Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, sur le centenaire de la bataille de Verdun, à Paris le 9 novembre 2015.

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Circonstance : Soirée de lancement « Verdun et Somme 2016 », à Paris le 9 novembre 2015

Texte intégral


Madame la ministre, chère Pascale,
Messieurs les ambassadeurs, madame la préfète, monsieur le préfet,
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Messieurs les présidents des Conseils départementaux de la Meuse et de la Somme,
Mesdames et messieurs les maires,
Mesdames et messieurs les représentants du Department for Culture, Media and Sport à Londres,
Monsieur le président de la mission du Centenaire, mon général, monsieur le Directeur général de la mission,
Madame la Directrice de la mémoire, du patrimoine et des archives,
Madame la Directrice générale de l'Office national des Anciens combattants et victimes de guerre,
Monsieur le président de l'Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense, et je remercie ses équipes pour le film que nous venons de voir,
Mesdames et messieurs les partenaires institutionnels, culturels, associatifs du centenaire,
Mesdames et messieurs, chers amis,
Je vous remercie d'avoir répondu à l'invitation que nous avons lancé avec le président de la mission du Centenaire à l'occasion du lancement de la saison « Verdun et Somme 2016.
Nous sommes entourés de « l'équipe Centenaire », une équipe que je veux remercier pour l'excellent travail mené depuis plusieurs mois, la mission du Centenaire, bien évidemment, mais aussi tous les services de l'Etat et de l'éducation nationale qui travaillent sous l'autorité des préfets et des recteurs impliqués dans la préparation des commémorations.
Naturellement rien ne serait possible, si l'Etat ne travaillait pas en parfaite intelligence avec toutes les collectivités locales de ces deux champs de batailles.
Nous nous devions d'être armés pour répondre aux grands défis de l'année mémorielle 2016 : offrir, aux françaises et aux français et au-delà de nos frontières, des commémorations à la hauteur de notre histoire et accueillir tous celles et tous ceux qui voudront en partager en 2016 l'esprit et la ferveur.
Dès 2014, le Centenaire de la Première Guerre mondiale a suscité dans les territoires et auprès des familles un véritable engouement, une mobilisation sans précédent, un enthousiasme qui a dépassé nos prévisions les plus optimistes.
En 2016, la France entrera dans l'acte II de ce Centenaire. Elle commémorera deux des plus grandes batailles du conflit : Verdun et la Somme.
Dans la mémoire collective des nations qui se sont affrontées sur le front occidental, ces deux batailles sont aujourd'hui le symbole ultime de la violence industrielle et de la mort de masse.
Les deux batailles sont solidaires : le 23 juin 1916, le Général Falkenhayn jette toutes ses forces contre Verdun dans l'espoir d'en finir avant que ne se déclenche l'offensive alliée dans la Somme, qui débutera le 1er juillet. Verdun et la Somme forment un tout. Et l'histoire nous impose de commémorer, dans un même élan, ces deux batailles.
Pour relever ce défi mémoriel, j'ai mis en place, dès mon entrée en fonctions, deux comités ministériels, réunissant tous les acteurs concernés : les services de l'Etat, les collectivités territoriales, les représentations diplomatiques à Paris mais au-delà de nos frontières les ambassades de France dans les pays qui ont pris part au conflit, tous ces acteurs ont travaillé ensemble.
Ils sont chargés, sous la coordination et l'animation de la mission du Centenaire, opérateur unique de l'Etat, de concevoir et d'organiser les deux cycles commémoratifs. J'insiste sur ce rôle fondamental que joue la mission et qu'il convient de conforter dans les semaines et le mois à venir. La pire des situations maintenant que nous entrons dans les phases décisives et opérationnelles serait la dispersion.
C'est pourquoi j'ai souhaité, pour prolonger ce travail de façonnier que joue la mission, de présider personnellement ces deux comités. C'est en effet la responsabilité du ministre en charge de la mémoire au sein du gouvernement, de veiller à la bonne organisation et à la cohérence de ces commémorations. La France doit être au rendez-vous de son histoire en 2016.
C'est une lourde responsabilité.
Envers les centaines de milliers de combattants tombés sur nos champs de bataille.
Envers leurs familles, et leurs descendants, qui viennent se recueillir sur le lieu de leurs souffrances. Hier pèlerin, aujourd'hui touriste de la mémoire.
C'est ma responsabilité enfin, vis-à-vis des jeunes générations.
