses, de savoir, dans la culture, dans les services, etc., mais c'est aussi un instrument extrêmement dangereux, violation de la vie privée, vous le disiez tout à l'heure, cyber-attaques contre des entreprises importantes qui peuvent se retrouver ruinées, d'un coup d'un seul, ou bien contre la sécurité des États. Vous avez trouvé un équilibre ?
AXELLE LEMAIRE
Oui, en tout cas c'est ce que vise ce texte. Le premier chapitre, il est consacré à la circulation des données, donc on ouvre, on garantit des libertés, on ouvre notamment toutes les données qui sont produites par l'administration, par l'Etat, par les collectivités locales. Le second chapitre, il renforce la protection des données personnelles et de la vie privée, et c'est cet équilibre qu'il faut trouver. Avec le Premier ministre, il y a quelques semaines, nous avons lancé la stratégie nationale de cyber-sécurité. Moi je crois qu'en ce domaine, d'abord on a des entreprises très performantes, qui savent protéger, grâce à des outils technologiques, de mieux en mieux, et les individus, et les entreprises, et les États, il faut donc les soutenir, parce que c'est une spécificité française et européenne.
OLIVIER MAZEROLLE
Mais vous êtes sûre que ce n'est pas comme le dopage en sport, c'est-à-dire, bon, on érige des mesures contre le dopage, mais les médecins avancent plus vite que les mesures de sécurité contre le dopage. Ce n'est pas la même chose avec le numérique ?
AXELLE LEMAIRE
Alors, peut être qu'il y a une course en avant, et c'est vrai que depuis janvier, depuis les évènements Charlie, il y a eu 23 000, je crois, sites Internet qui ont été attaqués, qui ont fait l'objet d'attaques informatique, et donc il faut aussi une prise de conscience notamment chez les chefs d'entreprise, qu'il faut investir pour se protéger, et c'est là qu'on les accompagne. Et puis il faut aussi élever le niveau de conscience de nos concitoyens, pour qu'ils sachent que ce n'est pas totalement anodin d'être en ligne et que là aussi il faut s'outiller un minimum.
OLIVIER MAZEROLLE
Alors, parmi les start-ups françaises du numérique, il y en a beaucoup en France
AXELLE LEMAIRE
Tout à fait.
OLIVIER MAZEROLLE
Je vais vous en citer une qui est BlaBlaCar.
AXELLE LEMAIRE
Oui.
OLIVIER MAZEROLLE
Qui a bien réussi, qui a transporté plus de voyageurs avec le covoiturage, que la SNCF n'en transporte maintenant avec les TGV. La seule différence c'est que BlaBlaCar n'a pas mis un centime dans les infrastructures, alors que la SNCF est obligée de dépenser énormément d'argent. Il n'y a pas distorsion de concurrence et destruction d'emplois à la clef ?
AXELLE LEMAIRE
Non, la preuve c'est que la SNCF travaille avec toutes ces entreprises de l'économie collaborative, l'économie du partage. BlaBlaCar c'est effectivement très pratique, et en plus ça coûte pas cher, et ça permet de faire des liaisons, notamment interurbaines, qu'on ferait plus difficilement, sinon, mais c'est très complémentaire, et moi je crois que dans ce domaine, les Français, les start-ups françaises, ont des vrais atouts. On a un terreau d'engagements associatifs, de collectif, et là, quand ça bascule dans le numérique, ça connait une dynamique extraordinaire.
OLIVIER MAZEROLLE
Vous connaissez bien le monde Nord-américain, vous êtes née au Québec
AXELLE LEMAIRE
Tout à fait.
OLIVIER MAZEROLLE
Vous y avez vécu longtemps, et puis vous avez vécu également en Angleterre, même encore assez fréquemment maintenant, est-ce que la France est vraiment armée pour comprendre qu'il faut investir dans ces start-ups ? Parce qu'aux Etats-Unis, il n'y a pas de problème, une start-up nait, pof, immédiatement les banques appuient.
AXELLE LEMAIRE
Oui, alors, ce ne sont pas les banques qui appuient aux Etats-Unis, en fait, le financement de l'économie américaine, et notamment des entreprises très innovantes, est complètement différent de la manière dont les choses se passent en France, et plus généralement en Europe. Là-bas, c'est 70 % de financements par des capitaux propres, par des fonds propres qui viennent d'investisseurs privés et 30 % par les banques. En France c'est l'inverse, et on travaille à rééquilibrer ce ratio, parce qu'effectivement, ce que l'on appelle le marché du capital-risque, donc des investissements privés, doit se développer pour être en capacité d'apporter des financements beaucoup plus rapidement aux start-ups.
