Texte intégral
GUILLAUME DURAND
Nous sommes avec Jean-Marie LE GUEN, qui, vous savez, est ministre des Relations avec le Parlement. Bonjour, bienvenue sur nos antennes.
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour.
GUILLAUME DURAND
Cette idée de fusion, c'est quoi, c'est une bonne idée ou c'est une absurdité ?
JEAN-MARIE LE GUEN
D'abord nous sommes devant
GUILLAUME DURAND
De fusionner les listes entre les deux tours ?
JEAN-MARIE LE GUEN
D'abord, il y a des élections d'un côté, et puis il y a un paysage politique par ailleurs. Alors, les élections, il y a un premier tour et il y a un deuxième tour, et d'abord il faut que la gauche fasse le score le plus élevé, qu'elle rassemble, et je regrette d'ailleurs qu'elle ne soit pas plus rassemblée, ce qui créerait, je crois, une dynamique plus forte, et pèserait dans d'autres questions. On sait bien qu'ensuite il y a un score du Front national qui sera très élevé, dans beaucoup de régions, notamment dans le Nord-Pas-de-Calais où en PACA, et face à cela je crois qu'il y a un vrai danger, non pas pour les formations politiques républicaines, mais tout simplement pour les régions concernées, pour les habitants concernés. Et donc, il est légitime de penser à cela et de se mobiliser, au premier tour bien sûr, mais aussi éventuellement d'envisager différents scénarios.
GUILLAUME DURAND
Donc vous êtes pour cette suggestion de Manuel VALLS qui a été faite devant la presse et non pas publiquement, de fusion des listes, ou est-ce que vous pensez que c'est une ânerie, ou, comme le dit Martine AUBRY, qu'on voudrait faire gagner le FN que l'on ne s'y prendrait pas autrement, a-t-elle dit.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je crois que si on veut ne pas faire gagner le FN il vaut mieux essayer de rassembler plutôt que de tenir des propos qui sont des propos un peu amers, comme on entend trop souvent.
GUILLAUME DURAND
C'est ceux de Martine AUBRY les propos amers ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je n'en sais rien, ce n'est pas elle qui a tenu ces propos, je dis simplement que
GUILLAUME DURAND
Si, on voudrait faire gagner le FN que l'on ne s'y prendrait pas autrement.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, j'allais dire je ne comprends pas, moi je ne comprends pas cette phrase. Il y a simplement le fait que nous sommes aujourd'hui, chacun devrait commencer à le comprendre, dans le fait que nous avons une situation politique nouvelle qui s'appelle la tripolarisation, c'est-à-dire qu'il y a trois forces qui existent et qui s'expriment. Cela nécessite véritablement qu'on réfléchisse de façon différente à celle dont on a réfléchi depuis le début de la Ve République, à savoir le fait que notre vie politique était organisée simplement dans une bipolarité.
GUILLAUME DURAND
Jusque là je suis d'accord avec vous
JEAN-MARIE LE GUEN
Eh bien, à partir de là, réfléchissons aux formes
GUILLAUME DURAND
On a l'impression que vous avez un problème pour prononcer des noms. Je vous dis que cette phrase est de Martine AUBRY, vous passez à côté
JEAN-MARIE LE GUEN
Elle ne l'a pas dit directement, donc je ne vois pas pourquoi. Je pense simplement qu'il faut que, dans le Nord-Pas-de-Calais, comme dans PACA, ou comme d'autres régions, il y ait une mobilisation de tout le monde en positif et de rassembler, voilà.
GUILLAUME DURAND
Ça on a compris. Alors est-ce que l'idée de VALLS est bonne ? Je vais vous la reposer d'une autre manière.
JEAN-MARIE LE GUEN
L'idée de VALLS, si tant est
GUILLAUME DURAND
Fusion.
