Texte intégral
Monsieur le Président de la COP20, Mon Cher Manuel,
Madame la Secrétaire exécutive, Chère Cristiana,
Messieurs les Co-Présidents de l'ADP,
Chers Ahmed et Dan,
Chers Amis,
Nous y voilà. J'espère que votre arrivée à Paris s'est fait dans de bonnes conditions. S'il y a encore quelques aménagements à faire, j'espère que vous nous pardonnerez puisque les locaux viennent d'être finis. Notre souhait, vous l'avez bien compris, c'est que nos travaux se déroulent dans les meilleures conditions.
Puisque nous avons tous à l'esprit la responsabilité qui nous incombe à l'ouverture précoce de cette session ADP, je veux être bref.
Demain, nous aurons l'honneur d'accueillir 150 chefs d'État et de gouvernement pour l'ouverture de la COP. Beaucoup de questions m'ont été posées : «que va-t-il se passer» ? Bien évidemment, chacun des chefs d'État et de gouvernement dira ce qu'il souhaite dire, mais l'idée qui est la nôtre, c'est qu'ils puissent donner une impulsion politique - nous l'espérons décisive - à nos négociations afin que nous puissions conclure le 11 décembre un accord universel et ambitieux sur le climat. L'élan politique qu'ils vont donner, j'espère, nous reviendra de le traduire en résultats et en dispositions précises.
Le principal résultat qui est attendu de nous, nous le connaissons tous, c'est celui qui a été fixé par le mandat que nous nous sommes donnés en Afrique, à Durban, en 2011. C'est-à-dire adopter avant la fin 2015 - nous ne savions pas à l'époque que ce serait à Paris - un accord juridique applicable à tous qui réponde aux enjeux du changement climatique et du développement durable. Grâce à cet accord, grâce aussi aux contributions nationales, aux moyens d'accompagnement, notamment financier et à d'autres éléments, nous devons nous donner les moyens de revenir sur une trajectoire d'émission de gaz à effet de serre qui permette de contenir le réchauffement global sous les 2°C ou 1,5°C et de nous préparer aussi à faire face aux impacts du changement climatique.
D'une certaine manière, nous devons décider de la façon dont nous allons vivre ensemble sur cette planète en permettant l'accès de tous, nous l'espérons, au développement durable.
Au cours de ces deux semaines - ce sera à la fois très long et très court -, ma priorité absolue sera de faciliter, en toute impartialité et dans le cadre de la Conférence des Parties, l'atteinte d'un compromis ambitieux entre tous les pays. Et pour cela, je veillerai, et je sais que vous-même serez aussi vigilants, à ce que, pour reprendre les mots excellents de Manuel : «la transparence et l'inclusivité soient apportées à chaque étape du processus».
Nous devrons également veiller à permettre, dans le cadre des règles de la COP, la participation des observateurs issus de la société civile. Vous serez jusqu'à samedi guidés par nos co-présidents et co-facilitateurs à qui je veux redire mon estime et toute ma confiance. Sous leur conduite, vous aurez la tâche de préparer des projets d'accords et de décision les plus avancés possibles afin de ne laisser à la deuxième semaine que les choix politiques les plus délicats, s'il en reste. J'ai demandé aux co-présidents de bien vouloir me remettre un projet de texte le plus abouti possible. C'est-à-dire avec peu d'options à trancher samedi prochain. Nous déciderons alors qu'elle sera la façon la plus appropriée pour continuer et pour mener nos travaux.
Sur la base du texte qui a été agréé à Bonn et des consultations menées tout au long de l'année, qui ont mis en lumière beaucoup de points de convergence, je suis confiant que vous saurez parvenir à un bon résultat.
Mais la gestion de notre temps va être essentielle. Il faudrait que chaque jour nous permette d'avoir des progrès. Aucun sujet ne doit être laissé de côté. Je me permets donc de compter sur vous pour négocier et bâtir des compromis dès les prochaines heures. Dès la reprise des négociations, votre énergie, vos compétences, votre expérience devront donc être entièrement tournées vers la recherche de solutions.