OLIVIER MAZEROLLE
Vous êtes sûr que le numérique va créer plus d'emplois qu'il ne va en détruire ?
AXELLE LEMAIRE
Alors c'est une réponse complexe. La robotisation, aujourd'hui, qui est à l'oeuvre depuis des décennies, elle détruit des emplois, oui, dans certains types d'activités, notamment dans certaines industries traditionnelles. Et en même temps, le numérique tel qu'on le connait, il crée de nouveaux emplois, à tel point qu'on ne connait pas les emplois de demain. Ça veut dire une chose, ça veut dire que l'accent doit être mis, plus que jamais, sur la formation, non seulement initiale, mais on sait mettre l'accident sur la formation initiale en France, mais sur la formation continue, professionnelle, tout au long de la vie, et c'est ce qu'on fait au gouvernement. Nous sommes dans une transition, mais qui est très rapide, la révolution industrielle c'était sur 200 ans, eh bien la révolution numérique c'est sur deux générations.
OLIVIER MAZEROLLE
Alors, vous allez présenter votre loi aujourd'hui. Juste une dernière question, vous avez eu des échanges aigre-doux avec votre ministre de tutelle Emmanuel MACRON ; vous correspondez par Internet, c'est pratique, comme ça, ça permet de pas se voir ?
AXELLE LEMAIRE
Par SMS ! Non mais ça, c'est la vie moderne qui veut ça. Voyez, on a un étage à Bercy qui nous sépare et pourtant ce sont les SMS qui nous font communiquer.
OLIVIER MAZEROLLE
Merci Axelle LEMAIRE.
AXELLE LEMAIRE
Merci.
YVES CALVI
Une dernière réaction, Axelle LEMAIRE. Le rapprochement confirmé et officiel, ce matin, de DARTY et de la FNAC. C'est une bonne nouvelle pour la secrétaire d'Etat chargée du numérique ?
AXELLE LEMAIRE
Alors, je ne connais pas les détails concernant les salariés, mais d'un point de vue économique je crois qu'il est important d'avoir des entreprises qui pèsent lourd au niveau, non seulement français mais aussi européen et international. Et comme ces deux entreprises ont des stratégies de basculement dans le numérique et dans le e-commerce, je pense que c'est une bonne nouvelle.
YVES CALVI
Nous avons découvert une personnalité et un ministre. Il faut savoir appuyer sur le bouton « pause » dans le numérique et c'est le rôle de l'État. Ce n'est pas anodin d'être en ligne, nous a dit notamment Axelle LEMAIRE. L'entretien est à réécouter et à retrouver sur le site RTL.fr. Merci à vous deux.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 novembre 2015
Olivier MAZEROLLE, vous recevez la Secrétaire d'Etat chargée du Numérique, Axelle LEMAIRE.
OLIVIER MAZEROLLE
Bonjour Axelle LEMAIRE.
AXELLE LEMAIRE
Bonjour.
OLIVIER MAZEROLLE
Manuel VALLS, dans une tribune, répond à Nicolas SARKOZY, qui fait des propositions pour rétablir l'autorité de l'État, il lui dit : « L'autorité de l'Etat, ça ne repose pas sur des annonces faites à l'emporte-pièce, mais sur une action constante ». Il peut convaincre, Manuel VALLS, dans un contexte où il y a eu Moirans, Clermont-Ferrand, où il y a des reculades fiscales ?
AXELLE LEMAIRE
L'autorité de l'Etat, elle se traduit dans toutes les sphères de la société, elle est à l'école, dans la justice, la police, elle est au niveau européen, elle est au sein de la famille, et c'est vrai que les Français ont le sentiment que cette autorité, aujourd'hui, elle recule, d'où une perte de repères. Le Premier ministre a raison de dire que c'est pas à coups de petites phrases que l'on assène et qu'on impose l'autorité, ça se construit dans le respect, dans le dialogue, dans la confiance, et c'est ce que fait ce gouvernement.
OLIVIER MAZEROLLE
La confiance, ça n'exige pas des mesures, des réponses rapides, comme à Moirans, par exemple ? Il n'y a toujours pas eu d'arrestations ?
AXELLE LEMAIRE
Alors, les réponses rapides elles sont là et elles commencent par le renforcement des moyens, et c'est ce gouvernement qui a renforcé très concrètement les moyens matériels des autorités dont je vous ai parlé, dont la police, avec 5 300 postes créés sur ce quinquennat, alors qu'ils avaient été détruits précédemment. Ça commence par-là, le rétablissement de l'autorité. Et puis la confiance, je vais vous donner un exemple, j'ai préparé le projet de loi pour la République numérique, j'ai lancé une grande consultation en ligne, plus de 21 000 internautes ont participé, eh bien cela contribue, en tout cas je l'espère, et modestement à un peu rétablir la confiance dans l'action du gouvernement.