JEAN-MARIE LE GUEN
C'est une idée qui est rapportée, je pense qu'il y a une réflexion qui est la sienne, qui a été portée également d'ailleurs par d'autres
GUILLAUME DURAND
Elle est bonne ou elle n'est pas bonne ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Elle est intéressante. Pourquoi ? Parce qu'il y a différentes façons. D'abord, au plan institutionnel, si nous n'avions pas la prime je suis désolé de rentrer dans ce détail mais si nous n'avions pas la prime majoritaire, c'est-à-dire si c'était une proportionnelle pure, comme ça l'était en 86. Est-ce qu'on imagine une seconde que dans un hémicycle où il y aurait un tiers Front national, un tiers gauche et un tiers droite, il n'y aurait pas un accord de fonctionnement ? Ça ne veut pas dire qu'il y a homogénéité et identité des points de vue, mais on imagine bien que la droite et la gauche
GUILLAUME DURAND
C'est la situation à l'allemande.
JEAN-MARIE LE GUEN
Voilà. Non, parce que alors, soit il peut y avoir, sur un programme local, ou sur un programme déterminé, comme ça existe en Allemagne, et dans d'autres pays, une alliance, une grande alliance comme l'on dit, entre deux formations politiques qui négocient un compromis. Soit il pourrait y avoir, aussi, c'est ce qui a fonctionné dans plusieurs régions en 1986, vous vous en souvenez, tout simplement le fait que la gauche, minoritaire, laisse la droite gouverner sans la mettre dans les mains du Front national, ou, réciproquement, c'est-à-dire la droite, minoritaire, laisse la gauche gouverner sans la faire chuter en s'alliant avec le Front national. Voilà quelques idées.
GUILLAUME DURAND
J'ai quelques questions. Est-ce que vous ne considérez pas finalement que cette affaire, ce qui est quand même problématique, c'est que ça intervienne à trois semaines du vote, donc c'est un peu démobilisateur pour les candidats.
JEAN-MARIE LE GUEN
En quoi c'est démobilisateur ? C'est mobilisateur, au contraire. Ce qui serait démobilisateur
GUILLAUME DURAND
Je ne sais pas, si jamais SAINTIGNON je termine, je n'ai pas terminé la question, si SAINTIGNON, ou d'autres, apprennent trois semaines avant le vote que de toute façon on est déjà dans une hypothèse de défaite, c'est vrai que ce n'est pas très mobilisateur pour les gens.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, j'imagine que tous nos candidats de gauche sont dans une logique de mobilisation, ce qui peut compter, d'ailleurs, c'est à quoi sert leur vote au-delà du premier tour ? C'est quand même une question qui est objectivement posée. Et donc, s'il y a une dynamique de mobilisation au premier tour et, j'allais dire une perspective qui fait que leur vote est parfaitement utile au-delà du premier tour, c'est quelque chose qui doit être pris en considération. Donc je crois
GUILLAUME DURAND
Mais alors dans ces cas-là pourquoi le président de la République n'est-il pas, semble-t-il alors, ce ne sont que des semble-t-il qui s'opposent !
JEAN-MARIE LE GUEN
On pourrait dire aussi parce que, à force de faire de la fiction sans être
GUILLAUME DURAND
Non, ce n'est pas de la fiction
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, non, pas vous, mais il y a un moment où il faut être aussi en prise dans le réel, dans le réel il n'est pas sûr que la gauche l'emporte au premier tour en région Nord-Pas-de-Calais, on va dire ça comme ça, donc il est bien logique que les électeurs
GUILLAUME DURAND
(Inaudible.)
JEAN-MARIE LE GUEN
Pardon, on peut vouloir être le plus haut possible, et en même temps parler à ses électeurs un langage qui est un langage de vérité et de lucidité. Et donc, dans le même temps, où nos candidats, font tout ce qu'il faut, et à juste titre, pour défendre le bilan de la région où la gauche a gouverné ensemble, pour défendre leurs propositions, ils savent aussi qu'ils sont dans une réalité politique de cette fameuse tripolarisation. Donc, il n'est pas interdit de parler aux électeurs en tenant des discours qui sont, lucides, de mobilisation, et d'efficacité. Le vote, pour la gauche, c'est ça qui doit être certain, doit être un vote utile, qui va servir à quelque chose, et je pense que les propositions qui envisagent un certain nombre de scénarios possibles au deuxième tour, sont aussi des discours qui rendent utile le vote au premier tour.
GUILLAUME DURAND
Pourquoi le président de la République, semble-t-il, écarte cette hypothèse ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, là vous spéculez
GUILLAUME DURAND
Je ne spécule pas, je vous pose une question.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, on est dans les spéculations, un coup Martine AUBRY aurait dit ceci, un coup Manuel VALLS aurait dit cela, et enfin vous suggérez que le président de la République ne serait pas sur les mêmes discours.
