Déclaration de M. Harlem Désir, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, sur les attaques terroristes à Paris et la coopération européenne face au terrorisme, à Bruxelles le 16 novembre 2015.

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Circonstance : Conseil affaires étrangères, à Bruxelles (Belgique) le 16 novembre 2015

Texte intégral


Merci Federica, à toi ainsi qu'à tous nos collègues, pour les témoignages de solidarité et d'amitié que vous nous avez adressés depuis vendredi soir.
Vendredi, la barbarie terroriste a frappé Paris. Une fois encore. Avec une ampleur sans précédent. La France a été attaquée. L'Europe entière est touchée et en deuil.
Au moment où je m'exprime, 132 personnes sont mortes, 352 blessées, plusieurs dizaines sont encore dans une situation d'urgence médicale.
Ils étaient venus assister à un match de football, ils étaient allés à un concert de rock, ils étaient aux terrasses d'un café, entre amis, entre collègues, en famille, pour flirter, ils étaient jeunes pour beaucoup, ce sont nos enfants, leurs amis, ils étaient Français, mais aussi Belges, Roumains, Suédois, Espagnols, Portugais, Britannique, Allemand, Bulgare, Américain, Algériens, Tunisiens, Chilien, Mexicains, Marocains, Syrien.
Ils respiraient l'air libre d'une ville libre, l'air de la liberté qu'on respire en Europe et dans les démocraties, et ils ont été fauchés par la haine fanatique des terroristes.
Fauchés par ce même terrorisme qui a frappé et tué à Copenhague, à Bruxelles, et encore ces derniers jours à Beyrouth, à Ankara, en Égypte. Ce terrorisme qui avait tué déjà à Madrid et à Londres.
C'est la France, c'est l'Europe, c'est ce que nous incarnons, ce sont nos valeurs de liberté qui, une fois encore, sont visées.
C'est pourquoi votre solidarité n'a pas de prix. Notre cohésion est essentielle. Notre unité est vitale. Notre coordination est décisive.
Le président de la République et le gouvernement français ont immédiatement pris des mesures exceptionnelles, dont l'état d'urgence, pour assurer la protection des populations et de tous les citoyens présents en France, quelle que soit leur nationalité, permettre à l'enquête de se dérouler dans les meilleures conditions et intensifier la coopération internationale comme cela a été fait en particulier avec la Belgique dès les premières heures qui ont suivi les attentats.
Tous les moyens des forces de sécurité, de police, de renseignement, de l'armée sont mobilisés.
Cette nuit, dans le cadre de la coalition internationale, nos forces aériennes ont frappé des centres d'entrainement et de commandement de Daech à Raqqah en Syrie.
C'est un combat commun que nous devons mener contre le terrorisme et contre l'armée terroriste de Daech.
En Europe, nous avons beaucoup à faire. Nous avons présenté des demandes de coopération opérationnelle avec les pays frontaliers qui visent en particulier à :
- renforcer le contrôle dans les gares internationales (Thalys, ICE et Eurostar) ainsi que dans les aéroports. Un renforcement des patrouilles mixtes dans les trains internationaux depuis et vers la France en particulier nous semblent prioritaire.
- renforcer les contrôles conjoints aux frontières terrestres.
Il est également nécessaire de renforcer la coopération policière, judiciaire et entre les services de renseignement - j'ai déjà mentionné le travail d'enquête mené en étroite coordination avec la Belgique.
Mais cette guerre sera longue et difficile. Face à ces entreprises de violence inédites, il nous faut, ensemble, apporter des réponses nouvelles et adaptées tant au plan externe - nous parlerons de la Syrie toute à l'heure - qu'au plan interne.
Le 12 février 2015, quelques semaines après les attaques qui avaient déjà frappé Paris, à Charlie Hebdo et au magasin Hyper Casher, le Conseil européen avait adopté une feuille de route avec des mesures précises. 9 mois plus tard, il y a urgence à ce que l'ensemble de ces mesures soit bien mis en oeuvre.
- L'adoption de la directive sur le PNR européen ;
- La révision de la directive sur le contrôle des armes à feu ;
- La relance des travaux sur la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment ;
- Le renforcement de notre action vis-à-vis des acteurs de l'Internet.
La menace terroriste doit également nous conduire à renforcer le contrôle de nos frontières extérieures communes, notamment de la frontière entre la Grèce et la Turquie qui n'est pas suffisant et qui ne relève pas uniquement de la Grèce.
Celle-ci a besoin d'un appui européen fort. Nous devons donc tous nous mobiliser pour faire en sorte que les milliers de réfugiés qui franchissent cette frontière chaque jour et qui relèvent de la protection internationale soient véritablement contrôlés et pour garantir que les menaces qu'ils peuvent le cas échéant représenter soient bien identifiées.
Il est urgent d'avancer sur l'ensemble de ces aspects. C'est pour cette raison que nous avons demandé la réunion d'un Conseil JAI extraordinaire vendredi prochain, et je remercie la présidence luxembourgeoise de l'avoir convoquée.
C'est notre responsabilité pour assurer la sécurité de nos concitoyens et la défense des valeurs que nous partageons. La liberté, la tolérance, la paix, la fraternité sont nos acquis les plus précieux. Ce sont elles qui forgent le dessein européen.
C'est par notre solidarité et notre mobilisation que nous relèverons ce défi.
C'est toute l'Europe qui est touchée par les attentats de Paris. Nous sommes frappés ensemble, nous répondrons ensemble, nous vaincrons ensemble ce mal absolu, ce terrorisme qui veut nous détruire.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 novembre 2015