Point de presse de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, sur la coopération franco-tunisienne dans la lutte contre le terrorisme, à Tunis le 10 décembre 2015.

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Circonstance : Déplacement en Tunisie dans le cadre de la 11e réunion des ministres de la Défense des États membres de l’initiative « 5+5 Défense », les 9 et 10 décembre 2015

Texte intégral


Question : Est-ce vous pourriez nous donner un aperçu du programme précis que vous avez aujourd'hui, des interlocuteurs que vous avez déjà rencontrés ou que vous devez rencontrer ?
Réponse : Dans le cadre de mon déplacement ici pour l'initiative 5+5 défense, j'ai répondu aux sollicitations de rencontres bilatérales. J'ai donc rencontré la partie libyenne hier, j'ai rencontré le ministre de la Défense tunisien et je rencontrerai le ministre marocain tout à l'heure.
L'objectif de ce voyage est d'exprimer d'abord la solidarité avec la Tunisie qui, comme nous, a été lourdement frappée. La lutte contre le terrorisme ne concerne pas que la Tunisie, la Libye, la Syrie et les pays environnants ; elle concerne aussi tous les pays représentés ce matin. Lutter contre le terrorisme et contre le djihadisme, c'est protéger nos populations, protéger nos pays. Ce dialogue, qui est un dialogue interne, n'est pas quelque chose qui aboutit à une action précise mais il permet tout simplement d'échanger, de dialoguer sur ce que nous souhaitons.
Nous avons examiné le texte de la déclaration finale et je suis intervenu pour dire ce que la France pensait de la situation notamment en Libye. Je l'ai dit hier aussi aux représentants de la Libye, une partie du moins. L'urgence pour nous, le seul soutien qu'apporte la France aujourd'hui, c'est le soutien au travail de M. Kobler, représentant des Nations unies, pour aboutir très rapidement, dans les jours prochains, à un gouvernement d'union nationale en Libye. C'est la seule façon pour la communauté internationale d'apporter rapidement, dans la légalité, un soutien à la fois politique, humanitaire mais aussi sécuritaire aux Libyens. La mise en place d'un gouvernement central d'union nationale nous parait indispensable ; on ne peut plus attendre. C'est ce que nous avons dit à plusieurs, après l'intervention du représentant libyen.
Question : Est-ce qu'il y a des décisions concrètes qui ont été prises dans le cadre de cette réunion à 10 pays ? Vous parlez d'une déclaration commune de ces 10 pays, qu'est-ce qu'il y dedans exactement ? Que peut cette instance qui regroupe les dix pays de Méditerranée occidentale dans la lutte contre le terrorisme ?
Réponse : C'est simplement une instance de dialogue et de réflexion. J'ai demandé que pour 2016, le comité directeur nous fasse des propositions de lutte contre la radicalisation. Le président du Sénégal est intervenu au Sommet de la francophonie sur la radicalisation qui touche tous les pays africains et il est temps que nous ayons une réflexion commune sur ce sujet.
Question : Sur l'aspect bilatéral, on sait que la Tunisie a un certain nombre de défis sécuritaires à relever et qu'elle a une coopération qui a plutôt tendance à s'accroitre avec ses alliés en Europe. Le ministre français de la Défense est venu il y a quelques semaines annoncer une enveloppe de 20 millions d'euros sur les deux prochaines années, notamment pour la formation mais aussi pour du matériel. Est-ce qu'il y a des choses qui ont été faites au cours des dernières semaines pour aider la Tunisie à renforcer sa sécurité, que ce soit de la surveillance des frontières, de l'armement ou de l'équipement ?
Réponse : À la demande du président de la République François Hollande, le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian est effectivement venu début octobre et cela a donné lieu à une lettre d'intention avec deux priorités en matière de lutte contre le terrorisme qui passe par une coopération au niveau des forces spéciales et au niveau du renseignement. Sur les 20 millions que vous évoquez - un effort supplémentaire que la France s'engage à prendre sur les deux années qui viennent - 4 millions d'euros sont déjà engagés en fourniture de matériel.
Question : Vous avez commencé à fournir du matériel, vous pouvez nous donner des exemples ?
Réponse : Non.
Question : 4 millions engagés depuis le mois d'octobre ?
Réponse : Depuis la venue de Jean-Yves le Drian.
Question : Volet coopération avec la Tunisie, vous avez mis en place une feuille de route. Quelles sont exactement les priorités de cette coopération ?
Réponse : Je viens de vous le dire, c'est d'abord la formation des forces spéciales et ensuite c'est au niveau du renseignement. Il est important d'avancer sur ces deux terrains là en priorité mais d'autres pistes peuvent être envisagées.
Question : Ce sont par exemple des gendarmes ou des policiers français qui viendront faire de la formation en Tunisie ? C'est déjà commencé ?
Réponse : La coopération avec les forces spéciales c'est bien sûr une formation. Nous accueillons actuellement en France un officier au niveau du renseignement à Creil. Toute cette démarche, c'est l'encadrement, l'aide à la formation et nous répondons aux souhaits du gouvernement tunisien.
Question : On sait que deux ressortissants français ont été expulsés vers la France alors qu'ils cherchaient à rejoindre la Libye et qu'il y a de plus en plus de djihadistes en Libye. Est-ce que vous avez évoqué cela dans votre entretien bilatéral ?
Réponse : Vous me permettrez de ne pas répondre en détail sur les entretiens bilatéraux que je peux avoir avec les collègues ministres de la Défense mais nous évoquons les sujets qui concernent leu terrorisme, la radicalisation et le djihadisme. Bien sûr tous les sujets nous concernent et nous échangeons tout ce que nous pouvons échanger dans le cadre de nos discussions.
Question : Est-ce que vous êtes inquiets que la Tunisie devienne un point de passage de djihadistes français pour rejoindre la Libye, comme c'est plus compliqué en ce moment de passer par la Turquie ?
Réponse : Nous sommes inquiets que des Français puissent venir au nom du djihad combattre en Libye, comme ils l'ont fait en Syrie. Toutes les pistes sont surveillées et nous regardons de près par où ces personnes peuvent passer. Bien sûr, l'idéal serait de les interrompre avant.
Question : Vous avez l'impression qu'un nouveau chemin s'ouvre par la Tunisie ?
Réponse : Je ne vous ai dit pas cela.
Question : En octobre dernier, le ministre français de la Défense a appelé la Tunisie à tenir une réunion sur la Libye avec les pays du voisinage. Est-ce que vous pouvez nous éclairer davantage sur cette question ?
Réponse : Tout simplement, la lutte contre le terrorisme concerne bien entendu tous les pays de la zone. Des attentats peuvent avoir lieu en Tunisie mais la France n'est pas épargnée. Effectivement, il faut d'abord qu'il y ait un dialogue entre les États de la région et ensuite une coopération avec les pays européens. C'est le cas. Ces discussions nous permettent en tous cas de confronter notre travail, nos opinions et d'avancer ensuite dans des cadres de discussion et de coopération bilatérales.
Source http://www.ambassadefrance-tn.org, le 15 décembre 2015