GUILLAUME DURAND
Ecoutez, je ne vais pas ressortir les journaux parce que je les ai posés par terre délicatement, tout le monde l'écrit.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais je me méfie de ce que tout le monde écrit.
GUILLAUME DURAND
Vous avez raison, tout ce qui est écrit n'est pas vrai, mais ça peut être vraisemblable.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne suis pas certain que, personne, aucun responsable politique républicain, ne peut s'abstraire de la donne liée, de la tripolarisation. Ceux qui prétendent le plus fortement s'en abstraire, par exemple à droite Nicolas SARKOZY, ont été obligés, vous l'avez noté en son temps, de faire des bougées. Quand Nicolas SARKOZY appelle Jean-Christophe CAMBADELIS pour coordonner ensemble une protestation auprès du CSA, vous savez très bien, parce que vous êtes un observateur attentif et éclairé, qu'il n'aurait jamais pris son téléphone pour appeler Marine LE PEN pour protester contre, par exemple, une hyper médiatisation d'un candidat de gauche.
GUILLAUME DURAND
Donc c'est un mouvement qui est en cours.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je constate que personne ne peut
GUILLAUME DURAND
Vous étiez contre.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, non, je ne dis pas que c'est la volonté de Nicolas SARKOZY, je dis qu'il y a une réalité dans tout ça. Ce que vous appelez, ce que les commentateurs appellent UMPS avec des idées de malaise, en reprenant, de ce point de vue, là, le discours du Front national
GUILLAUME DURAND
J'ai deux questions pour terminer.
JEAN-MARIE LE GUEN
C'est simplement qu'il y a d'un côté, alors on ne sait pas très bien où passe la frontière, je vous l'accorde, mais d'un côté il y a un clan républicain, et de l'autre côté il y a des gens qui ne sont pas des républicains. Voilà la réalité. Et cette réalité elle va s'imposer, de plus en plus, dans la situation politique.
GUILLAUME DURAND
Question : l'Assemblée va voter donc les propositions Ayrault-Muet sur la CSG. Est-ce que vous trouvez que c'est une bonne chose ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Elles vont être discutées. Elles vont être discutées et puis voilà. C'est terrible, les commentateurs ! Avec vous, il n'y a même pas de débats à l'Assemblée nationale, ce serait déjà voté, et cætera. Je vous dis qu'elles vont être discutées.
GUILLAUME DURAND
A la radio comme à la télévision, contrairement à la presse écrite, le point d'interrogation qui termine une phrase ne s'exprime que difficilement.
JEAN-MARIE LE GUEN
Voilà. Donc je me permets de souligner ce point d'interrogation au sens où cette discussion et c'est bien normal, comme n'importe quelle autre proposition va être discuté. Le gouvernement de ce point de vue ne s'y opposera pas, parce que pour nous il n'y a pas de modification des grandes orientations de la politique gouvernementale, il n'y a pas transfert budgétaire en réalité.
GUILLAUME DURAND
Mais ça faire de moins de en moins de gens qui vont payer l'impôt, parce que si la CSG devient dégressive
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, non, non, non. La CSG ne deviendrait pas dégressive dans cette affaire. Il y aurait tout simplement pour ceux qui sont en-dessous de 1,3 SMIC à partir du 1er janvier 2017, le versement sous forme d'une diminution de CSG d'une prestation sociale auquel ils ont droit par ailleurs. Voilà. Donc ce n'est pas une mesure à proprement parler qui est purement fiscale, baisse de la CSG -, c'est une prestation à savoir la prime d'activité que nous avons mise en oeuvre
GUILLAUME DURAND
Mais vous, vous êtes pour ou contre ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Moi je m'interroge au plan technique. Est-ce que c'est opérationnellement réalisable ? Je ne vais pas embêter vos auditeurs avec la différence entre un foyer fiscal, un foyer familial, et cætera, et cætera. Est-ce que c'est constitutionnel ? Il y a des questions qui se posent. Il faut que des réponses soient apportées, elles le seront en partie dans le débat cet après-midi. Nous verrons bien.
