Déclaration de M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur, sur la commémoration du soulèvement des officiers de police parisiens le 19 août 1944, la mise en place de la police de proximité dans la capitale, la modernisation des structures et du mode de gestion de la Préfecture de Paris et sur la coopération policière régionale et interdépartementale en région parisienne, Paris le 21 août 2001.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral

Monsieur le Préfet de Police,
Monsieur le Maire de Paris,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec une émotion profonde que je m'exprime aujourd'hui devant vous, en présidant pour la première fois la cérémonie traditionnelle de commémoration du soulèvement des policiers parisiens, le 19 août 1944, manifestation toujours empreinte de solennité et de recueillement.
Elu parisien de longue date, Ministre de l'Intérieur depuis près d'un an, je sais toute l'importance que revêt cet anniversaire pour la Préfecture de Police, institution forte et prestigieuse, légitimement attachée à son histoire, si souvent mêlée à celle de notre pays.
Le souvenir de l'insurrection de 1944, est en effet un événement marquant non seulement pour la Préfecture de Police, mais pour la France toute entière. L'annonce des combats pour la Libération de la Capitale, qui ont débuté ici même, dans cette Cour de la Caserne de la Cité rapidement baptisée "du 19 Août", fut le signe éclatant pour tous les patriotes français que le temps des ténèbres touchait à sa fin, et que celui de l'honneur et de la liberté retrouvées arrivait enfin.
Le 24 août 1944, après cinq jours de lutte héroïque et obstinée contre les troupes allemandes, les policiers parisiens furent les premiers à recevoir un message d'espoir, inscrit sur un tract laconique mais magnifique, lancé depuis un petit avion de reconnaissance et reçu à quelques mètres d'ici, quai du Marché Neuf : "Tenez bon, nous arrivons". Le soir même, les chars du Général Leclerc arrivaient sur l'Ile de la Cité. Paris martyrisée était désormais Paris libérée, puisque l'acte de capitulation était signé le jour suivant 25 août, dans la salle de billard des appartements du Préfet de Police.
La police parisienne avait payé un lourd tribut à cette Libération, et 167 des siens étaient tombés au champ d'honneur, les armes à la main. Ces hommes ont chacun leur nom sur le monument de la Préfecture de Police, et sur des plaques commémoratives dispersées dans de nombreuses rues de Paris. Un hommage collectif et solidaire leur a été récemment rendu, en donnant à la plus grande des salles de réunion de la Préfecture l'appellation de "Salle des 167 policiers morts pour la Libération de Paris", afin de célébrer leur sacrifice volontaire et déterminé au service de la Patrie et de la République.
Il nous appartient, à nous qui leur devons tant, de saluer avec émotion et reconnaissance leur mémoire. Il nous revient aussi d'honorer et de remercier avec chaleur tous les anciens combattants et résistants de la Préfecture de Police. Leur courage et leur abnégation dans les heures les plus sombres de notre histoire permettent aujourd'hui aux policiers parisiens de porter avec fierté la fourragère rouge, aux couleurs de la Légion d'Honneur, décernée à la Préfecture de Police par le Général de Gaulle le 12 octobre 1944.
Aujourd'hui, autant qu'hier, les valeurs qui les ont inspirés sont au cur du métier de policier, même si les conditions d'exercice de celui-ci, et le contexte dans lequel il s'inscrit, ont à l'évidence radicalement changé.
C'est donc à vous, policiers parisiens, que je veux maintenant m'adresser, pour vous dire que la voie tracée par vos glorieux prédécesseurs, celle de l'honneur et de la fidélité à la République, reste et demeure complètement d'actualité.
Je sais tout votre engagement au service de la société, et votre dévouement sans faille au bien public.
Premiers défenseurs de la paix civile, vous faites preuve au quotidien d'un professionnalisme et d'une efficacité remarquables dans l'accomplissement de vos missions. Vos concitoyens en ont pleinement conscience, et vous en sont redevables.
La Préfecture de Police, que vous servez avec tant de respect et de fidélité, a pour devoir de vous donner les moyens de conforter et de renforcer encore les résultats du travail magnifique que vous réalisez chaque jour.
C'est bien, d'ailleurs, cet effort permanent de rénovation et de modernisation qui a permis à cette prestigieuse Maison de traverser les deux siècles écoulés en réussissant toujours à s'adapter aux exigences de son temps.
Je connais bien et je respecte profondément la Préfecture de Police. Je souhaite qu'elle demeure encore longtemps l'institution aimée et admirée des Parisiens qu'elle est aujourd'hui.
