Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, sur la coopération militaire franco-balte, à Paris le 24 novembre 2015.

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Circonstance : 9e séminaire de défense franco-balte, à Paris le 24 novembre 2015

Texte intégral


Monsieur le Sous-secrétaire d'Etat,
Messieurs les directeurs politiques de la Défense,
Monsieur le Directeur général des Relations internationales et de la Stratégie,
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureux de participer pour la première fois à ce séminaire franco-balte consacré aux questions de sécurité et de défense.
Depuis neuf ans maintenant, cette rencontre s'est imposée comme un temps fort de notre relation avec l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie.
Ce rendez-vous annuel nous permet en effet de rapprocher nos perceptions et nos points de vue. Le dialogue franc et constructif qui se noue dans cette enceinte entre les responsables politiques, les diplomates, les militaires et les spécialistes académiques est un outil puissant au service du développement des relations de confiance qui nous unissent.
Le séminaire franco-balte participe donc au resserrement des liens entre nos pays, qui sont éloignés par la géographie mais unis par un destin commun et par les valeurs de l'Union européenne et de l'Alliance atlantique.
Il y a neuf ans, la création de ce séminaire répondait au besoin de développer un dialogue stratégique entre nos quatre pays. Depuis, notre relation de défense est entrée dans une nouvelle dynamique, et je m'en félicite.
Elle s'est renforcée au fil des épreuves et des crises des dernières années. La prise de conscience des menaces venant du Sud et l'engagement précoce de vos pays au Mali, dans la Corne de l'Afrique et plus récemment en République centrafricaine en témoignent. Nous mesurons l'effort et la marque de solidarité qu'un tel engagement représente pour vous et nous vous en remercions.
Pour sa part, la France a investi pleinement cette relation stratégique et a témoigné de sa solidarité à de multiples reprises.
Nos contributions récurrentes à la mission de Police du Ciel l'illustrent parfaitement. Depuis 2004, la France en est ainsi, avec le Danemark, le deuxième contributeur après l'Allemagne. En 2016, nous assumerons à nouveau une rotation pour assurer la sécurité du ciel balte, dont nous savons l'importance pour vous, mais aussi pour l'Europe et pour l'OTAN.
En novembre 2013, la France a également mobilisé 1200 hommes pour l'exercice Steadfast Jazz, sur les territoires polonais et baltes. Enfin, la Marine française est régulièrement présente en mer Baltique. Autant de gestes forts qui démontrent la solidarité entière et l'engagement de la France à vos côtés.
Je voudrais aussi souligner le rôle des forces armées françaises dans les mesures d'assurance décidées par l'OTAN dans le contexte de la crise avec la Russie.
C'est à nos yeux la crise la plus grave affectant l'Europe depuis la fin de la Guerre froide. Elle remet en cause les principes issus de la Seconde Guerre mondiale et qui doivent garantir la paix et la sécurité sur le continent.
C'est pourquoi, en dépit des engagements opérationnels inédits qui sont les nôtres, la France reste lucide et responsable. Elle a ainsi mobilisé 5000 hommes pour contribuer à ces mesures d'assurance en 2014. Ils seront encore 3800 à y participer cette année.
Nous soutenons aussi activement la dynamique que vous avez initiée au niveau régional pour constituer des unités et des structures baltes conjointes. Nous y apportons notre savoir-faire et notre expérience en reconnaissance de l'importance de ces projets. Je pense notamment à l'Escadrille navale balte ou encore au Réseau de surveillance aérienne balte.
Comme vous vous en doutez, il me serait difficile de ne pas évoquer les attaques qui ont ensanglanté la France il y a maintenant un peu plus d'une semaine.
Notre pays a été frappé vendredi 13 novembre à Paris et Saint-Denis par une série d'attaques orchestrées depuis la Syrie par le groupe armé terroriste Daech. La nature de cet acte qui a vu l'attaque coordonnée de 8 djihadistes de Daech, ayant fait pour l'heure au moins 129 morts et 352 blessés vendredi soir, en fait un événement exceptionnellement grave en soi.
Mais c'est surtout l'ampleur de cet acte qui est exceptionnel et mérite une attention particulière des Européens. C'est la sécurité européenne, ce sont les citoyens européens dans leur ensemble qui ont été visés par Daech.
C'est sous cette double perspective quant à la gravité et l'ampleur de l'action que nous avons dû parler d'agression armée de Daech contre notre sécurité collective. Le Président de la République en a pris acte en déclarant l'état d'urgence et une mobilisation sans précédent des forces de sécurité intérieure et des forces armées, portant à 10.000 l'engagement de nos troupes pour assurer la sécurité du territoire national et plaçant sous une tension particulière l'ensemble de nos forces armées, des moyens de renseignement, de police et de gendarmerie.
Le 17 novembre dernier, à la demande du Président de la République, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a invoqué au Conseil Affaires étrangères, qui siégeait en format défense, la clause d'assistance mutuelle prévue par le traité de Lisbonne.
Cette demande a reçu un soutien unanime des Etats membres qui ont marqué leur volonté d'aider notre pays et, conformément à cette clause, de lui apporter aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir. Cette réponse de l'Union européenne et des Etats membres rappelle que le projet d'Europe de la défense continue de s'écrire.
L'ambition de l'Europe de la Défense est un projet indispensable dans l'environnement stratégique de plus en plus instable que nous connaissons. Les menaces se multiplient, à l'Est comme au Sud de l'Europe. Dans ce contexte, ainsi que le rappelait récemment le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, trois défis se présentent à nous
Il s'agit d'abord de porter un regard commun sur l'ensemble des risques et des menaces affectant notre continent
Il s'agit ensuite d'affirmer une Europe suffisamment volontariste. C'est nécessaire pour faire progresser la coopération en matière de défense. Mais ça l'est aussi pour assurer la cohérence entre notre politique de sécurité intérieure et notre action extérieure
Le troisième défi, enfin, est de renforcer la complémentarité des actions entre l'Union européenne, l'Alliance atlantique et les Nations unies.
Unité et flexibilité face à des menaces multiples doivent donc être les mots d'ordre d'une politique de défense européenne lucide, lisible et crédible, pour nos concitoyens comme pour nos alliés.
En cela, je suis convaincu de l'importance que revêtent des échanges franco-baltes intenses et réguliers, non seulement sur la défense, mais dans tous les domaines qui mettent l'Europe au défi d'assurer sa propre sécurité.
C'est d'autant plus important à la suite des attentats de Paris et à l'approche d'échéances majeures. Je pense en particulier à l'élaboration de la Stratégie européenne de sécurité, d'ici juin 2016, et au Sommet de l'OTAN de Varsovie, en juillet 2016.
Fort de notre coopération en plein essor, de nos nombreuses convergences de vue dans les enceintes internationales, et de ces défis, le dialogue stratégique entre nos deux pays est donc appelé à se poursuivre et à se renforcer. Ce séminaire en est la pierre angulaire.
Je vais laisser à présent la parole à Monsieur Philippe Errera, qui va revenir sur les grands enjeux et les défis du contexte stratégique dans lequel s'inscrit cette neuvième rencontre franco-balte.
Je vous souhaite des débats riches et fructueux et vous souhaite un bon séjour à Paris.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 3 décembre 2015