GUILLAUME DURAND
Si je vous ai posé toutes ces questions concernant la fusion et cette affaire de CSG, c'est qu'on a quand même l'impression qu'il y a effectivement j'allais dire une vie politique tripartite mais aussi un énorme comment peut-on dire ? un énorme ou un relatif grand désordre à gauche. Parce que sur cette affaire de CSG, regardez : AYRAULT n'est pas d'accord avec MACRON sur cette histoire-là.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais écoutez, pas du tout. Ecoutez, c'est normal qu'un parlementaire en l'occurrence Jean-Marc AYRAULT est un parlementaire
GUILLAUME DURAND
D'accord. Mais vous ne pouvez pas ignorer que sur chacun des sujets, et on a vécu ça la semaine dernière avec
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais non, mais non ! Mais absolument pas !
GUILLAUME DURAND
Tout le monde est d'accord ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais je vous dis, il n'y a pas de désaccord stratégique sous prétexte qu'il y a des discussions entre un parlementaire important comme Jean-Marc AYRAULT et le gouvernement et d'autres parlementaires. Il faut arrêter. Il y a six semaines de débats sur le budget, vous voudriez qu'à aucun moment il n'y ait aucun débat ?
GUILLAUME DURAND
Je n'ai jamais dit ça.
JEAN-MARIE LE GUEN
Moi, je vous le dis. Il y a un débat entre un parlementaire et d'autres parlementaires sur ce sujet d'une part. Et deuxièmement, sur les questions stratégiques, là où vous avez peut-être une piste à souligner à juste titre, c'est la tripolarisation n'est pas rentrée dans nos esprits. Les commentateurs et les acteurs politiques n'ont pas pris la mesure de ce que signifiait le fait que nous soyons dans une offre politique tripolaire et non plus bipolaire gauche-droite comme avant.
GUILLAUME DURAND
Jean-Marie LE GUEN, merci d'être venu.
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci à vous.
GUILLAUME DURAND
Je soulignais simplement ce matin, ce qui est un peu mon rôle, le fameux point d'interrogation qu'on n'entend pas à la radio. Nous allons retrouver nos camarades de LCI avec grand plaisir.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 novembre 2015
Nous sommes avec Jean-Marie LE GUEN, qui, vous savez, est ministre des Relations avec le Parlement. Bonjour, bienvenue sur nos antennes.
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour.
GUILLAUME DURAND
Cette idée de fusion, c'est quoi, c'est une bonne idée ou c'est une absurdité ?
JEAN-MARIE LE GUEN
D'abord nous sommes devant
GUILLAUME DURAND
De fusionner les listes entre les deux tours ?
JEAN-MARIE LE GUEN
D'abord, il y a des élections d'un côté, et puis il y a un paysage politique par ailleurs. Alors, les élections, il y a un premier tour et il y a un deuxième tour, et d'abord il faut que la gauche fasse le score le plus élevé, qu'elle rassemble, et je regrette d'ailleurs qu'elle ne soit pas plus rassemblée, ce qui créerait, je crois, une dynamique plus forte, et pèserait dans d'autres questions. On sait bien qu'ensuite il y a un score du Front national qui sera très élevé, dans beaucoup de régions, notamment dans le Nord-Pas-de-Calais où en PACA, et face à cela je crois qu'il y a un vrai danger, non pas pour les formations politiques républicaines, mais tout simplement pour les régions concernées, pour les habitants concernés. Et donc, il est légitime de penser à cela et de se mobiliser, au premier tour bien sûr, mais aussi éventuellement d'envisager différents scénarios.
GUILLAUME DURAND
Donc vous êtes pour cette suggestion de Manuel VALLS qui a été faite devant la presse et non pas publiquement, de fusion des listes, ou est-ce que vous pensez que c'est une ânerie, ou, comme le dit Martine AUBRY, qu'on voudrait faire gagner le FN que l'on ne s'y prendrait pas autrement, a-t-elle dit.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je crois que si on veut ne pas faire gagner le FN il vaut mieux essayer de rassembler plutôt que de tenir des propos qui sont des propos un peu amers, comme on entend trop souvent.