C'est un engagement moral vis-à-vis de tous ceux qui se mobilisent dans le cadre du Centenaire. Chaque jour sur tout le territoire depuis l'ouverture du Centenaire, des enseignants, des responsables d'association, des historiens, des anciens combattants, des maires, font naitre et accompagnent des projets commémoratifs.
C'est un devoir vis-à-vis du monde et de nos partenaires étrangers mais aussi vis-à-vis de nos concitoyens qui doivent mesurer à quels extrêmes le nationalisme a conduit l'Europe.
L'année 2016, sera l'année de Verdun et de la Somme et la France sera au rendez-vous.
Verdun, c'est 300 jours et 300 nuits de combats ; c'est 2,5 millions de combattants français mobilisés, venus de métropole, d'Outre-mer et des anciennes colonies. C'est le sacrifice de 300 000 soldats français et allemands.
Verdun, c'est une cicatrice dans l'Histoire de notre pays, le résumé sanglant de la Première Guerre mondiale.
Verdun, c'est le symbole, emblématique, d'une guerre de tranchées dont les sites de mémoire – la nécropole et l'ossuaire de Douaumont et le mémorial de Verdun – nous rappellent le quotidien de ces soldats venus briser leur destin sur la terre meusienne.
Verdun, c'est aussi une ville, victime de la guerre, ravagée par les bombardements. Une ville reconstruite dès l'après-guerre grâce à la solidarité internationale.
Verdun, c'est enfin ce lieu où François Mitterrand et Helmut Kohl ont matérialisé la réconciliation franco-allemande en une poignée de main en 1984. C'est ce lieu de réflexion de la paix.
Alors, que sera demain Verdun 2016 ?
Verdun 2016, ce sera d'abord une saison mémorielle et culturelle.
Une saison de 300 jours que j'ouvrirai le 21 février, date du début de l'offensive allemande, à l'occasion de l'ouverture au public du mémorial de Verdun. Rénové.
Une saison ponctuée de diverses manifestations culturelles et scientifiques à Paris et à Verdun.
Je citerai par exemple l'exposition « Verdun 2016 » présentée sur les Champs-Elysées en février et mars, la diffusion du documentaire Apocalypse Verdun sur France 2 ou encore le colloque international « Les Batailles de 1916 » organisé en juin à Paris.
Mais la saison mémorielle sera aussi ponctuée de cérémonies commémoratives.
Parmi elles, une cérémonie d'hommage à l'escadrille La Fayette, le 20 avril, constituée en 1916 et mobilisée à Verdun, cérémonie annonçant la grande année commémorative franco-américaine 2017.
Parmi elles aussi, une cérémonie d'hommage aux troupes coloniales le 24 octobre, date de la reprise du fort de Douaumont par les zouaves et les tirailleurs.
Verdun 2016, ce sera aussi trois jours de découverte des champs de bataille, du 27 au 29 mai, faisant du Centenaire une commémoration véritablement populaire. Trois jours, pendant lesquels les Français seront invités et encouragés à réinvestir le champ de bataille et la ville de Verdun.
Verdun 2016, ce sera bien sûr une grande cérémonie internationale le 29 mai, date choisie par le Président de la République pour inaugurer le mémorial de Verdun.
Cet événement auquel la chancelière allemande, Angela Merkel a été invitée, prolongera le geste fort du président François Mitterrand et du chancelier Helmut Kohl. La dimension franco-allemande sera également soulignée par la présence de 4 000 jeunes français et allemands qui illustreront le message de paix dont Verdun est porteur. Message illustré par la participation de l'orchestre de la paix sous la direction de Daniel Barenboïm.
Tous les départements seront représentés le 29 mai pour rappeler que les soldats qui ont combattu et qui ont vu leur vie brisée à Verdun sont venus de toute la France. C'est pourquoi, j'ai invité, également, les maires à organiser le même jour une cérémonie dans leurs communes.
Verdun 2016, c'est enfin le site internet verdun2016.org qui vient d'être lancé, fruit d'un partenariat entre la Mission du Centenaire et le Département de la Meuse. Véritable site d'actualité, il permet également aux visiteurs d'organiser leur venue à Verdun et sur le champ de bataille.
Et Verdun 2016 sera rendu possible dans la dimension voulue par le président de la République grâce au concours essentiel, des acteurs locaux que je veux saluer ici, en particulier le conseil départemental de la Meuse, la ville et l'agglomération de Verdun, la région Lorraine.
Avec Verdun, la bataille de la Somme sera le deuxième temps fort mémoriel de l'année.
La Somme, c'est le champ de bataille des Sud-Africains, des Allemands, des Australiens, des Britanniques, des Canadiens, des Français, des Indiens, des Irlandais, des Néo-Zélandais, et de biens d'autres combattants venus de tous les continents.