Dans cet esprit, j'ai souhaité exprimer au Préfet de Police Jean-Paul PROUST, dès son arrivée dans ses nouvelles fonctions, les orientations prioritaires qui doivent guider son action afin de permettre à la Préfecture de Police de continuer à répondre aux évolutions de notre société, et aux attentes et aux aspirations de nos concitoyens.
Leur demande prioritaire et légitime concerne bien entendu la sécurité. En la matière, afin de combattre efficacement et concrètement la délinquance au quotidien, celle qui les concerne le plus, je ne conçois pas d'autre voie que celle de la police de proximité.
L'action prioritaire que la Préfecture de Police doit mener concerne donc le renforcement et l'approfondissement de cette police de proximité à Paris, dans la continuité de l'ambitieuse réforme d'avril 1999. Pour cela, le plan de redéploiement des effectifs annoncé par le Préfet de Police, consistant à affecter 1.000 policiers supplémentaires en un an dans les quartiers les plus sensibles de la Capitale, recueille mon plein et entier agrément.
Ce plan commence à se mettre en uvre dans quelques arrondissements. D'ici avril 2002, il couvrira l'ensemble des arrondissements et devrait, à terme, permettre de doubler la présence policière dans les rues de Paris.
Par ailleurs, l'efficacité de la lutte contre la délinquance sera d'autant plus grande que le partenariat avec la Ville de Paris sera fructueux, dans un souci de coproduction de la sécurité. Je tiens à saluer, à cet égard, la présence à cette cérémonie de M. Bertrand DELANOE, Maire de Paris, qui a tenu à marquer une fois encore son attachement et son amitié à la Préfecture de Police.
Les relations déjà si étroites entre la Préfecture et la Ville sont appelées à se renforcer dans les mois qui viennent, en s'inscrivant dans le contexte juridique renouvelé que le législateur leur donnera.
En tout état de cause, la mise en uvre de contrats de sécurité dans tous les arrondissements parisiens doit permettre l'expression concrète de la complémentarité entre les deux institutions, en pleine coopération avec l'autorité judiciaire.
Pour relever tous les défis qui se présentent à elle, la Préfecture de Police se doit en permanence de moderniser ses structures et ses modes de gestion, afin de maintenir au plus haut niveau sa capacité opérationnelle. Elle a pour cela lancé ou préparé plusieurs grands chantiers de modernisation qu'il lui faudra mener à bien, pour utiliser de manière efficiente et rationnelle les moyens dont elle dispose.
J'aurai à ce titre un mot plus particulier concernant la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris, pour laquelle le Gouvernement vient d'annoncer qu'un plan pluriannuel de modernisation serait mis en uvre sur la période 2002-2007.
Ce plan va bénéficier d'un engagement budgétaire significatif de l'Etat, complété par les collectivités locales concernées, afin notamment de conforter le potentiel opérationnel de la Brigade et d'améliorer les conditions de vie et de travail de ses personnels, qui se sont nettement dégradées ces dernières années.
Enfin, je ne saurais rappeler, même très brièvement, les orientations prioritaires que j'entends fixer à la Préfecture de Police sans évoquer la dimension régionale de son action, dont chacun comprend qu'elle revêt aujourd'hui une grande importance en matière de sécurité.
Depuis plusieurs années, le Préfet de Police, Préfet de la Zone de Défense de Paris, a considérablement développé ses actions dans ce domaine, et les résultats obtenus sont réels. Il convient aujourd'hui d'en prolonger les bénéfices, en faisant progresser encore la coopération et les échanges d'information entre les différents services compétents sur le territoire de la région parisienne.
La sécurité dans les transports en commun est un secteur privilégié de cette coopération régionale et interdépartementale.
Voilà un vaste et beau programme de travail pour le Préfet de Police, ses collaborateurs et pour chaque fonctionnaire de la Préfecture de Police à qui je veux une fois encore dire toute la confiance et toute l'estime que je leur porte, au nom du Gouvernement.
Je souhaite également renouveler mes plus sincères félicitations aux récipiendaires des ordres nationaux, ainsi qu'aux titulaires de la médaille pour acte de courage et de dévouement, dont le comportement exemplaire a pleinement justifié ces distinctions.
A tous, enfin, je veux exprimer ma gratitude et ma considération pour le sens élevé du service public dont ils font preuve au bénéfice des Parisiennes et des Parisiens.
Chacun d'entre vous sait qu'il peut trouver dans l'histoire de la Préfecture de Police, et dans la mémoire des heures glorieuses du mois d'août 1944, l'inspiration lui permettant d'accomplir au mieux sa mission au service de nos concitoyens et de la Capitale.
Vive la République !
(source http://www.interieur.gouv.fr, le 22 août 2001)