GUILLAUME DURAND
C'est ceux de Martine AUBRY les propos amers ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je n'en sais rien, ce n'est pas elle qui a tenu ces propos, je dis simplement que
GUILLAUME DURAND
Si, on voudrait faire gagner le FN que l'on ne s'y prendrait pas autrement.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, j'allais dire je ne comprends pas, moi je ne comprends pas cette phrase. Il y a simplement le fait que nous sommes aujourd'hui, chacun devrait commencer à le comprendre, dans le fait que nous avons une situation politique nouvelle qui s'appelle la tripolarisation, c'est-à-dire qu'il y a trois forces qui existent et qui s'expriment. Cela nécessite véritablement qu'on réfléchisse de façon différente à celle dont on a réfléchi depuis le début de la Ve République, à savoir le fait que notre vie politique était organisée simplement dans une bipolarité.
GUILLAUME DURAND
Jusque là je suis d'accord avec vous
JEAN-MARIE LE GUEN
Eh bien, à partir de là, réfléchissons aux formes
GUILLAUME DURAND
On a l'impression que vous avez un problème pour prononcer des noms. Je vous dis que cette phrase est de Martine AUBRY, vous passez à côté
JEAN-MARIE LE GUEN
Elle ne l'a pas dit directement, donc je ne vois pas pourquoi. Je pense simplement qu'il faut que, dans le Nord-Pas-de-Calais, comme dans PACA, ou comme d'autres régions, il y ait une mobilisation de tout le monde en positif et de rassembler, voilà.
GUILLAUME DURAND
Ça on a compris. Alors est-ce que l'idée de VALLS est bonne ? Je vais vous la reposer d'une autre manière.
JEAN-MARIE LE GUEN
L'idée de VALLS, si tant est
GUILLAUME DURAND
Fusion.
JEAN-MARIE LE GUEN
C'est une idée qui est rapportée, je pense qu'il y a une réflexion qui est la sienne, qui a été portée également d'ailleurs par d'autres
GUILLAUME DURAND
Elle est bonne ou elle n'est pas bonne ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Elle est intéressante. Pourquoi ? Parce qu'il y a différentes façons. D'abord, au plan institutionnel, si nous n'avions pas la prime je suis désolé de rentrer dans ce détail mais si nous n'avions pas la prime majoritaire, c'est-à-dire si c'était une proportionnelle pure, comme ça l'était en 86. Est-ce qu'on imagine une seconde que dans un hémicycle où il y aurait un tiers Front national, un tiers gauche et un tiers droite, il n'y aurait pas un accord de fonctionnement ? Ça ne veut pas dire qu'il y a homogénéité et identité des points de vue, mais on imagine bien que la droite et la gauche
GUILLAUME DURAND
C'est la situation à l'allemande.
JEAN-MARIE LE GUEN
Voilà. Non, parce que alors, soit il peut y avoir, sur un programme local, ou sur un programme déterminé, comme ça existe en Allemagne, et dans d'autres pays, une alliance, une grande alliance comme l'on dit, entre deux formations politiques qui négocient un compromis. Soit il pourrait y avoir, aussi, c'est ce qui a fonctionné dans plusieurs régions en 1986, vous vous en souvenez, tout simplement le fait que la gauche, minoritaire, laisse la droite gouverner sans la mettre dans les mains du Front national, ou, réciproquement, c'est-à-dire la droite, minoritaire, laisse la gauche gouverner sans la faire chuter en s'alliant avec le Front national. Voilà quelques idées.
GUILLAUME DURAND
J'ai quelques questions. Est-ce que vous ne considérez pas finalement que cette affaire, ce qui est quand même problématique, c'est que ça intervienne à trois semaines du vote, donc c'est un peu démobilisateur pour les candidats.
JEAN-MARIE LE GUEN
En quoi c'est démobilisateur ? C'est mobilisateur, au contraire. Ce qui serait démobilisateur
GUILLAUME DURAND
Je ne sais pas, si jamais SAINTIGNON je termine, je n'ai pas terminé la question, si SAINTIGNON, ou d'autres, apprennent trois semaines avant le vote que de toute façon on est déjà dans une hypothèse de défaite, c'est vrai que ce n'est pas très mobilisateur pour les gens.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, j'imagine que tous nos candidats de gauche sont dans une logique de mobilisation, ce qui peut compter, d'ailleurs, c'est à quoi sert leur vote au-delà du premier tour ? C'est quand même une question qui est objectivement posée. Et donc, s'il y a une dynamique de mobilisation au premier tour et, j'allais dire une perspective qui fait que leur vote est parfaitement utile au-delà du premier tour, c'est quelque chose qui doit être pris en considération. Donc je crois
GUILLAUME DURAND
Mais alors dans ces cas-là pourquoi le président de la République n'est-il pas, semble-t-il alors, ce ne sont que des semble-t-il qui s'opposent !