OLIVIER MAZEROLLE
Alors, précisément, le numérique dont vous avez la charge, avec les interpellations constantes qu'il provoque sur les réseaux sociaux, Facebook, les Tweets, etc., est-ce que cette société du numérique n'exige pas des réponses rapides, immédiates ?
AXELLE LEMAIRE
Alors oui, il y a de l'immédiateté dans le numérique, et puis en même temps il faut savoir appuyer sur le bouton « pause », pour réfléchir à ce que l'on souhaite en faire. Le numérique c'est un moyen, c'est un outil au service des politiques publiques. Alors, c'est vrai que beaucoup nous disent : surtout ne rien faire, surtout ne rien faire face à la domination de géants économiques de l'Internet, surtout ne rien faire face à certaines menaces qui pèsent sur la vie privée, sur le respect des données personnelles. Eh bien moi je crois là aussi que le volontarisme de l'État est utile pour construire un projet de société.
OLIVIER MAZEROLLE
Mais l'Etat a encore un rôle à jouer, justement, dans cette, je dirais, individualisation de l'action, qu'est le numérique ?
AXELLE LEMAIRE
Je vais vous donner un exemple très concret. Aujourd'hui, le numérique est potentiellement un outil d'exclusion des personnes en situation de handicap. Dans ce texte, que j'ai préparé sur la République numérique, il y a plusieurs dispositions qui concernent ces personnes, pour qu'elles aient accès non seulement aux sites Internet des administrations publiques, mais aussi aux applications mobiles. Par exemple, il y a la disposition sur le maintien de l'accès à Internet pour les foyers les plus fragiles, financièrement. C'est ça aussi le numérique, c'est s'assurer que ça ne bénéficie pas uniquement aux urbains, qui déjà sont très geeks et très numériques, mais vraiment à tous.
OLIVIER MAZEROLLE
Mais c'est vrai que le numérique apporte beaucoup de choses, de savoir, dans la culture, dans les services, etc., mais c'est aussi un instrument extrêmement dangereux, violation de la vie privée, vous le disiez tout à l'heure, cyber-attaques contre des entreprises importantes qui peuvent se retrouver ruinées, d'un coup d'un seul, ou bien contre la sécurité des États. Vous avez trouvé un équilibre ?
AXELLE LEMAIRE
Oui, en tout cas c'est ce que vise ce texte. Le premier chapitre, il est consacré à la circulation des données, donc on ouvre, on garantit des libertés, on ouvre notamment toutes les données qui sont produites par l'administration, par l'Etat, par les collectivités locales. Le second chapitre, il renforce la protection des données personnelles et de la vie privée, et c'est cet équilibre qu'il faut trouver. Avec le Premier ministre, il y a quelques semaines, nous avons lancé la stratégie nationale de cyber-sécurité. Moi je crois qu'en ce domaine, d'abord on a des entreprises très performantes, qui savent protéger, grâce à des outils technologiques, de mieux en mieux, et les individus, et les entreprises, et les États, il faut donc les soutenir, parce que c'est une spécificité française et européenne.
OLIVIER MAZEROLLE
Mais vous êtes sûre que ce n'est pas comme le dopage en sport, c'est-à-dire, bon, on érige des mesures contre le dopage, mais les médecins avancent plus vite que les mesures de sécurité contre le dopage. Ce n'est pas la même chose avec le numérique ?
AXELLE LEMAIRE
Alors, peut être qu'il y a une course en avant, et c'est vrai que depuis janvier, depuis les évènements Charlie, il y a eu 23 000, je crois, sites Internet qui ont été attaqués, qui ont fait l'objet d'attaques informatique, et donc il faut aussi une prise de conscience notamment chez les chefs d'entreprise, qu'il faut investir pour se protéger, et c'est là qu'on les accompagne. Et puis il faut aussi élever le niveau de conscience de nos concitoyens, pour qu'ils sachent que ce n'est pas totalement anodin d'être en ligne et que là aussi il faut s'outiller un minimum.
OLIVIER MAZEROLLE
Alors, parmi les start-ups françaises du numérique, il y en a beaucoup en France
AXELLE LEMAIRE
Tout à fait.
OLIVIER MAZEROLLE
Je vais vous en citer une qui est BlaBlaCar.
AXELLE LEMAIRE
Oui.
OLIVIER MAZEROLLE
Qui a bien réussi, qui a transporté plus de voyageurs avec le covoiturage, que la SNCF n'en transporte maintenant avec les TGV. La seule différence c'est que BlaBlaCar n'a pas mis un centime dans les infrastructures, alors que la SNCF est obligée de dépenser énormément d'argent. Il n'y a pas distorsion de concurrence et destruction d'emplois à la clef ?