La Somme, c'est ce lieu où tant de travailleurs coloniaux, souvent venus de très loin, sont morts.
La Somme, c'est aussi une mémoire française que je souhaite valoriser à l'occasion des commémorations. Dans cette bataille, on dénombre 200 000 soldats français tués, blessés, ou disparus.
La Somme, c'est un riche patrimoine. De Thiepval à Beaumont-Hamel, de Villers-Bretonneux à Péronne, de Fromelles à Pozières.
Ces champs de bataille, devenus lieux de transmission et d'apprentissage, témoignent ainsi de la singularité de la mémoire de la Grande Guerre.
Alors que sera Somme 2016 ?
Somme 2016, ce sera une saison mémorielle et culturelle d'avril à novembre, qui donnera un relief exceptionnel aux commémorations des 141 jours de la bataille. Elle doit permettre à chacun de découvrir tous les lieux de mémoire que le département abrite, et qui font de la destination « Somme 14-18 » une aventure mémorielle inédite.
Je veux ici remercier le conseil départemental de la Somme, la maire et la métropole d'Amiens, la ville d'Albert et le pays du coquelicot et toutes les autres collectivités territoriales (la liste est longue) qui font la force de Somme 2016.
Somme 2016, ce sera la cérémonie franco-britannique du 1er juillet à Thiepval, organisée conjointement par les deux pays – c'est une première. 10 000 invités seront présents, de même que les hautes autorités des pays du Commonwealth, du Royaume-Uni, de la République d'Irlande, de la France et de l'Allemagne.
Somme 2016, ce sera des cérémonies irlandaises, australiennes, néo-zélandaises, canadiennes et sud-africaines pour rappeler l'histoire que nous avons en commun, socle d'une mémoire partagée, vecteur d'échanges et axe fort de notre diplomatie. C'est pour cela que je me suis rendu fin septembre en Angleterre et aujourd'hui en Irlande, à l'occasion de la journée de la mémoire. C'est aussi pour cela que je me rendrai en 2016 au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Comme pour Verdun, Somme 2016, c'est enfin le site somme14-18.com développé par le département de la Somme, véritable portail de référence bilingue.
En 2016, le monde entier viendra rendre hommage à ces combattants dans notre pays, en France. En tant que ministre en charge de la mémoire, il était de mon devoir de parcourir ces milliers de kilomètres pour rendre, à ceux qui n'ont jamais emprunté le chemin du retour, l'hommage de notre Nation.
L'Etat, la mission du centenaire et les collectivités territoriales, les associations, sont pleinement mobilisés dans le développement du tourisme de mémoire.
La France est prête pour accueillir les milliers de visiteurs attendus, venus de tous les continents, sur le front de l'ouest 14-18.
A l'heure où les témoins de la Grande Guerre ont disparu, nous avons la responsabilité d'inscrire dans l'éternité de la pierre et de nos paysages le souvenir de ces combats et l'hommage de la Nation aux victimes.
C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité être présent à l'occasion du lancement à l'Arc de Triomphe du guide du routard, jeudi dernier, consacré au front de la Grande Guerre, qui invite les Français à devenir de véritables ambassadeurs de la mémoire de notre pays.
Hier champ de bataille du monde, la France est le premier pays d'accueil en matière de tourisme.
C'est tout naturellement que s'est construite l'ambition pour notre pays d'accueillir dans les meilleures conditions les descendants des combattants de 14-18.
Nous serons au rendez-vous et à la hauteur de notre histoire, de celles et ceux qui venus de France et du monde entier, ont payé de leur vie la défense de notre terre et de ses valeurs.
Avec tous nos partenaires étrangers, nous serons au rendez-vous de ceux qui viendront relire sur notre sol une page de leur histoire.
Nos concitoyens qui sont entrés avec enthousiasme dans le centenaire de la Grande Guerre, attendent que la mobilisation se poursuive et perdure au-delà de 2018.
L'évocation des batailles de Verdun et de la Somme et du sens que nous souhaitons donner à l'année 2016 doivent nous encourager à travailler au-delà des commémorations à ce que le devoir de mémoire aujourd'hui doit incarner demain pour nos enfants et nos petits-enfants.
Soyons à la hauteur de la France et de sa mémoire. C'est ce message que je souhaitais vous livrer à l'occasion de cette soirée qui est une belle promesse de réussite pour l'œuvre commémorative qu'il nous reste à accomplir tous ensemble.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 27 novembre 2015