JEAN-MARIE LE GUEN
On pourrait dire aussi parce que, à force de faire de la fiction sans être
GUILLAUME DURAND
Non, ce n'est pas de la fiction
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, non, pas vous, mais il y a un moment où il faut être aussi en prise dans le réel, dans le réel il n'est pas sûr que la gauche l'emporte au premier tour en région Nord-Pas-de-Calais, on va dire ça comme ça, donc il est bien logique que les électeurs
GUILLAUME DURAND
(Inaudible.)
JEAN-MARIE LE GUEN
Pardon, on peut vouloir être le plus haut possible, et en même temps parler à ses électeurs un langage qui est un langage de vérité et de lucidité. Et donc, dans le même temps, où nos candidats, font tout ce qu'il faut, et à juste titre, pour défendre le bilan de la région où la gauche a gouverné ensemble, pour défendre leurs propositions, ils savent aussi qu'ils sont dans une réalité politique de cette fameuse tripolarisation. Donc, il n'est pas interdit de parler aux électeurs en tenant des discours qui sont, lucides, de mobilisation, et d'efficacité. Le vote, pour la gauche, c'est ça qui doit être certain, doit être un vote utile, qui va servir à quelque chose, et je pense que les propositions qui envisagent un certain nombre de scénarios possibles au deuxième tour, sont aussi des discours qui rendent utile le vote au premier tour.
GUILLAUME DURAND
Pourquoi le président de la République, semble-t-il, écarte cette hypothèse ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, là vous spéculez
GUILLAUME DURAND
Je ne spécule pas, je vous pose une question.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, on est dans les spéculations, un coup Martine AUBRY aurait dit ceci, un coup Manuel VALLS aurait dit cela, et enfin vous suggérez que le président de la République ne serait pas sur les mêmes discours.
GUILLAUME DURAND
Ecoutez, je ne vais pas ressortir les journaux parce que je les ai posés par terre délicatement, tout le monde l'écrit.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais je me méfie de ce que tout le monde écrit.
GUILLAUME DURAND
Vous avez raison, tout ce qui est écrit n'est pas vrai, mais ça peut être vraisemblable.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne suis pas certain que, personne, aucun responsable politique républicain, ne peut s'abstraire de la donne liée, de la tripolarisation. Ceux qui prétendent le plus fortement s'en abstraire, par exemple à droite Nicolas SARKOZY, ont été obligés, vous l'avez noté en son temps, de faire des bougées. Quand Nicolas SARKOZY appelle Jean-Christophe CAMBADELIS pour coordonner ensemble une protestation auprès du CSA, vous savez très bien, parce que vous êtes un observateur attentif et éclairé, qu'il n'aurait jamais pris son téléphone pour appeler Marine LE PEN pour protester contre, par exemple, une hyper médiatisation d'un candidat de gauche.
GUILLAUME DURAND
Donc c'est un mouvement qui est en cours.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je constate que personne ne peut
GUILLAUME DURAND
Vous étiez contre.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, non, je ne dis pas que c'est la volonté de Nicolas SARKOZY, je dis qu'il y a une réalité dans tout ça. Ce que vous appelez, ce que les commentateurs appellent UMPS avec des idées de malaise, en reprenant, de ce point de vue, là, le discours du Front national
GUILLAUME DURAND
J'ai deux questions pour terminer.
JEAN-MARIE LE GUEN
C'est simplement qu'il y a d'un côté, alors on ne sait pas très bien où passe la frontière, je vous l'accorde, mais d'un côté il y a un clan républicain, et de l'autre côté il y a des gens qui ne sont pas des républicains. Voilà la réalité. Et cette réalité elle va s'imposer, de plus en plus, dans la situation politique.