AXELLE LEMAIRE
Non, la preuve c'est que la SNCF travaille avec toutes ces entreprises de l'économie collaborative, l'économie du partage. BlaBlaCar c'est effectivement très pratique, et en plus ça coûte pas cher, et ça permet de faire des liaisons, notamment interurbaines, qu'on ferait plus difficilement, sinon, mais c'est très complémentaire, et moi je crois que dans ce domaine, les Français, les start-ups françaises, ont des vrais atouts. On a un terreau d'engagements associatifs, de collectif, et là, quand ça bascule dans le numérique, ça connait une dynamique extraordinaire.
OLIVIER MAZEROLLE
Vous connaissez bien le monde Nord-américain, vous êtes née au Québec
AXELLE LEMAIRE
Tout à fait.
OLIVIER MAZEROLLE
Vous y avez vécu longtemps, et puis vous avez vécu également en Angleterre, même encore assez fréquemment maintenant, est-ce que la France est vraiment armée pour comprendre qu'il faut investir dans ces start-ups ? Parce qu'aux Etats-Unis, il n'y a pas de problème, une start-up nait, pof, immédiatement les banques appuient.
AXELLE LEMAIRE
Oui, alors, ce ne sont pas les banques qui appuient aux Etats-Unis, en fait, le financement de l'économie américaine, et notamment des entreprises très innovantes, est complètement différent de la manière dont les choses se passent en France, et plus généralement en Europe. Là-bas, c'est 70 % de financements par des capitaux propres, par des fonds propres qui viennent d'investisseurs privés et 30 % par les banques. En France c'est l'inverse, et on travaille à rééquilibrer ce ratio, parce qu'effectivement, ce que l'on appelle le marché du capital-risque, donc des investissements privés, doit se développer pour être en capacité d'apporter des financements beaucoup plus rapidement aux start-ups.
OLIVIER MAZEROLLE
Vous êtes sûr que le numérique va créer plus d'emplois qu'il ne va en détruire ?
AXELLE LEMAIRE
Alors c'est une réponse complexe. La robotisation, aujourd'hui, qui est à l'oeuvre depuis des décennies, elle détruit des emplois, oui, dans certains types d'activités, notamment dans certaines industries traditionnelles. Et en même temps, le numérique tel qu'on le connait, il crée de nouveaux emplois, à tel point qu'on ne connait pas les emplois de demain. Ça veut dire une chose, ça veut dire que l'accent doit être mis, plus que jamais, sur la formation, non seulement initiale, mais on sait mettre l'accident sur la formation initiale en France, mais sur la formation continue, professionnelle, tout au long de la vie, et c'est ce qu'on fait au gouvernement. Nous sommes dans une transition, mais qui est très rapide, la révolution industrielle c'était sur 200 ans, eh bien la révolution numérique c'est sur deux générations.
OLIVIER MAZEROLLE
Alors, vous allez présenter votre loi aujourd'hui. Juste une dernière question, vous avez eu des échanges aigre-doux avec votre ministre de tutelle Emmanuel MACRON ; vous correspondez par Internet, c'est pratique, comme ça, ça permet de pas se voir ?
AXELLE LEMAIRE
Par SMS ! Non mais ça, c'est la vie moderne qui veut ça. Voyez, on a un étage à Bercy qui nous sépare et pourtant ce sont les SMS qui nous font communiquer.
OLIVIER MAZEROLLE
Merci Axelle LEMAIRE.
AXELLE LEMAIRE
Merci.
YVES CALVI
Une dernière réaction, Axelle LEMAIRE. Le rapprochement confirmé et officiel, ce matin, de DARTY et de la FNAC. C'est une bonne nouvelle pour la secrétaire d'Etat chargée du numérique ?
AXELLE LEMAIRE
Alors, je ne connais pas les détails concernant les salariés, mais d'un point de vue économique je crois qu'il est important d'avoir des entreprises qui pèsent lourd au niveau, non seulement français mais aussi européen et international. Et comme ces deux entreprises ont des stratégies de basculement dans le numérique et dans le e-commerce, je pense que c'est une bonne nouvelle.
YVES CALVI
Nous avons découvert une personnalité et un ministre. Il faut savoir appuyer sur le bouton « pause » dans le numérique et c'est le rôle de l'État. Ce n'est pas anodin d'être en ligne, nous a dit notamment Axelle LEMAIRE. L'entretien est à réécouter et à retrouver sur le site RTL.fr. Merci à vous deux.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 novembre 2015