Déclaration de M. Harlem Désir, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, en réponse à des questions sur la Conférence de Paris pour le climat, à l'Assemblée nationale le 9 décembre 2015.

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Circonstance : Questions d'actualité à l'Assemblée nationale, le 9 décembre 2015

Texte intégral


Merci Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Madame la Députée,
Effectivement nous sommes dans la dernière ligne droite de la COP21. Le temps des décisions est donc venu, si nous voulons être à la hauteur du plus grand défi du XXIe siècle qu'est la lutte contre le réchauffement du climat. Cette semaine, les ministres, les chefs de délégations, les négociateurs réunis au Bourget doivent faire preuve, par conséquent, de courage et de volonté politique pour trouver les réponses aux questions qui restent en suspens, des solutions aux problèmes qui peuvent encore diviser les différents pays. Le temps nous est compté, l'accord que nous devons obtenir doit être formellement adopté le dernier jour de la conférence, c'est-à-dire vendredi 11 décembre. Mais pour cela, il doit être prêt dès jeudi afin que sa validité juridique puisse être vérifiée par le secrétariat de la convention-cadre des Nations unies contre les changements climatiques, et que les traductions soient effectuées.
Nous n'avons donc plus une minute à perdre. Les parties ont adopté samedi la méthode de travail qui leur a été proposée par le président de la COP, M. Laurent Fabius, c'est-à-dire la mise en place du comité de Paris, une instance unique, ouverte à tous qui se réunit quotidiennement afin de permettre à chacun de disposer d'une vue d'ensemble sur les discussions en cours.
Une vingtaine de ministres se sont vus confier la responsabilité d'être des facilitateurs, d'aider à avancer sur les questions essentielles - l'adaptation, le financement et les questions du prix du carbone - que vous avez mentionnées.
Cette méthode commence à produire des résultats. Aujourd'hui même, un nouveau texte a été présenté aux parties en début d'après-midi comportant un certain nombre d'avancées. Il reste encore des éléments qui sont à négocier, c'est ce à quoi le président de la COP, Laurent Fabius, a appelé.
Notre ambition demeure la même : garantir le succès de la conférence de Paris pour le climat, c'est ce à quoi le président de la République et le ministre des affaires étrangères ont appelé l'ensemble des représentants qui sont réunis depuis maintenant dix jours à Paris. Il est essentiel, impérieux, indispensable d'obtenir cet accord pour qu'effectivement la conférence de Paris soit un rendez-vous pour l'humanité et pour la paix.
Monsieur le Député,
Vous soulignez à juste titre l'importance pour l'Afrique de la négociation qui est en cours aujourd'hui sur le climat.
L'accord de Paris sur le climat doit se faire évidemment avec tous les pays, toutes les parties, les pays avancés, les émergents - parce que ce sont les principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre - mais aussi, évidemment, avec et pour les pays les plus vulnérables, les plus pauvres, ceux qui ont le moins contribué au changement climatique mais qui, souvent, en subissent le plus durement les conséquences.
Parmi ces pays, il y a évidemment les pays d'Afrique qui sont au coeur de nos préoccupations. L'Afrique ne subit pas seulement le changement climatique, elle se mobilise à la recherche de solutions, c'est ce qu'elle a démontré tout au long de la préparation de cette conférence. Des entrepreneurs, des ingénieurs, des chercheurs ont montré qu'ils pouvaient construire un modèle de croissance en Afrique sans carbone et sans pauvreté. Cette Afrique des solutions est donc en marche.
Et les contributions nationales, qui ont été publiées par l'immense majorité des États africains, sont un témoignage de la responsabilité de l'Afrique, mais elles sont aussi, vous l'avez dit, un appel à la solidarité.
Vous avez, à juste titre, attiré l'attention sur l'initiative soutenue par M. Jean-Louis Borloo pour l'électrification de l'Afrique.
C'est aussi le sens du sommet «Défi climatique et solutions africaines» qui a été organisé par le président de la République et par quinze chefs d'État africains le 1er décembre pendant ce sommet de Paris pour promouvoir des initiatives concrètes, et deux en particulier :
- la première initiative est celle sur les énergies renouvelables. L'objectif est d'installer 10GW de plus d'énergies renouvelables sur le continent africain d'ici à 2020. La France y consacrera 2 milliards d'euros. Cela va évidemment tout à fait dans le sens de l'initiative pour l'électrification de M. Jean-Louis Borloo.
- la seconde initiative est d'aider les populations des pays les plus vulnérables, notamment en Afrique, à faire face aux catastrophes climatiques par les prévisions météorologiques, les prévisions de catastrophes naturelles, et des inondations. Il s'agit de sauver des vies et, là aussi, nous avons décidé d'y consacrer 100 millions d'euros.
Je vous remercie.
Merci Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Madame la Députée,
En effet, la semaine dans laquelle nous sommes, c'est celle qui doit permettre d'aboutir, comme vous l'avez dit, à un accord différencié, universel et contraignant. Il y a donc une exigence de succès dans ces derniers jours, parce que nous ne pouvons pas conclure cette conférence avec simplement des contributions même si c'était très important.
Il y a près de 190 pays qui ont transmis de façon volontaire des contributions pour la réduction de leur émission de gaz à effet de serre, il faut un mécanisme vérifiable, il y aura des outils et des délais pour cette vérification qui nous assurent que véritablement nous enrayerons la hausse des températures et l'utilisation des énergies fossiles.
Il y a donc, aujourd'hui, je l'ai dit, un ensemble de sujets sur lesquels le nouveau texte va permettre de constater des avancées. Ces thèmes, ce sont ceux que vous avez, entre autres, mentionnés : la différenciation, prendre en compte les différences - je les ai évoquées - entre pays, selon leur niveau de développement ; les moyens de mise en oeuvre ; le niveau d'ambition - nous voulons évidemment limiter le réchauffement climatique au maximum c'est-à-dire à 2°C voire 1,5°C d'ici à la fin du siècle - ; les actions à mener avant 2020, même si l'accord entrera en vigueur formellement en 2020 ; mais aussi l'adaptation, les questions de financement, les pertes et dommages ou encore les forêts.
Cette méthode de travail doit donc permettre d'aboutir à un accord, je l'ai dit, d'ici à jeudi qui soit ensuite entériné vendredi.
Ensuite, vous avez soulevé un deuxième point, il faudra évidemment que dans chaque pays, y compris en France, des législations soient adoptées et donc le Parlement, l'Assemblée nationale auront à mettre en oeuvre les différents éléments de l'accord, qui sont évidemment tout à fait compatibles et cohérents avec la loi de transition énergétique. Mais il y aura aussi à accompagner le financement, l'aide aux pays les plus vulnérables et sur tous ces points, évidemment, l'Assemblée nationale sera saisie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 décembre 2015