GUILLAUME DURAND
Question : l'Assemblée va voter donc les propositions Ayrault-Muet sur la CSG. Est-ce que vous trouvez que c'est une bonne chose ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Elles vont être discutées. Elles vont être discutées et puis voilà. C'est terrible, les commentateurs ! Avec vous, il n'y a même pas de débats à l'Assemblée nationale, ce serait déjà voté, et cætera. Je vous dis qu'elles vont être discutées.
GUILLAUME DURAND
A la radio comme à la télévision, contrairement à la presse écrite, le point d'interrogation qui termine une phrase ne s'exprime que difficilement.
JEAN-MARIE LE GUEN
Voilà. Donc je me permets de souligner ce point d'interrogation au sens où cette discussion et c'est bien normal, comme n'importe quelle autre proposition va être discuté. Le gouvernement de ce point de vue ne s'y opposera pas, parce que pour nous il n'y a pas de modification des grandes orientations de la politique gouvernementale, il n'y a pas transfert budgétaire en réalité.
GUILLAUME DURAND
Mais ça faire de moins de en moins de gens qui vont payer l'impôt, parce que si la CSG devient dégressive
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, non, non, non. La CSG ne deviendrait pas dégressive dans cette affaire. Il y aurait tout simplement pour ceux qui sont en-dessous de 1,3 SMIC à partir du 1er janvier 2017, le versement sous forme d'une diminution de CSG d'une prestation sociale auquel ils ont droit par ailleurs. Voilà. Donc ce n'est pas une mesure à proprement parler qui est purement fiscale, baisse de la CSG -, c'est une prestation à savoir la prime d'activité que nous avons mise en oeuvre
GUILLAUME DURAND
Mais vous, vous êtes pour ou contre ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Moi je m'interroge au plan technique. Est-ce que c'est opérationnellement réalisable ? Je ne vais pas embêter vos auditeurs avec la différence entre un foyer fiscal, un foyer familial, et cætera, et cætera. Est-ce que c'est constitutionnel ? Il y a des questions qui se posent. Il faut que des réponses soient apportées, elles le seront en partie dans le débat cet après-midi. Nous verrons bien.
GUILLAUME DURAND
Si je vous ai posé toutes ces questions concernant la fusion et cette affaire de CSG, c'est qu'on a quand même l'impression qu'il y a effectivement j'allais dire une vie politique tripartite mais aussi un énorme comment peut-on dire ? un énorme ou un relatif grand désordre à gauche. Parce que sur cette affaire de CSG, regardez : AYRAULT n'est pas d'accord avec MACRON sur cette histoire-là.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais écoutez, pas du tout. Ecoutez, c'est normal qu'un parlementaire en l'occurrence Jean-Marc AYRAULT est un parlementaire
GUILLAUME DURAND
D'accord. Mais vous ne pouvez pas ignorer que sur chacun des sujets, et on a vécu ça la semaine dernière avec
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais non, mais non ! Mais absolument pas !
GUILLAUME DURAND
Tout le monde est d'accord ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais je vous dis, il n'y a pas de désaccord stratégique sous prétexte qu'il y a des discussions entre un parlementaire important comme Jean-Marc AYRAULT et le gouvernement et d'autres parlementaires. Il faut arrêter. Il y a six semaines de débats sur le budget, vous voudriez qu'à aucun moment il n'y ait aucun débat ?
GUILLAUME DURAND
Je n'ai jamais dit ça.
JEAN-MARIE LE GUEN
Moi, je vous le dis. Il y a un débat entre un parlementaire et d'autres parlementaires sur ce sujet d'une part. Et deuxièmement, sur les questions stratégiques, là où vous avez peut-être une piste à souligner à juste titre, c'est la tripolarisation n'est pas rentrée dans nos esprits. Les commentateurs et les acteurs politiques n'ont pas pris la mesure de ce que signifiait le fait que nous soyons dans une offre politique tripolaire et non plus bipolaire gauche-droite comme avant.
GUILLAUME DURAND
Jean-Marie LE GUEN, merci d'être venu.
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci à vous.
GUILLAUME DURAND
Je soulignais simplement ce matin, ce qui est un peu mon rôle, le fameux point d'interrogation qu'on n'entend pas à la radio. Nous allons retrouver nos camarades de LCI avec grand plaisir.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 novembre 2015