Bien évidemment, je comprends le réflexe qui peut-être d'attendre que l'autre fasse le premier pas mais, comme l'a dit tout aussi excellemment Manuel : «si l'on poursuivait les négociations au rythme habituel et si l'on voulait s'en remettre au pseudo miracle de la dernière nuit, je crains que ce ne soit pas la solution».
La bonne manière de préserver à coup sûr les intérêts de tous nos pays, c'est de trouver, sur les différents sujets, des compromis qui conviennent à tous et qui soient à la hauteur des enjeux. Les ministres et leurs représentants pourront certes, en deuxième semaine, trancher certaines questions encore ouvertes mais ils ne pourront pas traiter l'ensemble des 50 points qui, me dit-on, sont toujours aujourd'hui ouverts. Eux-mêmes n'auront que peu de temps car le secrétariat m'a informé que si l'on veut adopter un accord juridique et conclure notre conférence le 11 décembre, il faudra que les négociations sur le projet d'accord aboutissent, au fond, en milieu de deuxième semaine.
Alors on pourrait dire - certains le diront - que l'on pourrait prolonger les discussions. Sur ce point, Chers Amis, je ne veux pas être ambigu. Nous avons prévu une date de fin et beaucoup d'entre vous seront obligés de partir dès la fin, le 11 décembre. Or, nous avons pour mission d'adopter un accord universel et je pense que, comme moi, vous ne concevez pas que cela puisse se passer d'une façon chaotique. Nous nous devons à nous-même et au monde de conclure nos négociations de manière ordonnées et de façon respectueuse.
Au cours de la semaine qui vient de s'écouler, j'ai essayé de rencontrer le plus grand nombre de délégués dans le cadre de leur réunion de groupe. Lorsque je n'ai pas pu le faire personnellement, mes collaborateurs l'ont fait et je le ferai encore la semaine qui s'ouvre.
Plusieurs d'entre vous nous ont interrogés sur la méthode de travail la deuxième semaine et c'est parfaitement légitime. Je ferai une proposition à la COP en fin de semaine sur le mode de travail exact au cours de la deuxième semaine mais je le ferai en fonction des questions qui resteront à résoudre et de vos propres recommandations. Nous tiendrons à cet effet une session plénière de la COP.
En tout état de cause, je m'engage à ce que ce processus soit transparent, ouvert à la participation de tous et que le texte qui en résultera soit le produit de l'ensemble des Parties. C'est la condition de sa légitimité et la condition de son succès pour les années à venir.
Cela veut dire, Chers Amis, qu'il n'y aura pas de surprise de ma part. En retour, je vous demande de faire la même chose et je suis sûr que vous le ferez.
C'est la condition de la confiance, de l'efficacité et du succès. Je sais pouvoir compter sur votre sens des responsabilités pour mener à bon port ce voyage entamé à Durban.
Je veux enfin dire un mot tout particulier à la fois pour le Secrétariat qui n'a cessé de nous accompagner, d'une façon extrêmement efficace, et pour notre président Manuel Pulgar Vidal qui a allié, ce qui n'est pas si fréquent, la compétence, la précision, la générosité et la bonne humeur.
Je dois dire qu'avec Manuel, nous avons formé un couple sur lequel beaucoup d'anecdotes circulent, qui a l'intention de continuer car c'est une excellent chose qu'un pays du Sud et un pays du Nord, que la COP20 et la COP21 travaillent ensemble. J'ai demandé à Manuel d'avoir la gentillesse de m'accompagner jusqu'au bout de la semaine prochaine.
Chers Amis, je ne veux pas vous retarder davantage dans vos importants travaux. Nous nous retrouverons dès demain matin pour l'ouverture formelle de la COP21.
Je tiens vous redire que tout au long de ces journées ma porte vous sera en permanence ouverte et je vous souhaite, je nous souhaite d'excellents travaux.
Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 décembre 2015