Texte intégral
L'engagement de l'UNESCO dans la lutte contre le dopage ne fait aucun doute. Instance reconnue, elle permet la coordination ô combien nécessaire des efforts sur le plan international et nous incite tous à l'excellence en la matière.
La France veut faire honneur au rang qui est le sien dans le concert des grandes nations sportives.
La France est devenue un grand pays en termes d'accueil des grands événements sportifs. Elle a aujourd'hui l'ambition d'accueillir le plus prestigieux d'entre eux : les Jeux Olympiques et Paralympiques.
Une telle ambition ne va pas sans une grande responsabilité. Et la première d'entre elle est peut-être éthique : la France se doit d'être irréprochable en termes de lutte contre le dopage.
C'est la conception du sport que je veux porter et pour laquelle nous prenons, avec mon secrétaire d'Etat Thierry Braillard, une série de dispositions très volontaristes.
Outre les modifications législatives que nous opérons pour se donner les moyens de l'enquête et de la coercition face aux pratiques illégales « du dopage sportif », il nous apparaît que l'accent doit être mis sur la prévention de conduites dopantes qui relèvent d'une autre logique.
Une politique de prévention efficace doit :
- Se fonder sur une excellente connaissance du phénomène
- Sensibiliser les acteurs du milieu sportif et le grand public
- Se déployer à travers de larges partenariats
C'est sur la base de ces principes généraux que nous avons élaboré un nouveau plan national pour la période 2015-2017.
Pour combattre, il faut connaître son adversaire.
Ce qui est vrai de toute lutte, pour qu'elle soit efficace, l'est aussi dans le domaine du dopage.
Aussi, la France va lancer des études sur l'ampleur du phénomène, ses ressorts et ses conséquences sur la santé. Je veux notamment qu'une vaste étude épidémiologique puisse être financée.
C'est notamment avec ce type d'étude que nous pourrons mieux piloter nos politiques publiques. Je rejoins donc sur ce point le constat dressé par Jean-François Vilotte dans son rapport qui sera présenté au cours de cette COP.
La connaissance est indispensable mais ne suffit pas.
Il faut aussi informer. Au-delà des questions d'éthique, dont la plupart sont bien conscients, le grand public doit comprendre que ce phénomène ne touche pas que les sportifs de haut niveau.
Chacun peut se trouver concerné, en tant que parent de sportif, dirigeant d'une association sportive, ou en ayant une conduite dopante sans en avoir conscience.
Je souhaite donc que la communication se fasse vers le grand public, que tous les médias soient utilisés en ce sens, que la télévision soit incitée à traiter du sujet dans ses programmes.
La prévention passe aussi par un travail de terrain auprès des plus jeunes.
Ils sont les sportifs et les citoyens de demain ; ils peuvent être tentés par des conduites dopantes sans réaliser la portée de leurs actes.
Nous avons engagé un travail avec le ministère de l'Education nationale pour fournir des outils pédagogiques aux enseignants pour aborder ce thème avec leurs élèves.
J'ai demandé à ce que soient également développées des interventions en milieu scolaire. Le ministère des Sports a engagé avec l'Union nationale du sport scolaire, le ministère de l'Education nationale et la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, une action de formation des responsables d'établissements scolaires et des enseignants, dont le premier temps sera lancé en novembre.
Je vous le disais, le dopage est encore trop souvent exclusivement associé à la performance de haut niveau. Nous allons intervenir auprès des sportifs de loisir : les professionnels de santé seront mobilisés, le lien privilégié qu'ils entretiennent avec leurs patients étant un atout pour une diffusion efficace des messages de prévention.
Je tiens à cet égard à saluer l'engagement du Conseil national de l'ordre des pharmaciens, qui est notamment en train de mettre en place des outils qui aideront les pharmaciens à aborder le sujet des conduites dopantes auprès des clients achetant des compléments alimentaires. Ce travail contribue à la promotion de la Convention de l'UNESCO sur la lutte contre le dopage.
J'ai pour ambition que cette collaboration se poursuive dès 2016 en lançant une action de sensibilisation sur le mésusage des médicaments.
Je souhaite que le même type d'action puisse être mis en place chez les médecins généralistes.
Enfin, il paraît évident que nos efforts de communication et de sensibilisation s'adressent aussi aux sportifs eux-mêmes :
- Aux usagers des salles de remise en forme, d'abord : le ministère des sports a soutenu la Fédération française d'haltérophilie qui a diffusé une charte de prévention du dopage auprès de ses clubs adhérents. Ils s'engagent à mettre en place une information sur les risques liés au dopage et à privilégier la vente des compléments alimentaires ayant reçu la certification de la norme AFNOR 94-001.
Nous allons travailler ensemble à rallier les clubs qui n'ont pas encore adhéré, et à développer une démarche analogue avec les grandes enseignes de salles de remise en forme.
- Aux sportifs compétiteurs, ensuite : l'entourage de ces sportifs (DTN, CTS, entraîneurs, médecins, masseurs-kinésithérapeutes) n'a pas été suffisamment mobilisé, ce que nous pouvons regretter. Ils auront à l'avenir un rôle majeur à jouer. Je souhaite également que les DTN se voient fixés des objectifs en matière de lutte contre le dopage dans leur lettre de mission. Les conventions d'objectifs qui lient l'Etat avec les fédérations sportives serviront aussi de levier.
Nos actions pour mieux comprendre et mieux informer doivent s'accompagner d'actions en direction des fabricants de produits potentiellement dopants.
De ce point de vue, il nous faut renforcer la collaboration avec l'industrie pharmaceutique pour améliorer la traçabilité des molécules interdites, mais aussi pour détecter les molécules innovantes.
Et il faut également inciter les fabricants de compléments alimentaires à utiliser la norme AFNOR qui garantit auprès des sportifs le caractère sain des produits.
Mesdames et Messieurs,
De manière succincte, je vous ai donné un aperçu des principes et des motivations qui guident la France en termes de lutte contre le dopage.
La recherche de la performance, du dépassement de soi, ne doivent pas remettre en cause d'autres valeurs aussi essentielles, telle que l'intégrité, le respect des autres et le respect des règles.
C'est ce message que la France veut adresser au monde, et en particulier à la jeunesse.
Source http://sports.gouv.fr, le 3 novembre 2015